Oui, mais il faut aussi garder en tête que le modèle US est totalement différent du nôtre. On ne peut pas vraiment comparer.
Je me permets de reprendre ton post parce qu'il y a beaucoup de choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord.
Oui, beaucoup d'étudiant-e-s sont endetté-e-s, et oui, ça peut être dramatique (je ne dis pas le contraire !), mais je disais dans mon message qu'il fallait nuancer au regard de l'insertion professionnelle qui est bien meilleure qu'en France (le taux de chômage n'a rien à voir) et des salaires qui sont aussi plus élevés. Voire, pour certaines branches, beaucoup plus élevés.
Les salaires ne sont pas systématiquement plus élevés aux Etats-Unis. C'est vrai pour certaines branches, par exemple, si tu es informaticien, tu peux facilement tripler ton salaire par rapport à un informaticien français. Mais ce que cache le taux de chômage très bas, c'est qu'il y aussi beaucoup plus d'emplois très précaires. Pour beaucoup de gens qui touchent le minimum wage, il ne leur permet pas de boucler leurs fins de mois, et parfois même pas de se loger, situation qui est quand même beaucoup plus exceptionnelle en Europe.. C'est ce qui poussent une partie de la population américaine à cumuler deux à trois emplois à la fois. Et cette situation n'est pas vraie que pour les emplois non qualifiés. Par exemple, être prof paie très mal dans certains États.
Là où en France une telle situation serait catastrophique (va rembourser 30 000 balles de prêt quand tu n'as aucune perspective d'emploi, et que les seuls emplois auxquels tu peux prétendre paient une misère), aux US, les choses sont un peu moins dramatiques compte tenu du système existant.
Et pour le fait d'acheter ou faire construire, ce n'est pas un problème là bas puisque tout est basé sur le crédit (les gens ont un "credit score" qui mesurent leur capacité à rembourser et leur autonomie financière, et leur permet d'accéder ou non à de nouveaux crédits). Donc là encore, pas possible de comparer avec le modèle français.
Mais on est d'accord que les frais d'inscription aux US sont délirants et non justifiés et qu'une réforme du système est plus que nécessaire.
Mais justement, moi je trouve ça dramatique de pousser les gens à prendre toujours plus de crédits. D'abord, c'est un stress permanent, tu ne peux pas prendre des crédits à volonté, il y a bien un moment où tu devras rembourser et tu risques de te retrouver pris à la gorge. Ensuite, baser une économie sur le crédit à la consommation, c'est provoquer un risque constant de crise financière. Lorsque tu pousses les gens à prendre des crédits pour des besoins aussi basiques que les études, la santé et le logement, comme c'est le cas aux États-Unis, tu créés de futurs insolvables. La crise des subprimes, ce n'est rien d'autre que ça : les banques ont eu la main trop légère sur les crédits accordés et ont sur-évalué la solvabilité de certains de leurs clients. Pourquoi ? parce que le coût de la vie avait augmenté mais les salaires, non. Hors il faut bien que les gens consomment pour que l'économie tourne, donc soit on augmente les salaires, soit... on pousse les gens à prendre des crédits. Le problème, c'est que lorsque le marché de l'immobilier a commencé à avoir des soubresauts, des tas de gens se sont retrouvés en défaut de paiement. Et la suite on la connaît.
Et de toute façon, comme l'a rappelé @Loulalilou , en dépit de ce système de crédits, les trentenaires américains achètent tout de même moins de logement et en construisent moins que les générations précédentes. Ils se marient moins et font également moins d'enfants. Et tout ça, parce que leur situation financière ne le leur permet pas.
Donc oui, tu as entièrement raison sur le fait qu'il faut voir le système américain dans sa globalité et pas juste à travers la question des frais d'université. Mais je trouve que même quand on regarde le modèle économique dans sa globalité, ça reste un modèle vers lequel je n'ai vraiment pas envie qu'on tende.

Alors effectivement, peut-être que si on transposait la situation en France, ce serait apocalyptique et plus de gens seraient dans la merde qu'il n'y en a aux US (proportionnellement à la population respective des deux pays évidemment), mais ça ne veut pas dire que le climat est serein là-bas, loin de là. De plus, pour les élèves issus des familles les plus pauvres, le manque de moyens signifie souvent l'arrêt pur et simple de leurs études après la cérémonie des diplômes du lycée (rite de passage qui marque la fin des études secondaires au même titre que le bac pour nous). Donc ceux-là n'ont même pas le loisir de s'endetter et de rembourser quoi que ce soit, ils ne feront pas d'études, point. Entre cette problématique-là et la couverture sociale plus qu'aléatoire à laquelle ont accès les citoyens américains, la précarisation est de plus en plus grande aux États-Unis. Alors ok leurs universités sont prestigieuses et renommés internationalement, mais à quel prix...
). Les salaires en France comprennent un certains nombre de cotisations sociales, salariales et patronales qu'on ne touche pas directement mais qui nous reviennent sous forme de prestations santé, vieillesse, chômage... qui ne sont pas gérées de façon systématique aux US. Si on doit prévoir sa retraite sur un fond privé, anticiper une perte ou baisse drastique de revenu suite a une perte d'emploi subite ou un incapacité de travailler pour raison de santé, des dépenses de santé non couvertes par l'assurance... il vaut mieux être payé plus, oui. La comparaison a plus de sens avec nos salaires bruts... voire superbruts (et là on arrive pas loin du double de notre salaire net).