Le coin des Madz Autistes, Aspergers, aspies...

13 Mai 2014
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Montréal/Grenoble
@Alicia89 En effet la douance ce n'est pas clairement une question d'intelligence comme on l'entend quotidiennement. C'est plus une "intelligence", une façon de réfléchir différente de la "norme" (Différente par rapport à la majorité des gens en fait).
Je ne suis pas diagnostiquée (même si je me penche personnellement vers cette piste) donc je ne suis certainement pas la mieux placée pour te donner les infos, mais il y a beaucoup de blogs et de forum qui te donneront des infos plus concrètes et une idée des "symptômes" :
- Le blog d'une maman surdouée (et aspie qui plus est, elle a un deuxième blog centré sur le syndrome d'Asperger)
- Un site (belge il me semble), je ne crois pas qu'il soit encore très actuel, mais je l'ai trouvé complet et il met bien "en garde" contre les psys et les tests de Q.I. qui servent souvent, à tord, d'unique diagnostique.
- Un témoignage qui compare les "symptômes" des doués avec ceux des autistes. (Je l'ai trouvé intéressant car, me reconnaissant dans les deux profils, il permet de se faire une idée du profil auquel on se rapproche le plus)

J'espère que ça te filera un petit coup de pouce. ;)

Voilà, si les principales intéressées voient une source totalement absurde n'hésitez pas à me le signaler.
J'espère ne pas paraître présomptueuse. :)
 
26 Janvier 2014
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Hello
Je viens poster ici après vous avoir lues depuis le début en sous-marin et essayé les tests que vous avez mis en lien. "Grand mal" m'en a pris, vous m'avez collé le doute (et d'autant plus depuis une heure que je sais qu'envisager le temps en barrettes de cubes, toboggans, montagnes et piste d'athlé ça s'appelle aussi de la synesthésie :stare:). Bref, ça colle. J'avais déjà un diagnostic d'HQI que je trouvais assez "rassurant" (en mode "c'est normal si j'ai du mal dans cette situation, ça va avec ton Pentium 12 cérébral"), mais qui laissait pas mal de "trous" dans mes comportements. Les relations sociales m'épuisent, je ne peux pas suivre une conversation dans le bruit alors que mon ouïe est parfaite, je reprends les gens qui disent une boulette ou sont imprécis et forcément, je les vexe (on m'a souvent demandé si je m'en rendais compte, et j'ai jamais répondu à la question parce qu'impression que si je répondais "non", la personne penserait que je la prends pour une conne et bref...) Bref, je vais pas faire de liste, mais je ne serais pas du tout surprise d'être Asperger.
J'ai envie de faire les démarches pour savoir si je le suis ou non, mais d'un autre côté, je ne me sens pas légitime à faire ces démarches, j'ai l'impression que je me ferais jeter au résultat, genre "mais tu t'es complètement fait des idées, t'es qu'une pauvre fille en manque d'attention". D'un autre côté, j'en ferais quoi, de ce diagnostic ? C'est pas ça qui va faire que je pourrais supporter les mains froides, les grincements et les goûts amers, que je vais arrêter de vexer les gens parce qu'ils ne sont pas/ne parlent pas/ne font pas exactement comme j'envisage qu'ils soient/parlent/fassent, que je ne vais plus avoir besoin de me cacher pour qu'on me foute la paix après une soirée à sociabiliser...
Merci de m'avoir lue, c'était pas forcément très intéressant, mais ça fait du bien de l'avoir écrit. Dès que j'en aurai le temps (d'ici six mois :stare:), je vais entamer les démarches. Banzaï.
 
