Le pire c'est que, qu'on fasse du 38, du 42 ou du 54, tout le monde se sent en souffrance... même si l'une va se dire "ah non mais quand même je suis plus grosse/mince que toi..." , même si pendant 3secondes je me dis "je préférerais faire moi aussi du 38 ou du 40" : peu importe. Tout le monde se sent mal, de la même façon, dans son corps et justement, ça c'est pas normal. Normalement, que je me sois cognée le genoux contre mon bureau ou que j'aie une fracture du genoux, j'ai pas mal pareil, une douleur est plus forte que l'autre... mais avec le poids non, dès qu'on passe la barre (qui est placée super basse) du "trop gros" eh bien, on a mal, peu importe le poids affiché sur la balance.
Ou en tout cas c'est ce que je ressens.
Je suis actuellement en "surpoids", avec le plus gros poids que j'ai jamais fait (69kilos pour 1m53), pour les unes c'est pas tant que ça, pour les autres c'est beaucoup, et ça continue de monter, tranquillement mais sûrement, parce que ça ne va pas super, parce que je "mange trop" par rapport à mes dépenses, et que je n'ai plus envie de faire d'efforts, et qu'il suffit d'ailleurs que mon copain me dise "t'as vraiment besoin de manger ça maintenant ?!" ou "Ah bah bravo, les légumes t'en veux pas mais tu manges une glace, tu te fous de moi ?!" pour que j'ai envie de m'enfiler des pots de glaces dès qu'il n'est plus dans les parages. Youhou.
Mais ce que j'ai remarqué, et qui m'effare en fait, c'est que : que je fasse 69, 60 ou 53kg, que je fasse 20, 10 ou 3 kilos de trop, je me vois exactement de la même façon : ronde et donc certes "trop grosse". Que j'ai 1 ou 20 bourrelets, ça change rien, et c'est assez hallucinant... tellement c'est ancré en nous que si t'es pas mince et dans du 36 = t'es grosse, point. En fait, il n'existe pas d'entre-deux. Est-ce que je me sentais mieux quand je faisais 10 kilos de moi ? Non. Ouais, objectivement, c'était certainement mieux, mais en fait... je ne me sentais pas mieux que maintenant. Et quand je faisais du 36 ? Eh bien j'aurais bien voulu perdre à tel endroit, allez, encore deux-trois kilos en moins...
Chez les hommes, j'ai l'impression que c'est un peu différent dans le vocabulaire courant. Que la notion de "gros" arrive plus tardivement que pour nous. Y'a les mecs minces, les mecs "un peu fort", les "forts" ou "costauds", puis les "gros" , les "obèses" etc. Il y a beaucoup d'hommes "un peu fort" autour de moi, ils ne sont pas minces, ils ne sont pas non plus "gros", ils ont un peu du bide, de bonnes cuisses, bon... PERSONNE ne leur fait de réflexion sur leur poids. Comment ils sont considérés ? Comme "normaux", par les hommes comme les femmes.
Mais, que passe dans les parages une nana un peu petite et qui fait du 40 et : "elle est grosse" "elle est bien ronde" et blablabla. Point. Tu es au-dessus de la norme des medias = t'es grosse. Que tu aies 3 ou 20 kilos en trop. Bien sûr, à un moment dans le surpoids on est encore plus montré du doigt et humilié, mais j'ai le sentiment qu'entre le mince et le obèse il y a toute une échelle de nuances qui sont pourtant réunies dans une seule et même boîte : "trop grosse".
C'est à la fois ce qui me désole et ce qui paradoxalement m'empêche de finir en dépression à cause de mon poids : quoi que je fasse, ce ne sera jamais bien. Au mieux je ne pourrais qu'être "normale" (la norme attendue) et ça me demanderait tellement d'efforts que ça n'en vaut pas la peine (quand on est toute petite, adulte, j'ai l'impression que c'est chaud de mincir, de descendre en dessous des 50kg, mais je me trompe peut-être, c'est juste d'expérience. Avec des régimes et en mangeant vraiment peu de calories, je descendais pas en-dessous).