Je suis fauchée depuis toujours, et je m'épanouis quand même !

22 Février 2015
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Je suis d'accord avec @Manea et je partage son incompréhension. Le film me semble aborder une question sociale grave de nos jours et de plus en plus préoccupante, et en article de promo on a finalement une réflexion sur le bonheur et le fait d'être "fauché", rien à voir donc. Le problème ici c'est surtout que ce type de discours peut facilement être récupéré pour justifier le fait de ne pas payer suffisamment les gens et dédramatiser les inégalités sociales et économiques qui ne font qu'augmenter ("les gens sont de plus en plus pauvres ? C'est pas grave de toute façon ils sont bien comme ils sont avec leur minimalisme et leur frugalité").
 
27 Novembre 2014
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J'avais entre 23 et 28 ans. Je n'ai pas eu de la chance, j'ai simplement évité de penser "C'est pas la peine que je pense à changer d'appart avant d'avoir un CDI" et je me suis lancée XD
As tu quand même conscience que c'est aussi de la chance d'être tombée sur des proprios qui acceptaient ca ?

(Ce n'est pas du tout moralisateur ou autre, et je suis sincèrement contente qu'il existe des gentes qu'on emmerde pas ^^)
 

Clemence Bodoc

Persistante
21 Juillet 2010
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LILLE
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Faire la nique au capitalisme, ça serait réclamer un système social qui permette de taxer les riches et très riches pour que les ONG aient plus de fric et puissent payer un salaire décent aux personnes qu'elles embauchent (pour reprendre ton exemple), pas dire aux personnes en galère qu'elles doivent faire des efforts pour positiver parce que ça pourrait être pire elles pourraient avoir un salaire de merde ET ne pas aimer ce qu'elles font.

Et puis sérieusement, Il y a une différence à dire "je préfère travailler pour moins dans un cadre plus éthique" que "dans mon boulot ça paye mal, toute ma promo bosse pour des clopinettes mais je m'en fout j'aime ce que je fais"

Donc c'est gentil de nous dire qu'on a pas pigé l'article mais faut pas non plus nous demander d'y lire quelque chose qui n'y est pas écrit...

Et quitte à avoir des réponses, je reprends mon message écrit plus haut sur la forme de questions : n'avez vous pas l'impression que mettre en parallèle un témoignage d'une personne "précaire" mais pas plus embêtée que ça avec un film qui semble avoir un propos engagé et social sur la précarité des jeunes actifs (vrai gros problème actuel) diminue l'impact de ce propos ? Pourquoi avoir choisi d'appairer les deux ? Est-ce qu'un article sur des problématiques sociales proches de celles abordées n'aurait pas mieux représenté ce film et été plus pertinent ?

"Le Master Journalisme est le moins lucratif de Sciences Po" ne veut toujours pas dire "c'est normal d'être mal payé quand on choisit de vivre de sa passion". D'autres débouchés à Sciences Po paient vraiment super bien, les débouchés socio/journalisme paient beaucoup moins. Ce qui ne veut pas dire d'ailleurs que ça paie mal : tout est relatif, comme l'expliquait Mymy. Si tu te fais embaucher dans un grand groupe de presse/TV tu pourras prétendre à un meilleur salaire que dans une start up qui a moins de 3 mois de trésorerie devant elle.

Je ne sais pas si tu as vu le film, ou lu le livre de Léa Frédeval ? J'ai fait une interview d'une heure avec elle lundi, et j'ai lu son livre. Son propos n'est pas la poursuite de la richesse, mais justement celle de l'épanouissement, du bonheur, du respect. C'est "chronique d'une jeunesse qui ne lâche rien", donc qui va faire en sorte de décrocher ce qu'elle veut. Chacun ses objectifs, sa définition de la réussite, sa conception du bonheur. Elle prône le rejet du manque de respect, du mépris envers les jeunes, du fait d'être déconsidérés. Ce qu'exprime Queen Camille dans son article, c'est que le salaire n'est pas la seule marque de considération. J'ajouterais, de par mon expérience personnelle, qu'un gros salaire n'est pas systématiquement une marque de considération.

