J'ai trouvé ton commentaire très intéressant. Arrête moi si je raconte n'importe quoi, mais est-ce que ça aurait un lien avec la définition du post-féminisme? Je pourrais poser la même question sur la VPS, mais est-ce que la "dangerosité" ne viendrait-elle pas plutôt de la récupération par les plus tradi de la société de cas comme celui de cette Mad qui en plus kiffe sa vie casanière (non pas de femme au foyer, pour rebondir sur les autres commentaires), comme une preuve que le modèle patriarcal fonctionne? Je pense que l'on n'a pas encore fini de démonter le système d'oppression ou même d'internalisation de l'oppression qui fait que chaque femme est maître de ses choix. Attention, je ne dis pas que la FÂME ne peut pas décider par elle-même. Je me demande dans quelles proportions le sexisme de représentations influence ces choix en y ajoutant une petite pression sociale.
Du coup, le lien avec ton commentaire (on dirait pas, mais il y en a un à la base) ce serait sur la compréhension des pressions sociales exercées sur les femmes et que non ce n'est pas le témoignage qui est dangereux (enfin pas de mon point de vue) mais sa possible récupération et peut-être aussi son contexte qui, selon moi encore, n'est pas encore de post-féminisme. La promotion du modèle casanier de la femme est dangereux en ce que la société n'a pas encore égalisé hommes et femmes sur le terrain du foyer et des rôles à y tenir. Personnellement j'ai du mal à détacher les combats féministes pour l'égalisation des représentations (ou leur dé-genrage?) de ce type de témoignages, mais encore une fois, pas à cause du témoignage en lui-même mais en ce qu'il peut encore représenter aujourd'hui, dans un monde où on a encore besoin du féminisme.
D'ailleurs l'expression "femme au foyer" représente bien ma pensée. A la base, ça ne devrait pas me faire d'effet que l'on dise femme au foyer, après tout c'est une personne de type féminin qui s'attache aux travaux domestiques, rien de mal jusque là. Mais il y a tellement d'images péjoratives, de mépris paternaliste/masculiniste, tellement de clichés (notamment dans la publicité) oppressifs autour de cette seule expression (et donc on n'est pas en post-féministe), que je ne le perçois pas comme je pourrais percevoir "homme au foyer" par exemple.
Ce sont de vraies questions, pas du tout une volonté de te contredire, j'essaie de comprendre un peu les systèmes de pensée qui font que l'on trouve plus ou moins "dangereux" (c'est un peu fort dangereux, non?) la promotion du modèle casanier.
Je raconte très certainement des choses un peu tordues, j'ai relu mais je ne me rends pas bien compte
J'en profite aussi pour te demander si tu as des références biblio au sujet des courants dans le féminisme. Tu as l'air vraiment documenté/au courant, alors ça m'intrigue! Je veux être dans les féministes documentées
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La promotion de la femme au foyer qui s'occupe de ce qui relève du domaine du privée et de la sphère reproductive est déjà à l'ordre du jour chez certains politiques. Cf. l'eurodéputé FN qui assure tranquillou en pleine commission au parlement européen que les femmes devraient rester à la maison puisque c'est ce qu'elles font le mieux et que ça libérerait des emplois pour ceux qui en ont vraiment besoin et qui en sont dignes : les hommes. (true story : https://fr.news.yahoo.com/eurod%C3%A9put%C3%A9-fn-veut-femmes-aient-libert%C3%A9-soccuper-foyer-141508690.html )
Je vois très bien ce que tu veux dire quand tu parles de récupération des situations de femmes au foyer qui ont fait ce choix de manière libre et éclairée, et se sentent épanouies ainsi. C'est d'ailleurs exactement ce que fait l'élu FN dont je parle. Son positionnement sexiste et réactionnaire est enrobé par une rhétorique focalisée sur le choix. Or, ce n'est pas du tout ce qui est dit explicitement et implicitement dans les discours du FN. Ce n'est pas un choix conscient et éclairé que le FN propose mais une incitation, en mettant en avant le bien commun sur le plan collectif et le bien être des familles sur un plan plus individuel.
A par dire que les femmes constituent des êtres à part entière, des individualités uniques (non mais des fois, certains semble l'oublier) qui doivent pouvoir bénéficier du panel de possibles qui s'offre à elles, et que par conséquent ce qui est bon pour une ou ce qui convient à une, n'est pas bon ou ne convient pas forcément à une autre ; je ne vois pas trop quoi répondre à ces récupérations.
Je ne suis pas représentatives des autres femmes, et je ne me donne pas pour mission d'être une icône parfaite du féminisme. Je souhaite juste que le mode de vie que je choisis, en toute conscience, soit respecté. Que mon envie d'embrasser ce mode de vie, et que mon épanouissement dans celui-ci soit reconnu et non pas nié. Je ne porte pas sur mes épaules tout le poids du féminisme. Je ne suis pas un exemple, je ne propose pas aux autres de reproduire mes choix. Mais je milite pour que ces choix puissent être fait de manière éclairée et libre.
Pour la question du choix, je suis assez d'accord. Nos choix, aussi libre qu'ils puissent paraitre, sont pris dans une société donnée qui nous façonne et nous construit. Nos choix sont en partis socialement construit par des normes, des imaginaires collectifs que nous avons incorporé. C'est comme ça pour tout les aspects de notre vie. C'est pour cela qu'il est primordial de déconstruire ce qui nous semble comme allant de soi, de montrer la part de construction sociale dans les phénomènes qui nous apparaissent comme naturels. Et c'est ce que font les études de genre en matière de rapports sociaux de sexe. En déconstruisant non prénotions et ce que l'on pense comme évident, non questionnable, on peut prendre des décisions et effectuer des choix de manière plus consciente, en visualisant au moins en partie ce qui sous-tend ces choix. Cette déconstruction devrait faire partie de notre éducation qui doit tendre à nous montrer tous les possible pour que nous puissions choisir de façon éclairée.
Pour autant, je trouve la position qui veut que certains de nos choix soient uniquement dictés par une pression sociale qui nous aveugle et dont nous ne pouvons voir les tenants et aboutissants, me semble très paternaliste. Cette position nie aux personnes, et bien souvent aux femmes, les capacités réflexives et analytiques dont elles disposent et qu'elles mettent en œuvre. Les personnes font preuve d'une expertise d'usage et mobilisent des connaissances profanes acquises par l’expérience, l'observation, le militantisme etc. qui ne sont pas inférieures aux connaissances dites académiques ou scientifiques. La légitimité du scientifique est partagée avec celle de l’usager.e. L’exercice de nommer une réalité, qui est celui du ou de la scientifique, est un exercice de pouvoir et de domination. Le discours scientifique n’est pas la réalité, mais une représentation possible de la réalité parmi tant d’autres. Il faut alors se poser la question de qui a le pouvoir de nommer. Le ou la scientifique n’a pas le monopole de la connaissance, les personnes ne l’ont pas attendu pour analyser, théoriser et créer des documents. Preuve en est avec le militantisme féministe en dehors des cadres académiques et universitaires
Pour les différents courant du féminisme j'ai en fait un master 1 d'études de genre. Je ne saurai pas te conseiller un bouquin qui réunirait et expliquerait les différents courant, et qui plus est je n'ai pas du tout une vision d'ensemble des différents courants féministes, juste quelques notions.
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