salvia;3947594 a dit :
Quand j'ai lu l'article je me suis dit: génial enfin quelqu'un qui pense comme moi, qui vit comme moi! Et puis j'ai lu les premières pages de commentaires...
Bien bien.
Alors tout d'abord je dirai que le titre de l'article n'est pas très judicieux car on peut l’interpréter comme: "je vis sans travailler {donc au crochet de la société}" et c'est d'ailleurs comme cela que la majorité des madz l'ont apparemment interprété. Mais on peut également comprendre: "je travaille pour réussir ma vie et non pour gagner de l'argent" ce qui est plus proche du propos de l'auteur et du mien.
Je suis également artiste et oui je vis en partie grâce au RSA.
Tout comme l'auteur, je rêverai de pouvoir vendre mes toiles de façon régulière et ne plus dépendre de l'état mais se faire un nom prend énormément de temps. J'ai tenté de prendre un job alimentaire à côté mais je n'ai trouvé aucun patron prêt à me laisser partir trois semaines par-ci, deux jours par là pour monter mes expositions ou honorer des rendez-vous pro. Alors est-ce que je devrai laisser tomber un travail qui me plait uniquement pour ne plus être considérée comme une assistée? Est-ce que l'on demande aux autres bénéficiaires du RSA de trouver un autre travail? Et du coup cela m'amène à poser une autre question: en quoi artiste est-il un métier moins honorable qu'un autre? Qu'est-ce qu'un métier? Si un vrai métier rapporte beaucoup d'argent alors un balayeur ne travaille pas non plus? Si un vrai métier est un travail pénible alors tout ceux qui aime leur job ne travaillent pas? Et puis qu'est-ce qu'un travail pénible? Certes un artiste travaille indépendamment et n'est pas obligé de se lever forcément à 6h du mat pour prendre un métro bondé et se faire hurler dessus par son patron MAIS on ne sait jamais si on va pouvoir manger le mois suivant, on ne peut prévoir aucune dépense, on est souvent seul, confronté à nos doutes, à l'angoisse de la panne d'inspi. On s'en prend plein la gueule, on nous traite d'assistés, de marginaux, de fous. Et c'est encore plus difficile quand on est une femme (car c'est bien connu, seul les hommes sont capables de créer)
Je dis souvent qu'être artiste est une malédiction car il n'y a rien que l'on puisse faire d'autres, notre métier est vital, on le porte dans nos tripes. Si on nous empêche de faire ça on est plus rien.
Et puis je ne comprend pas pourquoi l'art est à ce point décrié: il s'agit pourtant d'un moyen de communication propre à l'Homme, c'est ce qui fait vivre l'espèce humaine à travers les âges. L'artiste produit le témoignage de son époque et c'est ce qui rend notre espèce immortelle.
Enfin je finirai en disant: non nous ne sommes pas obligés de gagner beaucoup d'argent pour vivre. Nous ne sommes pas obligés d'être des esclaves. Nous ne sommes pas obligés de faire tourner une machine qui nous détruit. Il y a d'autres façons de vivre et de consommer.
Tout d'abord, si tu as bien lu, tu verras que plusieurs Madz, artistes elles-mêmes, ont été choquées par cette façon d'envisager le RSA.
Ce qui a choqué, ce n'est pas que l'auteur du témoignage vive grâce au RSA, décide de ne vivre que de ça, mais qu'elle clame haut et fort que c'est parce que, franchement, être un larbin ça ne l'intéresse pas. Et bien figure-toi que moi non plus, que mon copain non plus, que la totalité des personnes ici non plus, mais que travailler, ce n'est pas forcément être esclave. Nous, pauvres mortels salariés (ou pas), chômeurs (ou pas), nous nous sommes peut-être senti(e)s insulté(e)s par ces propos, qui diabolisent quand même pas mal le travail, et le réduise à quelque chose de vil qui anihile toute liberté (gros LAUL).
Tu le dis toi-même, tu es artiste et vis grâce au RSA. Mais tu expliques pourquoi : parce qu'aucun emploi que tu as trouvé ne te permettait de vivre ta passion à fond, de lui consacrer vraiment du temps. Je n'ai pas vu ça ressortir dans le témoignage.
Ensuite, parlons de jobs alimentaires. J'en ai fait quelques uns, et autant te dire que si, ça se trouve des boulots où tu peux (plus ou moins) gérer ton temps. Bosser pour une agence de baby-sitting, où tu donnes tes disponibilités (libre à toi de te proposer pour 40h par semaine ou seulement 20, de t'arranger avec tes employeurs, les parents, quand tu dois être retenu d'urgence pour tes projets). Bosser dans les cantines, entre midi et deux, et dans les études, après 16h30. Quand tu envoies des CVs, donner des dispos en tant que mi-temps. Etrangement, cela ne m'a JAMAIS fermé des portes quand j'étais en recherche d'emploi. Et si on n'est pas à 35h, les allocs peuvent combler la différence (on ne touche pas d'allocs seulement quand on est à temps plein).
De plus, ne pas faire l'amalgame entre les profiteurs, qui ne VEULENT pas travailler mais qui profitent des aides qu'on leur offre, et les personnes bénéficiaires du RSA, qui espèrent vivement retrouver un emploi, et qui sont actifs dans la recherche de celui-ci.
Enfin, il n'y a aucun mal à vouloir vivre sans travailler, à ne pas vouloir rentrer dans un système, à vivre de manière plus éthique. C'est même super, très louable, super courageux. Mais dans ce cas, on ne vient pas cracher sur le mode de vie métro/boulot/dodo pour ensuite venir quémander 600€ par mois qui pourraient profiter à la formation, à la réinsertion...sachant que ces 600€, ils sont produits directement par les mêmes personnes qui sont dans le rythme "lambda" du travail.