La violence éducative, cette fausse bonne idée

[Marie Obrigada]

@Marie Obrigada comment tu pose la limite a ne pas franchir dans ce cas, si tu t'arrête au stop/non ? Sachant qu'ils tentent toujours de dépasser ca. Il faut bien poser une limite qu'ils n'auront pas envie de franchir (sachant que la notion de bien et de mal et les sentiments qui vont avec ne viennent que bien plus tard ).
Sécurisé la maison ok, mais je ne vais pas arracher toute ma déco juste parce qu'un enfant doit pouvoir découvrir tout. J'ai pas envie de tapisser mes murs de feuille pour qu'ils puissent expérimenter le dessin tout seul. (j'exagère ici, mais c'est pour bien montrer qu'on ne peut pas tout modifier pour eux non plus, il doit y avoir des limites )

Ma fille a 15 mois et vraiment si je dis "stop" fermement elle s'arrête et parfois pleure de frustration. Mais on peut aussi l'arrêter dans son geste sans taper, juste retenir le geste, reprendre l'objet. Elle marche et évidement elle ne doit pas aller sur la route : je lui tiens fermement la main quand je ne veux pas qu'elle se mette en danger et si elle se débat pour que je le lâche tant pis, je la tient quand même.
Bien sûr qu'il faut poser une limite, un cadre mais pour le poser tu n'as pas forcément besoin de la violence. Ce n'est pas toujours facile mais c'est mon principe. Je crois vraiment qu'en se rendant plus disponible et à l'écoute ça passe mieux.

 

[sorayya]

Alors sujet compliqué, c'est dur d'élever des gosses ^^

Je vais parler de mon expérience sachant que chacun fait comme il peut avec ce qu'il a...
J'ai été JF au pair dans une famille de 4 gosses (des vrais gremlins) et pdt mes études j'ai travaillé comme baby sitter pour une agence et des fois je tombais sur des gosses imbuvables faut bien le dire (et d'autres fois des petits amours)

Mais je n'avais pas droit de les frapper pour me faire respecter donc j'ai du trouver d'autres solutions (des fois certains gosses me balançaient la porte sur le gueule! quand c'était pas leur jouet)

du coup, j'ai bouquiné pas mal, j'ai regardé les épisodes de feu super nannie (paix à son âme) et en vrac, ce qui a fini par marcher (surtout dans la famille ou j'étais JF au pair car j'y suis restée 8 mois)...déjà me blinder interieurement, c'est moi l'adulte et ils doivent me respecter comme je les respecte...je prevenais des regles (la première : pas de coup, pas d'insultes!) si ça va pas tu le dit avec des mots, ou tu vas taper un coussin ou hurler dans ta chambre, si non respect des regles sanction...la meilleure qui marchait avec les petits, l'isolement, souvent c'est moi qui quittait la pièce, et ils venaient me chercher, je leur disait si tu veux jouer avec moi, tu me tapes pas, tu n'hurles pas ect (je leur explique que ça fait mal, que c'est pas la meilleure manière de se faire des amis ^^)...comme ils ne voulaient pas jouer seul, ça marchait souvent
Quand c'est des bêtises lambda, c'est la réparation (un verre d'eau renversé, tu vas chercher une éponge, tu demandes pardon, tu fais un bisou)...quand c'est fait exprés c'est le coin (mais ça arrive pas souvent) ou privation de télé (avec explication du pourquoi du comment)

aujourd'hui j'ai deux loulous (1 ans et 7 ans) et je suis souvent seule avec eux ...bon ça me semble plus facile car je les ai eu à la naissance lol

alors

j'agis le plus tôt possible dés qu'il rampe ^^ par exemple, le pauvre chat servait de cible au plus petit : je disais non avec ma grosse voix (que je reserve aux urgences) je l'éloignai à l'autre bout de la pièce à chaque fois ou je lui montrais ce qu'il peut faire au chat (caresse, petits jeux) c'est normal d'être attiré par une grosse bêbete poilu, pas de le torturer!
les trucs un peu problématique (coucher ect) anticiper prévenir ect
les courses, lui donner le choix d'acheter un petit truc qui fait plaisir (biscuit ect ) mais le reste c'est niet
vêtements, donner le choix entre deux tenues quand vers 3 ans ils ont des envies de s'affirmer

les plus grands on peut raisonner, discuter
les plus petits encore dans l'émotionnel (je veux tout tout de suite)un non (plus explication rapide) puis la diversion ça marche bien avec leur côté poisson rouge (au pire du pire, une crise ça finit toujours par passer) mais pas céder sur les trucs importants, sinon faut tout recommencer, zéro crédibilité

lâcher du lest sur les petites règles du quotidien (c'est pas des robots non plus, il y a des moments de regression souvent d'ailleurs) mais jamais sur les plus importantes (coup insulte )

donner l'exemple (papa range et fait le ménage quand tu as des garçons c'est mieux!!!)

