Je dois avouer que j'ai moi aussi les yeux qui piquent. c'est ma toute première intervention sur ce site en tant que membre, et je dois dire que je n'aurais pu trouver "meilleur" sujet pour le faire. J'ai lu presque tous vos témoignages et posts, et certains m'ont fait pleurer comme certains m'ont fait sourire "Mais pourquoi t'as pas changé de collège?"
Alors même si la dernière réponse date d'il y a deux semaines, je vais moi aussi raconter mon histoire.
Comme souvent tout a commencé au collège. Les deux premières années personne ne faisait vraiment attention à moi et je vivais ma petite vie. J'avais un an d'avance et j'étais encore très enfantine, même pour mon âge, alors j'étais plutôt insouciante et je jouais avec mon imagination dans mon coin. Pour dire vrai, j'ai très peu parlé quand j'étais petite, j'ai toujours été une enfant assez bizarre. Je ne me liais pas, je ne parlais pas, ou très peu, et j'ai fait des crises de mutismes toujours inexpliquées à ce jour qui duraient jusqu'à plusieurs mois.
Arrivée en 4e, j'ai commencé à m'affirmer un peu et à essayer de me lier aux autres parce qu'après tout moi aussi je devenais une ado. J'ai essayé de me lier avec une fille qu'on va appeler M. Au début tout s'est bien passé, je pensais qu'on était du même monde, elle aussi avait un an d'avance et on était toutes les deux brillantes. Mais après quelques mois elle s'est liée avec A, qui était LA fille populaire de la classe. J'ai essayé de suivre le mouvement mais j'étais moins acceptée, voire pas du tout, alors j'ai cru que j'avais perdu cette amie et j'ai terminé le semestre seule. En janvier j'ai retenté l'expérience, et bizarrement ça a pris. On discutait sur facebook, et ça a duré quelques mois où pour la première fois de ma vie je me sentais acceptée, pas comme je l'étais parce que je jouais la comédie mais je l'étais et c'était le principal après tout.
En fin de 4e ça a dégénéré. Je m'entendais très bien avec mon professeur d'arts plastiques que je voyais un peu comme un père, et qui était vraiment adorable avec moi bien qu'une vraie plaie avec les autres. Alors les rumeurs ont été lancées. Si je m'entendais si bien avec lui, il y avait forcément une raison. Si j'avais de si bonnes notes, elle était encore plus évidente. J'avais 13 ans tout juste et on m'accusait de coucher avec un prof derrière mon dos. Au début je ne m'en doutais pas mais au fur et à mesure les gens se sont montré plus insistants.
En 3e c'était l'enfer. On me frappait dans les couloir, me jetait des projectiles divers et variés (ça allait du caillou à la paire de ciseaux qui manquait mon visage de dix centimètres). En cours, on me traitait de salope et on me donnait des coups de poings dans les côtes discrètement, parce que les tables étaient assez haute et on était placés par ordre alphabétique, par groupe de 3 ; j'étais entre deux personnes qui me détestaient de tout leur être.
Ils m'ont frappée encore et encore, jusqu'au point où j'ai eu des côtes cassées. Maintenant, elles sont tellement fragiles que parfois il suffit que je me cogne pour les fêler. J'en suis venue à l'auto mutilation, où je me frappais moi même parce qu'après tout oui, pourquoi pas après tout, ça devait être de ma faute.
Je me souviens particulièrement d'une journée de janvier, juste après mes 14 ans, il avait neigé et la neige s'était mêlée aux petits graviers dans la cour. J'étais tranquillement assise dans mon coin, et là une bande de garçons de ma classe qui sortaient de la cantine ont trouvé drôle de prendre une pleine poignée de cette neige caillouteuse et de me l'envoyer à la figure, de me frotter le visage avec, j'en ai eu dans la bouche, le nez, les yeux. Je mesurais une vingtaine de centimètres de moins qu'eux, ils étaient quatre, j'étais menue et fragile physiquement, je n'ai rien pu faire. Mon visage m'a brûlée toute la journée et mes yeux étaient rougis. Moi qui ne pleurais jamais, j'ai fondu en larmes.
