Le culte de la minceur VS mes complexes, une histoire de paradoxes

[Stiale]

Ce qui m'a choquée dans cet article, c'est le comportement des adultes. J'ai l'impression qu'ils sont un des éléments majeurs responsables du complexe des enfants dans certaines situation.

Je citerai par exemple les serveurs qui prenaient ma commande et fronçaient les sourcils en me voyant choisir un plat d’adulte plutôt que les infâmes coquillettes-jambon ou frites-steak haché proposés aux enfants.

Alors celle là... Je ne comprends même pas le POURQUOI de cette réaction... Moi j'étais trop heureuse de pouvoir demander le plat des grands ! On va au restau autant prendre un truc qu'on aime...

Je me souviens de la fois où mon médecin traitant de l’époque m’avait menacée de faire en sorte que je n’aille plus chez mes grands-parents si je continuais d’y reprendre deux fois des pâtes

Mais laissez VIVRE les enfants ! On ne parle pas d'une gamine qui mange de la tarte au frite de 8h à 23h ! Mais d'une gamine qui veut se faire plaisir ! C'est vraiment essayer de priver un enfant du plaisir de la nourriture, ça me fait halluciner ! Heureusement que la famille de Sophie Riche était beaucoup plus ouverte d'esprit que les adultes qu'elle a pu rencontrer !

Ca m'a amené à réfléchir à mes anecdotes enfants / complexes sur le poids. Je me trouvais un peu ronde (ce qui, avec le recul, était totalement faux).

• Dans mon cas, c'était plutôt l'inverse. J'ai complexé toute seule, sans l'aide des adultes, en regardant les magazines et mes copines. J'ai le souvenir d'avoir dit à ma mère "je me trouve grosse" en pleine rue. Elle m'avait alors arrêtée net et dit droit dans les yeux. "Tu es une enfant, c'est normal que tu n'aies pas encore des formes de femme, tu as un corps d'enfant, avec un petit ventre qui va avec, mais c'est normal." Je pense que ça a choqué ma mère que je complexe sur ma ligne à 8/10 ans. Je suis contente d'avoir eu des adultes comme ma mère pour me dire que "le poids qui convenait, était le poids dans lequel on se sentait bien dans notre tête"
• Mon cousin par contre, était en surpoids important, car sa mère lui laissait manger tout ce qu'il voulait. J'ai le souvenir terrible des repas de famille où sa mère, ses frères et soeurs, et ses grands-parents, lorsqu'il se trouvait allongé lui disaient "Allez roule Bouboule ! Allez roule Bouboule !" en se tordant de rire. Il avait les larmes aux yeux.

Merci pour cet article en tout cas, qui fait une fois de plus réfléchir !

 

[A2]

@chaCcha Oh je suis complètement d'accord avec toi! Je n'irai jamais dire quoi que ce soit à cette enfant, je suis qui pour faire ça ? Je voulais dire que c'est à sa mère que je voulais parler, lui dire "tu n'as pas l'impression qu'il y a quelque chose d'anormal dans cette situation ?".
Même les enfants qui n'ont pas de problème de poids se posent trop de questions. J'ai eu un choc le jour où, j'ai lâché "tu es devenu lourd dis-donc" à mon neveu (dans le sens ; je n'arrive plus à te porter comme quand tu avais un an) et qu'il m'a répondu "toi aussi tu me trouves gros ?". J'étais sidérée. D'abord, c'est faux, mais en plus, il en est persuadé, et je vois bien que ça lui fait mal. C'est très facile pour un enfant de perdre sa confiance en soi à cause des mots, maintenant je fais très attention à ce que je lui dis, j'ai peur qu'il interprète ça mal.
@Gom_ (sans soucis pour la citation ). Je ne suis donc pas la seule enfant qui ait subit les heures à table, les soufflements de ma maman... Je me souviens qu'une fois je l'avais entendu dire à quelqu'un que quand elle disait "à table", elle avait l'impression avec l'expression de mon visage que c'était une torture.
Par contre, j'ai eu "de la chance", je n'ai pas subit de moqueries à l'école, ou du moins je ne m'en souviens pas. Elles ne sont apparues qu'au collège, mais j'avais tellement dans l'esprit que de toutes façons à cette période tout le monde se moque de tout le monde, que je m'en foutais. Je n'ai jamais été blessée pour ça.

 

[Azélaïs]

Même à 23 ans, on continue de me reprocher de "ne pas manger assez" et même parfois "trop sainement, c'est pas comme ça que je vais grossir.".