et surtout feliciter quand c'est bien fait (sans en rajouter) les gamins aiment aussi faire plaisir et être un peu reconnu

aprés mon unique conseil serait, c'est souvent usant les gosses, c'est comme ça, ça demande de l'énergie, alors quand ça va pas, aller faire un tour, les confier à papi mamie, à l'école, la crèche , des amis, le papa, françois hollande, qui on veut, bref DELEGUER et aller s'occuper de soi sans culpabiliser (un bain, une sortie) c'est indispensable, c'est toujours un bonheur de les retrouver

c'est vrai que frapper j'ai jamais pu (même si je peux comprendre qu'on ait envie de les balancer par la fenêtre par moment^^) et c'est dans mes tripes c'est niet du coup je me suis débrouillée autrement, par contre je n'admet le manque de respect de leur part, c'est non négociable et je pense qu'ils l'ont plutôt compris

bon courage à tous les parents!

 

[PtitePlume]

Donc perso' la fessé je vois pas ou est le problème jusqu'à 6-7 ans.

Le problème, c'est que jusqu'à cet âge un enfant est en pleine construction psychique ... et que tout traumatisme rejaillira ensuite sur sa vie future... ce n'est pas rien ...

 

[KonaKona]

Je n'ai pas eu beaucoup de punitions corporelles quand j'étais petite, même presque pas, par contre, une qui m'a marquée, c'était une fois quand j'étais en grande section ou cp je ne sais plus, la maîtresse m'a donné une fessée devant toute la classe bien sûr (qui a bien rigolé) parce que j'étais dans la lune en train de fredonner. Alors certes je n'avais peut-être pas à faire ça, mais elle non plus. C'est probablement pour ça aussi que j'aime plus l'école depuis un moment --'
Je pense qu'on peut expliquer aux enfants en quoi ce qu'ils font est plus ou moins mal en leur parlant avant toute chose, ce n'est pas nécessaire d'avoir recours à la violence.

 

[Membre supprimé 155015]

Quand j'étais gamine, j'ai du me prendre quelques fessées de mon papa, probablement, mais je n'en garde pas trop de souvenir. Une fois, j'avais grimpé à un arbre, et mon père avait eu peur (j'ai failli tomber) => fessée. Mais 0 souvenir de la douleur. Juste, je suis plus remontée à l'arbre, parce que j'avais peur de faire peur à mon père ^^

En revanche, ma mère avait la gifle facile. Pour tout et n'importe quoi, souvent injustement. Je me faisais jeter des objets dessus aussi, quand elle piquait une crise. Et surtout, il y a eu les mots. Se faire traiter de "pute", "salope", "emmerdeuse", "grosse vache", "personne ne t'aimera jamais"... quand on est un enfant, ça marque. Ca m'a encore plus marqué que les gifles. Sa voix, m'insultant, est ancrée dans ma tête.
Je suis contre tout châtiment corporel, surtout si ça touche le visage. Mais on ne doit pas oublier la violence des mots...

 

[MaryJAnna]

D'après mon expérience personnelle, je pense que ça dépends très fortement de l'enfant. Il y a des choses qui marcheront chez certains mais pas du tout sur d'autres. Personnellement je suis contre la violence envers tous (et donc les enfants) mais je pense que plutôt que de donner des méthodes toutes faites il faut vraiment apprendre à écouter et comprendre son enfant et s'adapter à sa personnalité pour mieux lui faire comprendre les choses. Un enfant qui se sent accepté et respecté aura plus envie de suivre les règles, je pense.
Je vais donner l'exemple de ma famille :

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[Laurigine]

@ericna catangels Je te rejoins pas mal dans ton ressenti, rien ne justifie la maltraitance mais quand on a tenté le dialogue et que ça ne fonctionne pas, que reste-t-il ?
@MaryJAnna S'adapter à l'enfant me semble en effet être pertinent

Un point me dérange par contre : je me suis plusieurs fois faite gentiment envoyer bouler lorsque j'ai tenté d'expliquer à mon entourage (amis ou famille) que je souhaitais autant que possible une éducation non violente pour mes (potentiels) enfants.
Sauf qu'à chaque fois, la même phrase revient : "Tu dis ça maintenant mais tu verras quand ton enfant te fera une crise en pleine magasin".

