A mon tour de me lancer sur ce sujet, que je suis ravie de trouver, et qui me soulage énormément.
Je me suis toujours sentie en décalage avec les autres. J'ai un an d'avance (je suis passée directement de la moyenne section (dans une classe MS/GS) au CP), et tout le monde a toujours considéré cela comme responsable de mon décalage : je passais mes journées avec des enfants plus âgés que moi d'un ou deux ans, normal que je ne sois pas exactement en "harmonie" avec eux, je suis plus jeune, etc. Mais à côté de ça, petite (en maternelle/CP/CE1, disons), je n'avais aucune mal à discuter avec des adultes et il n'y avait pas ce malaise. Et quand j'ai eu l'occasion de me trouver avec d'autres enfants nés la même années que moi, le décalage était là aussi : en plus d'être mal à l'aise et de "ne pas savoir quoi faire de ces personnes" comme avec les autres, je les trouvais terriblement "bébés" et ne m'intéressait à rien de ce qui les intéressait. Et au final, en grandissant, l'écart s'est creusé. Que ce soit avec des gens de mon âge, des gens plus jeunes, plus âgés, beaucoup plus âgés...le malaise est là. Je ne sais pas faire la conversation, je ne sais pas du tout ce que je dois dire, ni quand, ni même si je dois dire quelque chose, et ça me fait paniquer. Je sais discuter d'un sujet précis. Mais l'art de "faire la conversation", ça me laisse perplexe. Au delà du "euh, salut, comment ça va ?" prononcé d'un ton incertain, je ne sais pas ce qui est censé se passer ensuite. Autant dire que ce n'est pas facile pour se faire des amis. Enfant, j'étais cataloguée "petite fille timide", les autres venaient un peu vers moi (très trèèèès rarement l'inverse), et ça allait. Plus tard et encore maintenant, je suis cataloguée "la meuf qui pourrait faire un effort pour être sociable, quand même". Ce qui fait que je suis extrêmement seule. (Enfin, je vis avec ma chérie, avec qui tout se passe bien, mais c'est la seule personne avec qui je sais être sociable.)
Je suis également en rupture avec ma famille toxique, donc en dehors de ma chérie, et ses amis que j'aime bien, qui m'aiment bien, mais sans que j'arrive à dépasser la barrière qui me permettrait de les considérer comme mes amis (pourtant, j'aimerais bien, hein, mais non, impossible).
Je vis très très mal cette inaptitude à être sociable. C'est vraiment handicapant. Et depuis toujours, je culpabilise de ça, parce que j'ai besoin des autres, mais je suis incapable d'avoir des amis, du coup je déprime, je viens pleurer sur les rares épaules disponibles, et je culpabilise de ça, parce que je ne devrai pas monopoliser le temps et l'attention de ma chérie pour quelque chose qui est uniquement de mon fait. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais comme ça, et pourquoi c'était insurmontable et impossible de remédier à quoique ce soit.
Jusqu'à ce que, il y a quelques années, ma mère me dise que plusieurs fois dans ma scolarité, des instits lui ont demandé de me faire tester pour savoir si je n'étais pas HPI, ce qu'ils soupçonnaient. Ma mère a toujours refusé. A ce moment-là, je me suis dit qu'il y avait peut-être une raison à mon malaise et mon décalage avec le reste du monde. Puis, mon prof de maths particulier m'a dit qu'il pensait que j'avais, comme lui, un très haut QI (mais vu que c'était le mec le plus effrayant de la Terre, ça ne m'a pas vraiment rassurée, cette fois) (puis je n'y ai pas cru, parce que je suis nulle en sciences et en maths et que je déteste ça). Et dernièrement, il y a quelques semaines, ma chérie a fini par lancer, plus ou moins sur le ton de la rigolade/curiosité, qu'elle se demandait si je ne suis pas autiste. Sa meilleure amie vient de découvrir qu'elle est Asperger, aussi j'imagine qu'elle a dû faire des rapprochements avec moi.
Et en me penchant sur la question, je trouve que ça me correspond étrangement bien, en fait.
- est-ce que tu as des sensibilités sensorielles particulières, notamment auditives et tactiles ? Est-ce que tu fuis le contact, ressens un inconfort marqué la plupart du temps (par exemple pour faire la bise), voire de la douleur dans certains cas (chatouilles par exemple) ? Est-ce que tu te plains souvent du bruit, des sons aigus, est-ce que tu as l'habitude de souffrir au niveau auditif sans que ça semble compris par les autres ?
