@Patacha
Je repense à ton pote, là... tu peux aussi dire que dans le soft power, la Russie et la Chine ne sont pas en reste, notamment en Afrique, avec un neo-colonialisme économique qui marche du tonnerre !
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Excusez-moi de revenir un peu en arrière, mais il me faut du temps pour digérer les infos.
1/ Je repense à l'article de Frustration Mag, que personnellement j'ai trouvé très intéressant - je pense notamment qu'il n'est pas absurde de faire quelques rappels historiques sur le mouvement pacifiste. Je n'y lis pas de desinformation comme dans la video de canard refractaire (qui me semble être un parfait exemple de comment les "imbéciles utiles" peuvent - peut-être de bonne foi - propager de la désinformation) mais un point de vue affirmé et une opinion tranchée et franche. On peut ne pas être d'accord avec la lecture matérialiste de l'histoire selon laquelle la lutte des classes est au coeur de tous les conflits, j'y vois pour ma part une grille de lecture toujourrs pertinente,
2/ Quelle que soit la posture idéologique qu'on adopte, on ne saurait se passer d'informations exactes sur la situation particulière. Or, comme beaucoup d'occidentaux, je connais mal l'histoire des pays post-soviétiques, je suis donc une cible parfaite pour la désinformation (par contre si vous avez des questions sur l'Irlande du Nord, je suis votre femme !
). Par conséquent, je ne tiens jamais rien pour vérité établie sur le moment. Quand je lis quelque chose, je laisse toujours passer un temps. On a souvent tendance à donner plus de crédit à la première info qu'on entend, c'est un biais cognitif bien connu. (Voir
). Donc je trouve important d'avoir conscience de ce biais, et d'adopter une posture de méfiance quand on lit quelque chose qui ne cite pas de source, avec des documents qui ne sont pas datés, etc. Mais je pense que même des journalistes aguerris peuvent se faire berner par une propagande bien menée. L'utilisation fallacieuse de sources a tendance à disqualifier a mes yeux un discours. Or il faut avouer que malgré les reproches qu'on peut faire au monde médiatique en France en particulier, le côté occidental en général cherche a multiplier les canaux d'information (internet, journalistes envoyés spéciaux, réseaux sociaux, et même ondes radio !) alors que la Russie cherche à les restreindre (destruction de la tour de TV à Kiyv, limitations d'internet ces derniers jours, c'est la raison pour laquelle la BBC a recommencé à emettre en ondes radio, qui ne peuvent pas être bloquées ; loi pour condamner les journalistes, emprisonnement des manifestants, etc). Donc je ne suis pas sûre d'être bien informée, mais j'ai quand même tendance à faire plus confiance aux medias occidentaux, même "traditionnels", ainsi qu'aux institutions internationales, ONG et organisations humanitaires, plutôt qu'a des sources "alternatives" qui peuvent très bien avoir été bernées ou achetées, ou aux sources institutionnelles russes.
2/ Je pense aussi que, s'il est important d'affirmer notre solidarité avec le peuple ukrainien, il est aussi important d'affirmer notre solidarité avec le peuple russe qui est victime de Vladimir Poutine depuis 20 ans (même les russes qui le soutiennent, on peut dire qu'ils sont ses victimes dans sa guerre de propagande). Je désespère de voir commis des actes anti-russes.
3/ j'espère que que certaines mesures seront efficaces, en particulier celles qui visent l'oligarchie (donc tout ce qui concerne l'immobilier, le secteur bancaire, les transactions financières etc.). De ce que je comprends, le contrat passé depuis 20 ans entre Poutine et l'oligarchie, c'est "ne vous mêlez pas de politique et vous pourrez faire du blé tranquille". Dès lors que l'oligarchie voit ses avoirs gelés et ne peut plus faire du blé tranquille, on peut espérer que leur soutien à Poutine commencera à se fissurer.
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Je suis pacifiste de cœur, absolument, resolument. Dans une guerre, c'est le peuple qui souffre. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire qu'il faut privilégier la diplomatie le plus possible et n'utiliser la guerre qu'en dernier recours. Mais j'ai quand même deux incertitudes, deux points qui font débat :
1/ on en est où dans la chronologie ? A quel moment estime-t-on que le dialogue n'est plus possible ? A lire les articles récemment, ca fait quand même un bout de temps que ca couve et que l'UE essaye de ménager Poutine et de trouver des compromis pour éviter le conflit armé... malgré la Géorgie, malgré la Crimée, malgré l'ingérence de la russie dans les élections démocratiques....
2/ la diplomatie, les négociations, c'est bien, mais est-ce que ca marche vraiment avec quelqu'un dont le but fondamental est "re-former un empire" ? Est-ce qu'avec un dirigeant comme ça (= non soumis au vote démocratique, il n'a pas de compte a rendre à son peuple, il n'a pas besoin de se demener pour garder le pouvoir, il n'a aucun scrupule à envoyer des dizaines de milliers de personnes vers leur mort certaine...) est-ce qu'avec un dirigeant comme ca il est seulement POSSIBLE de passer par autre chose que la demonstration de force et les rapports de prédation ?
Une anecdote m'a beaucoup marquée dans un article la semaine derniere dans le
Guardian (daté du 26 février) :
Just last week, to give one small example, as Putin spoke with Macron, the Russian president casually invoked a Russian rape joke about Sleeping Beauty to explain what he would soon do to Ukraine. Conflating Ukraine and Sleeping Beauty, he gleefully put himself in the role of the rapist: “Whether you like it or not my beauty, you will need to put up with all I do to you.” (It rhymes in Russian.)
Source :
https://www.theguardian.com/world/2022/feb/26/valdimir-putin-russia-ukraine-inside-his-head
Apparemment une semaine avant l'attaque, Poutine a fait une blague en annonçant qu'il allait commettre un viol sur la Belle au bois dormant (= l'Ukraine). Je pense que le journaliste qui écrit est russophone, mais je n'ai pas trouvé d'allusion à cette plaisanterie ailleurs. Si c'est vrai, bah... j'ai du mal à voir comment faire de la diplomatie avec un gars comme ça.
Je trouve que ca souligne bien la posture viriliste, prédatrice et in fine fasciste de Poutine.