Je dois vous avouer que je suis fort surprise par les commentaires-qui-ne-voient-pas-l'intérêt-de-l'article.
... Vous n'avez jamais été renvoyées à vos cases ? Je m'explique :
Vous n'êtes jamais allées/sorties de chez le coiffeur en appréhendant/redoutant/ en vous préoccupant ne serait-ce qu'un minimum de la réaction de votre entourage ?
Typiquement, un changement de couleur "vif" pour lequel tout le monde vous tombera dessus en mode "ah tu vas faire punk à chien, c'est ça le look ?" histoire de bien vous faire comprendre que votre standing social ne colle pas du tout à vos choix esthétiques ?
On ne vous a jamais balancé un "non mais qu'est-ce qui te prends ?" parce que vous avez décidé de tirer une latte en soirée alors que vous ne fumez jamais ?
parce que vous vous êtes habillée super sexy, alors qu'au quotidien, vous êtes plutôt fringues amples ?
On ne vous a jamais reproché de suivre une tendance ou de manquer de personnalité parce que vous vous êtes essayées à un style très éloigné du vôtre ?
...Ben elle est cool votre planète. (et je dis ça sans négativité.
)
Je ne pense pas avoir de trouble de la personnalité, donc "mes écarts" sont beaucoup moins prononcés que ceux que décrit cette madmoiZelle. Mais je comprends tout à fait ce qu'elle veut dire par le poids des cases.
Pour prendre quelques exemples, oui, j'ai eu une fin d'adolescence très "colorée".
J'en rigole par ici, mais à l'époque, ce n'était pas la joie tous les jours. Les gens finissaient par accepter que je m'habille comme je veux, même si ça heurte leur sens de l'esthétique, (ou alors ils ne l'acceptaient pas et nos contacts s'arrêtaient là).
Mais c'est à sens unique : ceux qui l'acceptaient me rangeaient dans cette case. Du coup, quand je venais habillée "sobre", en couleur sombre, ça ne ratait jamais : "quelqu'un est mort ?" - "Oh ben ! T'es pas diffusée en couleurs aujourd'hui ? " - "Ben qu'est-ce qui t'arrives ?"
La justification. Permanente.
Si t'es la rigolote du groupe de potes, t'as intérêt à toujours être la rigolote. Sinon "qu'est-ce qui t'arrives", "qu'est ce qui te prends", "c'est quoi ton problème ?"
Les gens ont besoin des cases, on a tous besoin des stéréotypes pour appréhender le monde. Et on a un mal fou à résister à la tentation de ranger tout le monde dans ces cases, y compris les personnes les plus proches de nous.
J'ai vécu un an à l'étranger à 17 ans, je suis revenue tellement changée que j'ai perdu toutes mes relations (y compris avec ma mère). J'avais changé, mais les gens voyaient toujours "la même personne" en face d'eux. Je ne vous raconte pas la violence des paroles balancées par ces visages familiers, qui vous disent "mais... c'est quoi ton problème ?" - "mais d'habitude tu aimes ça !" - "mais... t'as toujours fait comme ça !"
J'étais sortie de "mon rôle", de mes cases (s'en m'en rendre compte puisque j'avais vécu "une autre vie"). Mais mon entourage proche en France n'a pas été capable d'appréhender "la nouvelle moi", pas plus que je n'ai été capable (ni suffisamment patiente) de leur présenter.
Alors personnellement, quand je lis ce témoignage, je comprends exactement ce que cette madmoiZelle veut dire, où elle veut en venir, et je vois parfaitement le problème.
Tant mieux si certaines d'entre vous n'ont pas eu à souffrir "du poids des cases". Mais je pressens que nous sommes nombreuses à nous y sentir à l'étroit. Surtout quand ce sont les autres qui nous les imposent, sans que nous les ayons "revendiquées" à la base.
... Je ne sais pas si ce message est très clair... et désolée pour le pavé !