Je suis fauchée depuis toujours, et je m'épanouis quand même !

[Gia_Juliet]

Je pense que jouer à la fauchée quand on a un certain confort assuré par son copain/sa copine ou sa propre famille c'est beaucoup plus facile que d'être réellement précaire, sinon il n'y a pas de quoi s'en vanter: des personnes "très" modestes, ça fait presque 6 ans maintenant que j'en vois tous les jours dans les couloirs ou chambres d'hôpitaux. Avoir une job c'est mieux que rien c'est sûr mais ne rien pouvoir faire à côté de loisir, ou par plaisir (allez juste un truc une fois tous les 2-3 mois histoire de...), sauf juste de manger ou de payer ses factures (grâce à qques aides sociales en plus) ce n'est pas jouissif sur la durée. Ca bouffe l'esprit des gens et leur santé quoi qu'on en dise.
Il y a se penser fauchée (limite jouer à) qui est indécent, et être fauchée réellement qui n'a rien d'épanouissant.

 

[Tzig0ne]

Vêtements, objets, produits de beauté, amis… J’évite absolument d’accumuler plus que nécessaire.

J'ai trop rigolé

 

[Anandryne]

J'ai l'impression que y'a des gens qui confondent "frugalité" et "dèche"

 

[Liluuuy]

Alors si être pauvre permettait de juste revenir à l'essentiel : pourquoi le tabagisme est plus présent dans les milieux précaires ? Pareil les gentes qui jouent (loto jeux à gratter etc) ce ne sont pas en majorité les CSP+.
Un enfant de parents précaires aura moins accès aux études supérieures.
Les personnes précaires n'ont pas accés aux soins suffisamment etc.

Bref y'a une autre dimension que "s'éloigner du superflu" ,
La société ostracise les gens précaires, les mets de coté, il ne faut quand même pas l'oublier. (quand bien ils font tenir la boutique debout mais bon o/)

 

[skippy01]

@Liluuuy D'ailleurs, pour un stage à ma commune, je devais entres autres nettoyer lu compostière d'ur quartier social. On pouvait y trouver des aliments même pas ouverts, ça démontre bien que le lien entre «peu de revenus» et «économe» est complètement fallacieux.

 

[Clemence Bodoc]

J'ai eu un sentiment de malaise en lisant cet article.
Prenons les choses dans l'ordre : il s'agit d'un article sponsorisé pour commencer, même si cela se voit très peu. On a la phrase d'accroche qui précise le partenariat, on nous balance une bande-annonce, on rebondit vaguement sur celle-ci pour dire qu'on n'est pas comme X personnage puis l'article part sur une sorte de témoignage.
Bon.

Ensuite, ce témoignage provient d'une membre de la rédac, qui explique qu'elle est vraiment mal payée mais que même si elle "est toujours en galère, [que s]on découvert [lui] stresse le trognon régulièrement", elle est heureuse de faire un métier-passion. D'un point de vue éthique, je ne suis pas certaine que ce soit très bien vu qu'un employé fasse un article pour dire qu'il est mal payé mais que la passion lui suffit. Enfin, je ne sais pas, en lisant ça je me suis dit "ben... ils attendent quoi pour payer mieux leurs employés Madmoizelle en fait ? ". Si tu veux absolument te localiser à Paris, LA ville super chère, tu ne paies pas tes employés le SMIC, jsais pas. J'ai même vérifié que Queen Camille n'était pas une stagiaire tellement son article m'a interrogée. Non, non, nous avons bien ici un article d'une membre de la rédac avec un emploi qui n'est pas censé être précaire mais qui survit à peine (mais c'est pas grave, elle fait sa passion).

Enfin, il va falloir m'expliquer la cohérence de Madmoizelle. Sous cet article, une pub pour la box "World tour". Chaque jour, plein d'articles sponsorisés (dont celui-ci !), des présentations d'objets trop cools qu'il faudrait trop avoir chez soi, une volonté que la lectrice de Madmoizelle soit jeune, féministe mais aussi un peu bobo et capable d'acheter ce que le magazine bombarde chaque jour comme articles à posséder. Bref, une démarche capitaliste pour vivre au milieu du capitalisme. De l'autre côté fleurissent des articles sur le minimalisme, le fait de se contenter de peu, blablabla. Bon, laissons de côté l'idée même que le minimalisme est un privilège de bourgeois.e initialement.
Ce n'est pas un peu contradictoire tous ces messages ?

Je ne comprends pas trop que @Clemence Bodoc ait laissé passer cet article : vous présentez clairement votre entreprise comme ne rémunérant pas à leur juste valeur ses employés tout en faisant croire que c'est trop cool parce qu'ils font leur passion. C'est justement contre quoi les professions dites de "vocation" (graphistes, illustrateurs, auteurs, profs...) essaient de lutter en fait. La passion ça paie pas la bouffe ni le loyer.

