Le truc c'est que ces "défauts" ressemblent beaucoup des marqueurs de classe quand ils sont écrits en opposition avec la "culture" et "la poésie".
Bien sûr que quand on est enfermé avec quelqu'un H24 on est focalisé sur les différences de l'autre et forcément l'autre devient vite insupportable, et c'est pas simple quand, pour reprendre les mots de l'auteur, "on n'est pas du même monde".
Mais il y a une manière de présenter ça tout de même
un témoignage par écrit permet de prendre justement du recul sur ce qui ressemble à une pointe de mépris injustifié comme tu dis, basé sur une différence "de monde" (c'est joliment dit mais vu les exemples donnés ça s'inscrit forcément dans un contexte...). Et perso j'ai pas vraiment senti ce recul sur cette pointe de mépris
Je comprends les points que vous avez soulevés dans vos premiers messages sur le sujet, mais j'ai l'impression qu'il y a un peu un biais dans votre interprétation... Dans les milieux privilégiés, on considère que les choses qu'elle a citées sont effectivement "supérieures" donc on va lire sa phrase comme un dénigrement des goûts du gars. Mais en vrai, moi je la trouve plutôt neutre, elle ne dit nulle part que ses goûts à elle sont meilleurs. C'est la valeur que le lecteur apporte à chaque chose qu'elle cite qui donne une impression de hiérarchie, pas tellement sa façon à elle de présenter les choses.
D'ailleurs, vous êtes plusieurs à avoir dit "pourtant, elle aime Top Chef, Mission Cléopâtre, Netflix et Brooklyn 99, c'est incohérent!". Mais pas forcément en fait! Pour moi, ça montre justement qu'elle ne perçoit pas les goûts du gars comme particulièrement inférieurs car populaires puisqu'elle aime aussi la culture populaire, j'ai surtout l'impression qu'elle cite les choses qu'ils n'ont PAS en commun. Elle aime Top Chef mais elle ne va pas passer des heures à mater des vieux Burger Quiz, ce qui est possiblement ce qu'a voulu faire le mec.
Comme l'avait relevé
@Rocksteady, c'est vrai que c'était un peu étrange d'opposer cinéma et culture, mais je pense que c'est surtout une maladresse d'écriture et qu'elle voulait opposer le fait que lui se distrait par l'image et elle par les mots (lecture/cinéma) : elle se détend en lisant et lui en regardant des films, quand tu es enfermé dans un petit appart, ça peut être compliqué de concilier ces deux hobbies.
Idem, le coup du Scrabble, peut-être qu'elle a vraiment un côté méprisant de la mauvaise orthographe, ce qui n'est pas génial (et qui va au-delà d'une réaction de classe, car on nous apprend dès l'école à mépriser l'orthographe défaillante donc quelqu'un d'une catégorie moins privilégié mais doué en orthographe peut tout à fait devenir hautain sur le sujet), mais elle ne dit pas vraiment ça, c'est surtout nous, par nos habitudes de classe, qui comprenons sa phrase "ça m'a un peu rebutée", par le fait que c'est
l'orthographe qui l'a rebutée. Mais en lisant le truc à la lumière de ma propre expérience, je peux surtout le comprendre comme le fait que le gars s'est greffé à une activité qui la détendait et qu'au lieu de rendre l'activité plus sympa, ça l'a rendue plus agaçante.
En fait, je trouve assez parlant qu'elle explique plusieurs fois que tel truc, elle trouvait ça cool avant et plus maintenant : ce n'est pas tel goût ou activité du gars en soi qui est inintéressant à ses yeux puisqu'elle aimait bien avant, c'est qu'au final, ça ne colle pas du tout avec elle dans le contexte confinement.
C'est un témoignage à chaud (il date d'il y a moins de 2 semaines et elle est toujours en confinement, difficile d'avoir du recul), je ne crois pas que l'auteur ait eu le temps d'analyser longuement ses ressentis. Perso, quand je ne supportais plus mes colocs, je n'avais pas 2 semaines après une compréhension fine de ma réaction épidermique. Quand j'essayais d'expliquer ce qui n'allait pas à des tiers, je passais beaucoup de temps à décrire le comportement de l'autre et comment je réagissais, j'avais du mal à mettre exactement le doigt sur ce qui n'allait pas et je racontais ce que je voyais le plus facilement : le comportement de l'autre.
Il m'a fallu un peu plus de recul pour ça. Je ne pense pas qu'on puisse penser que ce genre de mécanisme psychologique puisse être identifié en 2 semaines alors qu'on est toujours un peu le même contexte et que ce soit le rôle d'un texte aussi frais, surtout venant d'une personne qui a l'air plutôt jeune (elle est en stage de fin d'étude, donc elle doit avoir dans les 22-23 ans, elle n'a probablement pas eu des décennies de réflexion sur elle-même lui permettant de prendre un recul instantané sur ses réactions en situation de tension).
Par exemple, pour moi, cette phrase est assez clé sur le fait qu'elle n'a pas encore eu le temps de bien réfléchir au phénomène :
Avant, on discutait facilement, mais là… Autant vous dire que plus le temps passait, plus nos sujets de discussion commençaient à devenir limités : on n’était juste pas du même monde.
Elle présume que leurs sujets de conversation s'épuisent parce qu'ils sont différents. En réalité, on peut avoir des tas de conversations passionnantes avec des gens avec qui on n'a rien en commun. Et justement, ils discutaient facilement avant, c'est donc qu'ils peuvent parfaitement avoir des sujets de conversation intéressants malgré leurs différences. Ce n'est donc pas leurs "mondes" le vrai obstacle, mais le fait qu'être enfermé avec quelqu'un peut vite devenir limitant au niveau des échanges. Je pense qu'avec l'émotion du confinement un peu retombée, ce sera plus facile pour elle à examiner, mais là, ça ne me surprend pas qu'elle attribue ça (surtout à moins de 25 ans) à leurs sphères d'intérêt.