J'ai 18 ans, et pas de but dans la vie — Témoignage

[Zipzop94]

Ça fait 4 ans que j'ai passé mon bac (promo 2012) et j'en suis à ma 3e orientation post-bac. Alors je pense avoir enfin trouvé ma voie aujourd'hui mais ça a été tortueux ! Et je peux m'estimée heureuse d'avoir eu des parents compréhensifs qui m'ont toujours soutenue. Je sais combien il est difficile de savoir ce qu'on veut faire après le lycée (d'autant plus qu'on a plutôt tendance à suivre le chemin tout tracé) et je sais aussi que le jugement des autres peut être très perturbant et dévalorisant... Je passe pour une cancre, flemmarde, et pas bosseuse auprès de mes grand-parents paternels. J'ai souvent droit à des "Attends t'as 22 ans et t'es qu'en L1 ? T'as glandé ou quoi?" ou autre exclamation du même acabit. En plus de ça j'ai été victime de harcèlement morale de la part de mes formatrices l'année dernière suite à mon redoublement en IFSI d'où mon arrêt de la formation et ma réorientation. Oui c'est un peu hors sujet mais ça m'a profondément marqué et ça m'a compliqué la tache dans ma recherche de "but" justement. C'est fou mais après cela j'ai eu du mal (et j'en ai toujours) à me trouver légitime dans ce que j'entreprenais et j'ai toujours une sorte de culpabilité latente, un questionnement "Qu'est-ce que j'avais fait pour mériter une telle méchanceté ?"

Bref tout ça pour dire que notre société ne nous prépare pas bien à l'après lycée. Le fait de rater ou de se tromper d'orientation est vu comme un échec alors que pour moi, cela devrait être vu comme un moyen de se construire.

Je pense qu'à partir de 18 ans et plus globalement la vingtaine devrait être une période faite pour expérimenter, tester, découvrir qui on est, ce qu'on veut, à quoi on aspire...

Mon message pour cette personne serait :
"N'ai pas peur de te tromper. Tente, expérimente tout ce que tu veux. Le pire qui puisse t'arriver, c'est de te rendre compte que ce n'est pas fait pour toi. Et si un jour quelqu'un (qui est t'apprendre quelque chose et t'encourager) te harcèle ou te faire te sentir comme une merde, fais lui un gros doigt. J'aimerais pouvoir te dire que tu dois leur tenir tête et persévérer mais je serais bien mal placée pour te le dire étant donné que j'ai fuit à toute jambe. Mais si tu y arrive c'est que tu est une guerrière, la maitresse de la ligue, ou Saitama."

Bref bref voila pour mon laïus un peu bordélique

 

[Cariboux]

Je me retrouve vraiment pas mal dans ce témoignage, moi non plus je ne veux pas du schéma classique boulot/maison/mari/enfant et j'aime énormément de choses sans avoir de réelle passion.

Je suis passée dans ma vie d'enfant et d'ado par à peu près tous les projets de métiers différents : chanteuse, philosophe, chimiste, poète, écrivaine, journaliste, traductrice, psychologue, graphiste, et j'en passe...

En fin de terminale je me suis retrouvée à hésiter entre des branches complètement différentes : faire des études de graphisme, de psychologie, de sciences cognitives ou de journalisme.
Et j'ai finalement opté pour une prépa littéraire A/L qui me permettait en fait de retarder de 2 ans mon choix définitif de filière, qui m'assurait d'être une formation assez bien reconnue et qui m'ouvrait plusieurs porte de sorties...

Ca a été utile car j'ai pu cerné vraiment ce que j'aimais le mieux dans les matières littéraires.
Cette année je suis en L3 de Lettres Modernes et j'aime vraiment ce que je fais en études. Tout comme j'étais absolument passionnée par ce qu'on m'enseignait en prépa.

Mais là est tout le problème : peut être que si j'avais fait science cognitive ou psycho j'aurais trouvé ça tout aussi passionnant. Ce n'est pas pour autant que je sais ce que je veux faire plus tard. Moi ce que j'aime c'est apprendre, sur plein de sujet différents et en continue. Et pratiquer également tout un tas de choses et vivre des tas d'expériences enrichissantes.
Peut-être que j'aimerais être éternellement étudiante en fait Mais je peux pas.

Et ça m'attriste et m'angoisse un peu par rapport à l'avenir de n'avoir aucune vocation. Ma licence m'ouvre plusieurs portes qui m'intéressent à peu près toutes. Je me serait bien vue journaliste culturelle ou éditrice par exemple. Mais ce sont des voies tellement bouchées... Et je me sens pas assez passionnée pour me jeter à corps perdu dans un de ces deux projets, m'attendre à devoir peut être me battre des années pour trouver un CDI et même pas être sûr que ça me plaira.