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Réactions : Aoki
20 Avril 2015
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Angers
A mon tour de me lancer sur ce sujet, que je suis ravie de trouver, et qui me soulage énormément.
Je me suis toujours sentie en décalage avec les autres. J'ai un an d'avance (je suis passée directement de la moyenne section (dans une classe MS/GS) au CP), et tout le monde a toujours considéré cela comme responsable de mon décalage : je passais mes journées avec des enfants plus âgés que moi d'un ou deux ans, normal que je ne sois pas exactement en "harmonie" avec eux, je suis plus jeune, etc. Mais à côté de ça, petite (en maternelle/CP/CE1, disons), je n'avais aucune mal à discuter avec des adultes et il n'y avait pas ce malaise. Et quand j'ai eu l'occasion de me trouver avec d'autres enfants nés la même années que moi, le décalage était là aussi : en plus d'être mal à l'aise et de "ne pas savoir quoi faire de ces personnes" comme avec les autres, je les trouvais terriblement "bébés" et ne m'intéressait à rien de ce qui les intéressait. Et au final, en grandissant, l'écart s'est creusé. Que ce soit avec des gens de mon âge, des gens plus jeunes, plus âgés, beaucoup plus âgés...le malaise est là. Je ne sais pas faire la conversation, je ne sais pas du tout ce que je dois dire, ni quand, ni même si je dois dire quelque chose, et ça me fait paniquer. Je sais discuter d'un sujet précis. Mais l'art de "faire la conversation", ça me laisse perplexe. Au delà du "euh, salut, comment ça va ?" prononcé d'un ton incertain, je ne sais pas ce qui est censé se passer ensuite. Autant dire que ce n'est pas facile pour se faire des amis. Enfant, j'étais cataloguée "petite fille timide", les autres venaient un peu vers moi (très trèèèès rarement l'inverse), et ça allait. Plus tard et encore maintenant, je suis cataloguée "la meuf qui pourrait faire un effort pour être sociable, quand même". Ce qui fait que je suis extrêmement seule. (Enfin, je vis avec ma chérie, avec qui tout se passe bien, mais c'est la seule personne avec qui je sais être sociable.)
Je suis également en rupture avec ma famille toxique, donc en dehors de ma chérie, et ses amis que j'aime bien, qui m'aiment bien, mais sans que j'arrive à dépasser la barrière qui me permettrait de les considérer comme mes amis (pourtant, j'aimerais bien, hein, mais non, impossible).
Je vis très très mal cette inaptitude à être sociable. C'est vraiment handicapant. Et depuis toujours, je culpabilise de ça, parce que j'ai besoin des autres, mais je suis incapable d'avoir des amis, du coup je déprime, je viens pleurer sur les rares épaules disponibles, et je culpabilise de ça, parce que je ne devrai pas monopoliser le temps et l'attention de ma chérie pour quelque chose qui est uniquement de mon fait. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais comme ça, et pourquoi c'était insurmontable et impossible de remédier à quoique ce soit.
Jusqu'à ce que, il y a quelques années, ma mère me dise que plusieurs fois dans ma scolarité, des instits lui ont demandé de me faire tester pour savoir si je n'étais pas HPI, ce qu'ils soupçonnaient. Ma mère a toujours refusé. A ce moment-là, je me suis dit qu'il y avait peut-être une raison à mon malaise et mon décalage avec le reste du monde. Puis, mon prof de maths particulier m'a dit qu'il pensait que j'avais, comme lui, un très haut QI (mais vu que c'était le mec le plus effrayant de la Terre, ça ne m'a pas vraiment rassurée, cette fois) (puis je n'y ai pas cru, parce que je suis nulle en sciences et en maths et que je déteste ça). Et dernièrement, il y a quelques semaines, ma chérie a fini par lancer, plus ou moins sur le ton de la rigolade/curiosité, qu'elle se demandait si je ne suis pas autiste. Sa meilleure amie vient de découvrir qu'elle est Asperger, aussi j'imagine qu'elle a dû faire des rapprochements avec moi.
Et en me penchant sur la question, je trouve que ça me correspond étrangement bien, en fait.

