Outre les points déjà évoqués par
@GingerBraid et
@Shiroo : a-t-on vraiment besoin de relayer ce genre de propos complètement à la masse? Est-ce que ça méritait franchement un article? On peut pas juste traiter ça par le mépris au lieu de laisser ce genre de crétin monopoliser le débat parce que "oui mais c'est grave ce qu'il a dit, il faut le dénoncer"... et donc le laisser profiter du bad buzz?
Vous cherchez des angles d'approche de la situation en Ukraine qui ne consistent pas juste à répéter ce qu'on lit partout ailleurs? Y'en a plein.
On peut faire un point sur l'histoire ukrainienne, en abordant, par exemple, la façon dont est née l'idéologie des Etats-nations et comment l'Ukraine en tant qu'Etat s'est construite à ce moment-là au même titre qu'un tas d'autres pays en Europe.
On peut mentionner comment elle a rapidement été intégrée comme membre de l'Union soviétique après une très brève indépendance, et la trahison des bolcheviks envers leurs anciens alliés de la Makhnivchina.
On peut parler du génocide des années 30, quand toutes les récoltes d'Ukraine ont été confisquées par le pouvoir soviétique, que les paysan.ne.s ont été torturé.e.s pour leur arracher leurs provisions, puis laissé.e.s mourir de faim (environ 5 millions de victimes). Si tout l'Est et le Sud de l'Ukraine est majoritairement russophone, c'est parce que le pays a été repeuplé de colons russes après un génocide.
On peut aussi parler des Tatars de Crimée, déporté.e.s dans les goulags de Sibérie et du Kazakhstan au cours de la seconde guerre mondiale, le pouvoir soviétique craignant (à juste titre?) que les minorités ne se rangent du côté de l'envahisseur nazi. Alors que les autres peuples déportés ont été autorisés à regagner leur pays d'origine aussitôt après la mort de Staline, les Tatars ne l'ont été qu'au moment de l'effondrement de l'URSS. Là encore, la population majoritairement russophone de Crimée est arrivée là pour remplacer les victimes d'un crime contre l'humanité. Les Tatars ont massivement refusé de participer à l'immense blague qualifiée de "référendum" par l'occupant russe au moment de l'annexion de la Crimée en 2014. Beaucoup ont choisi d'abandonner, de nouveau, leur terre d'origine pour rejoindre la partie de l'Ukraine restée sous le gouvernement de Kiev. À l'heure actuelle, la propagande du Kremlin accuse les Tatars de Crimée (musulmans) d'être des terroristes en puissance; en puissance, mais surement pas en acte, je mets au défi qui que ce soit de citer un attentat commis par des Tatars avant 2014.
On pourrait aussi rappeler l'histoire du rattachement de la Crimée à l'Ukraine; une décision de Khrouchtchev qualifiée de "cadeau" fait à l'Ukraine; en fait une simple décision stratégique de faire passer un territoire dévasté et dépeuplé d'une administration à une autre. Il n'existe pas de liaison terrestre entre la Russie et la péninsule de Crimée, qui dépendait de l'Ukraine notamment pour son approvisionnement en eau, et fait face à de graves pénuries depuis l'annexion par la Russie.
Évidemment, si on veut pas se voiler la face ni faire de l'angélisme, on peut mentionner l'histoire de l'armée insurectionnelle ukrainienne, de Stepan Bandera et de leur alliance avec les nazis dans les années 40, suite à une promesse (fallacieuse) d'Hitler d'accorder son indépendance à l'Ukraine s'il gagnait la guerre contre l'Union soviétique. Une alliance houleuse (Bandera lui-même a été déporté par les nazis), mais qui continue de hanter certains imaginaires.
On pourrait mettre en parallèle avec la politique interne de la Russie et notamment l'interdiction de l'ONG Memorial qui travaillait sur la préservation des témoignages des crimes commis par l'Union soviétique (comme l'Holodomor et la déportation des Tatars, donc).
Ou avec son intervention militaire au Kazakhstan pour écraser des révoltes populaires au début de l'année, qui a surement fait sentir se pousser des ailes à Poutine.
Voilà, quelques mises en contexte historiques que
@Fille du Feu par exemple ferait mieux de lire avant de penser que les États-Unis sont autant fautifs que la Russie dans l'histoire.