Le monde du travail me paraît tellement oppressant en fait... J'ai absolument pas envie d'y entrer. La perspective de me retrouver au chômage m'angoisse, tout comme celle de faire un travail qui ne me plaît pas toute ma vie...
Je suis désabusée...


Mais bon garde courage, chère Madz qui a posté ce témoignage, on est pas à l'abri d'une amélioration et peut-être qu'à force de tâtonnement tu trouvera ce que tu veux vraiment faire

 

[Lal.W]

Mon message va rien apporter de plus que ce qui a été dit précédemment. A 23 ans je suis dans la même situation, sauf que j'ai mis 5ans a avoir un m1 qui vaut rien et que je suis pas sur de vouloir continuer là dedans. Dc je ne peux qu'approuver tt ce qui a été dit. Tente plein de choses différentes, n'ai pas peur de te trompé ou de perdre du temps et surtout surtout n'écoute ni la société ni tes parents (si ces derniers sont ds le schéma étude et diplome le plus vite possible) ou tes amis qui sont dans ce schéma aussi. Écoutes toi, tu sais ce qui est mieux pour toi. Si je m'étais écoute au lieu de faire ce qu'on attendait de moi ma situation serait peut-être la même mais j'aurais bcp moins de regret.

Ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule qui flippe totalement à l'idée d'entrée ds la vie active.

 

[Zuko]

Comme pas mal d'autres j'ai l'impression, je me retrouve tout à fait dans ton témoignage. Après le lycée j'ai fait une licence d'anglais car j'aimais les langues et je m'en sortait bien.
J'ai beaucoup aimé mais je ne me voyais pas travailler dans ce milieu.

Ensuite j'ai fait 2 ans dans une école de communication, ce qui m'a permis de partir aux etats unis.
J'ai adoré le voyage et les études mais je ne me voyais pas y travailler non plus.

Je n'ai toujours pas de but ultime dans la vie, ni de passion extrêmement poussée (ca va, ça vient) mais je souhaite juste être heureuse et ne pas laisser le travail prendre le dessus sur ma vie.

Tu trouveras ta voie quand tu auras eu quelques expériences. J'ai 27 ans, j'ai peut-être trouvé la mienne, mais en aucun cas ce n'est une passion même si j'apprécie mon travail (et surtout ceux avec qui je bosse )

Ne te sens pas exclue ou plus nulle que les autres pour ça

 

[Nanaelim]

Je suis plutôt d'accord avec @sinae : Ton travail n'a pas vraiment besoin d'être ta passion, juste de te plaire.
Tu dis que tu n'as pas envie du métro-boulot-dodo alors pourquoi ta vie devrait se construire autour de ton travail?

L'ambition dans le milieu du travail n'est pas quelque chose que tout le monde a, et ce n'est pas grave. Moi même, je suis en doctorat sur un sujet qui m'intéresse mais ne définit pas ma vie.
J'ai beaucoup d'ami-e-s qui préfèrent avoir un travail à mi-temps, qui leur plait bien (mais ce n'est pas une passion) avec lequel ils ont assez pour vivre mais sans gagner des milles et des cents et qui en profitent pour faire beaucoup de chose à coté: lire, dessiner, écrire... Pour toi ce serait le dessin et la danse par exemple.

Ta vie n'a pas besoin d'être construite autour de ton travail... Ce n'est qu'un travail au fond!

 

[Mgt]

Alors moi, je croyais que je savais ce que je voulais faire. Et puis en fait, ca m'a saoulé, grave. J'y ai laissé trois ans de ma vie pas fun (j'ai fait une thèse complètement loupée) et pourtant, aujourd'hui, ca va
Comme beaucoup, je trouve qu'il n'y a pas urgence et aucun problème à se tromper, c'est la partie pratique de l'introspection.

Mais je voulais contribuer autrement. Il y a plein de choses que tu pourrais faire. que tu ne pourrais pas considérer si tu avais un plan d'études tout ficelé !

Notamment, être bénévole. A côté de chez toi mais aussi à l'autre bout du monde. Jette un coup d'oeil au site volmundo (www.volmundo.com) qui regroupe des opportunités incroyables de bénévolat. Je connais des gens qui ont fait 4 mois dans un parc de ré-acclimatation pour loups aux USA... Moi, ca me fait rêver ! Perso, j'ai été faire de la construction (comprendre réaliser le tracé, débrouissallage à la serpe et la tronconneuse, marquage) de chemins de trail autour du lac Baikal (en Sibérie).
Autre option, être au pair. Il faut aimer les enfants, mais c'est une expérience qui a l'air intéressante. Je n'ai jamais fait, mais j'en ai rencontré pas mal...

