Mais il faut que ça reste exceptionnel, il ne faut pas que ça devienne la seule méthode de punition/réprimande... Et il faut faire la différence entre fessée "une tape sur les fesses" et fessée "plusieurs claques répétées sur le postérieur, parfois avec de l'élan". De même la claque, y a "la claque qui part toute seule" et "la claque prévue, visée, avec de l'élan qui fait carrément bouger la tête". (dans chaque cas : le deuxième exemple est inacceptable, ça devient de la violence délibérée)
Personnellement, je ne pense pas que ce soit une bonne chose même de manière exceptionnelle, ce n'est jamais "pas grave". Mais même si on part du principe que "si c'est exceptionnel, ça va, et ça dépend de comment c'est fait"...où est la limite ? Avec tout l'élan du monde, une personne de 1m50 et 40kg ne fera peut-être pas aussi mal qu'une claque "sans élan qui part toute seule" de la part de quelqu'un qui fait 120kg et trois heures de muscu tous les jours. Donc du coup, la première personne, elle a le droit de prendre de l'élan, ou pas ? Et la deuxième, elle a le droit à la claque qui part toute seule ?
Et puis admettons qu'un bambin fasse une "bêtise", quelqu'un lui met une tape sur la main, il arrête (parce que ça lui a fait peur et mal, hein, on va pas se mentir). Quand il a trois ans, la tape sur la main, ça ne marche plus aussi bien, alors on passe à la fessée. Il a peur, il a mal, il arrête sa "bêtise". Bon, à 6-7ans, il commence à être grand, taper sur les fesses, c'est un peu limite, on passe aux claques. C'est exceptionnel, c'est pas grave. Et puis quand c'est en public, on va plutôt lui tirer discrètement les cheveux bien fort. C'est plus discret, ça évite la honte intersidérale d'avoir un gamin qui se comporte comme un gamin, et puis bon, c'est une fois de temps en temps. Le truc, c'est qu'une fois que ça, ça marche plus, parce que le pauvre gosse est habitué donc il n'est plus si surpris et il commence à te dire "même pas mal", on passe à quoi ? Plusieurs claques ? D'autres types de coups ? Avec des objets ?
Je veux bien comprendre qu'on puisse avoir du mal à maitriser sa colère (même si face à un enfant, ça me semble absurde et démesuré comme réaction), mais dans ce cas, si c'est vraiment qu'une défaillance ponctuelle, un coup qui est parti "tout seul", ça devrait immédiatement être suivi d'excuses. Mais bon, j'ai rarement vu un parent s'excuser auprès de son enfant de l'avoir frapper et lui promettre de faire en sorte que ça n'arrive plus. Généralement, c'est plutôt "tu l'as bien mérité" ou "maintenant t'as une raison de pleurer" ou je ne sais quoi. Donc c'est bien que pour beaucoup, ce n'est pas une erreur, un accident à ne pas reproduire mais plutôt une espèce de méthode d'éducation bizarre.
Le problème en disant qu'une "petite" toute petite claque douce qui fait pas mal dosée comme ceci et pas comme ça, c'est acceptable, ça revient à dire que c'est acceptable de frapper quelqu'un parce qu'il fait pas ce qu'on veut. Frapper un peu doucement, c'est frapper quand même. Et c'est ouvrir grand la porte à une escalade de violence, malheureusement.
Ça me chamboule toujours beaucoup également, l'argument de "on n'en est pas mort"...élever un enfant, c'est pas juste s'assurer qu'il arrive en vie à l'âge adulte, quand même.
Et puis bon, s'il est toujours vivant, tout va bien.
Malheureusement, il ne faut pas non plus oublier que si nous qui en discutons maintenant nous n'en sommes pas mort, ce n'est pas le cas de tout le monde. En France, actuellement, deux enfants par jour meurent sous les coups de leurs parents.
Deux enfants par jour. C'est ENORME. La maltraitance ne commence pas toujours directement par des sévices horribles. Bien souvent, il y a une escalade... La France est clairement parmi les mauvais sur ce sujet par rapport aux autres pays européens...
Une loi qui interdirait les châtiments corporels ne serait pas là pour "punir" les parents pour la fameuse claque exceptionnelle, mais pour protéger les enfants, faire évoluer les mentalités, progressivement. Je veux dire...même si les parents n'appliquaient pas immédiatement tous la loi en cessant de frapper leurs enfants, ces enfants grandiraient tout en sachant que ce n'est pas quelque chose de banal, de normal, de souhaitable, que ce soit à travers des campagnes de sensibilisation ou ne serait-ce qu'à l'école quand on apprend quels sont les droits des enfants. Ils sauraient peut-être qu'ils peuvent demander de l'aide, que ce soit dans leur entourage, à l'école, par un numéro vert s'ils sont maltraités parce qu'ils sauront que ce n'est pas normal. J'avais vu un reportage une dame qui a été maltraitée toute son enfance et adolescence disait qu'elle ne s'était rendue compte qu'elle était maltraitée qu'au collège, quand elle a comparé son quotidien avec celui de ses camarades de classe. Avant cela, pour elle, tout était normal. Difficile, mais normal, et il fallait faire avec. S'il y avait une loi contre les châtiments corporels et qu'on apprenait son existence aux enfants, peut-être qu'ils iraient plus facilement chercher de l'aide, non seulement parce qu'ils sauraient qu'on va les croire et que leur situation n'est pas bonne, mais aussi parce que les autres adultes fermeraient moins les yeux. Il n'y aurait plus ou moins ce dilemme de "la situation a l'air violente, mais bon, peut-être qu'il n'est vraiment pas sage et qu'il l'a bien cherché, et puis après tout chacun ses affaires, ils éduquent leurs gamins comme ils veulent, donc tant pis, je n'essaierais pas de leur en parler et je ne ferais pas non plus de signalement", puisque non, avec une loi, les gens ne feraient plus ce qu'ils veulent de leur enfant, parce que c'est officiellement illégal de le frapper. Et peut-être qu'en entendant partout que les parents ne doivent pas frapper leur enfant, les futures générations n'auront même pas l'idée de frapper les leurs.
Peut-être même que des gens avec une vision positive de l'éducation et des enfants seraient médiatisés, plutôt Naouri ou Rufo ou je ne sais qui d'autre qui me sort par les yeux.
Ce qui permettrait aux parents de connaître des alternatives à ce qu'ils ont connu ou fait.
C'est clair que pour moi, ce genre de loi devrait non seulement servir à protéger plus les enfants, mais aussi impérativement être suivie de beaucoup, beaucoup d'information, de formation et de sensibilisation des familles et des futurs parents, et être dans l'aide et l'accompagnement.