Le culte de la minceur VS mes complexes, une histoire de paradoxes

[Adybou]

"Je me souviens, alors que j’avais à peine sept ou huit ans, avoir entendu des gens que je ne connaissais pas dire, comme si j’étais pas là, comme si c’était un compliment, que j’étais «costaud », « potelée », « grassouillette »"

J'ai pas été grosse petite (pas à cet âge-là), mais un peu plus tard, entre le collège/lycée. Mais récemment, ma mère (à cause de son connard de pote) m'appelle "pour rigoler" éléphant. Ca m'atteint moins parce que j'ai 23 ans, et que son avis sur mon corps, mais merde c'est quand même ma mère, et si son but c'est de me pousser à mieux manger/faire du sport, c'est pas comme ça qu'elle va y arriver.

Je me souviens de toutes les fois où je me pinçais très fort le ventre à pleines mains en espérant que ça attirerait les graisses vers l’extérieur

Je pensais que ma graisse allait monter dans mes seins si je faisais le poirier ... J'ai jamais essayé par contre.

Sans déconner, j’ai 25 ans, et je ne pense même pas connaître mon « poids de forme », tant j’alterne entre deux périodes.

J'ai aussi ces deux périodes : la première, où je mange ce que je veux, quand je veux (j'estime que le corps se fout que je veux des chips à 18h ou 3h du mat), et la deuxième, où je me limite "à vue d'oeil" : si je mange pas mal à midi, je mangerais léger le soir.

Pour finir, je vais dire un gros merci à @Sophie Riche pour le rappel (nécessaire) que c'est pas parce qu'une fille est mince qu'elle vit bien avec son corps. Et je te fais aussi un gros câlin plein d'amour

 

[ChriX]

Comme beaucoup, j'aurais pu écrire cet article. Il me parle d'autant plus que j'étais récemment à ÇA de décider définitivement de m'en foutre.. Jusqu'à ce que je me remette finalement au régime drastique parce que je suis définitivement infoutue de m'aimer comme je suis. Heureusement comme toi je relativise, en me disant que si je me sens mieux en devenant plus mince, c'est qu'au fond je veux juste que mon corps reflète une certaine image qui bien que mince n'aura rien à voir avec le culte de la minceur mais qui reflètera ma personnalité, me donnera un côté androgyne que j'adore et m'aidera vraiment à apprécier la nourriture de qualité en bonne quantité et non la gober sans même y prendre vraiment du plaisir. Au fond, il faut accepter que ce ne sont pas des excuses pour rejeter le diktat tout en s'y pliant mais simplement une meilleure façon d'être et de se sentir bien comme on en a ENVIE, pas comme on nous l'impose.

 

[Korbac]

Moi j'aimerais qu'on valorise plus ou plutôt "mieux" la santé et le fait de prendre soin de soi. [...]
Pourquoi pourquoi la notion de bien-être est-elle toujouuuurs détournée par les médias sur l'apparence pure et dure?

Haaaan comment je te rejoins!! Je suis dans une phase d'accord/rejet de l'article, car je reste persuadée qu'être en surpoids (et c'est une caractéristique des sociétés occidentales) reste un signe de mauvaise santé. Mais après je me tape car je sais que c'est pas évident pour tout le monde, mais on vit dans une société où la seconde cause de décès sont les maladies coronariennes, causées par l'obésité/surpoids, cigarettes, alcool et sédentarité... Donc c'est un problème plus complexe qu'une simple question d'apparence! Et la France a l'un des taux les plus bas d'infarctus d'Europe je pense notamment parce que la pression sociale est très très forte vis-à-vis des personnes "enrobées". Mais je trouve ça extrêmement triste de provoquer tant de mal-être surtout chez les jeunes femmes. Et que nous sommes arrivés à des extrêmes dans le modèle inatteignable de minceur. Je sais pas si je me fais comprendre, j'ai des sentiments très contradictoires à ce sujet!

 

[Capillotractée]

Ça me choque tellement ces professionnels qui jugent O.O mais occupez-vous de votre cul bordel! Ils n'ont aucun droit sur toi je vois pas pourquoi ils la ramènent (ramenaient)

Personnellement j'ai été élevée par une mère qui avait ce culte de la minceur (et l'a toujours mais beaucoup moins) donc j'ai été un perturbée par mon poids mais je suis contente de ne pas m'être trop torturée avec ça au point de tomber dans des régimes drastiques ou des problèmes alimentaires.
Après j'ai la chance de ne pas prendre de poids si je ne fais pas d'excès a outrance, mais je ne perds pas facilement non plus. Ce n'est pas tellement mon poids qui me dérange en fait chez moi, c'est plutôt la façon dont je suis foutue, c'est plus une question de proportion que de kilos

 

[chaCcha]

Je connais une enfant obèse de 9 ans qui doit déjà voir un cardiologue, et je me dis que sa mère devrait justement contrôler ce qu'elle mange, mais parce que là ça en devient dangereux... Est-ce que vous pensez que sa mère à raison de la laisser manger comme elle veut (parce que ce n'est pas un problème de santé, c'est clairement ça), parce qu'on a une enfance qu'une fois, ou est-ce qu'elle ne devrait pas faire quelque chose ?