- est-ce que tu as des sensibilités sensorielles particulières, notamment auditives et tactiles ? Est-ce que tu fuis le contact, ressens un inconfort marqué la plupart du temps (par exemple pour faire la bise), voire de la douleur dans certains cas (chatouilles par exemple) ? Est-ce que tu te plains souvent du bruit, des sons aigus, est-ce que tu as l'habitude de souffrir au niveau auditif sans que ça semble compris par les autres ?
Auditives, non, je n'ai pas l'ouïe très fine, mais je sursaute tout le temps, dès qu'il y a un bruit inattendu (et c'est souvent). Tactiles, oui. Je ne supporte pas la plupart des tissus. Surtout s'ils sont considérés comme "doux", c'est extrêmement inconfortable pour moi, c'est une sensation horrible qui envahi tout le corps (j'ai une sainte horreur du satin, par exemple ou de la texture des draps et de certaines robes ou pyjamas qui sont faits dans la même matière, je choisis mes couettes rêches :cretin:). C'est particulièrement accentué quand je sors de la douche ou de la piscine. En sortant de la douche, je ne pouvais pas m'asseoir sur le dessus de lit de mes parents, c'était insupportable, j'étalai un peignoir dessus avant. Ca s'estompait au bout de quelques heures, mais ce n'était jamais agréable. De même, j'ai toujours détesté faire la cuisine, parce qu'il fallait faire des trucs avec ses mains, et les deux ou trois rares fois où j'ai fait un gâteau avec ma mère, j'allais me laver les mains toutes les trente secondes. Genre beurrer un plat, c'est inhumain de me le faire faire, je trouve ! :rire: La sensation est horrible. D'ailleurs, cela fait à peine deux ans que je me lave vraiment. Jusque très récemment, je ne supportais pas de frotter mes mains l'une contre l'autre (maintenant, je ne le supporte que lorsqu'elles sont sèches et froides, si j'ai chaud ou que je sors de l'eau, c'est pas la peine), je ne supporte d'ailleurs pas non plus que l'on touche mes mains ou mes pieds mouillés, c'est pas de la douleur, mais c'est inconfortable au point de me donner envie de pleurer. Je ne supportais pas d'avoir du savon dans les mains, non plus. C'est ma mère qui m'a lavé les cheveux pendant 16ans. Impossible pour moi, ou alors avec le dos de la main. Pareil, quand j'ai commencé à tolérer un tout petit peu le savon, c'était uniquement sur le dos de la mains, surtout pas les paumes, mon dieu. Maintenant, j'ai découvert la joie des fleurs de douche, et ça, c'est cool, y'a pas le son en contact direct avec les mains, et c'est bien rêche ! :cretin:
Je me plains souvent des sons aigus, et des sons continus mais rarement des autres sons.

- Est-ce que tu arrives à écouter une source plus qu'une autre ? Par exemple, si quelqu'un te parle à côté d'une télé allumée, ça te dérange, tu as l'impression de suivre deux conservations en même temps ? Te sens-tu instinctivement attirée par n'importe quel son autour de toi, même si tu es en train de parler à quelqu'un ? As-tu des sensations de surcharge sensorielle dans les endroits très bruyants ?
Impossible d'écouter une source plus qu'une autre quand ce sont des voix. La musique me gêne bien moins, je peux en faire abstraction. Mais quand je vais au restaurant, j'écoute sans forcément le vouloir, les conversations de toutes les autres tables en même temps, et ça n'a aucune cohérence ni sens, du coup. Si je me concentre sur que me dis ma chérie, le bruit de fond des conversations me gêne, et si je me concentre sur le bruit de fond, je distingue toutes les conversations, et ça me fait bugger pendant de longues minutes.
La dernière fois que j'étais bourrée, j'avais l'impression que tout le monde hurlait, alors que ça n'était pas du tout le cas, ça m'a fait pleurer. Je deviens extrêmement sensible au toucher et à l'ouïe dès que j'ai un tout ptit coup dans le nez. C'est plus ou moins le seul truc que ça change, d'ailleurs, ça et le fait que je finis par me mettre à pleurer pour un rien parce que j'ai trop bu, mais bon, c'est plutôt ordinaire, ça. :cretin:
Et oui, je suis facilement attirée par un son qui n'a rien à voir quand on me parle, mais je suis très facilement distraite, donc ça pourrait tout autant être un son qu'un pigeon qui fait coucou à la fenêtre ou que "oh, tiens, t'as un bouton mal mis, sur ton gilet, là" (dans ce dernier cas, généralement, je bugge dessus tout de suite, et il faut absolument que j'en fasse part à la personne. Comme à celles qui ont une étiquette qui dépasse ou quelque chose).

- As-tu un rapport au temps, à l'organisation, à la prévision, singulièrement stricte ? Ressens-tu le besoin de planifier le plus possible ? Fais-tu des listes ? Es-tu à l'aise avec les surprises ?