Auditives, non, je n'ai pas l'ouïe très fine, mais je sursaute tout le temps, dès qu'il y a un bruit inattendu (et c'est souvent). Tactiles, oui. Je ne supporte pas la plupart des tissus. Surtout s'ils sont considérés comme "doux", c'est extrêmement inconfortable pour moi, c'est une sensation horrible qui envahi tout le corps (j'ai une sainte horreur du satin, par exemple ou de la texture des draps et de certaines robes ou pyjamas qui sont faits dans la même matière, je choisis mes couettes rêches
). C'est particulièrement accentué quand je sors de la douche ou de la piscine. En sortant de la douche, je ne pouvais pas m'asseoir sur le dessus de lit de mes parents, c'était insupportable, j'étalai un peignoir dessus avant. Ca s'estompait au bout de quelques heures, mais ce n'était jamais agréable. De même, j'ai toujours détesté faire la cuisine, parce qu'il fallait faire des trucs avec ses mains, et les deux ou trois rares fois où j'ai fait un gâteau avec ma mère, j'allais me laver les mains toutes les trente secondes. Genre beurrer un plat, c'est inhumain de me le faire faire, je trouve !
La sensation est horrible. D'ailleurs, cela fait à peine deux ans que je me lave vraiment. Jusque très récemment, je ne supportais pas de frotter mes mains l'une contre l'autre (maintenant, je ne le supporte que lorsqu'elles sont sèches et froides, si j'ai chaud ou que je sors de l'eau, c'est pas la peine), je ne supporte d'ailleurs pas non plus que l'on touche mes mains ou mes pieds mouillés, c'est pas de la douleur, mais c'est inconfortable au point de me donner envie de pleurer. Je ne supportais pas d'avoir du savon dans les mains, non plus. C'est ma mère qui m'a lavé les cheveux pendant 16ans. Impossible pour moi, ou alors avec le dos de la main. Pareil, quand j'ai commencé à tolérer un tout petit peu le savon, c'était uniquement sur le dos de la mains, surtout pas les paumes, mon dieu. Maintenant, j'ai découvert la joie des fleurs de douche, et ça, c'est cool, y'a pas le son en contact direct avec les mains, et c'est bien rêche !
Je me plains souvent des sons aigus, et des sons continus mais rarement des autres sons.
- Est-ce que tu arrives à écouter une source plus qu'une autre ? Par exemple, si quelqu'un te parle à côté d'une télé allumée, ça te dérange, tu as l'impression de suivre deux conservations en même temps ? Te sens-tu instinctivement attirée par n'importe quel son autour de toi, même si tu es en train de parler à quelqu'un ? As-tu des sensations de surcharge sensorielle dans les endroits très bruyants ?
Impossible d'écouter une source plus qu'une autre quand ce sont des voix. La musique me gêne bien moins, je peux en faire abstraction. Mais quand je vais au restaurant, j'écoute sans forcément le vouloir, les conversations de toutes les autres tables en même temps, et ça n'a aucune cohérence ni sens, du coup. Si je me concentre sur que me dis ma chérie, le bruit de fond des conversations me gêne, et si je me concentre sur le bruit de fond, je distingue toutes les conversations, et ça me fait bugger pendant de longues minutes.
La dernière fois que j'étais bourrée, j'avais l'impression que tout le monde hurlait, alors que ça n'était pas du tout le cas, ça m'a fait pleurer. Je deviens extrêmement sensible au toucher et à l'ouïe dès que j'ai un tout ptit coup dans le nez. C'est plus ou moins le seul truc que ça change, d'ailleurs, ça et le fait que je finis par me mettre à pleurer pour un rien parce que j'ai trop bu, mais bon, c'est plutôt ordinaire, ça.
Et oui, je suis facilement attirée par un son qui n'a rien à voir quand on me parle, mais je suis très facilement distraite, donc ça pourrait tout autant être un son qu'un pigeon qui fait coucou à la fenêtre ou que "oh, tiens, t'as un bouton mal mis, sur ton gilet, là" (dans ce dernier cas, généralement, je bugge dessus tout de suite, et il faut absolument que j'en fasse part à la personne. Comme à celles qui ont une étiquette qui dépasse ou quelque chose).
- As-tu un rapport au temps, à l'organisation, à la prévision, singulièrement stricte ? Ressens-tu le besoin de planifier le plus possible ? Fais-tu des listes ? Es-tu à l'aise avec les surprises ?