Je pense que ce qu'elle voulait dire c'est qu'il y aussi une manière de le dire, d'autant plus lorsqu'on s'adresse à des enfants. Quand un enfant est obèse qu'il peut y avoir des problèmes, risques pour sa santé, oui il faut le dire, en parler. Mais déjà, c'est plutôt un sujet dont tu discutes avec les parents, et jamais tu vas dire à la petite de 9 ans qui doit déjà être assez mal dans sa peau "tu crois pas que tu manges assez!"! Apparemment si, ya des gens assez cons pour dire ça à des enfants... c'est horrible pour plein de raisons différentes(confiance en soi, peut être qu'en plus c'est pas parce qu'elle mange trop, mais qu'elle est malade etc...).

 

[Gom_]

Super article, la période "enfance" m'interpelle surtout. J'ai subit l'effet inverse ; je ne mangeais pas assez, et moi j'étais trop maigrichonne. Je comprends que "arrête de manger" c'est énervant à attendre, mais quand on vous gave comme une oie, ce n'est pas mieux. J'ai eu des samedis après-midis à table, parce que "tant que tu ne finis pas cette assiette tu restes à table", et même ma nounou qui m'a emmené à l'école primaire avec mon assiette et qui m'a fait manger devant tous les autres pour me foutre la honte...

Bonjour, je me permets de te citer, et j'espère que cela ne te dérange pas
Juste pour dire que j'ai vécu exactement la même chose, ma mère me mettait a table à 11h35 (juste en sortant de l'école donc) et je ne la quittais qu'a 13h25 pour y retourner. Je ne compte plus les samedis passés à table pour me forcer a manger, les gouters obligatoire, les "fromage ET dessert" pour pouvoir sortir de table ...
Et forcément les moqueries à l'école parce que j'étais maigre. Les moqueries sur le poids font mal, que ce soit dans un sens ou dans l'autre ...

 

[Zirbu]

SPP, merci du fond du coeur. Je me reconnais tellement dans tout ce que tu décris, de ta plus "tendre" enfance à ton âge adulte...
Alors voilà, simplement merci.

 

[minelina]

je reste persuadée qu'être en surpoids (et c'est une caractéristique des sociétés occidentales) reste un signe de mauvaise santé.

Oui et Non.
1. Pour moi le surpoids n'implique des risques concrets déjà que lorsqu'il est très significatif. J'ai des amies de ma taille qui font 10-15 kilos de plus que moi donc plus rondes mais mangent bien, maison, font du sport, leurs analyses sanguines sont bonnes elles ont du souffle elles sont actives donc voilà. On diabolise tellement le surpoids qu'on oublie que faire quelques kilos de plus n'attaque pas direct la santé, tout comme je connais plein de minces qui mangent moins mais hyper mal et ne font aucun sport.
2. Le surpoids conséquent peut être signe de mauvaise santé mais aussi de mauvaise santé passée. Même une personne qui a soit eu une mauvaise hygiène de vie voire des tca (hyperphagie, boulimie...) et qui retrouve un chemin de paix avec la nourriture ou plus équilibré ne va pas pouf devenir toute fine. Elle va peut-être maigrir un peu/beaucoup selon les gens mais une grande partie reste encore assez ronde après car plus on a grossi (ou plus on a accumulé de régimes et de yoyo) plus le corps crée et stocke des cellules graisseuses qui sont là à vie, tout comme le set point naturel monte plus haut. Une personne très ronde peut donc très bien avoir (ou non) eu une mauvaise alimentation et maintenant prendre soin d'elle tout en restant assez ronde.

C'est ce que j'essayais d'expliquer, on ne peut pas réduire un corps et une santé à un résultat physique. Nous sommes plus que ça, il y a des milliers de facteurs derrière mais la société nous matraque de "taille 34-36= santé, beauté, force, succès", "taille 38 au 54: mauvaise santé, graisse, paresse, échec, pas de séduction".
Heu



Moi je dis, du 36 au 54 et l'infini: essayer de prendre soin de soi et son corps, se sentir belle car on est toutes belles, être heureuse, s'éclater, s'investir, être passionnée, bosser dur, se reposer, séduire, évoluer. VIVRE.