Et je suis assez désemparée devant cet argument.
D'une part parce qu'être renvoyée à ce statut de nullipare-t'as-pas-d'enfant-tu-pourras-en-parler-quand-t'en-auras m'insupporte au plus haut point : j'ai parfaitement conscience qu'en devenant parent, il faut adapter ses principes/valeurs à la réalité, mais je trouve dommage de dire "pas la peine d'avoir des principes tu les oublieras bien vite" (argument réellement entendu...).
D'autre part parce que l'argument a bien l'effet escompté : oui effectivement je n'ai pas d'enfant et oui il est possible qu'un jour je perdre patience...et qu'une fessée puisse partir. Résultat j'ai l'impression de culpabiliser par avance, c'est un comble quand même !

Sur un autre plan, j'ai eu l'opportunité de travailler sur le fait que la France avait fait l'objet l'année dernière d'un rappel à l'ordre par le Conseil de l'Europe. Et l'argument (juridique mais pas que) de la proportionnalité est particulièrement intéressant à mon sens : l'idée c'est qu'il n'est pas possible de déterminer une "échelle" de la violence. Ainsi, une tape sur les fesses sera considérée comme trop violent par une personne, tandis qu'une autre ne s'offusquera que pour une grosse fessée déculotté. Par conséquent, en l'absence de maîtrise possible de cette gradation et devant la subjectivité du sujet, mieux vaut interdire totalement les châtiments corporels.

En tout cas un débat que j'ai toujours trouvé très constructif mais qui fait tellement appel au vécu et au ressenti de chacun qu'il est très difficile de trouver un consensus.

 

[MelPop21]

Génial cet article!
J'en discutais avec ma soeur qui a eu un bébé il n'y a pas longtemps, et on se disait toutes les deux la même chose : Les fessées ne devraient pas exister. C'est une punition humiliante pour l'enfant, or on apprend pas le respect en humiliant la personne. Pourquoi on pense cela ? Car on a quasiment jamais reçues de fessées quand on étaient petites et on a été pourtant très bien élevées. J'en ai reçu deux dans ma vie et je m'en souviens par-fait-te-ment : ce n'est donc pas anodin. Un geste violent, quoiqu'on en dise, marque réellement un enfant. Ce n'est pas en frappant son enfant qu'il va comprendre en quoi ce qu'il a fait est mal !! On parle d'un enfant bon sang, de quelqu'un pour qui les limites et la notion du dangereux sont inconnus. Il s'agit simplement de leur expliquer en quoi c'est mal, en quoi c'est dangereux pour ne pas qu'ils recommencent.
D'autant plus que pour punir son enfant, quand il abuse clairement, il est possible de le priver de qqch auquel il tient vraiment. Je me souviens qu'une fois j'avais fais une bétise, la punition a été "pas d'histoire le soir avant de s'endormir pour le soir même". Ben j'peux vous dire que ca m'a fait bien plus mal qu'une fessée qui m'aurait juste humilié et qui n'aurait rien apporter de bénéfique.
Et pire, je trouve que frapper un enfant va amener l'enfant a reproduire les mêmes comportements que ce soit à l'égard de ses camarades ou plus tard à l'égard de ses enfants : Comment faire comprendre de façon logique à un enfant qu'il ne doit pas taper si le parent, pour lui faire comprendre, le tape ? Ca n'a pas le moindre sens.
Et encore une fois, ne pas donner de fessée à un enfant ne va pas faire de lui un sale gosse, tout est dans l'attitude et la fermeté du parent. Avec ma soeur nous sommes très bien éduquées. Je vais être un peu dure mais pour moi les parents qui frappent leur enfant sont juste des faibles à qui on a pas appris la notion du respect, ils ne connaissent pas les vertus de la communication, et je trouve ca bien dommage. Je vois même pas comment un enfant peut tisser un lien approfondi avec un parent qui lui manque de respect..

 

[Lunafey]

@ericna catangels Je te rejoins pas mal dans ton ressenti, rien ne justifie la maltraitance mais quand on a tenté le dialogue et que ça ne fonctionne pas, que reste-t-il ?

Hm, ça m'évoque plusieurs choses :

- Réfléchir : pourquoi rien ne marche ? Je m'y prends mal ? Je cède parfois et du coup je ne suis pas crédible auprès de l'enfant ? Il est dans une des périodes normales de rébellion ? Est-ce que les règles sont les même pour tout le monde à la maison ? Est-ce que je lui en demande trop ? Est-ce que je donne l'exemple ? Est-ce que ma/mon partenaire donne l'exemple ? Est-ce que je lui donne plus d'attention quand il enfreint les règles que quand il est sage ? Est-ce que je félicite mon enfant quand il fait bien les choses ?