Pour te répondre — et répondre aux commentaires qui vont dans ce sens — le propos de cet article n'est nullement de dire "acceptez d'être sous-payés parce que l'argent ne fait pas le bonheur, la preuve je suis pauvre et épanouie". Ce n'est pas le propos.

QueenCamille parle de sa situation perso, de son rapport à l'argent et à la richesse, et de son compromis. Le journalisme, et surtout le journalisme web ne sont pas des secteurs où l'on devient riche. madmoiZelle paie au SMIC et ne l'a jamais caché, car madmoiZelle n'a pas les moyens de payer mieux. madmoiZelle est indépendante depuis sa création, et elle est toujours là malgré des tempêtes. On ne peut pas en dire autant de tout le monde. (Et pour d'autres, ça a été chaud).

Plus largement, où est-ce que cet article décourage de chercher à améliorer sa condition ? Où encourage-t-il à ne pas mieux se vendre, à ne pas négocier, où exprime-t-il que c'est normal de mal payer les métiers-passion ? Ce n'est pas son propos. Certains métiers, certaines professions sont dans des secteurs qui paient mal pour pleins de raisons. Par exemple, ce n'est pas parce que les ONG déprécient les fonctions de comptables et d'audit qu'elles paient 3 fois moins ces fonctions supports, qu'elles ne sont valorisées dans le privé. C'est parce qu'une ONG n'a pas pour but de générer du résultat, qu'il y a moins "de gras" pour les fonctions supports que dans un groupe privé, tourné vers la rentabilité financière.

Selon ta logique, si j'avais plaqué mon job d'auditrice dans le privé pour "me brader" dans une ONG, pour le même poste, j'aurais déprécié la profession ? Ce cas est pourtant exactement le propos de l'article : que faire et pourquoi le faire s'il y a un choix à faire entre s'enrichir ou donner du sens (et parfois, c'est un choix. L'idéal étant bien sûr de ne pas avoir à choisir !!) QueenCamille témoigne de son approche de ce choix, de son cheminement, de son expérience.

Et pour finir : je trouve au contraire que ce témoignage fait la nique à la logique capitaliste. Si je ne suis pas épanouie, et si le sens de mon travail est plus important que ma rémunération, alors tu peux m'augmenter tant que tu veux, ça ne me fera pas rester, ça ne me fera pas mieux m'investir. C'est en privilégiant le sens sur l'aspect matériel qu'on fait la nique à ce système, à mon avis très humble.

 

[LolaEnCiencia]

Je suis très gênée par cet article. Je m'explique:
* Le côté métier-passion qui fait qu'on accepte un revenu insuffisant. Dans le cadre de mon métier, je suis amenée à rencontrer des porteurs de projets, futurs ou jeunes créateurs d'entreprise qui s’engouffrent à fond là dedans (Je travaille énormément pour rien mais je kiffe). Le kif ne paie pas les factures. Vraiment. C'est dangereux, très dangereux humainement parlant car cela peut forcer à renoncer à tout hors cette passion (vie de couple, vie de famille, amis, logement, santé...). C'est aussi prendre le risque de se dégoûter de sa passion en passant, et de devenir aigri, voire pire.
* Je pense qu'on peut être heureux avec très peu, comme dit dans l'article. Mais quid des projets et des accidents sans marge de manœuvre? Un projet, quelle que soit son ampleur (vie de couple, trajet pour voir la famille ou des amis, naissance d'un enfant, reprise d'études, déménagement, changement de travail, adoption d'un animal, inscription à une activité sportive ou artistique) coute généralement de l'argent. Vivre toujours en "cigale" peut empêcher d'évoluer dans cette perspective. Parallèlement, des évènements de la vie subis amènent à des dépenses supplémentaires qu'il faut parfois assumer: arrêt de travail, accident, perte/vol/dégradation de biens, soins médicaux non intégralement remboursés, amendes, etc.). Effectivement certaines personnes sont obligées de vivre dans cette précarité, ce que je regrette. Je trouve plutôt douteux de présenter ce mode de vie sans évoquer ces conséquences possibles.

Edit: Après je suis tout à fait d'accord que l'argent ne fait pas tout. D'ailleurs je pourrai avoir un travail mieux rémunéré, mais je préfère le mien pour l'instant, et il me procure une sécurité financière suffisante. Assez pour payer le quotidien, avoir une vie sociale et culturelle riche et concrétiser des projets (achat immobilier, vacances) et en avoir de nouveaux (bébé, reprise d'études).

