Je pensais que j'avais tiré un trait sur ce que j'avais vécu ces deux dernières années, quelque chose que je n'arrivais pas vraiment à nommer d'ailleurs, me contentant simplement de le définir comme étant "juste" une petite dépression ou un gros coup de fatigue..
Grâce à cet article et aux témoignages du forum, je comprends enfin maintenant ce qui m'est arrivé et à quel point cela aurait pu être grave : j'ai fait un burn-out.
Tout a commencé en Terminale, quand il a fallu penser aux choix d'orientation. J'avais toujours été une très bonne élève et mes parents souhaitant me voir réussir mes études ont voulu m'aider à faire le bon choix. Sauf que pour eux, "réussir ses études" ça voulait dire "faire de grandes études" comme une prépa, une grande école de commerce ou Sciences po. Je me suis donc inscrite a l'année dans une prépa spécifique pour les concours d'entrée de Sciences po en plus de ma Terminale, puisque apparemment "c'était fait pour moi" (ce que je croyais aussi à l'époque) et j'ai rapidement déchanté.. Les cours étaient nuls, les profs aussi (wtf la prof de culture g nous bassinant avec la vie de Descartes pendant 6 mois !),tout ça me bouffait le mercredi et le samedi apres-midi et je ne pouvais pas arrêter parce que cette prépa avait coûté très cher à mes parents.. Le résultat est que j'en suis venue à me mettre une pression de malade pour réussir au lycée et décrocher mon bac avec mention, histoire d'avoir autre chose de bien que sciences po. J'ai finalement eu mon bac avec mention bien et une place dans une bonne prépa de ma ville mais au prix de beaucoup de fatigue, de frustration et de crises de larmes. (quant a sciences po, j'ai laissé tomber malgré l'avis de mes parents et je suis allée aux concours les mains dans les poches!)
En arrivant en prépa, je pensais que j'allais m'épanouir durant l'année vu que les matières étaient tout ce que j'aimais mais là encore je me suis rendue compte que quelque chose n'allait pas. Les cours avaient beau être intéressants, l'ambiance être cool et mes amis aussi, je ne voyais pas du tout ce que je pourrais faire avec cette prépa, les débouchés proposés ne m'attiraient pas et je me suis aperçue que de manière générale, j'étais perdue dès qu'il s'agissait de mon avenir. De plus, je ne supportais plus les contraintes des études (rendre les devoirs,etc..) et je résistais très mal a la pression et a la fatigue. J'ai vite songé a me réorienter mais j'ai buté contre l'avis de mes parents pour qui il était hors de question d'arrêter maintenant et qui ne voyaient pas ce que je pouvais faire d'autre a part sciences po (avec lequel ils m'ont encore saoûlée toute l'année!). Je sais qu'ils m'aiment et que tout ça ce n'était au fond que pour m'aider et m'encourager, parce qu'ils voulaient le meilleur pour moi mais être constamment derrière mon dos et toujours donner un avis négatif sur ce que je désirais, ce n'était pas sain ! Ils ne comprenaient pas ce qui m'arrivait, pour eux ce n'était qu'une mauvaise passe, je devais me reprendre en main parce que j'étais forcément responsable de tout ça et que si je baissait les bras cela ferait de moi une perdante..
Et puis un jour, l'un d'entre eux m'a traitée de "glandeuse" après une dispute. De GLANDEUSE.
C'était la phrase de trop et ça m'a fait péter un câble.
Je crois qu'après ça, je peux dire que ma vie a littéralement changée. Je suis devenue tellement dégoûtée de la prépa que j'ai fait une sorte de blocage : je n'arrivais plus a finir mes DS, je rendais tout en retard et j'étais incapable de me lever le matin. Les relations avec mon père chez qui je vivais sont devenues extrêmement tendues, on ne parlait que de mon orientation et c'était insupportable. J'avais tout le temps envie de faire la fête, je me suis mise a enchaîner les histoires sans lendemain et les déceptions sentimentales et surtout, je ne dormais plus. Je ne me couchais jamais avant 1-2h du matin (les bons jours).
Je passais ma vie sur internet car plus rien d'autre ne m'intéressait, je mangeais comme un ogre et j'ai commencé à déprimer. Les crises d'angoisse sont alors apparues, de plus en plus violentes jusqu'à ce que l'une d'elles m'amène aux urgences.
Il m'a fallu ça pour comprendre qu'il fallait absolument que je lâche du lest et que je réapprenne a vivre pour moi. Que ma vie ne se résumais pas à mes études et que si j'échouais, ça n'enlèverais rien a ce que j'étais. Toute l'année, j'avais attendu que quelqu'un se rende compte de ce que je ressentais et me rassure en me disant que je valais bien plus que mes résultats, mais en vain. J'ai compris que c'était à moi de me reprendre en main comme mes parents me l'avaient demandé mais de la façon dont moi je l'entendais.
J'ai tenu jusqu'à la fin de l'année en prépa puis j'ai trouvé un job d'été loin de chez moi et a la rentrée, j'ai déménagé seule a Paris pour commencer la fac de droit. Alors certes, ce ne fut pas toujours idyllique car il a fallu que je me gère seule pour la première fois dans une nouvelle ville, entourée de personnes que je ne connaissais pas et que le même schéma que l'année précédente (insomnies, blocage au niveau des études avec incapacité a démarrer un devoir, absentéisme, histoires sans lendemain etc..) a continué. Je ne pouvais plus du tout travailler, je n'avais plus aucune motivation. Mais partir de chez moi m'a fait un bien fou et je me suis finalement adaptée. J'ai raté mon année mais paradoxalement j'ai retrouvé un peu de confiance en moi car j'ai réfléchi sur ce que je voulais vraiment, j'ai rencontré plein de nouvelles personnes et j'ai trouvé des études qui me plaisent plutôt bien et que je suis déterminée à poursuivre.
Il n'en reste pas moins que ces deux années ne furent qu'un immense gâchis, si seulement j'avais pu me rendre rendre compte plus tôt de ce qui m'arrivait, je me serais épargnée des montagnes de doutes et de questions et j'aurais au moins peut-etre pu agir et sauver une de ces années.. Ou alors j'aurais fait plus attention à moi.
Merci à madmoizelle de parler de ce sujet, en espérant qu'il puisse un jour être encore plus visible pour aider ceux qui subissent un burn-out durant leurs études malgré l'idée reçue selon laquelle c'est la plus belle période de la vie !
Désolée pour le pavé immense (et félicitations si tu l'as lu jusqu'au bout !) et courage a toutes celles et ceux qui sont dans ce cas-là, gardez à l'esprit que nous ne sommes pas des machines ni des super-héros et qu'il n'est donc PAS normal d'en arriver là, que nos résultats ne définissent pas notre vie ni ce que nous sommes et que nous avons tous le droit de craquer.
On finit toujours par voir la sortie du tunnel