Depuis le début de ce débat, je suis complètement écœurée aussi. Surtout écœurée de cette impression amère : les médias relayent beaucoup plus les arguments contre que les arguments pour. Et le résultat est là : quand on entend à longueur de journée des arguments débiles à la radio, à la télé, sur le net, eh bien on a moins de scrupules à descendre dans la rue les utiliser soi-même.
Le mardi 7 novembre, une manifestation pour le mariage pour tous a eu lieu devant l'Assemblée.
J'ai peiné pour trouver cette manif mentionnée dans les médias le lendemain. Par contre "Un papa une maman", ça, on l'a entendu, merci bien.
Sinon, je voudrais revenir sur une interrogation qui revient souvent : on a tous l'impression que la France était un pays tolérant qui laissait les homosexuels plutôt tranquilles jusqu'à ce que le débat soit lancé...
Et maintenant, tout le monde s'étonne de voir l'homophobie s'afficher partout.
Mais en y réfléchissant, est-ce bien surprenant ?
Y a-t-il vraiment eu une évolution de la mentalité française en négatif ? Personnellement, je pense que non. J'ai plutôt l'impression que c'est maintenant que les gens révèlent ce qu'ils pensent vraiment de l'homosexualité.
Je ne parle pas des homophobes les plus purs et durs, ceux qui vont hurler des insultes, des "sale gouine" ou "sale pédé", et qu'il est facile de montrer du doigt, mais des homophobes plus subtils, plus propres sur eux, plus "on-peut-discuter".
En gros, cette dernière catégorie d'homophobe pense : "Messieurs-dames les homosexuels, tant que vous vivez bien cachés, que vous vous faites pas trop de bisous en public, et surtout, SURTOUT,
tant que vous ne demandez pas à être reconnus comme des VRAIES familles, alors vous pouvez vivre en paix et nous n'avons rien contre vous."
Ben ouais, désolée, mais c'est de l'homophobie aussi. Plus insidieuse, car tant qu'il n'y a pas de débat, tant qu'il n'y a aucun projet d'égalité, ils sont invisibles, parce que la situation leur convient.
Et puis il y a une troisième catégorie : ceux qui s'en foutent ou qui ont des doutes mais
ne savent pas trop pourquoi. Ceux qui pensent : "ben, dans l'esprit pourquoi pas, mais est-ce qu'un enfant qui n'a pas de référent homme ou femme ne risque pas d'avoir des problèmes, de ne pas se construire correctement ?"
Ceux-là, les amis, c'est ceux-là qu'on peut convaincre. Parce que les arguments sont là. Des études ont été faites :
aucune étude n'a mis en évidence de problèmes particuliers chez les enfants élevés par des familles homoparentales. (
Sauf une étude ultra tendancieuse à la méthodologie complètement foireuse). Alors, attention, ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas (les études portent sur des échantillons trop restreints - bah oui, si on ne laisse pas les homos fonder des familles tranquillement, c'est dur d'étudier les familles d'homos...), mais ce qui est sûr, c'est que personne n'a le droit d'affirmer haut et fort qu'il est évident que l'homoparentalité est néfaste.
Alors, pourquoi cette idée est-elle tellement reprise ? Cette fameuse opposition débile "droit à l'enfant" / "droit de l'enfant" (droit de l'enfant A QUOI ?! Personne ne le dit jamais ! A avoir un père et une mère ? Alors pourquoi une mère célibataire a le droit d'adopter, boudiou de boudiou ?!) semble venir d'un constat simpliste : on ne connaît pas bien la famille homoparentale, mais on connaît bien la famille hétéroparentale. Conclusion :
ça marche très bien comme on a toujours fait, donc si on change, ça va plus marcher. Bravo, les amis, complètement imparable, les Shadocks sont fiers de vous.
Et pour finir, par rapport à
l'edit de cet article : non seulement ceux qui ne savent pas comment expliquer à leurs enfants que deux hommes ou deux femmes veulent se marier n'ont qu'à dire "Ils s'aiment, ils veulent se marier, voilà, passe-moi le sel", mais j'ajouterais que
ce sera beaucoup plus difficile pour eux d'expliquer pourquoi ils s'y sont opposé.