Je suis une ninja au quotidien (à cause du harcèlement de rue)

[NoirCobalt]

Je suis pas vraiment d'accord avec l'idée que quand on a l'air sûre de soi on se fait moins agresser. Je sais que j'ai assez d'aplomb en général, et justement j'ai plutôt l'impression que ça énerve vachement les mecs, par exemple quand ils voient que je me laisse pas marcher dessus, ils deviennent hyper agressifs genre "tu me manques de respect là, excuse toi" (alors que non, je suis toujours volontairement hyper polie, calme, je vouvoie, comme quand je bosse). C'est comme si c'était insupportable pour eux de voir une femme circuler sereinement, la tête haute dans l'espace public, qu'il fallait forcément la rabaisser. À l'inverse les jours où je suis pas bien, et vachement plus à l'affut, ça m'arrive moins souvent de me faire emmerder.
En fait je pense que parfois les agresseurs cherchent juste à avoir le dessus, une fois que tu t'es écrasée, qu'ils ont vu ta peur, ils ont obtenu ce qu'ils voulaient, ils te laissent tranquille. Et quand tu résistes, ils insistent jusqu'au clash parce qu'ils ne veulent surtout pas perdre la face. D'ailleurs j'ai souvent été dans des situations de grosse tension avec des mecs qui pensaient facilement avoir le dessus, qui se rendent compte que finalement ce n'est pas le cas, qui rament pour pas perdre la face (c'est pathétique à voir), et qui finalement s'engouffrent dans la moindre porte de sortie pour donner l'impression qu'ils ont eu le dernier mot (un tram qui arrive et qu'ils vont faire semblant de prendre, un passant à qui ils vont aller taxer une clope, ce genre de trucs.)

Et pour Paris dans les années 80, je sais pas si c'était plus safe que maintenant, ma mère a des amies parisiennes qui disent que non

Spoiler: TW viol

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je pense aussi que maintenant qu'on a mis un mot dessus, c'est aussi plus facile à identifier.

 

[Shinigamylle]

@Elozi : C'est vrai que moi, étant plutôt "grande gueule", je me laisse pas faire si un sale chien m'insulte gratuitement et me manque de respect. D'ailleurs une fois j'ai tellement répondu à un mec que je crois qu'il serait vraiment venu me frapper si, vu comment j'hurlais fort quand je l'engueulais, il n'y avait pas eu des passants (hommes bien sûr) qui ne s'étaient arrêtés, interpelés par mes cris, et il a dû sûrement se dire que c'était craignos pour lui si les passants arrêtés intervenaient. Mais je crois qu'il s'est énervé autant car il avait son pote avec lui, et que ça aurait été l'humiliation totale pour lui de se faire rembarrer par une nana en sa présence, du coup il voulait trop faire son mec méchant trop fort prêt à péter la gueule d'une nana pour montrer à son pote qu'il a une bite.
Mais j'aurais été vraiment seule dans la rue, je crois bien qu'il m'aurait refait la figure (même si je lui aurais très certainement laissé de mauvais souvenirs moi aussi en lui arrachant des morceaux de peau un peu partout avec les dents, connard va).
Du coup voilà, je vais ouvrir ma bouche selon la situation : si le mec est seul, rien à foutre, approche moi si tu l'oses (dans mon pays je sais que je risque pas trop de ce côté, ce sont juste des grandes gueules la plupart du temps), par contre s'il est en meute de merde, c'est même pas la peine ils vont tous se mettre à aboyer, et j'ai pas envie de prendre des risques pour une bande de merdeux pareils.

Ce… C'est horrible cette histoire de métro… Mon dieu.

