J'ai été diagnostiquée (après une looooongue année de tests divers et de consultations avec une psy) surdouée à l'âge de 6 ans (147 de QI au compteur). Et pendant un moment, on a soupçonné que j'étais Asperger justement, avant le diagnostique définitif.
Je me retrouve beaucoup dans ce témoignage, sauf que, je n'ai aucun problème avec l'abstraction, au contraire, et communiquer avec les gens ne me posent aucun problème, bien que je sois plutôt introvertie (en faisant le test des 16 personnalités à l'adolescence, je suis tombée sur INTP, ceci explique cela). Je comprends très bien les émotions des gens, trop même, même si parfois j'ai du mal à comprendre leur réactions (je trouve que les gens sont vite offensés pour un rien, on me reproche souvent mon manque de tact).
Pour le manuel, je me sers aussi bien de mes mains que de mon cerveau, je peux apprendre une langue étrangère en trois mois comme j'ai pu avoir un niveau très avancé au tricot en à peine deux mois.
Je sais très vite ce qu'on me veut, les tâches à accomplir et le changement ne me fait pas peur, au contraire, je fuis la routine.
Pour le reste, je peux avoir ce côté "obsessionnel" (seigneur, que je n'aime pas ce mot !) que peuvent avoir certains autistes quand leur intérêt et leur curiosité sont touchés : dernière phase "obsessionnelle" en date, j'ai passé une nuit blanche et les jours suivants à me documenter sur un merveilleux oiseau appelé Kakapo, et à très souvent en parler autour de moi. Ce genre de chose m'arrive souvent, mon entourage aime même si au bout d'un moment ça peut leur taper sur le système :v
D'ailleurs, en parlant de "diagnostique proche", j'ai une petite anecdote à raconter qui peut être intéressante : en Belgique, on a beaucoup d'école et de programmes afin d'intégrer des enfants (et des adultes !) autistes à la société, sans les traiter comme des rats de laboratoire. J'ai été cheffe scoute pendant un moment chez les louveteaux, et un de ces programmes nous a contacté pour qu'un petit garçon d'une dizaine d'année ayant Asperger intègre l'unité, à la demande des parents. Comme un enfant autiste ne réagit pas comme les autres enfants, les chefs ont suivi une formations de quelques jours afin de bien prendre en charge le garçon, et puis de conscientiser nos scouts et leur donner des instructions quant à la manière d'agir avec le garçon pour ne pas trop le brusquer et comprendre sa manière de communiquer.
Le gamin arrive au printemps, et tout se passe très bien. Je pense qu'il devait quand même se sentir bien, car il s'agit d'une petite unité d'un village de cambrousse, y'a des bois et des champs partout, et le petit ADORE les insectes, il en est fou.
Vient le moment du camp d'été, on convoque les parents, on les motive à laisser le petit venir avec nous tout en les rassurant. Et bien, le gamin est resté uniquement avec moi. Malgré les séances d'informations, les autres chefs avaient un peu de mal à appréhender le gamin, mais personnellement, j'adorais ce petit. Comme j'ai tendance à m'éloigner instinctivement des bruits et de l'agitation, j'étais toujours autour du p'tiot qui lui aussi fuyait souvent les jeux agités des autres pour observer l'herbe du pré et les bois alentours où se trouvait le camp, certainement à la recherche d'insectes. Vers le milieu du camp, comme je m'intéressais beaucoup à ce qu'il faisait et que je l'avais beaucoup aidé à attraper des insectes pour sa collection, il me collait tout le temps.
A la fin, quand ses parents sont revenus le rechercher et qu'on leur a raconté cela, ils étaient très étonnés et assez contents que leur gamin ait pris plaisir à cette expérience (11 jours loin de ses proches qu'il connaît depuis des années et de son quotidien pour un autiste, je sais que ça peut être pire que l'enfer). Malheureusement, en septembre qui a suivi, j'ai du arrêter le scoutisme à cause de mes études qui devenaient assez lourdes, et j'ai eu quelques nouvelles du garçon jusqu'à perdre le contact au bout d'un an.
J'ai parlé de cette expérience à ma psy (je la vois encore beaucoup, parce qu'un cerveau qui carbure à 1000 à l'heure, ça n'a pas que des effets positifs), et nous avons eu la même hypothèse : si le petit a pu s'attacher à moi, c'est peut-être parce qu'il y avait des similitudes de caractères, habitudes, manières de communiquer, etc.
Je ne sais pas si Lerena sera d'accord avec ça, mais ça me semble logique après tout.