Je constate à mon tour que bien des madmoizelles vivent cette situation et pardonnez moi si je n'ai pas eu le courage de lire tous vos messages concernant cet article. Je remercie cette personne de l'avoir publié.
Je pense que comme bon nombre d'entre vous je vais pouvoir m'en servir comme défouloir.
Je suis au courant officiellement de l'alcoolisme de ma mère depuis toujours. Du moins au fond je l'ai toujours su, toujours vu sans réellement pouvoir mettre de mot sur ce qu'il se passait à la maison.
Moi à l'inverse ma mère n'a jamais été violente dans ses paroles, elle était plutot dans son propre monde de malheur et de détresse alors que pourtant, il n'y avait aucun signe distinctif dans sa vie qui pouvait conduire à ce mal être. Evidemment, nous somme tous conscient que les familles contiennent toutes des secrets de polichinelle. C'est alors qu'un processus spécial s'enclenche: on recherche le pourquoi du comment. Pour faire court, un coupable. On passe alors par une fouille approfondie dans le passé obscur de nos parents jusqu'au jours ou l'on en vient à se demander la chose la plus absurde: "Et si c'était de ma faute?" . La culpabilité est la chose primordiale à éliminer de sa tête quand on a un parent malade. Quoi qu'il se soit passé, un enfant n'est jamais responsable de la détresse d'un de ses parents lorsqu'il sagit de cette maladie. Et aujourd'hui je le clame haut et fort. Je suis arrivé à un point de non retour avec ma mère.
Elle a suivi plusieurs cures pour remédier à son problème... à coup de coup de pied dans le cul donné par ses enfants et son mari. A la sortie de sa première cure, elle est restée sobre pendant 6mois. Notre famille était à nouveau unie, heureuse, plus de soucis, plus d'angoisse en rentrant du collège, plus d'envie soudaine de vomir et une nouvelle complicité mère-fille qui s'installait.
Il faut savoir que cette complicité je ne l'avais jamais connue au part avant. Je me sentais à nouveau une fille "normale" avec un mère "normale". Je me souviens du jour ou elle m'a regardé fixement, droit dans les yeux en me disant "c'est fini ma chérie, c'est fini, plus jamais je ne te mentirai, plus jamais je ne retoucherai à ce poison."
Seulement au bout de 6mois, par un doux soir d'octobre, tout s'est effondré autour de moi. C'est comme si un immeuble de 50étages m'était tombé sur la tête. Je ne la trouve pas dans son état normal, je réfléchis, je me dis que non c'est tout bonnement impossible que ce soit ça. La famille est réunie, tout va bien et pourtant je trouve le courage de me lever de table et de fouiller ses anciennes cachettes habituelles. Gagné, panier à linge = bouteille de scotch à moitié vide. Soudain cette envie de vomir, cette sensation d'avoir les jambes coupées.
C'est a partir de là que tout est allé très vite. Les prises de conscience et les pertes de confiance, les états pitoyables et cette maladie impitoyable. Accidents de voiture, disparition lors d'une nuit, pétage de dents sur le carrelage et j'en passe.
Un enfant ne devrait jamais assisté et vivre ce genre de chose, et je parle d'enfant de n'importe quel âge. Voir l'autodestruction de sa mère est la pire des punissions que la vie puisse nous donner.
Aujourd'hui après plusieurs cures, j'ai arrêté d'y croire.
J'ai ce sentiment de haine et de tristesse en même temps. Ce sentiment de se dire "Merde, désormais elle est toute seule et vit seule a des kilomètres, je ne peux pas la laisser comme ça, mais putain je suis à bout de force. Je ne peux plus et ne veux plus y croire. Je n'arrive plus a tenir bon et ça me détruit à petit feu. Est ce que l'alcoolisme est une fatalité en ce qui concerne sa vie?"
Il n'est pas évident de se construire lorsque l'on vit avec un soit disant pilier vacillant.
Heureusement que le reste de la famille est là dans les moments durs. Mais aujourd'hui ce n'est plus suffisant.
J'ai toujours cru être une fille forte, qui ne laisse rien transparaître pour éviter les questions. Mais aujourd'hui je me rend bien compte que je suis à l'opposé de ce portrait. J'angoisse constamment, pas forcément pour ça, mais pour tout. Je me suis construit cette fragilité et cette perte de confiance en moi. J'ai besoin de remonter la pente mais cette dernière reste glissante et vaseuse. C'est l'enlisement total dans ma vie et je cherche maintenant à me faire aider psychologiquement.
Mais après tout ça je me pose une question, comment peut on aller mieux tout en se posant cette question aussi morbide soit elle : "Va t'elle finir par se foutre en l'air?"