Sinon à mon avis, la rue n'a jamais été safe. Juste qu'avant, je pense que les femmes pensaient très sérieusement que c'était "de leur faute" si elles se faisaient agresser, à cause de leurs fringues ou autres (vu qu'on nous le rabâche encore et toujours autant, alors avant…)… Du coup quand ça devait leur arriver, elles devaient très certainement ne pas en parler par honte vu qu'elles se pensaient fautives, "A quoi bon se plaindre, je l'ai cherché aussi, c'est ma faute, c'est bien fait pour moi"… :/ Maintenant on sait toutes que c'est pas normal, et on en parle beaucoup plus (même si par contre rien n'a évolué dans la rue bien sûr -_-)

 

[Callicyne]

ça ma remis en tête une chose qui m'ai arriver lorsque pour la 1ère fois j'habiter seule dans des lotissements sécuriser, ce qui avait tranquilliser ma mère...
Je suis d'une nature ultra bordélique et à cette époque je profiter de la nuit pour faire du rangement ( au calme j'avais conscience d'avoir des voisins) et sortir les poubelles.
Un soir, mon amant du moment passe la nuit chez moi, du coup je pose ma poubelle devant la porte pour la sortir le lendemain. On va se coucher et plus, et vers 2h du mat, j'entant du bruit, et quelqu'un qui tombe et rale, ni une ni deux, je fonce ( à poil) hors de ma chambre et j'allume, juste pour voir ma porte d'entrée se refermer, mon mec à courru pour rattraper la personne mais n'y est pas arriver.
Je n'ai jamais su qui s'était, et se qu'il venait faire mais par la suite j'ai toujours vérifier que ma porte était fermer à double tour, et je n'ai plus jamais sorti mes poubelles de nuit.

Peu de personne sont au courrant, je n'en ai jamais parler à mes parents pour ne pas les inquiéter.
Après ça j'ai remarquer que le voisin que j'avais en face de ma fenêtre, dans un autre batiment, surveiller tout mes faits et gestes, au point de faire des rondes de nuit, les 1er soirs où je fréquenter mon chéri actuel et qu'on resté dans la voiture, à l'extérieur de la grille des lotissements, il est resté 3 heures ( véridique) à tourné régulièrement autour de la voiture. Je me sentais espionner, mal à l'aise, j'ai du coup très vite emménager avec mon chéri, lui aussi avais été choqué

 

[Loo-kat]

J'y avais jamais pensé comme ça, mais en fait, on est effectivement des ninjas.
Une fois, j'ai pris mon tramway dans le mauvais sens, donc j'ai changé à l'arrêt d'après. Un mec a fait exactement la même chose. Boum ! radar enclenché, je suis encore descendue à l'arrêt suivant et j'ai fait la navette 3 ou 4 fois entre 2 arrêts pour bien vérifier que le type me suivait (il me suivait). J'ai essayé de le semer et quand je l'ai vu appeler quelqu'un je l'ai directement confronté, devant témoins. Ça a suffit pour lui faire peur, il est parti (les témoins n'en avaient rien à foutre, soit dit en passant). Dans le métro, c'est pareil. Un mec me regarde de manière insistante et suggestive ou change de place pour venir se mettre juste à côté, ou commence à rapprocher sa main d'une partie de mon corps et tout de suite c'est : comment vais-je faire pour être sûre qu'il ne va pas me suivre si je change de place ? À ce stade, c'est parfois carrément de la stratégie
L'expérience a beau m'avoir prouvé que quand je me méfie c'est effectivement à raison, je n'ose pas demander de l'aide ou quoi que ce soit, parce que je me dis que si ça se trouve, je suis paranoïaque. Et sûrement que parfois, il ne se serait rien passé, mais c'est arrivé trop de fois pour que j'arrête d'être prudente.

 

[I.Adler]

J'ajoute ma petite pierre à l'édifice, j'ai grandi dans une petite ville de campagne, puis j'ai passé 3 ans a Paris ( dont un an a Clignancourt, quartier qui "craint un peu") et je vis actuellement à Rennes. Je n'ai pas vraiment eu d'expériences traumatisantes à part une fois, à Clignancourt, ou je me suis fait suivre par 2 mecs, et j'avoue avoir bien flippé sur le moment.

