Le forum doctorat

[Zébule]

@Faulkner
Je comprends que ce soit difficile mais je pense que tu prends la bonne décision (je ne veux pas t'encourager ou quoi, juste te dire que j'aurais fait pareil à ta place). Pas que je doute de tes capacités (au contraire) mais je crois qu'aucun boulot ne mérite qu'on se sente comme une merde et qu'on vive en-dessous du seuil de pauvreté alors qu'on a bossé à fond depuis des années. Tu parles de "reconversion" mais tu n'as que 25 ans : pour moi c'est juste que tes premières années professionnelles t'ont menée dans une direction et rien ne t'empêche de partir vers une autre ! Rien n'est perdu dans ce que tu as fait cette année : tu as appris des tas de choses qui, je te jure, te resserviront (c'est mon cas).

Etant en ce moment en train de préparer ma soutenance après ma dure journée de labeur dans un job qui n'a rien à voir avec la recherche, je peux te dire une chose : on se détache très vite de l'ESR, ce qui fait que je suis devant mon word à me dire "pourquoi je m'inflige ça ???? ".
J'ai reçu mon premier pré-rapport qui est très positif et finit en disant que ce serait cool que je continue dans la recherche et d'un côté j'étais contente et je me suis dit "why not?" et de l'autre ça me paraîtrait complètement inconscient de faire un truc pareil. Je trouve qu'il ne faut pas se leurrer : la recherche traite les jeunes comme des merdes. C'est un peu cru et c'est pas vraiment la faute des chercheurs titulaires (encore que ...) mais c'est la réalité.
Je viens de lire cet article (attention, bien badant mais rien qu'on ne connaisse déjà) et autant j'ai compati puisque je connais beaucoup de gens dans cette situation, autant je me suis dit "pourquoi restent-ils dans la recherche ? pourquoi ils s'infligent ça ?". Je veux bien que la passion soit un argument mais je ne sais pas ... j'arrive pas à concevoir qu'on sacrifie complètement sa vie matérielle pour une reconnaissance hyper faible.

En gros, même si j'ai adoré faire ma thèse (et j'adore toujours mon sujet), je conseillerai à personne de se lancer là-dedans sans 1. avoir un financement 2. avoir un sujet qui intéresse à la fois la recherche et d'autres mondes professionnels 3. être bien conscient qu'une carrière dans la recherche n'est qu'une possibilité très hypothétique et être convaincu que faire carrière ailleurs n'est pas une déchéance ...

(je parle principalement des SHS ou lettres, mais maintenant ça s'étend à la bio, la chimie, la physique ...)

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[Faulkner]

Merci pour ton témoignage @Zébule (et je suis en SHS)
En fait, j'ai l'impression d'abandonner bien vite alors qu'il y a bien plus de jeunes chercheurs qui galèrent bien plus que moi : je pense à tout ceux qui se sont lancés dans une thèse sans financement (et à tout ceux de l'article)
Mais j'ai eu mon bac très jeune (16 ans) j'ai bossé dans le privé avant de repartir en M2 recherche et j'ai vraiment du mal à accepter les conditions de travail qu'on nous propose... En 2015-2016, j'ai bossé toute l'année, mais j'ai actuellement le droit à 0 indemnité chômage car évidemment en tant que vacataire, je n'ai pas cotisé, et j'ai reçu tous mes salaires avec, entre 2 et 6 mois de retard, voire jamais. Avant même de commencer la thèse j'ai déjà épuisé mes maigres économies, pour des déplacements non remboursés, des salaires versés en retard et du bénévolat.

