@MissMachine
D'après
ce site, non. On est sur du 5200 € et plus en 2015, donc probablement encore plus aujourd'hui. Pas les cheminots donc.
Mon post ne porte pas sur les cheminots, je rebondissais juste sur cette idée du "les 10% versus nous". Même à 5200 euros, les 10% comportent un paquet de gens, qui sont certes privilégiés, mais n'ont pas le pouvoir sur la société qu'aurait une grosse fortune. Les 10%, ce sont aussi des médecins, des chefs de service informatique, etc... C'est pas
que les Xavier Niel and co. Ce qui montre bien, à mon sens, les limites de cette rhétorique basée sur les pourcentages (y'aurait beaucoup à dire sur le "les 1% versus les 99%" aussi)
Globalement, j'ai l'impression qu'ils y a deux conceptions de la notion de privilège qui se font face sur ce thread.
D'un côté, il y a celles pour qui on est privilégié lorsqu'on fait partie de la classe dominante : lorsqu'on est une grande fortune ou un ministre, par exemple. Et c'est valable, hein, comme vision des choses. On est bien d'accord que l'ingénieur à 5000 euros par mois, il ne gagne quand même pas
tellement d'argent qu'il peut s'acheter des parts dans des grands médias pour influencer l'opinion publique en faveur de telle ou telle loi qui l'avantage, il ne peut pas non plus faire de grosses donations de campagne aux candidats à la présidentielle qui sont dans ses petits papiers. Donc, de ce point de vue, on peut dire qu'il faut aussi partie de la classe dominée et subit les changements sociétaux dictés par les grosses fortunes comme tout le reste du monde salarié.
De l'autre, il y a celles pour qui on est privilégié lorsqu'on gagne suffisamment d'argent pour ne plus être confronté à certains problèmes comme "Est-ce que je peux partir en vacances plus d'une fois cette année? Est-ce que je peux louer un appartement plus proche de mon lieu de travail ?": Et cette vision, qui est plus héritée de l’intersectionnalité, ben elle a sa part de vérité aussi. Je vais pas revenir sur les posts de
@Lady Stardust et
@Nienke qui expliquent bien ce que ça recouvre, mais on ne peut pas balayer tout ça du revers de la main comme si c'était un détail. Parce que mine de rien ça jour un rôle très important dans les rapports entre classes et de la violence qui peut les traverser.
Bref, tout ça pour dire que ces deux visions sont justes, et je suis globalement d'accord avec vous
@grenouilleau @LaBeletteMasquée @Thepatate, sur cette idée que les privilèges des cheminots c'est peanuts à côté des privilèges des grosses fortunes qui assèchent bien plus les caisses de l’État, et que taper sur les cheminots c'est se tromper d'ennemi. Ce qui me fait un peu grincer des dents, par-contre, c'est que j'ai l'impression que le topic a dévié et qu'on est maintenant en train de demander de Madz qui sont dans des situations parfois assez précaires, de faire preuve de solidarité avec des gens qui sont dans des situations bien plus confortables, au nom de la lutte des classes.
Or, pour bien connaître le milieu des classes moyennes supérieures et des classes aisées (et je ne parle pas des cheminots ici, c'est une réflexion plus générale), je vous assure qu'on leur réclame beaucoup plus rarement ce genre de solidarité vis-à-vis des classes moins bien loties qu'elles. Elles ont plutôt tendance à voter à droite parce que, vraiment, on paye trop d'impôts, parce que ces fainéants de profs, et que sais-je encore... Et si vous avez le malheur de voter à gauche, on va vous regarder avec des gros yeux à vous demander pourquoi vous votez contre vos intérêts, et vous sortir le magnifique "si vous n'êtes pas socialiste à 20 ans, c'est que vous n'avez pas de cœur, si vous l'êtes à 30, c'est que vous n'avez pas de cerveau".
Le fait d'appartenir à une classe aisée a tendance à quand même sérieusement rendre aveugle aux difficultés quotidiennes rencontrées par les autres classes. C'est la grande maladie de l'intellectualisme blanc américain, qui va hurler "Mais pouquoiiiii votent-ils cooooontre leurs inérêêêêts, je ne comprends paaaaaas?" en parlant des électeurs de Trump, sans se rendre compte que les intérêts des classes populaires n'étaient pas tellement plus défendus par Clinton.
Parce que quand on a pas été confronté aux difficultés engendrées par le fait de gagner moins d'argent, avec toutes les opportunités dont ça nous prive, voire le mépris de classe qui en découle, on peut difficilement se l'imaginer.
Et mine de rien, ce mépris de classe grignote bien la cohésion sociale, lui aussi. Ce ne sont pas seulement les médias qui nous cherchent à nous diviser, la division elle existe aussi dans les faits.