Alors, ouaip, témoignage du mec blanc basique qui (y paraît) "ne devrait pas avoir de problèmes avec les gens (comprendre de manière générale dans la bouche des gens concernés : "avék lé nana ptdr"), t'es sympa et marrant", et qui pourtant, à 24 balais, est toujours aussi incapable d'avoir des relations sociales à peu près valables en dehors de son cercle très restreint. Genre, mes sœurs et mon père, quoi.
J'ai des amis, quelques uns, pas nombreux. Et putain, je me demande en permanence pourquoi ils sont encore là, vu le nombre de fois où je les ai envoyé chier d'une manière ou d'une autre.
Et, eh, c'est marrant, quelque part, mais j'ai comme l'impression de pas mal me reconnaître dans la description que tu fais de toi-même. Pas "normal", celui qu'on invit(ait) pas aux soirées, celui qui arriv(ait) pas à parler aux filles qui me plaisaient, parce qu'à force d'entendre dire qu'on vaut rien, on finit par y croire. Parce qu'à force d'être "le zombie" aux yeux des autres, on finit par le devenir aussi pour soi-même.
Et moi aussi, j'en ai fait des trucs pour lesquels j'ai pu me détester. C'était pas le même genre, juste passer pour le connard de service parce qu'à l'époque c'était ça qui pouvait plaire et me permettre d'être intégré. Mine de rien, j'suis jamais allé jusqu'à fumer la clope ou le joint juste pour avoir l'air cool. Non, à la place j'ai rejeté deux potes que j'adorais et qui m'adoraient, j'me suis mis à voler des trucs à la con, pour les refiler aux "populaires" du bahut, j'me suis mis à devenir insultant, arrogant, le genre de trucs qui feraient passer n'importe quel gamin pour un pseudo-dur.
Mine de rien, j'ai mis longtemps à me rendre compte que c'était un mauvais plan. Presque un an complet à être la racaille du bahut (au point ou j'avais même des "contacts", ptdr paye ton mafieux en carton), presque trois ans de plus à me la jouer "dur".
Et au final, ce qui m'en a sorti, c'est clairement d'avoir fini mon temps au lycée, et d'avoir changé de ville - et de vie.
Me retrouver dans un endroit que je connaissais pas, avec des personnes que j'avais jamais rencontrée, et - même si ça m'a pris un moment -, réapprendre qui j'étais vraiment.
Alors si je peux donner un conseil à l'auteure du témoignage, c'est, eeeeh, fook. Bon courage, déjà. Et te laisse pas déformer par les influences que tu vas croiser. C'est dur, et c'est vrai qu'il faut faire face à toutes les pressions sociales possibles et imaginables (et je suis plus que certains que les miennes étaient pas si violentes que j'ai pu y croire à l'époque, face à celles que subissent pas mal d'autres personnes.) mais au final, ce qui compte c'est toi, et qui tu veux être/qui tu es, pas ce que les gens voudraient faire de toi.
(accessoirement, devenir cynique et un poil nihiliste m'a aidé, mais je le conseille pas, eh eh).