Bonjour à toutes et à tous
!
Merci pour tous vos messages, je suis très touchée. Je vais m'efforcer de répondre à toutes vos questions, pardonnez-moi si j'en oublie quelques unes :
- Vous me demandez beaucoup de vous parler de ce que je pense des films traitant de l'autisme. Le problème de la plupart de ces représentations tient dans le fait que les personnages autistes ne se voient accorder aucune profondeur.
Généralement, ils sont prétextes à permettre l'évolution du personnage principal, au travers du regard qu'il porte sur le personnage autiste (Je pense au Goût des Merveilles, mais aussi à Rain Man, qui semble plus nous convier à considérer Raymond avec pitié et à soutenir le personnage principal qui, au fil du temps, s'adoucit au contact de Raymond), ou ils sont utilisés comme des "missions d'escorte", aka des personnages outils qui offrent un prétexte au héros pour protéger quelqu'un ou accomplir une mission.
Si je devais recommander un film, c'est Adam de Max Mayers, avec Hugh Dancy et Rose Byrne. Adam est un film très bien documenté et le personnage d'Adam évolue énormément au fil de l'histoire. Il est très attachant et je me suis reconnue dans beaucoup de ses traits ^^.
- Pour parler de l'autisme, j'emploierais plutôt le terme de "handicap". Le "handicap" est créé par la société. C'est parce que cette dernière est conçue d'une certaine façon que des catégories de personnes se retrouvent en difficulté pour y vivre sans accomodations. Si la société était conçue de manière à instaurer l'autisme comme la "norme", ce seraient alors les personnes neurotypiques qui seraient handicapées. L'autisme, à mes yeux, est un handicap tout autant qu'une identité.
- Il m'est difficile de répondre à ces attaques. J'ai appris à cesser de me reprocher sans arrêt mes difficultés, mes erreurs, qu'importe si elles me sont envoyées à la figure. Je m'efforce de faire de la sensibilisation sur Internet et de joindre d'autres personnes autistes, mais j'aimerais également parvenir à une action "concrète". Pour cela, je dois malheureusement faire face à mes difficultés de communication et cela me demande un effort considérable. Tant que je le peux, je tente de détourner la conversation sur une optique plus "positive", mais j'ai mes limites et je frôle souvent la crise de nerfs dès lors que je dois m'engager corps et âme dans quelque chose. J'apprends, néanmoins, et j'espère pouvoir un jour prendre part à des conférences, rencontrer des enfants, adolescents et adultes autistes etc.
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@BiBee : N'hésite pas à discuter avec ton cousin, aborde les sujets qui semblent l'intéresser ^^. S'il ne te regarde pas, ça ne veut pas dire qu'il ne t'écoute pas. Au contraire, un certain nombre d'entre nous trouve le contact visuel particulièrement douloureux. Si je suis obligée de regarder quelqu'un dans les yeux, je n'arrive plus à formuler mes pensées et je deviens très vite aussi muette que nerveuse. Tu as l'air d'être une cousine super sympa, en tout cas
- Je m'identifie autant au diagnostic Asperger qu'au diagnostic d'Autiste. Désormais, je préfère utiliser uniquement ou presque l'appellation "Autiste", puisque les labels de "Haut niveau", "Bas niveau", "Asperger" font de moins en moins de sens et tendent à diviser une communauté qui a besoin d'être unie. Selon les jours, je peux être de bas niveau ou de haut niveau, c'est loin d'être quelque chose de fixe, une étiquette dont on ne se décolle jamais. Des autistes, pourtant de "bas niveau" selon les normes de la société, sont des activistes au discours très éclairant sur Internet. Il ne faut pas oublier non plus que beaucoup d'adultes autistes, qu'on qualifierait volontiers de "sévères", sont nés à une époque où on institutionalisait très volontiers les personnes neuroatypiques, sans pour autant leur proposer une porte de sortie ou leur offrir les armes nécessaires pour vivre par soi-même...
- Je voulais rajouter une précision concernant la Thérapie ABA qui a été citée dans l'article : c'est une méthode qui est de plus en plus décriée par les autistes. L'idée n'est pas de nous permettre de trouver des solutions pour être nous-même et fonctionner en société, mais bien de nous conformer aux neurotypiques. Lors de ces séances, les patients se voient retirer un à un tous les objets ayant trait à leurs passions et sont soumis à des exercices qui relèvent de la torture.