(je dois filer, bon week-end, j'espère en voir certaines à la Grosse teuf ce soiiir <3 )
 
5 Mai 2015
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C'est normal de subir parfois quelques années de galère, quand on débute, surtout dans des métiers aussi précaires que journaliste. Cependant, je pense aussi que cette galère et ce nivellement par le bas des salaires continuent de maintenir ces boulots comme des boulots de privilégiés : il faut bien souvent pouvoir payer les études plus les premières années de vie active... Ca fait une vraie différence d'avoir des parents qui peuvent te soutenir (et être garants pour les appart) ou non...
 
27 Novembre 2014
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@petitefadette Après le désir de propriété et le désir de famille ne sont pas une obligation, donc ne sont pas un moteur pour chacun.e.

(Mais même sans ces désirs là je pense qu'il faudrait mieux considérer les travailleurs et les payer mieux, c'est juste que il est bon de rappeler que il existe des gentes qui s'en foutent de la propriété et de la "famille")
 
28 Février 2010
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Le Rheu
Salut tout le monde,
Moi aussi cet article m'a interpellée. Je suis responsable des ressources humaines dans une petite entreprise qui a une politique de salaire à mon sens avantageuse. Etant dans un secteur d'activité qui peine à recruter, c'est une composante qui me parait indispensable pour trouver des candidats compétents. Au delà de cette donnée matérielle, il y a bien entendu le sens que l'on donne à son travail qui est essentielle. Un ou une travailleur(se) bien rémunéré(e) mais qui s'ennuie (bore out) ou qui a l'impression d'avoir un "bullshit job" ne sera absolument pas heureux dans son taf sous prétexte qu'il gagne bien sa vie. Pour autant, on sait bien aujourd'hui que la première motivation des salariés actuellement est le salaire, cela parait évident, nous travaillons d'abord pour gagner notre vie, sinon nous serions tous bénévoles.
Cependant, les questions qu'on aborde énormément en entreprise en ce moment, telle que la Qualité de Vie au Travail (QVT) la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ou le bien être au travail, sont des sujets qui prennent en compte la rémunération mais également plein d'autres facteurs : richesse des échanges entre collègues, projection dans l'entreprise, conditions de travail au quotidien, aménagement de poste, horaires adaptables, dialogue avec la direction...et sens trouvé au travail, qui fait qu'au final on se lève le matin, avec la question centrale : pourquoi je vais au travail tous les jours? La réponse va dépendre de chacun(e), quelqu'un qui avec une logique plus "commerciale" va trouver du plaisir dans le fait d’engranger du chiffre d'affaire pour sa boite, d'autres vont préférer l'enrichissement intellectuel qu'ils trouvent dans leurs taches, certain(e)s souhaitent avoir des horaires flexibles pour leur vie de famille (ou autre), d'autre voudraient pouvoir avoir des plages de travail étendues pour faire des pauses quand iels le souhaitent... Difficile de trouver une réponse universelle à cette question ! Et c'est justement ce que les services RH (ou autres, bien sur) avec les directions essaient petit à petit de mettre en place, permettre à chacun de trouver sa place, de se réaliser dans son travail, peu importe la raison ou la motivation qu'il y trouve du moment qu'iel y trouve son compte. C'est un choix de vie : en effet une startup qui débute aura du mal à bien rémunérer ses salariés; il est important qu'iels soient bien intégré(e)s et réellement acteurs ou actrices du projet, sinon tout le monde va dans le mur. Dans un grand groupe par exemple c'est différent : souvent il y a une réelle assise financière qui permet à l'entreprise d'avoir la possibilité de payer ses salarié(e)s mais ceux et celles ci sont moins "proches" des décisions prises, c'est obligé vu le nombre de personnes composant les équipes.
Donc le débat sera toujours là : il est important de pouvoir bénéficier d'un salaire correct pour vivre décemment, sinon cela empêche de se réaliser dans son job car on pense en permanence à ses soucis financiers, et c'est pour cela que le SMIC existe ainsi que toutes les grilles salariales, pour permettre aux gens de se garantir un salaire minimum, mais la question centrale du travail est plus le POURQUOI je fais ça : peut être pour l'argent que ça me rapporte, peut être pour autre chose. Le but des réflexions actuelles étant de permettre aux gens qui travaillent de se sentir en accord avec le sens qu'iels trouvent à leur job, quel qu'il soit ! :)
 
12 Août 2007
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Je vous écrirais un jour un article sur le revenu d'existence et alors le monde saura que je ne suis pas capitaliste :rockon: Je pensais que cet article soulèverait plutôt un débat sur le sens du travail...