Je planifie énormément. L'an passé, je m'étais fait un emploi du temps de dingue, super dense, avec écrit à quel heure de regardais un film, à quelle heure une série, dans quelle ordre je faisais mes devoirs, quand est-ce que je ne faisais rien, etc.Je calcule le budget que j'aurais dans cinq ans, dans dix ans, dans dix ans, dans vingt ans, en estimant le coût du loyer que j'aurais, ou de l'emprunt que j'aurais à rembourser, et combien il me resterait d'argent si mes 5 enfants vont à la gym et à l'école Montessori, et combien si j'en ai trois, et combien si j'ai qu'un seul enfant, et s'il fait plutôt que ça... Je peux y passer des heures. Sachant que j'ai pas d'enfants, et que je suis en L1.:cretin:
Si je ne planifie pas et que je n'ai pas une heure précise pour chaque truc, je ne fais rien ou presque. Parce que trop de possibilités et ça me fige, ou parce que j'y pense pas et j'oublie. Si ma chérie me demande un truc, si je ne le fait pas immédiatement, dix minutes après, je suis passée à autre chose et c'est sorti de mon esprit. Je fais des listes de tout. De prénoms, de livres qu'il faudrait dans une bibliothèque idéale, de ce qu'il faudrait pour ouvrir une ferme pédagogique, une école, une maison d'hôtes (là aussi, j'en ai fait le cahier des charges et le budget pendant des heures et des dizaines de fois).
J'aime qu'on me fasse des surprises (enfin, juste les proches, et des pas trop grosses) (mon grand-père voulait m'inviter dans un endroit que je ne découvrirai qu'à l'arrivée, ça m'a paniquée, j'ai refusé catégoriquement), mais je suis incapable d'en faire, ça m'angoisse, je sais pas ce que je dois faire ou si c'est bien ce que je fais, alors que le but c'est que ça plaise, alors ça me stresse. (Genre l'anniv surprise de ma chérie n'est resté surprise qu'une demi-heure (bon, après, elle triche et demande des indices et je sais pas mentir), et on s'est offert nos cadeaux de Noël le jour où on les a achetés...le 6 décembre, donc. Et j'ai acheté ses cadeaux d'anniv le jour même uniquement, pour pouvoir lui donner tout de suite).

- As-tu ou as-tu eu une passion si grande qu'elle occupe/occupait sans cesse ton esprit, jusqu'à devenir le centre absolu de ton intérêt ? Y a-t-il des sujets précis que tu maîtrises particulièrement bien en ayant appris par toi-même ? As-tu tendance à peu parler mais à envahir les conversations quand elles touchent un de tes sujets favoris ?
Oui, oui, oui, mille fois oui. Je ne fonctionne que comme ça, en fait. Je suis passionnée d'éducation et les enfants depuis des années (donc je passe mes journées à lire à ce sujet), avec de temps en temps un intérêt particulier pour un sujet précis (en ce moment, c'est l'adoption en Lettonie), et en plus de ça, j'ai des petites passions plus courtes ou récurrentes. Genre j'étais fascinée par l'occupation, la milice et la déportation de mes 9ans à mes 13ans. Passionnée de dinosaures en maternelle, et je passais mon temps à expliquer la différence entre ce dinosaure-là et cet autre-là à tout le monde. De même, passionnée de mythologie grecque toute l'école primaire, avec un immense intérêt pour la vie à Rome mon année de CM1 (et j'ai fait un exposé qui a duré tout l'après-midi là-dessus, le prof trouvait ça intéressant, donc j'ai continué. Pendant environ trois heures, donc.). J'ai eu un truc pour les chevaux, je connaissais le noms de toutes les robes, de toutes les parties du corps, et j'avais tout un haras imaginaire, et j'essayais de faire croire aux autres que mes chevaux invisibles existaient. Ces dernières années, je bugge sur les poules et les chèvres naines.

- Ressens-tu un décalage entre tes émotions et celles des autres ? Est-ce qu'on te reproche souvent d'être froide, inexpressive voire insensible ? As-tu parfois l'impression qu'il te manque des émotions ou des réactions ? Est-ce que tu lis bien les émotions des autres, notamment celles qui sont subtiles comme la jalousie ou le remord ?

La dernière question me parle particulièrement, parce que je ne comprend pas du tout le concept même de jalousie. cela me parait complètement absurde. Donc je suis incapable de savoir quand quelqu'un est jaloux. Et le remord, ça fait très peut de temps que je suis capable de l'éprouver, et j'ai généralement peu de remords sur quoique ce soit. Mais j'ai déjà fait semblant, parce que ça moyen en société, de pas avoir de remords pour rien. Du coup, j'ai du mal à savoir si les gens qui ont du remord sont sincères ou pas, enfin, je pars du principe que ce sont des paroles en l'air, quoi, en fait. Puis je vois pas à quoi ça sert de se sentir super mal pour un truc déjà fait et irrémédiable, en fait. On m'a souvent reproché d'être froide, c'est moins le cas maintenant. C'était surtout au collège/lycée, qu'on me le reprochait.
Et c'est clair que je ressens souvent un décalage, que ce soit une émotion forte positive ou négative chez les autres, souvent, ça me fait juste "Euuuh, oui...et alors ?". En revanche je suis TRES enthousiaste pour pas grand-chose (je suis ravie de mettre des chaussettes le matin, c'est suuuuper satisfaisant).