 

[Patrickbateman]

Je connais beaucoup de personnes qui pourraient dire "J'ai 25 ans, et pas de but dans la vie."

Je crois de plus en plus que c'est un mal de notre génération: nous avons tellement de choix et de possibilités que nous nous perdons peut-être au milieu de ntore propre recherche?

J'ai 26 ans et je pourrais dire cette phrase

 

[Patrickbateman]

@Zuko Et alors ? Où est ta place ?

 

[Muimosa]

Je crois que l'idée de vocation, l'idée qu'on ara un métier et qu'on exercera uniquement ce métier 40h par semaine toute notre vie est totalement illusoire.
Quand on sort du lycée, et avant cela déjà, on a tendance à se dire que tout choix va être irréversible et déterminant pour notre avenir. Je pense que c'est loin d'être vrai.
En réalité, notre société n'a pas besoin de nouveaux travailleurs; les intellectuels comme André Gorz, qui soutiennent l'idée que nous pourrions amplement nous contenter de moins de 20h de travail par semaine pour répondre aux besoins humains, simplement en entrant dans une logique de décroissance (objectif: consommer de moins en moins, au lieu de consommer de plus en plus) me semblent avoir raison. Et une fois qu'on travaille bien moins, qu'est-ce qu'on fait? On a du temps, et on en profite, pour réfléchir, penser, créer... Pour faire ce qu'on veut.
Bien sûr, cette logique se base sur l'idée qu'on ait instauré un revenu universel, pour pouvoir subsister autrement que par le salaire. Ce n'est pas le cas dans notre société actuelle. Mais d'après ce que tu nous dis de ta situation, tu vas à la fac, tu entreprends de voyager, etc... donc j'imagine que tu as des parents derrière toi capable de te soutenir financièrement quelques années.
Alors pourquoi perdre du temps à se chercher "un" but dans la vie, quand on a ce qu'il faut pour vivre au jour le jour, tatonner, expérimenter, et trouver, peut-être "des" buts dans la vie, ou apprendre à penser sa vie autrement qu'à travers un but.

Je n'ai pas de but dans la vie, mais je vois mon avenir de manière positive. J'ai un but sur 3 ans: écrire une thèse. Et après? Et après on verra. Je me laisse porter par mes envies depuis le collège, j'ai fait des choses qui ne me serviront plus jamais (bonjour, bac Arts Appliqués!), d'autres qui m'ont aidé à acquérir des connaissances, d'autres à rencontrer des gens, d'autres à me découvrir moi-même, d'autres juste à m'amuser...
Je ne pense pas qu'il y ait de problème à ne pas avoir un "but dans la vie", du temps qu'on a des envies et des objectifs à court terme (qui peuvent même se résumer à "apprendre à faire les lasagnes", franchement).

A part ça, pour les personnes qui se cherchent et veulent découvrir des choses, des métiers, des idées, je ne peux que conseiller de faire un service civique. C'est l'occasion de rencontrer des professionnels, de participer à des débats, de fréquenter des gens passionnés par leur job, d'autres qui le font pour se nourrir et trouvent leur plaisir dans des activités complémentaires, et c'est l'occasion d'acquérir des compétences et expériences concrètes, mais très polyvalentes.
Bien sûr, si vous décidez de faire un service civique, je vous conseille de bien choisir votre structure. Assurez-vous que vous serez encadré, aurez une mission qui vous motive, et aurez bien les formations (normalement obligatoires). J'ai fait le mien à l'Afev, en tant qu'ambassadrice du livre. Le bilan est 100% positif.

 

[Specialista]

De mon côté, j'ai traversé une crise assez similaire pendant mes années école de commerce. L'ambiance ne me plaisait pas trop, le marketing me gavait, la finance me débectait, j'étais dégoûtée d'avoir fait payer une école aussi chère à mes parents... j'ai fait quelques stages dans un secteur qui me plaisait (le jeu vidéo) mais je ne me sentais pas épanouie en tant que contrôleuse de gestion / assistante marketing.

Puis petit à petit m'est venue l'idée de devenir entrepreneuse et de créer mon propre studio de jeux un jour.

En ce moment je travaille comme consultante dans un petit cabinet. Ca ne me plait pas vraiment mais je tiens bon en me disant que dans deux ans j'aurai probablement assez de sous de côté pour vivre une aventure en solo. Ca ça m'enthousiasme déjà plus =)

Morales (à deux balles :3)
1/ Le "but de sa vie" ne vient pas forcément se révéler tel un coup de foudre. A 18 ans essaye de te poser moins de questions et il y a de fortes chances que tu finisses par dégager quelques objectifs de moyen-long terme qui te séduisent pour de vrai
2/ On ne pense pas assez à la voie de l'entrepreneuriat, mais j'ai l'impression que pour nous les "Millenials" cela peut-être une solution très intéressante

Bon courage !