J'adore vraiment, vraiment la recherche, au point que j'étais vraiment prête à travailler gratos là. (J'ai pas du tout envie de retourner bosser dans le privé, hein, j'ai détesté aussi là-bas) Si je venais d'un milieu plus favorisé et/ou si j'étais soutenue financièrement par ma famille ou un conjoint, je pense que je me lancerai dans la thèse. Mais c'est pas le cas et je me dis que je peux pas accepter ces conditions de travail. Que personne devrait en fait

Ca va être super dur parce que j'ai vraiment des collègues jeunes docteurs/doctorants qui croyaient en moi, mais comme ils sont eux-mêmes en galère actuellement, genre des docteurs sans poste qui étaient bien plus favorisés que moi à la base (contrat doctoral + ENS par ex), ils vont avoir du mal à trouver des arguments pour me motiver à continuer.
Et pour le coup, les MCF que je connais qui ont enfin réussi à avoir un poste, ils contribuent mine de rien à précariser les plus jeunes chercheurs, en les employant comme vacataires ou en supprimant certains frais (je pense avec dédain à cette collègue qui a soudainement arrêté de me rembourser mes frais de mission repas/transport...)

Du coup je sais pas ce que je vais faire de ma vie

 

[Meeteetse]

@Faulkner (je crois que j'ai oublié de te répondre au sujet du colloque - j'espère que tes soucis de santé s'arrangent un peu !)
Pour la sortie de la recherche et tes réflexions, j'ai pas grand chose à dire parce que bon La façon dont tout ça fonctionne est juste du pur gâchis. Courage en tout cas !

 

[marjow]

Désolée si la question a déjà été posée quelque part, j'ai déjà parcouru une énorme partie du topic mais j'avoue ne plus vraiment me souvenir si j'ai vu quelque chose là dessus ...
Je vais candidater en doctorat à la rentrée prochaine (en contrat doctoral ou non, je ne sais pas encore) et je m'interroge quant à mon lieu de résidence. Je suis en Lettres, pensez-vous qu'il soit possible de vivre dans une ville alors que mon école doctorale et mon directeur sont dans une autre ? J'ai la possibilité de me déplacer assez facilement, alors je me dis que si je prévois un aller-retour un jour par mois, ça peut le faire nan ? Qu'en pensez-vous ? L'avantage du doctorat en lettres, c'est qu'on fait nos recherches dans des bouquins, donc on peut le faire d'un peu partout finalement ...
Etes-vous dans cette situation ? Connaissez-vous des gens dans cette situation ?

Merci pour vos réponses

 

[popomme]

@marjow Je ne suis pas en Lettres, ce que je vais écrire sera donc à prendre avec précaution mais je dirais que ça dépend de comment tu vois le doctorat. Je suis aussi dans une discipline ou, mis à part de quelques occasions ponctuelles où j'avais besoin de matériel, je pouvais tout à fait faire ma thèse de chez moi. Au final, j'ai eu le contrat doctoral avec charge d'enseignement, ce qui a fait que j'ai déménagé dans la ville de mon doctorat. Chez nous, les doctorants financés venaient au labo au moins deux-trois jours par semaine mais ceux qui n'ont pas de financement, la plupart du temps, travaillaient de chez eux en toute "liberté". Ils s'en sortent pour leurs thèses, pas de problème, même si j'ai l'impression qu'ils mettent plus de temps que ceux qui viennent régulièrement, sans doute parce que ben quand tu es obligée d'avoir un travail à côté, tu ne passes pas cinq jours / semaine à faire de la recherche. Après, il y a un aspect qui m'interpelle, c'est que je me demande (sans méchanceté aucune, les gens qui arrivent à faire une thèse en travaillant de chez eux, je les admire, j'en suis incapable) comment ils font pour tisser les liens avec d'autres chercheurs. Je dirais que pour moi, aller au laboratoire, c'était l'occasion de discuter avec d'autres chercheurs que mes DR, de discuter avec d'autres doctorants ce qui rendait la chose plus supportable, et ça a souvent été l'occasion de parfaire mon CV aussi car c'est de ces discussions que sont nés certains petits projets. De l'autre côté, si tu arrives à travailler chez toi, à t'imposer une certaine rigueur et que tu penses que ça ne nuira pas au relationnel parce que tu pourras tout de même parler aux gens, je n'y vois aucun inconvénient .