Sinon je n'ai pas ressenti de différence entre ma ville de campagne et Paris, je ne me souviens pas avoir vécue de "grosses agressions", ni d'insultes, c'était toujours à chaque fois de la drague très lourde et insistante mais je ne me suis jamais vraiment sentie en danger. Par contre, a Paris je distribuais des flyers pour le don du sang, notamment en banlieue et c'est incroyable le nombre de mecs qui m'abordaient parce que j'étais une proie facile ( à savoir une petite blonde, seule dans la rue qui bouge pas et qui ne peut pas répondre trop violemment parce qu'elle travaille ) . C'était pas flippant mais juste méga relou parce que les mecs insistaient alors que je leur disait non. MEC TU VEUX QUE JE TE LE DISE EN QUELLE LANGUE??. Quant aux " compliments", il y a la façon de le dire/ de se comporter. Toujours en tant que flyeuse, j'avais souvent des commentaires du type, "oooh très charmante" mais avec dans le regard cette arrière pensée " je te baiserai bien", enfin c'est ce que je ressentais. Et une fois, ça m'avait trop marqué, un vieux m'a dit " vous êtes très belle" mais de manière très neutre, limite comme un constat du genre il fait beau aujourd'hui et sans arrières pensées et la effectivement ça m'a fait super plaisir. Donc voilà le " met ça devrait te faire plaisir, il t'as fait un compliment", NON, juste NON, des paroles peuvent être considérées comme des compliments mais si l'attitude est intrusive, je considère ça comme du harcèlement.

Pour ce qui est d'être une ninja, je le suis un peu. Mais comme l'a dit une madmoizelle plus haut, j'ai toujours adoré marcher la nuit, après une soirée, c'est un de mes petits bonheurs dont je n'ai pas envie de me priver. Je l'ai toujours fait, même à Paris. Certes je faisais attention à pas passer par certains quartiers, et j'ai la chance de ne pas avoir à me préoccuper pas de ma tenue vestimentaire ( je m'habille jamais vraiment sexy par gôut, par contre les filles qui aiment ça et qui se privent par peur je trouve ça juste ). Quand je vois un mec seul devant ou derrière moi je guette, mais je n'ai jamais eu de bombe lacrymo et je n'ai jamais pris de cours de self défense. A chaque fois que je rentre je reste sur mes gardes mais je suis sereine ( et heureusement, jusque là ça m'a toujours réussi). Je suis sûrement trop naive mais je ne veux juste pas vivre dans la peur et renoncer à mes libertés!

 

[Lucieloukim]

@Erzsébet Après j'ai pas précisé mais ma mère c'était banlieue sud-ouest, à Versailles donc milieu bien bourgeois... c'était peut-être pas la même ambiance non plus

Et comme dit @Elozi le fait aussi peut-être de mettre un nom dessus ça aide à identifier
Après tout plus jeune on est beaucoup à avoir pensé que c'était de notre faute, ça doit être pareil pour nos mères plus le temps qui s'est écoulé depuis les évènements...

 

[Princesse Sarah]

En lisant ce témoignage édifiant, j'ai envie de demander : Mais dans quelle jungle habitez-vous, ça fait peur! Je suis dans une grande ville certes, mais de province, donc si j'ai eu droit au type louche qui veut votre numéro ou vous suit dans un commerce (celui-là, les vendeurs l'ont fait dégager vite fait) je n'ai jamais dû être à quatre pattes sous un buisson à écouter des types se demander où je suis. Outre que ça dépend des lieux, il semble aussi que le harcèlement baisse avec l'âge, mais aussi avec l'expérience. Je me souviens d'un témoignage où une dame disait avoir surtout été embêtée étant ado, ou dans sa vingtaine, encore naïve et innocente et que tout avait changé avec sa première expérience, comme si les harceleurs avaient un "radar". Pareil pour moi mais sans expérience, avec la prise de conscience d'être asexuelle. Pour autant bien sûr, l'espace public devrait être à tout le monde, j'en sais quelque chose pour m'être pris ma première remarque désobligeante à douze ans ( de la part d'un garçon de mon âge, mais ça ne fait pas plus plaisir.)

