J'ai lu toutes les réactions parce que ça m'intéresse pas mal. Je ne suis pas du tout dans le cas de l'auteur même si j'ai vécu un peu à droite à gauche et que j'ai des amis éparpillés dans le monde entier, certains que je ne vois pas pendant des années mais que j'aime toujours, j'ai pas mal de gens que j'appelle "amis" et plein plein de potes, j'ai pas de problème à donner ma confiance et mon amour. Donc ce témoignage ce n'est pas moi, mais ça me fait penser à d'autres gens.
Beaucoup d'entre vous, vous avez réagi en regrettant que l'auteur insiste sur sa sociabilité, comme pour déculpabiliser et vous auriez aimé que l'article mette plus en valeur un solitaire.
Le truc c'est que je crois que l'auteur n'est pas une solitaire justement et je connais des gens comme elle, ce qui m'a toujours rendu très perplexe.
D'abord, ma meilleure amie du lycée. Je me suis liée vraiment fortement à elle, je pensais que c'était 100% réciproque, premier coeur brisé quand j'ai réalisé à la fac qu'elle n'était pas capable de donner son amitié sur le long terme.
Il y a des passages d'@Amelie qui me rappellent beaucoup cette personne :
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Je ne peux pas prédire ce que je ferais plus tard et si les gens avec qui j’ai bu une pinte la veille seront les mêmes que ceux de demain."
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On n’a pas le droit d’en vouloir à quelqu’un parce qu’il grandit — et qu’entre temps, il nous oublie un peu."
Mon amie a brusquement semblé perdre tout intérêt dans notre amitié avec la 2e année de fac. Je pense qu'elle aurait qualifié ça de "grandir" mais personnellement, je ne vois pas bien en quoi ça nécéssitait qu'on s'éloigne. On est devenues super proches à 17 ans, pas à 13, je pensais donc que l'être toujours à 19 alors qu'on passait notre vie à se voir à 18 ans n'était pas irréaliste.
Mais voilà, du jour au lendemain, elle a trouvé plus d'intérêt dans les gens de sa fac, elle a commencé à m'oublier, à oublier de me rappeler, à oublier de répondre à mes textos, à oublier les rendez-vous qu'on s'était fixés, à oublier de me prévenir quand elle quittait une soirée où on était toutes les deux avec d'autres, à aller voir des films qu'on devait voir ensemble avec d'autres sans me prévenir... Elle voulait toujours garder contact pourtant. Quand je lui demandais pourquoi elle me plantait comme ça, que je lui demandais si elle voulait qu'on arrête d'être amies, que ça me faisait de la peine, ça la faisait pleurer. Elle disait qu'elle ne le faisait pas exprès, qu'elle allait changer, mais rien ne changeait.
Quand j'ai arrêté de l'appeler, elle n'a jamais cherché à le faire de son côté. Je la détestais, je ne voulais plus la voir, elle m'avait fait trop mal au coeur et elle ne semblait pas du tout éprouver la même chose de son côté, plutôt une sympathie bienveillante pour moi.
On avait des amis en commun alors parfois, j'étais forcée de la revoir. J'étais assez désagréable mais elle semblait toujours contente de me voir et ça m'énervait encore plus parce que je trouvais ça hypocrite.
Je suis partie à l'étranger et quand je suis revenue, la rancoeur était un peu passée. Elle voulait qu'on se revoit, qu'on fasse plein de trucs ensemble. J'ai accepté avec précaution mais comme avant, elle n'était pas vraiment consistante : elle oubliait qu'elle m'avait proposé des trucs et en planifiait avec d'autres gens à la place, elle oubliait de me rappeler et semblait agréablement surprise quand je la contactais etc.
Nos autres amis en commun ont presque tous, chacun à leur tout, vécu cette déception douloureuse, cette impression de se croire très proches d'elle et de réaliser que non, ce n'était pas réciproque, qu'elle était extrêmement volatile dans son amitié.
Rapidement, j'ai réalisé qu'elle ne m'avait pas délaissé moi pour quelqu'un qu'elle aimait plus. Elle n'avait simplement pas la capacité à avoir des amis, elle ne semblait pas capable de s'investir sur le long terme avec quelqu'un qui ne soit pas son copain et malgré tout, elle appréciait quand même les gens autour d'elle.
Du coup, j'ai fini par abandonner l'idée d'être son amie sans pour autant l'exclure de ma vie. Cela a pris des années mais je me suis dit que j'allais la prendre comme elle était, sans investir trop sur elle. Elle est toujours ravie de me voir, je vois bien que ça lui fait très plaisir quand je fais des efforts pour aller à une soirée d'anniversaire ou pour passer lui dire bonjour entre deux voyages. De son côté, elle fait parfois des efforts aussi même si ça ne dure pas.
Je suis toujours perplexe, je ne comprends pas comment elle peut avoir de l'affection pour moi et ses autres amis (car c'est visiblement le cas et on se connait depuis très longtemps) et en même temps être capable de laisser notre relation disparaitre parce que c'est rarement elle qui pense à nous la première.
Il m'a fallu beaucoup de maturité pour accepter ça : voilà, c'est une très bonne copine, on ne sera jamais amies, elle n'en est pas capable et elle m'a fait trop de peine mais je l'aime quand même et elle fait partie de ma vie ; il ne faut rien attendre de notre relation et juste prendre ce qui en sort de bon sans s'arrêter quand ça n'est pas satisfaisant.
Un jour, j'ai dit à quelqu'un "Ne lui en veux pas, c'est une personne loyale mais elle n'est pas fidèle". C'est un peu bizarre à dire mais c'est vraiment le cas : elle ne veut pas nous faire du mal parce qu'elle a de l'affection pour nous, mais elle ne nous aime pas assez pour nous considérer comme ses amis et faire des efforts pour maintenir un lien spécial entre nous.
Après elle, j'ai rencontré une ou deux personnes comme ça et j'ai accepté de la même manière : on prend ce qu'il y a de bon et on ne se formalise pas d'être laissé de côté parfois, il faut juste réaliser que ce n'est pas vraiment une amie et que c'est sur d'autres personnes qu'on doit compter.
Cependant, même si j'ai accepté tout ça en me disant que voilà, on ne peut pas tout comprendre, j'ai beaucoup de mal à comprendre ce qui se passe dans leurs têtes et c'est pour ça que je lis tous vos témoignages avec attention. J'espère que je finirai pas comprendre