 

[Enimo]

C'est le gros problème du système scolaire en France selon moi : on est très mal orientés/renseignés et on nous met une pression monstre comme si notre choix de filière au lycée et nos études supérieures allaient conditionner tout notre avenir.

Moi j'ai jamais su à 100% ce que je voulais faire... enfin si, jusqu'à ce que je me rende compte que j'y arriverais pas déjà parce qu'on m'avait pas dit que la licence que j'avais choisie ne me le permettrait pas, et aussi parce qu'en 4 ans d'études sup j'avais perdu toute motivation pour continuer.
Aujourd'hui j'ai bientôt 24 ans, une licence inutile, j'ai bossé un an en resto rapide et me voilà à nouveau au chômage sans le moindre plan de carrière ni aucune ambition...

J'ai des passions, mais pas envie d'en faire mon métier (au grand dam de mon entourage !). Et surtout, SURTOUT, je m'en fiche !!
Je comprends pas pourquoi tout le monde se/nous prend la tête avec ça, le "but dans l'existence". Moi mon but, c'est de gagner de quoi subvenir à mes besoins, et encore j'appelle pas ça un but mais une nécessité. En dehors de ça je ne veux absolument pas m'enfermer dans une carière-pour-la-vie, je veux vivre au jour le jour parce que je suis faire comme et pour ça, et profiter de mon temps libre pour m'éclater dans des choses que j'aime. Changer de boulot si j'en ai marre, voir de nouvelles choses, et ainsi de suite.

Alors c'est sûr, si on me payait pour que je passe mon temps à m'adonner à mes passions, ça serait le pied, mais j'ai dans l'idée que ça risque pas d'arriver...

 

[Annaïck]

Une chose qui m'a frappé dans le témoignage c'est le poids qu'est la recherche de son orientation. « Injonction à faire ce qu'il nous plaît », « je me sens quasiment obligée de me trouver rapidement un métier […] au risque de rater ma vie entière », « avoir envie d'impressionner les gens ». Si bien que finalement je me dis que le vrai problème dans ce témoignage, c'est le regard des autres et l'idée qu'ils nous donnent de notre propre réussite.

Ce serait pas mal de dédramatiser tout cela. Premièrement, on ne nous apprend pas assez que l'échec c'est bien. C'est littéralement grâce à ça qu'on apprend et qu'on avance. Voilà, se tromper c'est cool. Deuxièmement, ce qui nous fait véritablement peur dans l'échec, c'est la déception de notre entourage et l'image que ça donne de nous aux autres (voire à nous-même). La plupart des gens ( la famille y compris) veulent nous mettre dans des cases. C'est la pression sociale. Je crois que personne ne rentre dans des cases mais que tout le monde s'efforce d'y rentrer, justement pour être reconnu par ses pairs. Cependant, ce qu'il y a de plus pervers dans tout ça c'est que si tu choisis de ne pas suivre les règles et que tu réussis, tu deviens le nouveau modèle à suivre. On n'admire ou on n'étudie pas des personnes lambda et lisses qui ont suivi les règles. On admire et étudie des personnes qui ont suivi leurs propres règles et qui ont réussi à les imposer.

C'est cette pression sociale, l'importance qu'on donne au regards des autres qui nous empêche de nous réaliser car on s'entoure de barrière pour ne pas décevoir. Ces cases dans lesquelles, de toutes façons, nous ne rentrons pas.

Dans cette vie que la madz refuse de suivre, « Métro-boulot-dodo », et qu'on est beaucoup a ne pas en vouloir, on oublie que la formule ne correspond pas à la réalité. Il y a métro-boulot-activités persos-dodo. Moi, en tous cas, c'est ma porte pour franchir les barrières. Entre piano, dessin, jardinage etc.. Des activités qu'on ne valorise pas forcément beaucoup dans un premier temps mais qui avec du travail peuvent s'approcher de la composition de morceaux, de l'art ou de la biologie. On peut donc tout à fait se réaliser en dehors de son premier métier et envisager une reconversion par le suite.

Alors, est-ce une crise passagère ?

Haha ! Tout dépend avec quelle rapidité tu trouves ta place dans ce monde et un sens à ta vie. Rien que ça. Donc je pense plutôt que c'est une question qui suit chacun de nous tout au long de sa vie.
Une fois la pression sociale et l'urgence retirée, c'est une question en suspens qui reste très supportable. Je dirais même que c'est un moteur pour rester en éveil, curieux et ouvert d'esprit !

P.S. : c'est mon tout premier poste, soyez indulgentes, svp ^^