ursi;4335038 a dit :
Bonjour, je cherche à savoir d'où est partie cette initiative et s'il y a une asso derrière. Si vous avez des infos, merci de m'en faire part ici ou sur Twitter en privé ou en public. (compte @Ursidea)
PS : je ne suis pas journaliste, je ne veux outer personne, je suis juste une personne qui souhaite savoir à qui elle donne des droits sur ce qu'elle écrit (selon les termes des CGU de Tumblr) avant de lui écrire - désolée de ma méfiance. ^^
Bonjour,
Comme je l'ai déjà dit, je suis beaucoup de pages de beaucoup d'orgas féministes sur facebook, et à en juger par le fait qu'Osez le Féminisme vient de remercier une certaine Pauline pour la création de ce tumblr je suppose que la créatrice est une militante d'OLF. Néanmoins il me semble que le but de ce tumblr, comme le blog que le Collectif Contre Le Viol avait mis en place est de recueillir les témoignages de victimes, juste pour leur rendre la parole et non pour en faire quoi que ce soit après.
Si tu veux vraiment être sûre, le mieux est peut-être effectivement de contacter au préalable la responsable du tumblr via l'outil de contact.
EDIT : Oups, désolée, j'avais lu en diagonale le post d'OLF sur Facebook. En fait non, la créatrice, Pauline n'est pas une militante. C'est juste qu'OLF relayait l'interview de cette Pauline, expliquant la création de ce tumblr
cf http://www.20minutes.fr/societe/1217045-20130902-tumblr-je-connais-violeur-je-veux-brosser-portrait-violeur-type
Sinon, pour répondre au débat sur le caractère conscient ou non des actes d'un violeur, je suis assez mitigée. Je pense que ça dépend des cas...
Parce que la culture du viol est profondément ancrée dans la société, justement.
En fait, j'ai une anecdote militante qui illustre assez bien ce problème : J'étais allée assister à une conférence-débat à l'université sur le thème des violences faites aux femmes donnée par la présidente de l'association féministe à laquelle j'adhère, il y a un ou deux ans.
Est abordée la question du viol et rappelé le fait que la plupart du temps il est commis dans la sphère domestique, par un ami, un parent, un collègue de travail, bref un proche.
Un mec prend la parole durant le débat et nous interpelle sur la question du consentement absolu.
Il commence à nier que forcer une fille qui dit non, c'est toujours un viol, notamment quand la fille en question est sa petite-amie, en défendant l'idée que lors d'une étreinte passionnée, la fille dit parfois non alors qu'elle pense oui, pour renforcer l'excitation du moment ; qu'elle a au fond envie d'être forcée, parce que c'est une sorte de fantasme qui donc "renforce la passion" du couple.
Il va sans dire que mes ami-e-s militant-e-s, moi, la présidente de mon asso et une partie de l'assistance (j'aimerais pouvoir dire "toute l'assistance" mais hélas, ce n'était pas le cas) le regardions horrifié-e-s en essayant de lui faire comprendre que ce qu'il faisait là, c'était l'apologie du viol.
Mais lui il n'en démordait pas. Il pensait RÉELLEMENT qu'il y a des cas dans lequel on peut dire non en pensant oui, et que dans le feu de l'action on peut se passer du consentement de l'autre au nom de la "passion amoureuse".
Je crois malheureusement que c'est assez symptomatique de l'ancrage de la culture du viol dans notre société. A partir du moment où on répand socialement l'idée que Non peut vouloir dire Oui, on ancre cette culture du viol dans l'inconscient au point de produire le type de raisonnement de ce mec tout à fait lambda, qui était venu assister à ce débat en se déclarant féministe et en prétendant qu'il n'avait rien à voir avec ces ordures qui violent des femmes. Alors que, puisqu'il nous avait raconté avoir déjà appliqué sa fameuse théorie de la passion avec sa copine (pour la plus grande jouïssance de cette dernière bien sûr), c'est un violeur.
Je crois qu'à partir du moment où on intériorise ce raisonnement du Non qui veut dire Oui et on l'accepte socialement, il est tout à fait compréhensible et vraisemblable que des hommes violent sans même se rendre compte que ce qu'ils font est un viol. Ce qui ne signifie en aucun cas que le viol est alors accidentel, mais au contraire qu'il est ancré et justifié par la culture du viol installée dans la société. C'est dans le fond, encore plus effrayant. D'autant que cette culture du viol n'est pas l'apanage des hommes : elle est également intégrée et défendue par des femmes, ce qui explique aussi que des victimes pensent réellement avoir provoqué leur agression.
Pour illustrer cette théorie par une autre anecdote : j'ai de mes oreilles entendu une fille dire au cours d'une soirée où j'étais présente : "Oui mais à partir du moment où une fille a dit oui, si tout à coup elle change d'avis et dit non, c'est que c'est une salope. Elle veut juste faire mariner le mec." Il serait donc impossible de changer d'avis ?
D'autant que le principe d’ambiguïté du consentement, on l'enseigne aussi aux filles, en leur inculquant l'idée que même si un garçon leur plaît et qu'elles ont envie de lui, il ne faut pas céder trop vite, sous peine de passer pour une traînée. Il faudrait donc se refuser d'abord et dire non, même quand on pense oui, pour mieux dire oui après.
Bref, tant qu'on ne pensera pas l'égalité jusque dans le rapport de séduction, on contribuera à brouiller la notion de consentement qui devrait être absolue, donc à entretenir la culture du viol, donc à déresponsabiliser certains hommes en leur laissant croire que non ne veut pas dire "non" mais "insiste un peu plus, voire force-moi".
Et je tiens à insister sur le fait que reconnaître ça ne donne pas d'excuses aux violeurs. Mais cela permet de démontrer que la question du viol est un problème social, lié aux valeurs que la société accorde aux femmes et aux idées qu'elle transmet vis à vis des femmes.