Je trouve que cet article avait pourtant bien commencé (et j'avais eu peur au vu du titre ), le hdr (et le sexisme en général) est bien culturel, mais peut-être que l'exemple de tweet était mal choisi. C'était peut-être pas une mauvaise idée de s'appuyer dessus pour extrapoler, par contre ça commence vraiment à devenir bancal quand tu affirmes (oui) qu'il reflète une vérité sur le hdr en Espagne par raport à la France sans remettre en cause le fait que l'expérience de la personne qui a tweeté n'est peut-être pas très représentative.
Un tweet à plus de 16k RT (au moment où j'écris) alors que le compte a moins de 2k followers, ça veut dire quelque chose. Ça veut dire que son message fait écho à quelque chose. À quoi ? Au fait que le hdr n'a pas à être une fatalité. Comment lutte-t-on contre un fléau invisible à ceux qui s'en rendent coupables ? À celles et ceux qui y voient une fatalité ?
C'est à ces questions que l'article tente une réponse — ou plutôt, relaie les réponses qui sont avancées en ce moment dans la société :
- le témoignage pour accélérer la prise de conscience
- la loi pour le symbole et le refus de la fatalité.
Voilà pour le fond ; sur la forme, ton message commence par une généralisation, me reprochant de réagir "systématiquement par une pirouette", quand je réponds pourtant sur le fond et la forme à ce qui est reproché à l'article :
- de généraliser (non, il n'est nulle par écrit que "RDV toutes à Madrid, où le hdr n'existe pas!!" pour la simple et évidente raison que ce n'est pas mon propos)
- de donner à ce tweet plus d'importance qu'il n'en a : encore une fois, dès le titre : "un témoignage", et dans l'article "ce témoignage illustre", et jamais "démontre, confirme, prouve".
Le "c'est culturel" ne fait pas référence à la culture espagnole, mais à la culture sexiste. Elle n'est pas nationale. Certains pays l'acceptent/l'assument plus que d'autres. Je n'ai jamais écrit que l'expérience d'une personne valait loi. J'ai écrit qu'une loi, même si elle ne garantissait pas une efficacité de terrain, avait une valeur de symbole.
PS : cet article dépasse les 500 partages sur Facebook, les 4 000 réactions, et les 150 commentaires. De quoi me laisser penser que s'il a été mal compris ou mal interprété par certaines personnes, d'autres ne partagent pas cet avis. Est-ce que ça veut dire que cet article est parfait ? Non, c'est juste mon commentaire, sur un tweet à +16k RT, ce qui m'interpelle. Je ne vais pas pour autant m'excuser d'avoir tenu des propos que je n'ai pas tenus.
La question "Qu’est-ce que les hommes espagnols ont de plus que les hommes d’autres pays, selon vous ?", que ce soit une question rhétorique ou une réelle interrogation, fait bien une généralisation (ce sur quoi portait la remarque de @GingerBraid à la base), puisque "le comportement des hommes madrilènes que la jeune femme qui témoigne a croisé cette nuit-là" devient "le comportement des hommes espagnols face aux femmes seules dans la rue". [...]
Pour résumer : je n'ai pas compris pourquoi @Clemence Bodoc répond sur la forme (c'est une question, pas une affirmation) alors que ce n'est pas parce qu'on pose une question qu'on ne généralise pas (Exemple qui n'a rien à voir : "Pourquoi les hommes sont plus forts que les femmes ?", c'est aussi une question)
Sauf que je n'ai pas posé la question «Pourquoi les H espagnols harcèlent moins que les Français», ni ""Qu’est-ce que les hommes espagnols ont de plus que les hommes d’autres pays ?", mais bien : "Qu’est-ce que les hommes espagnols ont de plus que les hommes d’autres pays, selon vous ?"
Le "selon vous" n'est pas rhétorique. Si tu es une lectrice assidue de madmoiZelle, tu saura(i)s qu'il est coutumier pour les rédactrices de s'adresser directement aux lectrices, de leur poser des questions. Le "selon vous" est mon emphase pour renvoyer la question à la lectrice, et justement, ne pas en faire une question rhétorique.
Le débat ici, plutôt que de porter sur ai-je raison ou tort d'avoir fait cet article, ai-je eu raison ou tort de l'angler comme je l'ai fait, pourrait partir sur le harcèlement de rue, dans différents cadres culturels (pour le coup, "cultures nationales"). C'est d'ailleurs ce que j'ai pu observer sur Facebook, où des expats de tous pays témoignent de leurs expériences personnelles.
En passant, une remarque : tout le mouvement féministe s'est développé sur les témoignages. Une, puis dix, puis cent, puis des milliers de femmes ont témoigné individuellement de leurs expériences, et le mouvement féministe s'en est servi pour appuyer ses idées, ses revendications. Il n'a jamais prétendu qu'un témoignage était une vérité, mais il a eu tendance à faire d'une agrégation de témoignages une vérité. Je suis personnellement ravie de constater le scepticisme grandissant ici face à une rhétorique que j'ai toujours récusée. ("J'ai vécu" ne veut jamais dire "les femmes vivent").
La prochaine fois qu'on m'opposera, ici ou ailleurs, la "parole de concernée" comme vérité ou force de loi, ou encore comme argument, légitimité ou généralisation, je prendrai exemple sur votre vigilance face à un témoignage. Vous avez pleinement raison sur ce point : ce n'est qu'un témoignage, et l'on ne devrait jamais s'en servir pour en tirer une généralité sociologique.