J'ai envoyé ceci au Tmblr; je veux le partager ici aussi. J'ai appelé le message: "Est-ce que seules les victimes de viol sont victimes de la culture du viol?":
Je connais quelqu'un qui peut sans doute être, selon vos définitions, qualifié de "violeur". Ce n'est pas moi qu'il a agressée.
La personne en question est un jeune homme qui va avoir 16 ans. Sa cousine, à peine plus jeune, a porté plainte contre lui pour viol il y a un an et demi (ils avaient donc 14 ans).
Ça a détruit sa famille; ça l'a détruit. Il s'est senti trahi, n'a pas compris ce qui arrivait. Nous, nous étions choqués: jamais nous n'aurions imaginé que ces deux "enfants" avaient ce genre de relations. Comme j'aime ce garçon, j'ai fait comme ses parents: j'ai dit que c'était une menteuse, qu'elle n'assumait pas d'avoir fait des choses qu'on lui interdisait. Puis la justice a (extrêmement lentement) commencé à faire son travail et on a pu comprendre un peu l'histoire. Depuis déjà un an, ils avaient fait à plusieurs reprises des petits "jeux sexuels", et un jour où le garçon dormait chez la fille, c'est allé plus loin et ils sont passés à l'acte. Le lendemain, elle a dit à sa mère qu'ils avaient fait "une bêtise", sans doute en pleurs. Bref, il y a eu discussion dans la famille, il y a eu une plainte de déposée: la cousine a expliqué qu'elle n'avait pas dit non, mais qu'elle ne voulait pas.
1 an et demi plus tard, rien n'est résolu, personne ne "sait" comment traiter cela. Les deux enfants n'avaient pas leur majorité sexuelle, ils sont donc automatiquement considérés comme "non-consentants".
Mais moi, quand je pense à cette histoire, et quand, depuis, j'ai découvert ce qu'on appelle la culture du viol, j'ai autant de peine pour le garçon que pour la fille. Cet acte a bouffé son adolescence, détruit sa famille, entrainé une grande dépression, un sentiment d'incompréhension, de trahison, et dans la foulée il a perdu contact avec sa cousine qu'il considérait aussi comme une amie précieuse. C'est pour ça que pour ses proches, c'est difficile à accepter comme un viol. Pourtant, c'est tout à fait cela: il a du prendre un silence pour un consentement. Mais est-ce que c'est réellement lui qui est à blâmer? Est-ce qu'un enfant de 14 ans qui a été élevé dans un univers sexiste, qui a (fort malheureusement) accédé très tôt à des films pornos, et à qui on n'a jamais dit que si le consentement n'était pas explicite il ne fallait pas avoir de rapports sexuels, est réellement mauvais?
Ce que je blâme, ce que je hais depuis, ce n'est ni la jeune fille, ni le garçon, mais l'éducation qu'ils ont reçu et la société dans laquelle ils ont grandi.
Alors quand je lis des articles comme celui-ci:
http://jeconnaisunvioleur.tumblr.com/post/91444312184/famille-vous-dites
J'ai mal. Jamais je ne renierai ce jeune homme de ma famille pour cet incident qui a eu lieu pendant son adolescence. Je veux qu'il apprenne tout ça, le féminisme, la culture du viol. Et je veux qu'au contraire, ça l'aide à surpasser l'incompréhension et à se reconstruire. Je ne veux pas qu'on lui jette la pierre. Je veux qu'on accuse et condamne son environnement, pas lui.