Je planifie énormément. L'an passé, je m'étais fait un emploi du temps de dingue, super dense, avec écrit à quel heure de regardais un film, à quelle heure une série, dans quelle ordre je faisais mes devoirs, quand est-ce que je ne faisais rien, etc.Je calcule le budget que j'aurais dans cinq ans, dans dix ans, dans dix ans, dans vingt ans, en estimant le coût du loyer que j'aurais, ou de l'emprunt que j'aurais à rembourser, et combien il me resterait d'argent si mes 5 enfants vont à la gym et à l'école Montessori, et combien si j'en ai trois, et combien si j'ai qu'un seul enfant, et s'il fait plutôt que ça... Je peux y passer des heures. Sachant que j'ai pas d'enfants, et que je suis en L1.
Si je ne planifie pas et que je n'ai pas une heure précise pour chaque truc, je ne fais rien ou presque. Parce que trop de possibilités et ça me fige, ou parce que j'y pense pas et j'oublie. Si ma chérie me demande un truc, si je ne le fait pas immédiatement, dix minutes après, je suis passée à autre chose et c'est sorti de mon esprit. Je fais des listes de tout. De prénoms, de livres qu'il faudrait dans une bibliothèque idéale, de ce qu'il faudrait pour ouvrir une ferme pédagogique, une école, une maison d'hôtes (là aussi, j'en ai fait le cahier des charges et le budget pendant des heures et des dizaines de fois).
J'aime qu'on me fasse des surprises (enfin, juste les proches, et des pas trop grosses) (mon grand-père voulait m'inviter dans un endroit que je ne découvrirai qu'à l'arrivée, ça m'a paniquée, j'ai refusé catégoriquement), mais je suis incapable d'en faire, ça m'angoisse, je sais pas ce que je dois faire ou si c'est bien ce que je fais, alors que le but c'est que ça plaise, alors ça me stresse. (Genre l'anniv surprise de ma chérie n'est resté surprise qu'une demi-heure (bon, après, elle triche et demande des indices et je sais pas mentir), et on s'est offert nos cadeaux de Noël le jour où on les a achetés...le 6 décembre, donc. Et j'ai acheté ses cadeaux d'anniv le jour même uniquement, pour pouvoir lui donner tout de suite).
- As-tu ou as-tu eu une passion si grande qu'elle occupe/occupait sans cesse ton esprit, jusqu'à devenir le centre absolu de ton intérêt ? Y a-t-il des sujets précis que tu maîtrises particulièrement bien en ayant appris par toi-même ? As-tu tendance à peu parler mais à envahir les conversations quand elles touchent un de tes sujets favoris ?
Oui, oui, oui, mille fois oui. Je ne fonctionne que comme ça, en fait. Je suis passionnée d'éducation et les enfants depuis des années (donc je passe mes journées à lire à ce sujet), avec de temps en temps un intérêt particulier pour un sujet précis (en ce moment, c'est l'adoption en Lettonie), et en plus de ça, j'ai des petites passions plus courtes ou récurrentes. Genre j'étais fascinée par l'occupation, la milice et la déportation de mes 9ans à mes 13ans. Passionnée de dinosaures en maternelle, et je passais mon temps à expliquer la différence entre ce dinosaure-là et cet autre-là à tout le monde. De même, passionnée de mythologie grecque toute l'école primaire, avec un immense intérêt pour la vie à Rome mon année de CM1 (et j'ai fait un exposé qui a duré tout l'après-midi là-dessus, le prof trouvait ça intéressant, donc j'ai continué. Pendant environ trois heures, donc.). J'ai eu un truc pour les chevaux, je connaissais le noms de toutes les robes, de toutes les parties du corps, et j'avais tout un haras imaginaire, et j'essayais de faire croire aux autres que mes chevaux invisibles existaient. Ces dernières années, je bugge sur les poules et les chèvres naines.
- Ressens-tu un décalage entre tes émotions et celles des autres ? Est-ce qu'on te reproche souvent d'être froide, inexpressive voire insensible ? As-tu parfois l'impression qu'il te manque des émotions ou des réactions ? Est-ce que tu lis bien les émotions des autres, notamment celles qui sont subtiles comme la jalousie ou le remord ?