- Ressens-tu un problème de communication de façon intense, comme si ta langue maternelle n'était pas la même que celle des autres ? Est-ce que tu fabriques volontairement et très fréquemment des signaux de communication, comme des intonations de voix, des gestes des bras ou des sourires (qui te semblent très artificiels) ? Est-ce qu'il t'arrive vraiment souvent d'être mal comprise ou de mal comprendre quelqu'un ?
Ca aussi, ça me parle beaucoup. Je suis une éponge à tics de langage et intonations. J'ai repris la totalité des expressions de ma chérie, qui jurent pas mal avec mon langage plutôt soutenu à la base, du coup ça ressemble à rien quand je parle, c'est rigolo. J'imite énormément, en fait. Jusqu'au CM1, je n'avais pas d'expression faciale pour l'étonnement, je disais juste "Ah bon ?" (voire "Ah bon."). Et puis une de mes amies du moment, avec qui je jouais à voyager dans le temps, avait une mimique d'étonnement qui m'a fait dire "ah, ça, ça représente bien l'étonnement". Et aujourd'hui, à dix-huit ans, c'est toujours comme ça que j'exprime mon étonnement. Mais ça vient pas du tout de moi, c'est pas spontané du tout. Je trouvais juste que ça collait avec l'étonnement, alors j'ai fait comme ça. Et puis je fais la même quand je doute de quelque chose. Parce que j'ai pas d'expression faciale pour ça.
De même, quand je regarde un film ou une conférence, je vais parler à la manière de celui qui parlait le plus pendant quelques heures, sans forcément le vouloir. Mais ça me parait tout aussi, voire plus, vrai que des intonations normales (et ça devait être super agaçant quand j'étais petite, vu le doublage atroce qu'avait Grand Galop :rire:).
Et sinon, je parle très vite, j'articule pas beaucoup, et je bafouille facilement, ce qui entrave clairement la compréhension des autres. Et vu que je bugge régulièrement dans le vide dans ma tête, ça entrave ma compréhension. Et souvent, je trouve que les choses ne sont pas dites assez clairement, et je ne comprend pas, je pose plein de questions, et ça devient encore plus embrouillé.

- Es-tu à l'aise avec les implicites et les sous-entendus ? Est-ce que tu sais mentir ? Est-ce que tu as souvent besoin de poser des questions pour comprendre le propos de quelqu'un qui n'était pas, pour toi, suffisamment explicite ?
A l'écrit, aucun problème avec les implicites et les sous-entendus, et je sais en faire, mais très peu subtilement, à l'oral. J'ai plus de mal à comprendre ceux des autres à l'oral.
Je sais inventer des choses qui n'existent pas, et jouer la comédie. Mais je suis incapable de nier quelque chose, ou de cacher quelque chose de vrai, d'existant. J'essaye, mais ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
Ah, pour la dernière question, j'ai déjà répondu au dessus, en fait.

- Enfant, est-ce que tu étais quelqu'un de solitaire, qui apprécie grandement de jouer seule, voire plus que de jouer avec les autres ? Lorsque que tu jouais avec les autres, les rôles étaient-ils équilibrés ou avais-tu tendance à chercher à contrôler le jeu et les joueurs et/ou à privilégier les rôles où tu n'avais à te soucier que de toi-même ?
J'étais quelqu'un de très solitaire, j'adorais jouer toute seule, et je préférais très souvent ça plutôt que de jouer avec les autres. J'avais un monde imaginaire très précis (mais pas très large), du coup, quand je jouais avec les autres, c'était effectivement soit moi qui décidais (mais j'osais rarement m'imposer), soit j'étais dans mon coin à faire mes trucs. Pareil quand il s'agit de travailler en groupe. Soit on a une répartition des tâches très précises, faite par bibi, et je fais mon truc dans mon coin, soit je fais le travail pour tout le groupe, sinon je panique, ou je ne fais rien si la répartition des rôles n'était pas assez claire.

- Tous les comportements sus-cités existent-ils depuis le début de ta vie ? Ils peuvent avoir changé d'intensité ou être devenu plus sujets aux reproches avec le temps, mais ces observations doivent être présentes à tout moment de la vie pour incliner vers l'autisme.
Oui, c'était présent aussi loin que je me souvienne, et dans la plupart des cas, c'est encore présent aujourd'hui.

