C'est peut-être un peu curieux de parler d'accomplissement mais je ressens ces étapes comme telles.
Pour mon anniversaire, ma meilleure amie m'a offert un bracelet que j'aime beaucoup. "Il ne s'oxyde pas donc tu peux le garder quand tu te douches. Comme ça il y a une chance que tu le portes vraiment, je te connais." Ça m'a beaucoup touché car je le trouve très à mon goût, d'une couleur importante à mes yeux. C'est donc ma meilleure amie qui me l'a attaché en premier - je n'y arrive pas toute seule.
Une fois par mois, je me teins les cheveux donc je l'enlève pour ne pas le tacher. Cette fois-là, c'est à mon ex que j'ai demandé de me le réattacher. Je le revoyais après une semaine d'éloignement parce qu'on se disputait trop. Il tremblait en m'attachant le bracelet, on savait que ce n'était plus possible. C'était la dernière fois que nous nous voyions. Mais je tenais à ce que ce soit lui qui ferme le bracelet, parce que je sentais la fin et que nous avions vécu ensemble des choses importantes.
Un mois plus tard, je rentrais de mon premier voyage. Je vivais si mal la rupture là-bas au début que je voulais rentrer, mais une amie m'a botté le cul pour que je reste. C'est ce que j'ai fait. Je suis restée jusqu'au bout, j'ai écrit mes articles comme convenu, je me suis finalement bien éclatée avec plein de gens, et je rentrais chez moi fière de moi. Ma meilleure amie m'a réattaché le bracelet, de la même manière qu'elle était là avant que je ne sois avec mon ex, et après la séparation. Auprès de moi, immuable.
Je suis repartie pour un job d'été. J'y ai rencontré plein de gens chouettes, des horizons différents, une ambiance festive, les premières sorties "mondaines" et urbaines qui me faisaient sincèrement plaisir. Il y avait cette fille qui avait une pêche d'enfer, était toujours de bonne humeur et me faisait pleurer de rire. On a travaillé et vécu ensemble deux semaines seulement mais ça a suffit à ce que je ne veuille pas oublier d'adopter la même attitude joyeuse et affamée qu'elle face à la vie. Elle a dit "ben oui bien sûr" avec un immense sourire quand je lui ai demandé si elle pouvait m'attacher le bracelet pendant que le reste de l'équipe faisait une bataille de coussins à côté de nous.
J'ai tenu les trois semaines requises dans ce boulot, et même si le début était encore dur ça allait quand même nettement mieux pour moi. Je suis rentrée chez moi pour de bon, heureuse de revoir mes amis et ma ville mais la peur au ventre d'avoir à gérer le quotidien sans mon ex. C'est là que j'ai rencontré pas mal de monde dont cet homme très beau qui m'a allumée de toute part sans que je ne ressente vraiment la peur de souffrir ni l'envie de m'engager - juste le plaisir des mots et des sens, une douce euphorie. Hier soir tout en m'attachant le bracelet, il a fait une blague en référence à nos délires métaphoriques que je n'ai pas tout de suite relevée contrairement à nos habitudes (plutôt stichomythiques). J'avais un peu la tête ailleurs: plus tôt dans la journée, j'ai rencontré quelqu'un de mon âge
qui m'a fait forte impression, et je n'ai même pas peur. Ce serait drôle que ce soit lui qui me remette le bracelet le mois prochain, mais si ce n'est pas le cas, je sais désormais que je peux continuer à avancer joyeusement bien plus facilement que je ne m'en sentais capable il y a quelques mois.