 

[Luniiie]

@Naurore Tout à fait d'accord avec toi, comme je le disais aussi plus haut, même si on n'a pas été fortement agressée, on vit dans la peur quand même parce qu'on a les témoignages des autres filles pas si différentes de nous qui ont été agressées, de nos mères éventuellement qui nous ont fichu la trouille aussi, etc...

Personnellement, je travaille dans une ville dite "potentiellement sensible" dans l'opinion générale, dans le 93, et même si j'ai encore jamais été agressée à la sortie du boulot, je fais super attention aux gens qui m'entourent, je ne sors pas tard du travail, le plus souvent accompagnée d'un collègue, etc. Parce que je sais que c'est un quartier dans lequel je peux me faire facilement harcelée/agressée.

@Fouipin expliquait comment fermer bien son poing et je renchéris vraiment dessus, faut surtout pas laisser votre pouce sous vos doigts sinon en frappant, vous risquez de vous le casser. Pour la position du bras, ce qui est mieux, c'est d'essayer de frapper de façon à ce que le coude, le poignet et l'épaule soient alignés à l'horizontal, c'est la façon la plus directe. Vous sortez le poing d'à côté de votre hanche et direct vous passez à l'horizontal.

Au niveau endroits sensibles, on n'y pense pas forcément mais les genoux ça marche suuuper bien. C'est une articulation qui fait bien bien douiller quand on frappe de face et en plus ça empêcher l'agresseur de vous courir après.

(je ne suis pas ultra expérimentée mais dernièrement j'ai fait un an de kung-fu, et je ne regrette pas, ça peut bien servir)

 

[Sylvane]

Je n'ai pas eu le temps de lire tous les comm, donc ça a peut-être déjà été dit. Mais pour celleux que ça peut intéresser, il existe des associations d'auto-défense féministe, qui ont développé des méthodes particulières, et font des ateliers plus ou moins régulièrement. Un lien avec des contacts :
http://www.garance.be/cms/?-Autodefense-pour-femmes-dans-le-

On y aborde l'autodéfense verbale et physique (qui peut servir dans la rue, mais aussi au domicile...) :

- Des notions de légalité. Par exemple, on n'a pas le droit de se défendre physiquement tant que l'agresseur n'est pas clairement menaçant ou ne nous a pas déjà fait du mal physiquement. Pour être dans la légitime défense, il faut que ce soit une réponse nécessaire (pour stopper l'agression il n'y a pas d'autre moyen que de répondre physiquement), immédiate (un mec vous a tabassé-e, vous ne pouvez pas le retrouver 3 jours après (ni même 3 minutes après) et lui filer à votre tour une rouste même si vous la jugez bien méritée) et proportionnée (En gros, donner un coup de poing si le mec vous a saisi un bras de façon agressive ou le pousser par terre s'il menace explicitement de vous cogner et s'approche de vous, c'est ok. Par contre s'il vous a "juste" insulté-e ou même touché les fesses, vous ne pouvez pas lui défoncer le crâne.)

- Des notions très pratiques. Par exemple, les armes même basiques c'est pas une super idée car l'agresseur peut l'utiliser contre vous, donc mieux vaut savoir donner un bon coup de poing soi-même, et surtout se rendre compte que n'importe qui en est capable.

- Des techniques verbales et physiques (Quelles stratégies pour se sortir d'une situation d'agression verbale, un peu sur le mode des conseils du projet crocodiles. En cas d'agressions physique, quel coup donner, où, de quelle façon. Comment se libérer de quelqu'un qui vous maintient les poignets, le cou, qui vous maintient au sol, etc).