J'ajouterai aussi que je ne visualise pas les choses comme tout le monde, je crois.
Hier, par exemple, on parlait de nord/sud/est/ouest avec ma chérie, et c'est super compliqué pour moi comme notion, ça m'apparait complètement variable. On parlait de comment on se représentait le monde dans notre tête, et je m'aperçois qu'elle visualise les pays comme sur un planisphère eurocentré. Ce qui n'est pas du tout mon cas, et sa logique me parait absurde. Pour moi, puisque le monde est rond, je visualise un globe terrestre, que je tourne pour avoir le pays que je visualise/dont je parle en face de moi, donc au centre. Et vu que mes repères pour l'est et l'ouest sont l'Alsace et la Bretagne, c'est compliqué pour moi de dire où est l'est des Etats-Unis sans réfléchir, parce qu'il faut que j'aille regarder la France pour ensuite revenir aux Etats-Unis. Et quand elle me dit de me repérer par rapport à la Russie, ça me perturbe énormément, parce que pour un Russe, Moscou, c'est à l'Ouest. Et au final, avec une carte centrée sur l'Amérique, la Russie est des deux côtés. A l'est ET à l'ouest. Donc ça ne m'aide en rien, et ma chérie trouvait ça complètement absurde, et je ne comprend pas pourquoi. Elle dit que c'est pas logique, mais c'EST logique.
Et j'ai ce genre de problème de compréhension tout le temps.
C'est très compliqué de savoir combien d'heures il me reste avec de faire tel truc, par exemple. Il faut que je visualise une horloge, je colorie en bleu l'intervalle entre l'heure qu'il est et l'heure à laquelle le truc est, puis que je fasse pareil pour me rendre compte des minutes et...oui, je ne sais toujours pas lire l'heure, en fait. Ca demande encore une réflexion intense.
De même, je visualise le temps comme un ruban bleu-violet, avec des cases comme des touches de piano pour les jours, disposé en colonnes pour les mois, et en lignes pour les jours avec des "collines" par endroit quand c'est trop loin ou qu'il y a un événement. Les jours de la semaine ont une couleur et une forme, ils se représentent comme un long rectangle coloré dans ma tête (le jeudi, c'est rouge brique un peu délavé). Les chiffres sont en nuances de bleu. C'est de la synesthésie, c'est ça ? ca me semble tellement normal, en fait que je n'ai jamais réfléchi au fait que ça pourrait ne pas l'être et avoir un nom.

Et je vous ai lue parler de regarder dans les yeux ou pas....et je m'aperçois qu'il n'y a que ma chérie que je regarde dans les yeux. Et encore, dans ces moments-là, je ne LA regarde pas dans les yeux, je regarde SES YEUX. Et généralement, je finis par lui dire qu'elle a de jolis yeux ou je le pense fort. C'est pas genre "on se regarde dans les yeux en parlant". C'est presque impossible, pour moi. Si j'essaye, je bugge. Et je ne regarde les yeux de personne d'autre, enfin, pas en face. ca me met vraiment mal à l'aise. Je fixe un point dans le vide ou mes pieds ou mes mains. Et je ne m'en était jamais rendu compte. :oo:

Donc bon, du coup, je voudrais aller voir un psychiatre ou un CRA. Problème : je suis pauvre. Je ne peux pas me permettre une séance chez un psy. Est-ce que c'est rembrousé/gratuit ?
Vous m'avez déjà apporté une grande aide en tout cas.
 
4 Mai 2015
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Binche
zer-a-chan.tumblr.com
En Belgique, l'autisme est traité différemment qu'en France, dans le Plat-pays il existe une association qui se nomme la Fondation Susa ( voici le site http://www.susa.be/component/option,com_frontpage/Itemid,98/)

Mais je vais parler de mon cas, je suis atteinte du syndrome d'Asperger mais celui-ci s'est atténué maintenant. Étant donné que je suis née en Turquie et vécu là bas quand j'étais petite le diagnostic n'est pas le même qu'en Belgique, les "médecins" (Car ce ne sont pas des médecins qui font le diagnostic) n'ont pas vu le syndrome d'Asperger et ont dit que si je parlais pas c'était Normal. Mais bon ma tante qui est venu nous voir à vu en moi son neuveu autiste mais un autiste comme on a le cliché. Donc elle a dit à ma mère que je suis autiste. Quand on est arrivée en Belgique j'ai été dans une école spécialisée et en même temps suivie par la SUSA avec des exercices pour bien me sociabilise et m'adapter dans la société et cela avait un franc succès, mais j'avais encore du mal à me sociabilisé. Ma mère à insister à l'école ou j'étais de faire une scolarité double École spécialisée/normale et la direction a accepter, pendant 4 années primaire j'ai suivi un enseignement double j'étais plus souvent à l'école normale mais suivie par les instituteur de l'enseignement normal et la susa me suivait et venait chez moi pour m'aider à m'adapter à la société. Puis on m'a dit que je me suis bien adaptée et que je pouvais suivre un enseignement normal. J'ai fait mes deux dernières primaires en enseignement simple et je m'intègre bien dans mon lycée et personne ne sait que je suis Aspie je l'ai dit qu'a trois amis de confiance qui ne se moquerons pas de moi et ne le dirons à personne . Je prends tout au quart de tour, quand quelque chose me passionne c'est a fond, et tout est noir ou blanc avec moi. Récemment j'ai eu une série de crise d'énervement et cela à fait du mal à mon entourage, j'ai du revoir la SUSA qui était étonnée de ce que je suis devenue.