C'est vraiment un des trucs qui me rend le plus dingue dans cette histoire : l'énorme amalgame qu'encourage ce culte de la minceur entre ce qui est sain et ce qui empêche de grossir. C'est présent dès le début de l'article de @Sophie Riche : "L’autre jour, j’ai eu une réaction épidermique à la seule mention du « manger sain » [...] Pour moi, il va avec le culte (ou diktat) de la minceur [...]", et c'est confirmé par ton commentaire : "manger trop sainement". Non mais sérieusement, dans quel monde peut-on manger trop sainement ? ça me rend folle de voir à quel point les gourous du culte de la minceur encouragent cet amalgame qui est non seulement paradoxal, mais en plus hyper malsain, puisqu'il décourage et culpabilise ceux qui ne suivent pas ces fameux régime mais en plus diffuse une image complètement fausse de ce qu'est une alimentation saine.

Deuxième scoop de la journée : manger que des brocolis à la vapeur et du thé vert, tous les jours, pendant deux mois, ça s'appelle pas manger sain (au mieux, ça vous donnera le teint de Hulk ). Manger sain, c'est manger équilibré, c'est faire cohabiter les aliments dans de bonnes proportions, la brioche au beurre avec les salades, les pâtes avec les fruits, etc, et ça ne garantit pas qu'on ne prendra plus jamais un seul gramme, juste que notre corps sera nourri avec ce dont il a besoin et sans excès. Et ça me rend furieuse de voir à quel point cet amalgame est entretenu, au point qu'il peut provoquer des réactions de malaise comme celle de Sophie lorsqu'on en parle, alors que justement, torturer son corps pour qu'il adopte un régime qui ne lui convient pas est TOUT SAUF SAIN .

(Non mais manger trop sainement quoi. J'ai beau me le répéter, je comprends pas comment on peut sortir des trucs pareils. En même temps, il faut reconnaître que ce serait très embarrassant de réaliser ce que c'est qu'une alimentation saine et de constater qu'une bonne partie des personnes "rondes" l'observent et que donc c'est pas qu'une question de discipline et de volonté. Manquerait plus qu'on se rende compte qu'elles font aussi du sport et que donc le """""problème""""" peut se situer ailleurs. )

 

[Destiel Mok´]

J'aurais pu ecrire cet article.
J'ai jamais ete tellement tellement mince, et je me faisais parfois charier a l'ecole mais je m'en foutais.
Apres j'ai eu relativement la ligne pendant un moment. Recemment, avec l'age, les depressions, les coups de mou et la demotivation j'ai pris du poid. Je ne suis pas obese, mais j'ai beaucoup de cuisse et un gros bidon que je n'avais pas avant, mes bras sont plus gros, j'ai un petit double menton. J'ai toujours accepte mon corps car il ne m'interessait pas vraiment + j'ai toujours eu la chance d'etre "bien foutue", pas au sens mannequin mais fesses (tres) rebondie, cambrure, taille fine et poitrine plutot genereuse, bref un corps tres "feminin" qui me convenait.
Et maintenant je suis "ronde" et ma mere passe son temps a s'inquieter de savoir si j'ai perdu, les "compliments" que j'avais si souvent avant se font plus rare. Et moi je suis ecartelee entre mon envie de m'en foutre et ma culpabilite d'etre une grosse vache qui bouffe, mon envie de manger des sandwich toastes mozzarella cheddar blanc (UNE TUERIE) et la necessite de manger de la ratatouille. Quand je bouffe du milka oreo j'ai a la fois un orgasme et a la fois envie de chialer, c'est tres schyzophrene.

Je HAIS mes amis quand elles me parlent de bouffe saine, et que ca les obsede alors qu'elles sont mince, j'ai l'impression que c'est une critique directe. Et je m'adore quand j'ai enfin reussi a manger sain.
Le probleme c'est que quand on a des troubles psys bah on alterne phase ou on mange bien, on est canon, et phase de plusieurs semaines ou on est au fond et on se lache sur la bouffe. Et le probleme c'est que les troubles depressifs partent mais les kilos eux restent.

Quand je vois les filles plus rondes qui s'assument je trouve ca extraordinaire, ensuite je me compare et je me dis des trucs debiles du style "Ouais elle est plus ronde, mais elle est plus jolie" ou meme "Ouais mais elle a un mec qui l'aime elle au moins".