Revenu universel et capitalisme ne sont pas inconciliables... Ce n'est pas pour rien que la droite (et la gauche d'ailleurs (si la gauche mainstream était anticapitaliste et donc révolutionnaire ça se saurait)) s'y intéresse. Le revenu universel ne fait que compenser vaille que vaille (sachant que dans les version les plus généreuses il est quand même inférieur au seuil de pauvreté) les conséquences d'une absence de moyen de subsistance, en d'autres mots compenser les conséquences du chômage inhérent au capitalisme.
 
25 Mai 2015
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Pour commencer, merci pour les diverses réponses reçues à mon post par la rédac et notamment la rédactrice de cet article.
Il ne s'agissait en aucun cas de pointer @QueenCamille comme une méchante capitaliste, seulement de soulever des propos qui posent problème.

Selon @Clemence Bodoc, cet article "fait la nique à la logique capitaliste" car il faut "privilégier le sens" à "l'aspect matériel".
Or, ne pas payer beaucoup et avoir quelqu'un prêt à s'investir énormément parce qu'il s'agit d'un métier-passion, c'est au contraire totalement dans la logique capitaliste. On se retrouve à faire un travail qui demande beaucoup d'investissement et qui est mal payé mais c'est pas grave parce que :
- On est jeune donc on ne se rend pas encore forcément bien compte qu'on brade nos compétences et notre temps pour pas grand-chose et que tout travail mérite salaire (décent).
- On a l'impression de faire bouger les choses et d'être quelqu'un qui n'est pas matérialiste puisque bon, l'argent n'est qu'un détail.

En fait, il y aurait énormément de choses à dire... On devrait rediscuter de la définition du terme "je suis fauchée", parce que si papa-maman est derrière pour essuyer les dépenses éventuelles qu'on ne peut pas assumer, bon, ce n'est pas la même chose que devoir (sur)vivre par soi-même entièrement. Je ne dis pas qu'il faille de l'argent pour être heureux, je pointe seulement le fait que mettre en avant la paie peu avantageuse de Madmoizelle (le SMIC à Paris, bon..) comme étant quelque chose de positif qui permet notamment le minimalisme, ça me fait grincer des dents très fortement. Le minimalisme ça reste un concept très bourgeois, rappelons-le. Le débat porte d'ailleurs sur le sens du travail @QueenCamille. Doit-on forcément choisir entre l'épanouissement mais une paie de misère et le travail subi avec une bonne paie ? :|
Surtout que l'épanouissement dans le premier cas est relatif parce qu'on doit se restreindre en permanence dans nos dépenses. Je vous assure qu'utiliser son argent uniquement pour le loyer/les courses/les factures quand TOUTE la société te crie en permanence "dépense !!" (y compris les articles de Madmoizelle qui proposent énormément d'acheter tout plein de trucs trop chouettes) et ce sur le long terme, c'est pesant et déprimant. Moi aussi j'ai envie de prendre mon sac et de partir en week-end en roadtrip je ne sais où, mais quand même le fait de dépenser ton argent pour de l'essence est impossible, on ne peut tout simplement pas partir. Alors oui, je peux m'épanouir en faisant du tricot ou en lisant (et encore, acheter des livres c'est encore et toujours une dépenser) mais je suis quand même très restreinte. Sortir boire un verre avec des potes ou aller au resto, quand c'est pas possible parce que t'as pas de sous, tu sors moins voir tes amis, tu t'isoles de plus en plus et, oh, t'es pas si épanoui.e que ça en fait ^^.

J'aime énormément mon travail (je suis professeure), cela étant je trouve ma paie insuffisante étant donné mon niveau d'études et mon investissement dans mon métier. Les deux ne sont pas incompatibles.
Surtout que mon employeur m'envoie corriger et faire passer des oraux à 130 km de chez moi mais ne rembourse qu'en octobre une partie des frais de déplacements et d'hôtel sur place ^___^. A un moment, je crois qu'il est important de revendiquer le droit à une paie décente afin de vivre sans se ronger les sangs à la fin de chaque mois.

Enfin, autre point très important relevé par @Manea a plusieurs reprises mais sciemment ignoré par les personnes ayant répondu : vous faites la promo d'un film qui pointe du doigt les conditions pourries des jeunes travailleurs pour en donner le message totalement opposé. C'est très étrange quand même.