J'ai eu peur quand je l'ai dit à mon copain , qu'il allait me rejeter et me larguer car "je suis une handicapée" mais il m'accepte avec mon autisme et il dit que cela me rend unique.

Mais je ne supporterais jamais les personne qui vont se déclarer Asperger car "Ils ont aucun second dégré", Ils sont pas Asperger mais juste cons !
 
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Réactions : Lumioptéryx
22 Mars 2015
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Bonjour à tous,
Je viens d'obtenir un rendez-vous au CRA pour un diagnostique "asperger" et j'ai vraiment la trouille qu'on me dise "non y a rien de spécial, vous êtes juste un peu débile, vous nous faites perdre notre temps" et tout ça. Pour les madz qui ont obtenu un diagnostique, est-ce que ça a changé quelque chose dans votre vie ? Par exemple au travail, j'ai vraiment du mal à comprendre ce qu'on attend de moi si ce n'est pas très clairement expliqué et par écrit, j'ai besoin d'avoir toutes les informations précises et je demande souvent des explications. Maintenant je n'ose plus trop demander car je crains qu'on me prenne pour une fille un peu débile. On m'a déjà catégorisée comme la fille qui a un "relationnel particulier", bref, un peu bizarre. Et quand on utilise le second degré alors là j'ai l'impression de perdre 99% de mes neurones. Par ailleurs, il y a souvent des changements de dernière minute (dans ces cas-là, ce sont les derniers arrivés - donc moi - qui subissent les modifications ne priorité), et ça m'angoisse à chaque fois énormément. Je me dis qu'avec un diagnostique officiel, les collègues et surtout la direction seraient plus compréhensifs, en tout cas je l'espère, mais en même temps je n'ai pas envie d'imposer quoi que ce soit aux autres.

Donc :
- est-ce que le diagnostique a changé quelque chose dans votre vie ?
- est-ce que vous avez choisi de partager ce diagnostique dans votre milieu professionnel ?
- est-ce que le fait de partager cette particularité vous a aidées ou stigmatisées ou autre ?
 
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Réactions : Cornélie
22 Mars 2015
31
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Merci de m'éclairer @Lumiciole !
Pour le moment j'ai l'impression d'être une espèce d'imposteur avec moi-même, alors j'ai hâte d'avoir un vrai diagnostique pour être enfin sûre à 100%. D'après ce que j'ai compris, il y aurait d'abord un pré-diagnostique, comme une rencontre avec des gens qui nous posent plein de questions. Et puis ensuite, ce serait des tests (psychomoteurs, etc.). Ce qui m'inquiète, c'est que j'ai souvent entendu parler du fait que les parents étaient souvent sollicités et c'est impossible me concernant.
 
22 Mars 2015
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@Lumiciole Non je n'ai pas eu de pré-diagnostique, ce sera justement ça le premier rendez-vous au CRA. Ensuite ils vont m'orienter (ou non) vers d'autres examens complémentaires (psychomoteur : faire des lacets ? mettre une clef dans une porte ? je sens que ça va être drôle étant donné ma maladresse chronique). Tu as sans doute raison, il vaut mieux ne pas être trop préparé afin d'être le plus naturel. C'est la partie "témoignage" qui m'inquiète un peu car il n'y a personne pour raconter mon comportement durant l'enfance. Enfin bon, je verrai bien comment ça va se passer.
Merci beaucoup de tes réponses !

Est-ce qu'une fois le diagnostique posé, on peut avoir accès à des ateliers du type "apprendre à faire la conversation" ou ce genre de chose ?