 

[Kolerbridg]

Comme beaucoup je me reconnais beaucoup dans cet article.. Je déteste mon corps et je ne peux définitivement pas faire abstraction du regard des autres..Si on me dit que tel vêtement ne me va pas, je ne le mettrais plus même si je l'aime.. Si quelqu'un rigole, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il se moque de moi, avant de penser que je ne suis pas le centre du monde.
Cette obsession de mon corps fait partie de mon quotidien, je ne peux pas en faire abstraction.
C'est dû à mes différentes expériences, comme beaucoup :
Ça a commencé en CM2 quand on a commencé à me faire savoir que j'avais grossi, et le collège fut la fin de tout ! J'étais la grosse de service, on se moquait de moi gratuitement.. Je ne peux plus mettre de pantacourt à cause d'un pauvre type que je ne connaissais pas qui m'a interpellé en me disant " non mais tu n'as pas honte de mettre des pantacourt avec des mollets pareil ?!", mon quotidien était ponctué d’événements de la sorte.. Pendant la transition collège-lycée j'ai perdu 15 kilos et on a arrêté de me faire chier, j'étais toujours bien en chair, mais j'étais vu comme une fille, pas une boule de graisse. Puis j'ai repris du poids, sans jamais qu'on ne me fasse une remarque, jusqu'à ma première année de BTS où j'ai découverts qu'on m'appelait le mammouth.. Je suis tombée de haut et je suis repartie dans cette spirale pour ne plus en sortir.
Mon médecin, que j'ai choisi d'arrêter de voir récemment, me disait constamment lors de mes visites :" Manon... Tu as encore grossi non ? Tu me fais plaisir, pour Noël tu me perds 5 kilos ein ?", constamment, si bien qu'avant d'aller au médecin je changeais de tenue pour éviter ce genre de remarques, en vain...
C'est vraiment frustrant, parce qu'une seconde je me trouve assez jolie et la seconde d'après je suis la plus immonde sur terre.. Si quelqu'un a une solution miracle je suis preneuse..
Personne ne vas lire, mais ça fait du bien d'en parler un peu
Bon courage à toutes les madz dans le même cas

 

[Ada or ardor]

Non mais manger trop sainement quoi. J'ai beau me le répéter, je comprends pas comment on peut sortir des trucs pareils.

Je suis pas en désaccord avec toi sur l'ensemble de ton message, mais je trouve important de dire que si, ça peut être un trouble alimentaire d'être obsédé par la bouffe saine. Enfin, c'est sans doute pas à cette extrémité que tu pensais .

 

[Azélaïs]

Je suis pas en désaccord avec toi sur l'ensemble de ton message, mais je trouve important de dire que si, ça peut être un trouble alimentaire d'être obsédé par la bouffe saine. Enfin, c'est sans doute pas à cette extrémité que tu pensais .

Non bien sûr Je le prenais dans le contexte évoqué par la madz qui a cité cette remarque, qui montrait bien que ce n'était pas une obsession quotidienne mais juste une alimentation pas particulièrement propre à faire grossir, et qui de ce fait était jugée "trop saine", ce qui dans cette situation est absurde.

 

[leaking_b]

@van.i.ada : je pense qu'en fait même sans renier l'existence de l'orthorexie on peut trouver que l'expression manger "trop sain" c'est tiré par les cheveux.
Parce que au final, en étant obsédée par le fait de manger sain on finit par avoir une alimentation qui n'est pas "saine".
Je sais pas si c'est très clair...

 

[Ada or ardor]

@van.i.ada : je pense qu'en fait même sans renier l'existence de l'orthorexie on peut trouver que l'expression manger "trop sain" c'est tiré par les cheveux.
Parce que au final, en étant obsédée par le fait de manger sain on finit par avoir une alimentation qui n'est pas "saine".
Je sais pas si c'est très clair...

Oui, je comprends. En fait l'expression me choque pas, car ça peut être une façon "langage courant" de le dire. Mais du point de vue d'un raisonnement logique, je comprends ce que tu veux dire.

@Azelais
Ben.. ok ! Et désolée, c'est vrai que j'ai pas prêtée une attention suffisante au contexte de ton message !

----
Et plus globalement et toujours inutilement, merci pour cet article . (Et je comprends pas les commentaires incessants des gens, mais c'est une autre histoire ).

 

[Suzy Q]

@Ramatuelle : je suis dans le même cas que toi (en un peu moins mince) mais on m'a longtemps reproché de ne pas assez manger.
Et les comportements culpabilisant du style "Mange pour me faire plaisir" quand j'étais enfant me sortais par les yeux : j'y peux rien si j'ai pas faim, c'est pas pour te rendre malheureux ! Un jour je me suis forcée à tout manger (je devais avoir 6 ans environ) et bah j'ai été malade toute la nuit.