Mon prof d'anglais que j'avais dix minutes après ne m'a même pas demandé pourquoi j'étais dans cet état là et m'a simplement dit de sortir de la classe.
Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai arrêté de parler. Je ne parlais que par monosyllabes à mes parents, ce qui ne les inquiétait pas parce que j'avais toujours eu des périodes comme celles-ci ; mais en cours, plus un mot. Quand on me posait une question je ne disais rien. La seule personne à qui je parlais était ce prof qui avait eu vent de ces rumeurs et qui avait fait de son mieux pour les démentir, mais personne ne peut enlever ces conneries de la tête des élèves. Les 6e aussi m'insultaient, vers Mars/Avril.
Le pire a été pendant un cours d'arts plastiques, justement, où j'ai eu un 15. Là une fille, A, justement, a crié bien fort que tout le monde savait comment je l'avais eue. Là mon prof a cru bien faire en lui demandant d'exprimer son opinion à haute voix, et elle l'a fait sans l'ombre d'une gêne. Il l'a faite sortir de la classe aussitôt avec un avertissement mais évidemment le mal était fait.
J'ai fait une tentative, puis deux, de suicide deux semaines plus tard. Aujourd'hui ça fait 4 ans et pourtant parfois j'ai l'impression que c'était hier. J'ai des délires paranoïaques et je suis tombée dans une profonde dépression dont je ne suis jamais vraiment sortie, et la reconstruction est très difficile, même avec des gens qui m'aiment autour de moi. Je vais aller consulter pour violences envers les autres et envers moi même, alors j'ai un seul conseil à donner aux personnes qui sont dans la même situation que celle que j'ai traversée ;
BATTEZ VOUS. Parlez en. Ne croyez pas ceux qui disent qu'en ne réagissant pas les gens vont se lasser parce que c'est faux, plus vous vous taisez plus vous êtes une proie facile. Parlez en à quelqu'un de confiance, quelqu'un qui vous croira. Mais surtout n'affrontez pas ça seuls, c'est la pire chose possible. Ne. Les. Laissez. Pas. Vous. Briser.
Et je vous envoie tout l'amour que j'ai en réserve.
Alors même si la dernière réponse date d'il y a deux semaines, je vais moi aussi raconter mon histoire.
Comme souvent tout a commencé au collège. Les deux premières années personne ne faisait vraiment attention à moi et je vivais ma petite vie. J'avais un an d'avance et j'étais encore très enfantine, même pour mon âge, alors j'étais plutôt insouciante et je jouais avec mon imagination dans mon coin. Pour dire vrai, j'ai très peu parlé quand j'étais petite, j'ai toujours été une enfant assez bizarre. Je ne me liais pas, je ne parlais pas, ou très peu, et j'ai fait des crises de mutismes toujours inexpliquées à ce jour qui duraient jusqu'à plusieurs mois.
Arrivée en 4e, j'ai commencé à m'affirmer un peu et à essayer de me lier aux autres parce qu'après tout moi aussi je devenais une ado. J'ai essayé de me lier avec une fille qu'on va appeler M. Au début tout s'est bien passé, je pensais qu'on était du même monde, elle aussi avait un an d'avance et on était toutes les deux brillantes. Mais après quelques mois elle s'est liée avec A, qui était LA fille populaire de la classe. J'ai essayé de suivre le mouvement mais j'étais moins acceptée, voire pas du tout, alors j'ai cru que j'avais perdu cette amie et j'ai terminé le semestre seule. En janvier j'ai retenté l'expérience, et bizarrement ça a pris. On discutait sur facebook, et ça a duré quelques mois où pour la première fois de ma vie je me sentais acceptée, pas comme je l'étais parce que je jouais la comédie mais je l'étais et c'était le principal après tout.