D'ailleurs, est-ce que quelqu'un connaîtrait un manuel genre guide de survie de la communication qui expliquerait comment se repérer à travers tous les petits méandres de la communication , comme "repérer le sarcasme" ou "survivre dans une soirée bondée avec plein de bruit avec possibilité de s'enfuir sans passer pour un goujat" par exemple ? Ce serait bien pratique !
 
22 Mars 2015
31
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Et bien par exemple, une amie va fêter son PACS avec sa copine. Elle a prévu une énorme soirée en louant une péniche toute la nuit. Il y aura plein de gens, beaucoup que je ne connais pas, beaucoup de bruit et conversations dans tous les sens, sans possibilité de partir une fois que je serai sur place. Elle m'a dit qu'elle tenait vraiment à ce que je sois présente, et je sais que ça lui ferait beaucoup de peine si je lui faussais compagnie. En même temps, cette soirée va vraiment être horrible : plein de gens, des gens inconnus, du bruit, de la musique, de la danse, un bateau, la nuit entière sans aucune possibilité de fuite. Je ne sais vraiment pas comment je vais faire... Ce sera tellement pénible : suivre les conversations, avoir l'air d'être contente d'être présente tout en comptant le nombre de minutes qui me séparent du premier train, me demander si mon petit chat n'est pas en train de hurler de désespoir car je ne le laisse jamais toute une nuit, me sentir coupable car je l'aurai laissé tout seul, supporter le vacarme ambiant, esquiver les multiples sollicitations du type "ben pourquoi tu danses pas ?", m'efforcer d'être polie tout en me demandant quelles sont les règles dans ce genre d'événement. Olala rien que d'y penser ça me met déjà dans tous mes états. :sweatdrop:
Aurais-tu une idée @Lumiciole ?
 
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Réactions : Mooogoooo
20 Avril 2015
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Angers
Coucou !
Je passe un coup par ici pour vous remercier de votre attention et de votre d'il y a quelques pages/mois, j'ai beaucoup réfléchi, discuté avec ma compagne, et j'ai décidé d'entamer des démarches pour obtenir un diagnostic (ou un non-diagnostic, seul l'avenir nous le dira) ! :) Mon adorable chérie a appelé le CRA pour moi aujourd'hui, ils m'ont conseillé de me rendre au CMP le plus proche pour consulter un psychiatre et qu'il puisse me rédiger un courrier d'accompagnement (je crois que c'est cela dont elle a parlé, je n'arrive plus à me souvenir ?), et le CRA va m'envoyer un dossier à compléter pour entamer les démarches !
Bon, maintenant, j'angoisse de comment ça va se passer avec le psychiatre du CMP, ça me terrorise un peu, ces bestioles-là ! :cretin: Ca s'était passé comment, pour vous, ce premier rendez-vous ?
 
22 Mars 2015
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@Cornélie Je vais moi-même passer un premier rendez-vous au CRA la semaine prochaine, je pourrai t'expliquer plus en détail comment ça se sera passé si tu le souhaites. Ca te donnera un petit aperçu qui peut-être te rassurera. ;)

Pour les autres Madz, j'ai un conseil à vous demander. Je devais aller passer une journée à Disneyland avec une amie (sortie prévue depuis plusieurs mois) et elle vient de m'annoncer qu'elle avait proposé à une 3e personne de nous accompagner. Et là, booooooom panique :gonk: : une personne inconnue, on sera 3 ce qui n'est pas pratique, lui fausser compagnie n'est pas envisageable car je suis le taxi et si je n'y vais pas, personne ne pourra y aller. Déjà que ce sera une journée fatigante, alors si en plus je dois me coltiner l'angoisse de faire la conversation (de quoi parler ? quoi répondre ? est-ce que je vais bégayer ? est-ce que je vais passer en mode écholalie toute pourrie ? est-ce qu'elles vont rester entre elles ? comment réagir ? et si je veux rentrer chez moi ?) avec quelqu'un que je ne connais pas, ça va être horrible. Pourquoi pourquoi POURQUOI les gens se sentent-ils obligés de tout changer au dernier moment ? Pfff - Grrrrr - et moult onomatopées - ça me donne envie d'hiberner sous ma couette pour les 20 prochaines années.
Bref, voilà mes questions :
- comment suis-je sensée réagir ?
ou
- comment puis-je faire comprendre que ça ne me plaît pas trop ?
ou
- comment faire pour ne pas y aller du tout ?
ou
- les trois à la fois.

Merci beaucoup de votre aide.
 
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Réactions : Lumioptéryx

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