 

[Pochemuchka-Lilou]

@Korbac @cherrycordia : oui, il ne faut pas oublier que tout comme il y a des blond-e-s, des brun-e-s, des petit-e-s, des grand-e-s, il y a des gens, à taille égale, qui ne sont pas du tout dans le même genre de silhouette.
Si certaines de mes amies de ma taille avaient mon poids, elles seraient en mauvaise santé (maigres quoi). Je ne le suis pas. Ça marche aussi dans l'autre sens.

En fait je me demande si le culte de la minceur, c'est pas en partie lié au fait que c'est quelque chose de physique mais qu'on peut tout de même changer (même si rien n'est automatique hein) : on ne peut pas de grandir, mais on peut s'amincir ; et qui en plus semble récompenser des efforts => chez certain-e-s, un corps mince, ça devient un trophée...
Ce qui est absurde. Je suis naturellement mince et vu mon hygiène de vie, je n'ai aucun mérite.

 

[the caged bird.]

Pfiouuuuu. Je me suis rarement autant identifiée à un article. C'est à la fois rassurant et douloureux. C'est fou mais quand je vois Sophie, je la trouve tellement jolie, de corps et d'esprit que je ne peux m'empêcher de le dire "mais pourquoi tu te fais ça ?" Alors que je le fais la même chose, et que j'ai tendance à trouver tous les gens que je vois (plus) beaux/mieux (que moi). Complexer à en avoir mal sur le rythme de vie sain des personnes, se détester tout en faisant un gros fuck au culte de la minceur c'est mon quotidien.

Merci pour ce témoignage, vraiment. Qui let les mots sur des maux que je traîne depuis longtemps. Bon il ne me fait pas que du bien, mais ça c'est du à mon complexe plus qu'à Sophie ou l'article. De se dire si cette fille si belle, qui semble pouvoir porter des fringues qui le saucissonerait complexe, moi c'est encore pire. Bref ça se soigne pas tout seul.

Mais ce genre d'article, et Mad en général y contribue. So merci.

 

[minelina]

@Lilou la licorne c'est bien le souci c'est qu'en théorie on peut le changer, mais dans quelle mesure ça ça dépend de chaque personne, génétique, constitution, histoire personnelle, relation à la nourriture, éducation, régimes/TCA...
Ils mettent UN modèle ultra mince en disant soyez tous comme ça. Oui mais non dès tous petits certains sont déjà plus fins ou plus carrés, certains ont plus de courbes ou moins on est tous différents et on ne peut pas tous transformer notre corps de la même façon vers un seul modèle. Et je me dis tant mieux. Tant mieux qu'on soient toutes différentes, qu'on ne voie pas que des clones dans la rue.

Maintenant ils nous appartient à tous de valoriser cette différence et de ne pas glorifier un segment au détriment d'un autre. Dur dur avec la pression mais les choses évoluent alors continuons

 

[Azélaïs]

Bel article, qui souligne vraiment bien l'aspect profondément malsain de ce diktat qui touche tout le monde : celles qui n'y correspondent pas en première ligne, qui se prennent en pleine tronche des injonctions d'une violence assez inouïe (le coup du médecin ou du pharmacien ) ; mais ensuite aussi celles qui correspondent à la norme, pour qu'on soit bien sûrs qu'elles n'en sortent pas, et pour se donner bonne conscience en vérifiant que les bons petits clichés sur lesquels on a construit ce mythe sont bien réels.

Ce qui donne un environnement sans aucun doute propice à l'épanouissement personnel, d'une logique absolument à toute épreuve, puisque le paradoxe n'est pas réservé qu'à ceux qui complexent mais aussi aux bourreaux :
- tu es ronde et tu finis ton assiette de frites ? Tu es une sale grosse qui ne fait aucun effort.
- tu es mince et tu finis ton assiette de frites ? Tu es une anorexique qui va sans doute aller tout vomir dans 5 minutes, tiens regarde la preuve tu vas aux toilettes, ne me fais pas croire que c'est juste pour pisser.
- tu es ronde et tu ne finis pas ton assiette de frites ? Encore heureux, en même temps faut vraiment être conne pour commander des frites au lieu de la salade quand on a un cul pareil.
- tu es mince et tu ne finis pas ton assiette de frites ? Bah tiens, voilà encore une fille rachitique obsédée par son poids, si c'est pas malheureux d'être incapable de profiter de la vie à ce point.

Ainsi voilà, nous aurons toujours tort .
Je suis mince, et le regard un peu désolé de la serveuse quand je n'ai plus faim pour finir mon assiette me rend déjà malade, je n'ose même pas imaginer comment je me sentirais si en plus je ne correspondais pas (bien malgré moi, comme dit plus haut, c'est mon métabolisme, "aucun mérite") à la norme imposée, avec une violence de jugement multipliée par dix.

Un petit scoop pour vous messieurs-dames ? Mon assiette de frites, ça ne regarde que moi, et si ça vous défrise qu'il en reste, vous savez où vous pouvez vous les mettre.