Ce que je ne comprends pas, c'est que le film est issu d'un comics, et que Jim Carrey avait l'occasion de le lire, avant d'accepter le contrat, sachant que le 1 était déjà un peu cru. Le scénario aurait pu lui mettre la puce à l'oreille aussi ?!! Je pense que ce n'est pas le film en soi qui l'a perturbé, mais vraiment le fait qu'il aie pu mal vivre ce drame dont il fait référence sur twitter, et que celui-ci change sa vision du choix qu'il a fait de tourner dans ce film à ce moment.
Si le tome 1 est violent, mais reste lisable, j'ai été un peu perturbée par le tome 2 : non seulement, c'est vraiment violent, mais il y a aussi toute une atmosphère ultra lourde, dramatique, et toute une dimension hyper-réaliste qui nous fait remettre les pieds sur terre, après l'engouement du débutant du tome 1 !
Malgré tout, je ne crois pas que Kick Ass ne fasse plus l'apologie de la violence que toutes les autres oeuvres de héros/super-héros !
Au contraire :
(Je vais parler de films, mais ça s'applique aux livres et comics aussi)
J'ai été voir récemment Man of Steel, et pendant le final, (ce n'est pas vraiment un spoiler, on voit cette remarque partout sur l'internet en gifs et jpegs>) il y a des milliers de morts causées par, à la fois les "méchants", et à la fois Superman. Tous les buildings s'écroulent sur les gens, et pourtant, on s'en moque complètement, parce que le héros a autre chose à faire, et que, à moins que les personnages ne soient amis avec les héros, ou n'en soient eux-mêmes, leur mort, écrabouillés en mille morceaux ou tranchés par un bout de structure en essayant de sauver la vie de leur gosse, n'est pas bien grave (tiens d'ailleurs, ils sont où les gosses ? On ne les remarque jamais dans de telles scènes... C'est pour ne pas faire dans le sentimental ?).
Evidemment, on peut dire que l'on se place d'un point de vue interne du héros, et que donc, en pleine action, il ne peut pas trop se concentrer sur ces drames qui se passent sous ses pieds, pour mieux combattre l'adversaire. Mais dans ces cas-là, notamment dans Man of Steel que j'ai en mémoire, pourquoi nous montrer les potes de Lois Lane qui essaient de s'en sortir ? Pourquoi sont-ils les seuls à voir Superman à l'endroit où ils la retrouvent à un moment ? Et comment peut-on avoir autant de chance en se faisant presque écraser par une structure, de n'avoir aucune goutte de sang sur soi ?
Décidemment, la force du blockbuster "tous publics", c'est de tout montrer, sauf trop de sang, mais surtout la réalité des blessures (problème résolu avec Superman, qui ne sent rien, ne saigne pas, et ne peut pas se couper, même avec des débris de verre.)
Et de nombreux travaux ont été construits sur cette logique : toute la violence est acceptée familialement, tant qu'il n'y a pas de trop de sang ou de perte de membre. Au delà, le travail sera considéré comme VIOLENT, gore, et/ou plébiscitant l'usage d'arme et de violence. Ce qui me dérange dans cette démarche, c'est qu'on dirait que la violence des événements n'est pas assumée, et qu'elle est camouflée par cette absence de dimension psychologique et de sang... (cela peut être simplement un choix esthétique, mais j'ai souvent l'impression que c'est de la fausse pudeur, surtout pour les produits américains)
On remarquera aussi que dans les films d'actions ("non-gores"), à part si le papa ou la blonde du héros meurt, on ne réagit pas beaucoup à toute la violence psychologique sous-entendue à cette "violence masquée".
En fait, ce système de violence uniquement physique (et pas vraiment réaliste) permet de détacher le spectateur des personnages : non, ce n'est pas violent de donner un coup de poing à quelqu'un, regarde, il se relève tout de suite après, et fait la même chose ! Et en plus, si ça l'atteint psychologiquement, ça n'engendre qu'une envie de frapper à son tour pour se venger ! Il ne saigne pas, ce n'est donc pas violent, et il se guérira en quelques minutes(/bon, un ou deux jours pour certains) de ce combat !
> Tandis que du côté de
chez Swan Kick Ass, on revient à du réaliste. Le héros est comme nous : s'il se fait planter par quelqu'un, il saignera, ira à l'hôpital, et en sortira quelques jours après. Les personnages n'ont pas de capacités spéciales (sinon savoir se battre, pour Hit Girl, par exemple), et lorsqu'ils se font frapper, il y a une réelle blessure (de l'hématome au bain de sang, en passant par la douleur de la perte de quelqu'un qu'on aime, par un effet cause-conséquence logique).
Voilà ce qui dérange. Ces personnages, ça pourrait être nous. Et nous aussi, on pourrait se faire flinguer, décapiter, exploser, si on était dans la même situation qu'eux. C'est en fait, toute cette insécurité qui règne dans l'oeuvre, qui fait qu'on ne se sent pas forcément bien.
> Cela me fait penser à ce cher George RR Martin, qui n'hésite pas à nous fait revenir sur terre en tuant les personnages les plus confiants, appréciés (ou pas, ahahaha), et reproduit la dure loi du réalisme qui dit que
"Art1 : Créer un personnage cool n'empêche pas de le faire décapiter dans le même livre.
Art2 : Le héros n'est pas le seul à avoir une conscience, un pouvoir de réflexion et d'action, alors si il arrive quelque chose à n'importe quel personnage, celui-ci a le droit d'agir en conséquence à tous les niveaux possibles : il peut tuer le héros si cela règle son problème.
Art3 : En fait, il n'y a pas un héros. Juste des milliers d'histoires de milliers de personnages, tous héros de leur ligne de vie, qui s'entrecroisent plus ou moins longtemps. Toutes ces histoires et ces personnages se valent, et aucun ne mérite moins de mourir qu'un autre."
C'est aussi ce qui fait la magie de Game of Thrones, on ne sait jamais ce qui peut arriver grâce à ce réalisme. La complexité des mécanismes du récit correspond à celle qui nous conduit tous les jours, dans la vie, et on n'est pas hypnotisé par un manichéisme faux et presque hypocrite.
Après, il y a tout le travail de réalisation, de direction d'acteur, de composition originale, de montage, de mise en image... Bref, la façon dont cette réalité est regardée. Ce n'est pas comme si on ne mettait pas en scène un personnage exceptionnel inventé de toutes pièces par un auteur à l'imagination débordante, mais comme si on suivait l'histoire de notre voisin, caméra à la main, et qu'on postait les vidéos sur youtube avec une petite musique et un mini-montage. C'est notamment le travail musical qui enthousiaste la plupart des gens, dans KA. A la Tarantino, on se détache de la violence, en se concentrant sur cette musique "géniale et tellement entraînante que t'as envie de te lever dans la salle pour bouger le popotin", et les sensations/émotions que suscite la BO sont la plupart du temps, des émotions positives qui nous donnent de l'espoir quant à l'issue du combat, et nous font voir la scène d'une manière "cool et trop marrante !".
Voilà voilà, j'espère ne pas avoir dit trop de bêtises, ou au moins, vous en avoir fait rire !
PS : avant de me faire incendier en réponse à ce pavé impromptu, j'aime la vie, je n'aime pas la violence gratuite (ni dans la vie, ni dans les films), j'aime quand les films ne sont pas réalistes, j'aime quand ils le sont, je ne comprends pas quand on me dit qu'un film est moins acceptable dans sa violence qu'un autre alors qu'il est juste plus réaliste et moins fantaisiste, je comprends quand la violence utilisée en fiction est fondée sur une réelle intention logique d'un personnage.