- Du déblocage (pas besoin de s'entraîner toutes les semaines pour savoir faire parfaitement un geste, mais surtout réaliser qu'on est capable de se défendre physiquement dès lors qu'on ne se met plus de barrières psychologiques)

Bref, je ne peux que vous conseiller de participer à un ou plusieurs ateliers de ce type, si vous en avez l'occasion et l'envie! Visiblement en France, il existe ce genre d'asso à Paris, Lyon, Toulouse, Dijon, Grenoble, Nantes. Mais elles font peut-être des ateliers dans d'autres villes, je ne sais pas...

 

[Lullabye]

Un article très bien écrit et intéressant mais il y a toujours un truc qui me rend pantoise lorsque certaines racontent leur expérience de harcèlement de rue... C'est que je n'ai juste pas l'impression de vivre sur la même planète. J'ai 22 ans, j'habite en région parisienne et je prend régulièrement les transports en commun, et pourtant, je n'ai jamais vécu ce genre de choses. Pas même un tout petit peu. Alors je ne sais pas si je suis naturellement discrète ou quoi, mais voilà. Je n'ai jamais eu d'expérience de harcèlement de rue, et je ne prends pas particulièrement de précautions, je ne me sens pas inquiète quand je me balade dans les rues ou prend le RER/métro, donc ça m'impressionne et me choque de lire ça.

Je pense que tout est beaucoup affaire de chance/malchance. Il y a des trucs qui augmentent la probabilité de se faire agresser : ton charme/ta beauté, tes fringues, la nuit, et le lieu où tu es. Mais au final, ça reste que tu te retrouves toi, femme, au mauvais endroit, au mauvais moment, face à la mauvaise personne. Donc l'équation, c'est qu'il y a beaucoup de mauvaises personnes, mais peut-être que t'auras la chance de jamais te retrouver face à l'une d'elle dans des conditions "propices" à ce qu'elle t'agresse. Alors que d'autres, vont juste pas avoir cette chance.

Moi aussi, je prends les transports quotidiennement sur Paris, parfois très tard, et j'ai la chance de ne m'être jamais pris une main aux fesses ou ailleurs, de ne m'être jamais faite agresser. Par contre, y'a déjà deux mecs qui se sont masturbés dans les transports en commun en me regardant. C'est "rien" à côté de ce qu'a vécu la fille de cet article et des milliers d'autres filles, mais c'est déjà trop.

 

[Manousche]

Ouf, je viens de rentrer... A peine 23h, même pas la nuit noire, et comme d'habitude vers cette heure ci...