La dernière question me parle particulièrement, parce que je ne comprend pas du tout le concept même de jalousie. cela me parait complètement absurde. Donc je suis incapable de savoir quand quelqu'un est jaloux. Et le remord, ça fait très peut de temps que je suis capable de l'éprouver, et j'ai généralement peu de remords sur quoique ce soit. Mais j'ai déjà fait semblant, parce que ça moyen en société, de pas avoir de remords pour rien. Du coup, j'ai du mal à savoir si les gens qui ont du remord sont sincères ou pas, enfin, je pars du principe que ce sont des paroles en l'air, quoi, en fait. Puis je vois pas à quoi ça sert de se sentir super mal pour un truc déjà fait et irrémédiable, en fait. On m'a souvent reproché d'être froide, c'est moins le cas maintenant. C'était surtout au collège/lycée, qu'on me le reprochait.
Et c'est clair que je ressens souvent un décalage, que ce soit une émotion forte positive ou négative chez les autres, souvent, ça me fait juste "Euuuh, oui...et alors ?". En revanche je suis TRES enthousiaste pour pas grand-chose (je suis ravie de mettre des chaussettes le matin, c'est suuuuper satisfaisant).
- Ressens-tu un problème de communication de façon intense, comme si ta langue maternelle n'était pas la même que celle des autres ? Est-ce que tu fabriques volontairement et très fréquemment des signaux de communication, comme des intonations de voix, des gestes des bras ou des sourires (qui te semblent très artificiels) ? Est-ce qu'il t'arrive vraiment souvent d'être mal comprise ou de mal comprendre quelqu'un ?
Ca aussi, ça me parle beaucoup. Je suis une éponge à tics de langage et intonations. J'ai repris la totalité des expressions de ma chérie, qui jurent pas mal avec mon langage plutôt soutenu à la base, du coup ça ressemble à rien quand je parle, c'est rigolo. J'imite énormément, en fait. Jusqu'au CM1, je n'avais pas d'expression faciale pour l'étonnement, je disais juste "Ah bon ?" (voire "Ah bon."). Et puis une de mes amies du moment, avec qui je jouais à voyager dans le temps, avait une mimique d'étonnement qui m'a fait dire "ah, ça, ça représente bien l'étonnement". Et aujourd'hui, à dix-huit ans, c'est toujours comme ça que j'exprime mon étonnement. Mais ça vient pas du tout de moi, c'est pas spontané du tout. Je trouvais juste que ça collait avec l'étonnement, alors j'ai fait comme ça. Et puis je fais la même quand je doute de quelque chose. Parce que j'ai pas d'expression faciale pour ça.
De même, quand je regarde un film ou une conférence, je vais parler à la manière de celui qui parlait le plus pendant quelques heures, sans forcément le vouloir. Mais ça me parait tout aussi, voire plus, vrai que des intonations normales (et ça devait être super agaçant quand j'étais petite, vu le doublage atroce qu'avait Grand Galop
).
Et sinon, je parle très vite, j'articule pas beaucoup, et je bafouille facilement, ce qui entrave clairement la compréhension des autres. Et vu que je bugge régulièrement dans le vide dans ma tête, ça entrave ma compréhension. Et souvent, je trouve que les choses ne sont pas dites assez clairement, et je ne comprend pas, je pose plein de questions, et ça devient encore plus embrouillé.
- Es-tu à l'aise avec les implicites et les sous-entendus ? Est-ce que tu sais mentir ? Est-ce que tu as souvent besoin de poser des questions pour comprendre le propos de quelqu'un qui n'était pas, pour toi, suffisamment explicite ?
A l'écrit, aucun problème avec les implicites et les sous-entendus, et je sais en faire, mais très peu subtilement, à l'oral. J'ai plus de mal à comprendre ceux des autres à l'oral.
Je sais inventer des choses qui n'existent pas, et jouer la comédie. Mais je suis incapable de nier quelque chose, ou de cacher quelque chose de vrai, d'existant. J'essaye, mais ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Ah, pour la dernière question, j'ai déjà répondu au dessus, en fait.
- Enfant, est-ce que tu étais quelqu'un de solitaire, qui apprécie grandement de jouer seule, voire plus que de jouer avec les autres ? Lorsque que tu jouais avec les autres, les rôles étaient-ils équilibrés ou avais-tu tendance à chercher à contrôler le jeu et les joueurs et/ou à privilégier les rôles où tu n'avais à te soucier que de toi-même ?
