J'ai longtemps hésité avant de répondre ici. Se faire juger, à la limite du manque de respect pour certaines post, n'est pas chose aisée, surtout par des gens qui ne me connaissent pas.Je me doutais que mon témoignage allait susciter des réactions, mais honnêtement je ne m'attendais pas à autant de jugements et de présomptions quant à mes motivations. Je vais essayer de répondre aux principales interrogations soulevées dans les commentaires.
Après avoir relu mon texte, j'admets que certaines phrases soient peut être maladroites, mais vous semblez oublier que les personnes qui témoignent ne sont pas des journalistes, et dans mon cas, je n'ai pas du tout pensé à la quelconque portée que mes mots pourraient avoir.
Tout d'abord, quand j'ai entamé ma réflexion, le fait que le prisonnier soit dans le couloir de la mort ne faisait pas partie de mes "critères", loin de là. Il s'est avéré que Clinton l'était, mais c'est d'abord sa présentation qui m'a donné l'envie de lui écrire. Je n'ais pas été victime d'une curiosité morbide, je ne fantasme pas sur les meurtriers, si ça avait été le cas, j'aurais écrit à Ramirez par exemple.
@remus, je m'adresse maintenant à toi, puisque tu es celle qui a eu les paroles les plus virulentes à mon égard. Pourquoi ne pas travailler aux Resto, ni donner à une asso? Figure toi que je le fais déjà
. Dans ce cas, j'avais envie d'un engagement de ma part sur du long terme, et je ne voulais pas que la notion de charité entre en compte, contrairement aux Restos (c'est comme ça que je le vois en tout cas.)
Je ne me suis pas levée un matin en me disant "oh ben tiens, si j'écrivais à un mec qui attend de mourir en cellule?". Comme je l'ai dit dans l'article, j'ai mis des années avant de franchir le pas.
Pourquoi vouloir rendre un peu d'humanité à quelqu'un dans le couloir de la mort? Parce que, c'est peut être utopique comme représentation du monde,mais je suis abolitionniste, je n'ai pas une vision manichéenne du monde, et je pense que chaque personne mérite d'avoir un semblant d'humanité, et si des lettres peuvent y contribuer, tant mieux. Oui, j'ai vu qu'il était condamné à mort sur son profil, et non cela ne m'a pas arrêté. Je l'ai simplement considéré comme un être humain désireux de trouver des correspondants.
Tu dis que je suis bien tombée car il semble être innocent. Oui, c'est vrai, mais si mon correspondant ne l'était pas, ben ça ne changerait rien. Tout simplement parce que je ne considère pas qu'un crime caractérise la personne à qui j'écris.
Je suis désolée pour toi que tu considères que mon témoignage sonne faux. A la limite je m'en fiche, mais mine de rien, c'est un peu blessant, de même que le portrait que tu dresses de moi
"une jeune fille curieuse et enthousiaste qui a cherché à correspondre avec un condamné à mort américain et qui finalement le trouve génial, magnifique, le considère comme un ami et est persuadé de son innocence… Pour caricaturer, ça fait feuilleton américain ! et ça ne sonne pas juste du tout, ça ne sonne pas vrai". Mais je m'en remettrais. Mon histoire est vraie.
@euki Mon entourage proche a très bien réagi, et maintenant ils s'en fichent un peu. J'ai la chance d'avoir des proches ouverts d'esprit et comprenant ma démarche. Après je n'en parle pas à mes connaissances moins proches, car je sais que beaucoup ne comprendraient pas, j'en ai eu la preuve ici. Si l'un de nous veut arrêter la correspondance, il n'y a pas de marche à suivre (je ne comprends pas trop ta question). Pour être correspondant, il faut que le prisonnier puisse d'abord trouver une personne ayant de l'extérieur pouvant mettre une "annonce" en ligne, et qu'il ait les moyens d'acheter des timbres internationaux. Du côté de la personne à l'extérieur, comme je l'ai précisé, il faut être disponible, ne pas mettre des semaines à répondre, entretenir la correspondance, être conscient que la personne peut parfois avoir une affection exacerbée du fait de l'isolement, et dans ce cas là ne pas hésiter à préciser qu'une relation amoureuse n'est pas la finalité.
Je voulais répondre aux commentaires un par un, mais ça prend trop de temps, je vais donc tout mettre en vrac.
J'ai lu que je me faisais manipuler par Clinton, que je suis tombée dans un schéma d'idéalisation à cause des lettres,comme sur un site de rencontre. C'est faux. Je n'ai pas de crush (celle là m'a beaucoup fait rire, j'avoue. Heureusement que mon mec ne pense pas pareil haha).
Je sais pertinemment qu'il finira probablement par être exécuté, j'y pense souvent, je lui ais envoyé ma lettre en connaissance de cause, et je ne me voile pas la face à ce sujet. Mais pour le moment, je me concentre sur le présent.
Pour le "foncez", je me suis rendue compte, après avoir lu vos commentaires et lu mon témoignage à nouveau, que ce n'était pas la bonne formule. A la base, je voulais écrire ce témoignage car certaines l'avaient suggéré, dans le topic des correspondances. Mon "foncez" s'adressait principalement aux personnes qui suivent le sujet et qui hésitaient à se lancer. C'est vrai que j'ai pu faire passer ça pour un truc super fun, comme aller faire du shopping ou aller à Disneyland. Il est évident que ce n'est pas le cas. Entamer une correspondance de ce genre doit être une décision mûrement réfléchie, car de l'autre côté il y a quelqu'un qui attendra les lettres avec impatience, quelqu'un pour qui ces lettres seront le seul lien avec l'extérieur.
Je ne l'ai pas précisé dans le témoignage, mais il est évident que je ne suis pas la seule correspondante de Clinton, loin de là. Il a de nombreux comités de soutien dans plusieurs pays, je suis en contact avec sa famillle et avec d'autres correspondants. Je n'ai jamais prétendu être son seul lien avec l'extérieur. Je m'investi dans son cas à mon niveau, à sa demande.
Pour celles qui le souhaitent, tous les détails de l'affaire
sont là . Le mois dernier,
un reportage a été diffusé aux Pays Bas, Clinton parle de son cas ( vers la 11° et la 39° minutes). Une association américaine regroupant des avocats spécialisés travaille sur son cas, de même qu'Amnesty International, qui a demandé à ses avocats d'avoir une copie de son dossier complet pour pouvoir travailler dessus afin de faire réviser son procès, qui est plein d'irrégularités.
J'ai lu que l'emploi du mot "ami" perturbait certaines personnes, je ne comprends pas pourquoi. Est ce que vous avez déjà entretenu une correspondance suivie avec une personne pendant des années? Si oui, vous comprendrez donc pourquoi j'ai employé ce mot. Dans tous les profils que j'ai pu consulté, peu importé le pays d'origine, le motif d'incarcération et le temps de peine, mes prisonniers recherchent un ami. C'est ce qu'ils disent, je n'invente rien. De même dans les multiples témoignages que j'ai pu trouver sur le net. Même abolition.fr, site très sérieux, précise qu'une correspondance de ce type peut
"déboucher sur une amitié sincère".
J'espère avoir répondu aux interrogations de certaines, si ce n'est pas le cas faites le moi savoir et j'essaierai d'être plus claire