Bus habituel, j'ai l'impression qu'un des gars me regarde de manière un peu trop insistante. Je ne montre pas que ça me fait flipper, je ne le regarde pas, je ne tourne même pas ma tête dans sa direction, j'espère juste qu'il descendra un arrêt avant le mien. Ouf il descend, j'espère qu'aucun autre, au moment où ça sera mon arrêt, ne me paraîtra bizarre.
Je descends à mon arrêt, je m'engage dans l'avenue souvent pas très fréquentée pour arriver chez moi. Je remarque qu'une voiture ralentit juste derrière moi. Je vérifie que mon briquet dans ma poche est facilement atteignable et je mets le petit loquet à fond histoire qu'en cas de problème la flamme soit assez grande. Je continue d'avancer, je ne m'arrête pas, je ne me retourne pas, je n'accélère pas ni ne ralentit, je ne montre pas que j'ai peur, ça les attire. Un Klaxon, je sursaute. Un camion passe. Est ce que c'était pour moi, ça, bordel de merde !? Ou pour la voiture qui s'est arrêtée ? Merde, la voiture au fait ! Est ce que j'ai entendu des porte s'ouvrir et claquer comme si quelqu'un en descendait ? Je ne crois pas... Je continue.
J'utilise ma technique habituelle, je me retourne faisant mine de regarder s'il y a des voitures qui passent et si je peux traverser, de cette manière je vérifie que personne ne me suit. S'il n'y a personne je traverse, j'utilise les escaliers pour arriver dans ma résidence. Si un homme est au loin, je traverse, utilise les mêmes escaliers sombres, mais une fois engagée et sûre qu'il ne peut pas me voir, je cours jusqu'à mon immeuble. Si un homme n'est pas très loin, je continue sur la même avenue, jusqu'à la prochaine entrée, où j'ai plus de chances de croiser d'autres personnes ( même si souvent ça n'est pas le cas mais ça me rassure ). Ce soir, """coup de bol""", il y a un homme, mais loin, alors je traverse, je prends les escaliers, je cours ! Je croise des voisins, je ralenti. Ne jamais, jamais montrer que tu as peur, ça les attire. Je les dépasse, j'accélère le pas, au coin de mon immeuble, je tourne rapidement, j'empoigne mes clefs, je fais un tour rapide sur moi même, personne, très bien, je fais passer le pass, je cours jusqu'au premier étage au cas où quelqu'un cogne à la porte de la cage d'escalier pour me demander de lui ouvrir faisant semblant qu'il a simplement oublié ses clefs et que je ne sache pas comment réagir.
Ca y est, je suis hors de vue, je m'arrête deux secondes pour souffler avant de monter mes trois prochains étages.

Bref, un retour type chez moi dès qu'il fait nuit......

Je refuse de rentrer plus tôt sous prétexte qu'il faut que je fasse attention. J'aime faire la fête ou aller au cinéma le soir. Si je peux dormir chez des amis, je le fais, mais toujours parce que j'aime bien me réveiller avec eux et me marrer de la veille que parce que je sais que j'ai peur en rentrant. Je garde toujours la tête haute, même si je rêve souvent d'une machine à me téléporter. Mais qu'on se le dise : J'en ai marre !!!

 

[Gan van Meer]

Ninja... le terme est bien choisi, en effet.
Comme beaucoup d'autres Madz ayant témoigné, cet article a fait remonter des souvenirs de harcèlement particulièrement marquants.

A 16-17 ans, j'étais à la piscine municipale avec une amie. Je fais des longueurs dans ma ligne et un type en contresens dans la ligne d'à côté (avec lunettes de piscine) en profite pour me passer une main sur les cuisses / fesses lorsque que l'on se croise. Par réflexe, je lui ai envoyé un énorme coup de pied dans l'eau qui l'a atteint de plein fouet. Je pense que ce réflexe est dû à mes années de karate. J'alerte mon amie, nous sortons du bassin. Je le vois qui me cherche ! Je peux vous dire que j'ai eu peur !
Finalement on est parties sans qu'il nous repère.

Souvenir plus récent sur la plage de Miami l'année dernière. Assise sur ma serviette je me réajuste le maillot en vérifiant que "tout est en ordre" (m'voyez ).
A ma gauche, je repère un vieux, assis sur un siège pliable - à côté de sa femme - qui tient discrètement un caméscope braqué sur moi.
Je lève la tête, le fixe, lui fait comprendre que je l'ai vu. Le plus naturellement du monde, à l'instant où il comprend que je l'ai vu, il se lève les mains dans les poches et va faire un tour. Je peux vous dire que je l'avais à l’œil.
Entre temps, j'alerte mes copines allongées à côté de moi qui n'avaient rien vu. Nous allons nous installer loin d'eux.
J'étais toute chamboulée et je regrette encore de ne pas avoir osé le signaler aux life guards...

Nul.

En racontant ces deux anecdotes, je me suis rendu compte que jamais je n'ai eu le réflexe de signaler le harceleur, par honte sans doute, par culpabilité peut-être ?
Dorénavant je serai plus vigilante à cette réaction.