On oblige le patient à regarder dans les yeux, à endurer un contact physique prolongé, à adopter un comportement neurotypique pendant un certain temps (cinq minutes, dix minutes etc.) pour finalement le "récompenser" en lui accordant autant de minutes avec ses objets fétiches. A croire qu'on parle d'un dressage canin... La Thérapie ABA n'a pas pour but de rendre le patient heureux : elle a pour but de le conformer, de le normaliser, de façon à ce qu'il ne soit plus un "fardeau" pour la société. Il y a beaucoup d'articles à ce sujet en anglais, je vous conseille le tumblr de Neurowonderful pour vous faire une idée sur la question.
- L'autisme et la douance peuvent être liés, mais ce n'est pas automatique. On tend à prendre les autistes pour des petits génies parce que nous connaissons et voulons apprendre énormément de choses sur les sujets qui nous passionnent. Je suis "calée" en Français, en Littérature et en Anglais parce que ce sont mes centres d'intérêt et que j'y ai dévolu beaucoup de temps. D'un autre côté, je suis aussi une inconditionnelle de Disney, de Cinéma et de Jeux Vidéo, mais on me considère rarement comme surdouée quand j'aborde ces sujets avec passion. Plutôt comme une geek finie x).
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@TyLu : J'ai cherché à prendre rendez-vous pour un diagnostic formel, mais j'ai un délai d'attente de plusieurs mois. Comme je suis incertaine de la ville ou du département dans lequel je vivrais, au gré de mes contrats, je ne peux pas me permettre de poser un rendez-vous sur une période aussi étendue. Je n'ai d'autre choix que d'attendre d'obtenir un CDI ou de réussir mon concours pour pouvoir m'installer définitivement quelque part.
Je n'ai pas pu m'attarder en long, en large et en travers sur mes "caractéristiques", mais elles ne relèvent définitivement pas de la précocité. J'ai des gestes d'auto-stimulation en permanence (ce sont des "mouvements" plus ou moins conscients qui me permettent d'exprimer mes émotions tout autant que d'évacuer mon énergie : me balancer d'avant en arrière, tourner sur moi-même, marcher sur la pointe des pieds, battre des mains, agiter mes doigts, sautiller sur place...).
Ces mouvements peuvent prendre d'autres formes : je me parle très souvent à voix haute, notamment lorsque j'accomplis une tâche, je chante ou fredonne quotidiennement, à très forte fréquence, j'ai tendance à adopter les tics de langage et de posture de mes interlocuteurs (ce qui est parfois gênant)...
Les "crises de nerfs" que j'évoque sont bien plus que des "crises de nerfs". Le terme utilisé en anglais est "Meltdown" et traduit l'idée de "fondre". Je "fonds" de l'intérieur. Je n'ai pas ou peu de contrôle sur ce que je fais dans cet état. Je hurle jusqu'à m'en briser les cordes vocales, je mords mes lèvres ou mes poings, je me frappe les tempes... Grâce à la communauté anglophone autiste, j'ai appris à détecter les signes d'un "Meltdown" et à trouver un moyen de me calmer. En général, je m'isole, je pleure un bon coup en écoutant ma musique préférée ou en regardant un film et ça finit par passer, en me laissant l'impression désagréable d'avoir la gueule de bois pendant le reste du jour, voire plusieurs journées d'affilée.
Je n'exclus pas la possibilité de la surdouance, mais je fais confiance au diagnostic de mon psy à ce sujet ainsi qu'à mes nombreuses heures de recherche sur l'autisme, en langue anglaise et française (Le sujet de l'autisme est un de mes centres d'intérêt, je suis toujours passionnée à l'idée de lire les Tumblr d'autres autistes, d'entrer en contact avec eux, de partager nos goûts...).
Encore merci à vous, les Madz, vous êtes géniales
Edit : Ah
@Shalomette a posté pendant que j'écrivais mon message ^^. Tu peux me contacter par MP, je serais ravie de discuter Harry Potter et fanfiction