De surcroît, je rajoute très humblement que le revenu universel n'est pas forcément une solution miracle puisqu'il peut servir à abaisser encore les conditions de vie des plus précaires, qui se retrouvent perdants coupés des autres aides de l'État (sans compter la grande tentation de baisser les salaires pour compenser le revenu universel). Ce me semble assez simpliste de croire que le revenu universel est forcément l'antithèse du capitalisme.

TL;DR : Avoir un chouette travail et ne pas être bien payé n'est pas dire "nique le capitalisme", c'est continuer au contraire à produire des ressources tout en n'étant pas rémunéré à la hauteur de ce que l'on produit.
 
27 Novembre 2014
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Heureusement que des gens parlent mieux que moi . @Meligood .

Après pour la rédac c'est pas une "insulte" que de dire que l'autrice a eu de la chance ( pour avoir un garant). Surtout que madmoizelle ne se place pas à gauche de la gauche ( et ce n'est pas une insulte non plus ) c'est pour ça qu'en général je répond aux commentaire et pas aux articles car je sais que je ne m'y retrouve pas (dans les articles )
Mais voir des post ou on me dit que la précarité permet de vivre avec l'essentiel c'est nier toutes les etudes socio tous les indicateurs de santé etc .
 
5 Mai 2015
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@Meligood : Merci :)
Je trouve qu'il y a un peu un côté malsain aujourd'hui, ave notre chère Start Up Nation... Le mot start up sous entend aujourd'hui une petite boîte qui débute, et donc demande un investissement dingue de ses salariés pour un salaire de misère mais que c'est cool parce qu'on a une bonne ambiance et qu'on va prendre part à une aventure... Certes, cela peut convenir à certains, mais le souci, c'est que les boîtes estampillées start up le reste de plus en plus longtemps... Genre ma boîte se revendique comme telle, mais on fait un CA de plusieurs millions d'euros, on existe depuis plus de dix ans et nous sommes leader de notre secteur. Mais les conditions de travail n'ont pas du tout évolué : on fait 50h (voire plus) alors qu'on en est payé 35, on est payé une misère, et sous couvert d'un discours bienveillant, on est en fait sous une pression monstre. Alors moi je veux bien, mais du coup, on les paye décemment à quel moment, les gens ?
 
pour être payée des coquillettes
Oui, mais les coquillettes c'est délicieux, surtout avec une volaille, des champignons et du Marsala par exemple! (Bon j'avoue que c'est meilleur quand même avec des tagliatelles ou des spaghetti ^^). Râleuse! :P :happy:

Sans rire, les ami-es d'horizons différents, enrichissants où peut-on les rencontrer s'il est impossible de sortir et d'avoir quelque activité? Les balades c'est cool mais sans abus, idem avec les spectacles/expos/musées gratuits.
Une personne sans discussion n'intéresserait personne ici, car même les livres ont un prix, un abonnement à la bibliothèque aussi.
Parler beauté ok, mais ça tournerait vite en rond s'il est impossible d'en découvrir de nouvelles formes.

l'idée c'est aussi aussi de se concentrer sur le positif et avancer dans la vie plutot que de ressaser el négatif qui nous freine.

Dans l'idéal oui, dans la réalité ce n'est pas aussi évident: des personnes qui restent "en veille" volontairement ou non ( leur personnalité qui ne peut s'exprimer pleinement j'entends) il n'y en a pas qu'en séances de psy. Pourquoi n'osons-nous autant ne pas tenter, sommes-nous sur notre réserve pour beaucoup?
Je pense que c'est en partie à cause d'un inconfort que l'on a. Pourquoi globalement ceux qui tentent et retentent sans cesse des expériences diverses puis réussissent sont souvent les mêmes profils et peuvent se le permettre? Souvent car derrière il y a un confort matériel, puis social qui a permis tout cela. C'est un contexte, un environnement global. Beaucoup de portes, d'horizons sont accessibles grâce à de l'argent ou des réseaux particuliers. La précarité en revanche c'est une situation des plus facilement accessibles.
Enfin, nuance importante: ma réalité, mes possibilités de base ne sont pas celles de mon copain par exemple, ni celles de ma voisine, de l'auteure ou encore celles d'une autre madz ici. Quand il n'y a pas possibilité de faire, voir, penser des choses nouvelles, il est difficile de ne pas ressasser et de ne pas bader parfois, ce pour n'importe qui.
 
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