Avec la folie Burton, j'ai ressorti un vieux VHS (mon frère et moi avons eu la même idée), j'ai donc regardé
Edouard aux mains d'argent, que j'ai trouvé très bon. (dans le même sens, j'ai trouvé
Alice à travers le miroir de Carroll en livre, je vais le lire).
Depp est scandaleusement bon. Son personnage est touchant, innocent,
pur, ce qui constraste avec cette famille pleine de bonne volonté qui l'amène chez elle, mais
tellement naïve. Poison mortel. C'en était dérangeant (je pense que c'était le but) et à la fois il était difficile de les détester, ces
adorables gens ; je pense notamment à cette forme de normalisation de
l'anormal ; Jim crie à Edouard qu'il est un monstre et qu'il doit partir. (Non-)réaction apathique du gentil père de famille du haut de son toit :
Mais où vas-tu Edouard ?. Terrible, il n'est même pas perturbé par une scène de cette nature, on dirait qu'il est endormi !
L'anormal est devenu normal. Angoisse. Avec ce processus, même Edouard n'est pas reconnu comme une créature exceptionnelle, du cristal, un bijou à protéger des regards, il est normalisé comme étant
une bête de foire comme une autre.
Ce que j'ai vécu comme délicieusement étrange, c'était le côté inhumain et robotique de la population classique (qui en surface est censée être la plus humaine), et l'humanité profonde d'un homme créé de toutes pièces par un inventeur de génie. D'ailleurs, à un moment, Jim qualifie Edouard d'humanoïde (ie
ayant l'apparence d'un être humain) ; à Kim
Tu ne vas quand même pas sortir avec cet espèce d'humanoïde ?. Ironie (très bien jouée) de la part du cinéaste.
J'ai tout autant adoré le contraste entre l'esthétique de la ville et de ses habitants : pastel, sans âme, des bonbons ; et celle du château d'Edouard : noir, effrayant.
Finalement je retiens du film : n'est pas monstre/inhumain celui qu'on pense.
Je reconnais que le mélange 'réalisme'-'science-fiction' est détonnant ! Car dans
Edouard aux mains d'argent, ce qui est le plus proche de la réalité devient d'un coup un ensemble d'éléments des plus absurdes, et ce qui est le plus proche de la science-fiction s'élève comme étant au plus proche de cette réalité, de la
vérité, de la Beauté. Ce qui donne une impression de
marche t-on sur la tête.
Chapeau!