Idem, pas vraiment une habituée du commentaire mais je tenais à tirer mon chapeau pour la force qu'il a du falloir pour rédiger ce témoignage. Jamais évident de remettre des mots sur une situation aussi douloureuse et traumatisante, qui a tendance à faire émerger les sensations autant que le souvenir dans sa forme "classique". Ajoutons à cela le tabou et la culpabilité qui pèsent encore plus injustement parfois sur les hommes face à ce type d'agression qui les sort de la case "mâle dominant" dans laquelle la société tend à les réduire, ça fait beaucoup à encaisser. D'ailleurs, je tiens à insister aussi sur un point : tu n'as pas à te justifier, et même si tu n'avais pas dit non. Tu étais alcoolisé, pas même maître de tes pas, tu as agi comme un automate dans un état second et cette espèce de déchet a pris le parti de t'entraîner dans des jeux qu'elle était la seule à apprécier. Ton état à lui seul aurait du suffire à lui faire comprendre que tu n'étais ni demandeur, ni intéressé. On n'emmène pas quelqu'un dans un coin pour faire son business quand la personne a les yeux dans le vague et plus du tout le sourire aux lèvres.
Tout comme ton corps qui réagit sous une action que ton cerveau n'apprécie pas le moins du monde, pardonne toi de n'avoir pas crié, repoussé, parlé encore. La stupéfaction, la terreur et l'incompréhension ont parlé pour toi, sans sujet, ni verbe, ni complément. C'est juste déplorable que ce hurlement du corps ait été ignoré par cette (là c'est la parenthèse qui cherche encore le terme approprié pour un individu de ce genre).
Par contre, je me dis que tu devrais peut-être t'adresser à quelqu'un, pour obtenir un peu d'aide et surtout des conseils pour t'aider à avancer dans le bon sens. Contrairement à une des Madz qui disait plus haut qu'en parler trop n'aidait pas forcément, puisque ça faisait systématiquement rejaillir le souvenir, j'aurais tendance à penser qu'une prise de parole peut être positive. Suite à mon agression, j'ai pour ma part été voir une psy que je connaissais déjà. (Loin de moi l'envie de comparer les expériences, elles sont bien sûr propres à chacun et j'ai eu la chance de m'en sortir avec la seule blessure morale). Finalement, l'élément qui m'a permis d'aller beaucoup mieux (du moins, de me faire faire un grand pas), ça a été de retourner voir le médecin de la justice qui m'avait examinée le lendemain de l'agression. La première fois, je n'avais pas pleuré, pas bronché, j'étais figée, comme anesthésiée. Retourner la voir, parler, laisser sortir la peine, la peur et la voir multiplier l'ITT inital par trois m'a permis d'obtenir une certaine reconnaissance de ma "douleur" et de ressortir avec un poids un peu moins lourd à trimbaler.
L'essentiel donc, c'est de trouver le bon interlocuteur, celui qui t'aidera à faire ce grand premier pas. Il y a des gens spécialisés pour ce genre de traumatisme. Mon seul conseil, ce serait : essaye. Un psy, une asso de victime, une procédure judiciaire, peu importe, mais trouve ta thérapie et crève l'abcès. Ne continue pas de nager dans la culpabilité et dans la honte. Ne serait-ce que parce que derrière toi, il y a toute une communauté de Madz de tout genre confondu qui admire le courage dont tu as fait preuve en témoignant, qui déborde de bienveillance et qui attendront de tes nouvelles.
Prends soin de toi.