 

[marjow]

@popomme Le truc c'est que toute ma vie sociale est dans cette autre ville ... Je sais que si je reste sur Paris, je vais déprimer et je ne prendrai aucun plaisir à faire cette thèse, alors que j'en ai vraiment envie. Même si ça me fera rater des colloques et certaines rencontres avec des doctorants, les avantages de mon départ sont quand même plus nombreux. Je m'efforcerai de me rendre sur Paris au moins une fois par mois, rien que pour renouveler mon stock de bouquins à la BU de ma fac et pour rencontrer mon directeur de recherche. Et puis si un colloque super-méga-intéressant a lieu, je sais que j'aurais toujours de quoi dormir ici sur Paris donc bon ...
C'est sur que si j'ai un contrat doctoral ça sera plus compliqué, il faudra venir 1 fois par semaine (au moins) et les frais de transport ne sont pas pris en charge par le labo (heureusement). Donc c'est à voir ...
Je pense que tu as tout à fait raison sur le fait que quand les doctorants sont tenus de se rencontrer régulièrement, dans un lieu propice à la recherche, ça doit sûrement aller plus vite. L'effet du groupe est stimulant et, comme tu l'as bien dit, c'est de ça que peuvent naître plusieurs projets. Faire un financement sans thèse et bosser à côté, ça relève selon moi d'une motivation sans faille, accrochez-vous !

Tu es en sciences humaines ? J'arrive pas à m'imaginer à quoi ressemble un labo de recherche en lettres ou sciences humaines ahah. Des bureaux et des étagères partout ?

 

[marjow]

Merci @Cilece pour les bouquins ! Je vais voir si je peux les trouver en bibli
J'adore l'image des bureaux avec des chercheurs en velours côtelé ahah, ceci dit je suis allée dans les locaux de l'EHESS l'autre jour et ça ressemblait exactement à ça, hormis le velours, je n'ai pas été vérifié dans tous les bureaux

Bon courage à toi pour ta deuxième partie alors !

 

[Zébul']

Bonjour à tout-e-s !

Je vous rejoins sur ce topic puisque je commence officiellement ma thèse en

Spoiler: Sujet

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le 2 janvier

 

[Kaede_Cherry]

@Zébul' bienvenue à toi jeune padawan !

 

[Zébul']

Merciii je suis toute excitée, j'ai galéré à avoir mes financements, tout le monde autour de moi a commencé depuis octobre donc là j'ai HÂTE

 

[Zébul']

@Allitché Ahah oui je m'étais fait la réflexion en voyant ce pseudo, je suis une ninja

 

[marjow]

Tout d'abord, comme le veut la tradition, je me dois de vous souhaiter une bonne année j'espère qu'elle sera synonyme de bonheur, de réussite et de santé pour chacun.e d'entre nous !

@EnjoyTheSilence merci beaucoup pour ta réponse. Je ne sais pas du tout à quoi ressemble le labo de mon école doctorale, je n'y suis jamais allée. Cependant, je pense qu'il y a assez de place pour tout le monde. De plus, notre BU permet aux doctorants de réserver des carrels de jour et de nuit (ce sont des sortes de petits bureaux isolés phoniquement, avec bureaux, chaises et connexion internet). Question pratique, nous sommes plutôt bien lotis j'imagine
Pour ce qui est des contacts avec les autres doctorants, il semblerait que ce soit quelque chose de primordial oui, c'est ce qui revient le plus souvent dans les conseils que je reçois. C'est sûre que dans la ville dans laquelle je souhaite vivre, je ne connais AUCUN doctorant, ni même étudiant. J'ai, en revanche, tous mes amis et ma famille, qui m'apporteront un soutien sans faille (j'idéalise ? non ... si ?? ahah peut-être ...).
Je vais en discuter avec mon directeur de mémoire, qui sera aussi mon directeur de thèse (si je suis acceptée), je vais voir avec lui ce qu'il en pense. Et je lui demanderai à quoi ressemble les bureaux de l'école doctorale hihi

@Allitché j'attends ta réponse alors