J'étais quelqu'un de très solitaire, j'adorais jouer toute seule, et je préférais très souvent ça plutôt que de jouer avec les autres. J'avais un monde imaginaire très précis (mais pas très large), du coup, quand je jouais avec les autres, c'était effectivement soit moi qui décidais (mais j'osais rarement m'imposer), soit j'étais dans mon coin à faire mes trucs. Pareil quand il s'agit de travailler en groupe. Soit on a une répartition des tâches très précises, faite par bibi, et je fais mon truc dans mon coin, soit je fais le travail pour tout le groupe, sinon je panique, ou je ne fais rien si la répartition des rôles n'était pas assez claire.
- Tous les comportements sus-cités existent-ils depuis le début de ta vie ? Ils peuvent avoir changé d'intensité ou être devenu plus sujets aux reproches avec le temps, mais ces observations doivent être présentes à tout moment de la vie pour incliner vers l'autisme.
Oui, c'était présent aussi loin que je me souvienne, et dans la plupart des cas, c'est encore présent aujourd'hui.
J'ajouterai aussi que je ne visualise pas les choses comme tout le monde, je crois.
Hier, par exemple, on parlait de nord/sud/est/ouest avec ma chérie, et c'est super compliqué pour moi comme notion, ça m'apparait complètement variable. On parlait de comment on se représentait le monde dans notre tête, et je m'aperçois qu'elle visualise les pays comme sur un planisphère eurocentré. Ce qui n'est pas du tout mon cas, et sa logique me parait absurde. Pour moi, puisque le monde est rond, je visualise un globe terrestre, que je tourne pour avoir le pays que je visualise/dont je parle en face de moi, donc au centre. Et vu que mes repères pour l'est et l'ouest sont l'Alsace et la Bretagne, c'est compliqué pour moi de dire où est l'est des Etats-Unis sans réfléchir, parce qu'il faut que j'aille regarder la France pour ensuite revenir aux Etats-Unis. Et quand elle me dit de me repérer par rapport à la Russie, ça me perturbe énormément, parce que pour un Russe, Moscou, c'est à l'Ouest. Et au final, avec une carte centrée sur l'Amérique, la Russie est des deux côtés. A l'est ET à l'ouest. Donc ça ne m'aide en rien, et ma chérie trouvait ça complètement absurde, et je ne comprend pas pourquoi. Elle dit que c'est pas logique, mais c'EST logique.
Et j'ai ce genre de problème de compréhension tout le temps.
C'est très compliqué de savoir combien d'heures il me reste avec de faire tel truc, par exemple. Il faut que je visualise une horloge, je colorie en bleu l'intervalle entre l'heure qu'il est et l'heure à laquelle le truc est, puis que je fasse pareil pour me rendre compte des minutes et...oui, je ne sais toujours pas lire l'heure, en fait. Ca demande encore une réflexion intense.
De même, je visualise le temps comme un ruban bleu-violet, avec des cases comme des touches de piano pour les jours, disposé en colonnes pour les mois, et en lignes pour les jours avec des "collines" par endroit quand c'est trop loin ou qu'il y a un événement. Les jours de la semaine ont une couleur et une forme, ils se représentent comme un long rectangle coloré dans ma tête (le jeudi, c'est rouge brique un peu délavé). Les chiffres sont en nuances de bleu. C'est de la synesthésie, c'est ça ? ca me semble tellement normal, en fait que je n'ai jamais réfléchi au fait que ça pourrait ne pas l'être et avoir un nom.
Et je vous ai lue parler de regarder dans les yeux ou pas....et je m'aperçois qu'il n'y a que ma chérie que je regarde dans les yeux. Et encore, dans ces moments-là, je ne LA regarde pas dans les yeux, je regarde SES YEUX. Et généralement, je finis par lui dire qu'elle a de jolis yeux ou je le pense fort. C'est pas genre "on se regarde dans les yeux en parlant". C'est presque impossible, pour moi. Si j'essaye, je bugge. Et je ne regarde les yeux de personne d'autre, enfin, pas en face. ca me met vraiment mal à l'aise. Je fixe un point dans le vide ou mes pieds ou mes mains. Et je ne m'en était jamais rendu compte.
Donc bon, du coup, je voudrais aller voir un psychiatre ou un CRA. Problème : je suis pauvre. Je ne peux pas me permettre une séance chez un psy. Est-ce que c'est rembrousé/gratuit ?
Vous m'avez déjà apporté une grande aide en tout cas.