Mais heureusement ma pédiatre a dit à mes parents de ne pas me forcer, que tant que je prenais du plaisir à manger il n'y avait pas de problème à avoir et que me forcer risquais de me donner des TCA en grandissant (bénie soit-elle), du coup, je n'ai plus jamais été forcée de manger quoique ce soit et j'ai développé mes goûts à mon rythme. (notez bien, je blâme pas mes parents, ils pensaient faire au mieux face à une enfant qui ne mange pas "comme il faut" )

 

[Chlochette555]

Cet article me parle beaucoup et pourtant, je n'ai jamais été particulièrement ronde. Contrairement à toi Sophie, mes complexes venaient de mes parents, et jamais de l'extérieur de la famille. C'était des petites injonctions, presque quotidiennes à l'adolescence, sur l'évolution de mon poids...

Il s'avère que ma mère avait eu des problèmes de poids à l'adolescence, et voulait m'éviter cela, en me surveillant, "pour mon bien". Mais comme je détestais les regards condescendants lorsque je me resservais, la façon dont elle m'attrapait les joues en rigolant, la façon dont elle me comparaissait aux autres, l'air désolé qu'elle prenait lorsque je lui disais que je me trouvais moche : "en même temps, si tu perdais un peu de poids"... Sauf que ce n'était pas nécessaire. Je n'étais pas grosse, mais j'avais une vision déformée de mon corps à cause de ces remarques. Mes complexes ont quasi disparu quand je suis partie de la maison. Je ne serai pas comme ma mère, je ne veux pas être une femme bouffée, torturée par son physique. Je me trouve belle comme je suis. Dernièrement, mon père m'a dit qu'il me trouvait "plus mince", donc "plus belle". Il m'a félicitée. Bizarrement, ça ne me faisait pas plaisir... je ne voyais pas en quoi c'était lié, et ça me rendait triste qu'il me trouve belle seulement 5 kilos en moins (parce que oui, ça devait se jouer à ça). Quand j'étais ado, j'avais besoin qu'on me calme, qu'on me dise que ce n'était rien, que c'était en souriant et en étant moi-même que l'on me trouvera jolie, qu'il fallait que j'arrête de me comparer, de me torturer. Parce que ce que ma mère a fait, ça n'a servi à rien. J'ai arrêté de manger "trop" dès que je me suis sentie bien dans ma peau (c'est à dire, loin de son regard).

Je trouve ça dingue aussi d'avoir aussi été, pendant un temps, obsédée par ça, un peu contre ma volonté et mon caractère. Je trouve ça fou que, même dans ma famille plutôt progressiste et féministe, mon physique ait été une affaire aussi importante, alors que ce n'était pas vraiment le cas pour mes petits frères.

 

[Ramatuelle]

@Azelais
Pardon, j'ai relu mon message, j'ai fait une faute en modifiant une phrase je n'ai pas changé la personne. Je voulais dire : "trop sainement, c'est pas comme ça que tu vas grossir.".
Je ne fais pas l'amalgame, les autres le font pour moi. Je mange équilibré c'est-à-dire de tout, normalement et sans me priver ou me dire que si je mange super gras un soir je vais devoir me priver le lendemain.
Je suis d'accord avec toi concernant la vision de la nourriture saine, qui est faussée par de une mauvaise communication et des banalités répétées à tout va. Pour moi manger sain revient à manger équilibrer et aussi en fonction de ce que notre corps à besoin (qui peut changer d'une personne à l'autre).

@Ramatuelle : je suis dans le même cas que toi (en un peu moins mince) mais on m'a longtemps reproché de ne pas assez manger.
Et les comportements culpabilisant du style "Mange pour me faire plaisir" quand j'étais enfant me sortais par les yeux : j'y peux rien si j'ai pas faim, c'est pas pour te rendre malheureux ! Un jour je me suis forcée à tout manger (je devais avoir 6 ans environ) et bah j'ai été malade toute la nuit.

Je crois que certaines personnes, et souvent des adultes ne se rendent pas compte de l'impact que tout ça a. J'ai une grand-mère qui me faisait culpabiliser par rapport à ça mais avec le temps j'ai pris du recul. Les repas chez elle étaient toujours moteurs de stress, ce qui fait que je mangeais encore moins. L'appétit chez moi et surement pour d'autres personnes est liée à mon activité physique. Plus je bouge et plus je mange!