 

[QueenCamille]

@QueenCamille
Ton expérience est très intéressante. Mais comment as-tu fait pour avoir un logement ( caution, gagner 3 fois le montant du loyer...)? Est-ce que tu as une voiture? Est-ce que tu es CF?
Ces questions ne visent pas à décrédibiliser ton expérience et ta manière de la vivre mais je crois que ces choix dépendent de facteurs autres que le salaire A 30 ans, je vivais comme toi et j'étais libre. Maintenant, je suis parent et mes besoins ( minimes) ont changé donc je ne pourrais plus vivre comme je l'ai fait

J'ai trouvé quatre fois un logement alors que je n'avais pas de boulot, avec un garant familial, deux fois à Paris, une dans le Sud-Ouest et une dans le Sud-Est. Je n'ai pas voiture et pas d'enfants. Ça veut dire quoi CF ?

 

[Anandryne]

Et pour finir : je trouve au contraire que ce témoignage fait la nique à la logique capitaliste. Si je ne suis pas épanouie, et si le sens de mon travail est plus important que ma rémunération, alors tu peux m'augmenter tant que tu veux, ça ne me fera pas rester, ça ne me fera pas mieux m'investir. C'est en privilégiant le sens sur l'aspect matériel qu'on fait la nique à ce système, à mon avis très humble.

Ha non, moi je trouve qu'il fait le jeu du capitalisme. Payons les chercheurs, les profs, les artistes une misère parce que de toute façon ils kiffent leur taff et ils supplieraient presque qu'on leur laisse la chance de le faire. C'est le même genre de réflexion et de situation qui fait que par ex, je n'ai jamais pu suivre des études artistiques comme je le voulais parce que j'avais trop peur du manque de débouchées.

Faire la nique au capitalisme ca aurait été "je fais ce que je veux en gagnant plein d'argent contrairement à tout ce qu'on s'est toujours évertué de me dire et de me faire sentir depuis que j'ai émis ce choix la première fois. Haha fuck le capitalisme je suis capable de vivre d'un métier qui n'est pas dans l'optique de faire du profit."

 

[Anandryne]

J'ai trouvé quatre fois un logement alors que je n'avais pas de boulot, avec un garant familial, deux fois à Paris, une dans le Sud-Ouest et une dans le Sud-Est. Je n'ai pas voiture et pas d'enfants. Ça veut dire quoi CF ?

Bravo, tu as un garant riche ! Tu es dans la dèche mais tu as quand même quelqu'un qui est pret à assumer ton loyer si tu as un défaut de paiement ! Moi j'appelle pas ca de la dèche dès à partir de ce moment.

 

[Mymy Haegel]

Bravo, tu as un garant riche ! Tu es dans la dèche mais tu as quand même quelqu'un qui est pret à assumer ton loyer si tu as un défaut de paiement ! Moi j'appelle pas ca de la dèche dès à partir de ce moment.

En même temps, tout le monde a un peu « sa définition » de la dèche.

Mon mec est dans la dèche pour trouver un appart, malgré son salaire de dingo, parce que personne ne le prend sans garant.

Moi je suis dans la dèche à la fin du mois, mais le reste du temps ça va, et j'ai des garants ; pourtant je suis « précaire » aux yeux de plein de gens car je ne peux pas mettre d'argent de côté.

Ma pote mère célibataire au RSA sans économies ne se considère pas dans la dèche, car elle a eu un logement social (pas de garant) et touche des allocs qui lui permettent tout à fait de vivre, en plus d'avoir tissé un réseau d'amis solidaires qui se dépannent régulièrement.

C'est pas exactement un terme précis !

 

[GingerBraid]

Le problème pour moi c est que le mot «fauché» n a pas le même sens pour tout le monde. Ça peut vouloir dire: je n ai pas d argent du tout, j ai juste assez pour me payer le nécessaire, j ai assez pour un peu de superflu, j ai assez pour me faire plaisir mais comparé a ma famille/mes amis qui gagnent très bien leur vie, j ai l impression d être fauchée...
Personnellement j ai connu plusieurs de ces situations. Cet hiver j ai été fauchée au point de ne rien dépenser a part l essentiel (loyer, charges et nourriture). Ça n a pas duré très longtemps mais le fait de devoir se refuser le moindre petit plaisir en plus, ça marque un peu. Actuellement je gagne bcp mieux ma vie qu avant (moins que le smic mais la ou je vis ça suffit amplement), pour autant je suis peut-être fauchée par rapport a des gens que je connais. Les périodes où j ai manqué d argent m ont rendue un peu radine: même quand ça va mieux il y a des choses que je n acheterais jamais (dont les Box madmoizelle désolée ). Et je savoure un peu plus la chance de pouvoir me payer un gâteau, un t shirt ou un billet de train en promo...
Pour autant, je ne glamourise pas ls fait d être fauchée c est plutôt nul en fait (a part qu on prend bien conscience de la valeur des sousous).
La ou je rejoins QueenCamille c est que gagner beaucoup d argent n est absolument pas dans mes objectifs et que je préfère comme actuellement gagner le nécessaire et un peu plus et m epanouir dans mon travail. Mais je ne voudrais pas revenir a la précarité, il y a un monde entre les deux.