En fin de 4e ça a dégénéré. Je m'entendais très bien avec mon professeur d'arts plastiques que je voyais un peu comme un père, et qui était vraiment adorable avec moi bien qu'une vraie plaie avec les autres. Alors les rumeurs ont été lancées. Si je m'entendais si bien avec lui, il y avait forcément une raison. Si j'avais de si bonnes notes, elle était encore plus évidente. J'avais 13 ans tout juste et on m'accusait de coucher avec un prof derrière mon dos. Au début je ne m'en doutais pas mais au fur et à mesure les gens se sont montré plus insistants.
En 3e c'était l'enfer. On me frappait dans les couloir, me jetait des projectiles divers et variés (ça allait du caillou à la paire de ciseaux qui manquait mon visage de dix centimètres). En cours, on me traitait de salope et on me donnait des coups de poings dans les côtes discrètement, parce que les tables étaient assez haute et on était placés par ordre alphabétique, par groupe de 3 ; j'étais entre deux personnes qui me détestaient de tout leur être.
Ils m'ont frappée encore et encore, jusqu'au point où j'ai eu des côtes cassées. Maintenant, elles sont tellement fragiles que parfois il suffit que je me cogne pour les fêler. J'en suis venue à l'auto mutilation, où je me frappais moi même parce qu'après tout oui, pourquoi pas après tout, ça devait être de ma faute.
Je me souviens particulièrement d'une journée de janvier, juste après mes 14 ans, il avait neigé et la neige s'était mêlée aux petits graviers dans la cour. J'étais tranquillement assise dans mon coin, et là une bande de garçons de ma classe qui sortaient de la cantine ont trouvé drôle de prendre une pleine poignée de cette neige caillouteuse et de me l'envoyer à la figure, de me frotter le visage avec, j'en ai eu dans la bouche, le nez, les yeux. Je mesurais une vingtaine de centimètres de moins qu'eux, ils étaient quatre, j'étais menue et fragile physiquement, je n'ai rien pu faire. Mon visage m'a brûlée toute la journée et mes yeux étaient rougis. Moi qui ne pleurais jamais, j'ai fondu en larmes.
Mon prof d'anglais que j'avais dix minutes après ne m'a même pas demandé pourquoi j'étais dans cet état là et m'a simplement dit de sortir de la classe.
Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai arrêté de parler. Je ne parlais que par monosyllabes à mes parents, ce qui ne les inquiétait pas parce que j'avais toujours eu des périodes comme celles-ci ; mais en cours, plus un mot. Quand on me posait une question je ne disais rien. La seule personne à qui je parlais était ce prof qui avait eu vent de ces rumeurs et qui avait fait de son mieux pour les démentir, mais personne ne peut enlever ces conneries de la tête des élèves. Les 6e aussi m'insultaient, vers Mars/Avril.
Le pire a été pendant un cours d'arts plastiques, justement, où j'ai eu un 15. Là une fille, A, justement, a crié bien fort que tout le monde savait comment je l'avais eue. Là mon prof a cru bien faire en lui demandant d'exprimer son opinion à haute voix, et elle l'a fait sans l'ombre d'une gêne. Il l'a faite sortir de la classe aussitôt avec un avertissement mais évidemment le mal était fait.
J'ai fait une tentative, puis deux, de suicide deux semaines plus tard. Aujourd'hui ça fait 4 ans et pourtant parfois j'ai l'impression que c'était hier. J'ai des délires paranoïaques et je suis tombée dans une profonde dépression dont je ne suis jamais vraiment sortie, et la reconstruction est très difficile, même avec des gens qui m'aiment autour de moi. Je vais aller consulter pour violences envers les autres et envers moi même, alors j'ai un seul conseil à donner aux personnes qui sont dans la même situation que celle que j'ai traversée ;
BATTEZ VOUS. Parlez en. Ne croyez pas ceux qui disent qu'en ne réagissant pas les gens vont se lasser parce que c'est faux, plus vous vous taisez plus vous êtes une proie facile. Parlez en à quelqu'un de confiance, quelqu'un qui vous croira. Mais surtout n'affrontez pas ça seuls, c'est la pire chose possible. Ne. Les. Laissez. Pas. Vous. Briser.
Et je vous envoie tout l'amour que j'ai en réserve.