- Est-ce que la désobéissance de mon enfant est symptomatique de quelque chose de plus profond (auquel cas rien ne marchera avant d'avoir pris en compte ce problème) habituellement liés à une désobéissance marquée ? -> TDAH, Trouble d'Opposition/Provocation, Troubles du Spectre Autistique, Syndrome de Gilles de la Tourette, anxiété, dépression, souffrance à l'école, souffrance avec un membre de la famille, souffrance physique dont il ne parle pas, réaction à un événement de vie (deuil, séparation, problème psy d'un membre de la famille, déménagement..)...

Dans tous les cas, un enfant ou un adolescent qui est toujours dans la désobéissance, c'est rare. Je pense qu'il est important dans ces cas-là de prendre rendez-vous avec un.e psychologue spécialisé.e dans les enfants et adolescents, ou de prendre RDV au CMP (c'est gratuit), parce que c'est une situation épuisante et difficile à vivre pour toute la famille, pour les parents, pour la fratrie, mais aussi et surtout pour lui !

 

[Laurigine]

@Lunafey C'est très intéressant ce que tu dis, le cheminement de ton raisonnement me semble très pertinent. Ca confirme qu'il faut une remise en question permanente sur ce sujet et sur l'éducation en général.
Merci pour ces pistes de réflexion que je trouve particulièrement utiles

 

[Madz-Nana]

Je vais faire ma rabat joie traditionnelle en disant "qu'une petite fessée n'a jamais tuer personne" mais en lisant certains commentaire je me suis rendu compte que tout les parents n'utilisais pas cette sanction pour les même raisons.. personnellement, dans ma famille c’était vraiment exceptionnel et jamais réellement "violent".. J'ai du en tout m'en prendre deux ou trois quand j'avais vraiment fait de grosses bêtises mais c'est tout..
Utiliser la violence éducative pour tout et n'importe quoi c'est loin d’être une solution et c'est même pas normal ! (Selon moi hein..), mais je pense que quand un enfant dépasse vraiment les limites ça peut se justifier.. Les enfants ne sont pas tous réceptif au dialogue et c’était le cas pour ma part.

J'ai lu des commentaires qui parlent de violence éducative à l'école et ça par contre j'y trouve pas normal du tout, c'est plus de l'humiliation qu'une véritable punition...
Aussi, pour l'école j'inclurais la violence verbale dans la violence éducative.. parce que je me rappelle que quand j'étais en primaire, une des prof' n'humiliait pas "physiquement" les élèves mais plutôt verbalement..
Par exemple: j'ai toujours été hyper timide, avec beaucoup de mal à m'exprimer et pour couronné le tout, j'avais un défaut de langage : je chlintais ! (vous visualisez Isabelle Mergault ? bah voila..) donc déjà avec les élèves c'était pas topissime, mais avec les profs non plus ! J'avais toujours droit à des remarques rabaissantes du genre "Non mais de toute façon on comprend rien quand tu parles, fais un effort parce que là ça va pas du tout hein ! c'est pas en CM1 qu'on apprends à parler", "Oui bah c'est bon Annabelle on a pas toute la journée donc j'te coupe de toute façon on comprend rien", "Faudra quand même faire quelque chose pour ça hein, c'est pas NORMAL" et le MUST : J'étais très amoureuse d'un garçon et la maitresse l'avais bien vu (ainsi que toute la classe) et elle avait insinué que vu mon défaut de langage et en plus le fait que je faisais deux fois ça morphologie "ça allait être compliqué" et qu'elle lui souhaitait "bonne chance" (dois-je précisez qu'évidement elle avait fait cette réflexion devant toute ma classe, DONT le ptit gars dont j'étais amoureuse.. ça m'a valu mon premier chagrin d'amour en prime !)
Cette prof ' était une vraie garce.

Enfin bref, sensibiliser les parents/adultes sur la violence éducative physique c'est bien, mais la violence psychologique via les mots, ça marque aussi !

(Sachez Mme F. (dont je ne donnerais pas le nom) que c'est en partie grâce à vous si je n'ai aucune confiance/estime de moi aujourd'hui !)

 

[Sombre.]

Le probleme de la viollence éducative (outre le fait que ca soit une viollence et donc un acte inaceptable), c'est que bien souvent elle donne l'illusion d'etre éfficasse et éducative, alors que ca n'est qu'un aspect de surface, la consequence d'un reflexe naturel plutot que le resultat d'une prise de conscience. L'adulte qui "punis" a le sentiment que l'enfant a compris car il ne refait plus la betise ("tu vois, avec une bonne fessée il a compris que manger des bonbon avant le dinner ca n'est pas bien"), alors que l'enfant a juste compris que "si je vole un bonbon, papa-maman va me frapper, c'est dangereux de le faire devant un adulte". Du coup l'adulte a le sentiment d'avoir bien agis, et que c'est une methode éducative valable et validable, mais rien de positif n'a été aquis pour l'enfant.

Spoiler: Annecdote de mon enfance

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