Le harcèlement scolaire... et ses conséquences

[Youfuu]

Ce témoignage me renvoie également à ma propre expérience.
Lorsque j'y repense une question revient toujours : pourquoi moi? Parce que j'étais très grande? intello? binoclarde? Je cherche des points communs aux victimes, je me demande ce que j'aurais pu faire...

Dans mon cas ça a commencé à la maternelle pour finir au collège. J'ai eu droit au coups, aux vols, au harcèlement, on ne me laissait pas m'asseoir dans le bus scolaire (tous les matins et tous les soirs c'est usant), on m'a rouler dans la m**** de chien... Pourtant à cette époque j'étais bien plus grande que la plupart de mes camarades et assez sportive. Mais rendre les coup n'a rien changé. Mes parents n'ont rien fait, les maitres d'écoles, puis profs et la CPE étaient au courant, car une fois où je me suis faite coller car je chahutais j'ai expliqué que je me faisais simplement battre et pincer au fond de la classe, aucune réaction non plus.

Aujourd'hui on en parle, mais selon moi on ne peut pas en permanence "surveiller" les enfants pour éviter cela. Je ne pense pas non plus qu'on puisse dissuader les petits bourreaux. Je reste persuadée que si mes éventuels enfants y étaient confrontés je ne saurait pas comment les protéger. Je ne vois que l'éloignement grâce au changement d'école, qui à fonctionné pour moi quand j'ai pris l'initiative de choisir un lycée qui était éloigné de ma ville d'origine.

J’espère que les équipes encadrantes sauront mieux gérer à l'avenir.

 

[Altaïr.]

Bravo à la madmoizelle d'avoir eu le courage de raconter son histoire à travers cet article.

(Je mets le reste en spoiler, c'est long.)

Spoiler

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[Loutine]

J'ai aussi été victime de harcélement scolaire du primaire au lycée. La cause de ce harcélement était ma différence par rapport aux autres elèves, je ne sais pas vraiment comment l'expliquer mais je ne réagissais pas pareil que les autres enfants de mon âge, et plus tard que les adolescents. J'ai toujours été très extravertie, et je pense que c'est cela qui m'a mis à l'écart des autres, ce qui n'a rien arrangé bien sûr. De la primaire au lycée, mes parents n'ont pas demenagé, ce qui fait qu'à chaque changement d'étapes, il y avait des elèves pour faire prosperer des rumeurs sur mon compte, et amplifier ma réputation. J'étais en quelque sorte leur défouloir, la fille qui n'étais pas jolie et ne valait rien, qui était idiote, et folle.J'ai commencé à me scarifier à 14 ans.A  Cela a empirer au lycée, plus exactement en 1ere S. Alors que j'avais tant bien que mal réussie à me faire des amies, je me suis retrouvé seule dans ma classe , parce qu'elles allaient toutes en L. Je les ai au fur et à mesure de moins en moins vu, me retrouvant seule. A cause de quelques membres de ma classe que j'avais eut au collège, j'ai subit des moqueries , des insultes, on me surnommait "victime" , on écrivait cela sur mes affaires, on me le crachait à la figure. Ma réputation a finit par se répandre dans tout le lycée. Pour couronner le tout, un soir je me suis faite tabasser en sortant du lycée, et mes parents n'ont pas voulu que je porte plainte. Je n'ai eut aucun soutien, mon père justifiait le comportement des autres, ma mère avait des problèmes de harcelement au travail, le proviseur remettait la faute sur mon dos, et a même refusé l'internat qui m'aurait peut être aider à m'intégrer. Bref, j'ai fait une grosse depression, j'étais en echec scolaire, je me souviens que les soirs je prier Dieu pour mouri.. J'ai du changer de lycée à la fin de l'année et redoubler ma 1ere pour m'orienter vers une littéraire. Malheureusement ce nouveau lycée n'étant qu'à 30 km de l'autre, ma réputation a suivi son cours, et surtout étant totalement désintégrée d'une vie sociale avec des ados de mon âge, je n'ai réussi à me faire que peu d'amis, surtout en terminal. Mais dans l'ensemble,malgré les crises d'angoisse un peu n'importe quand, c'était beaucoup mieux, même si je restais seule la plupart du temps à l 'internat, je faisais du théâtre, et avait quelques personnes dans le lycée et en dehors sur qui compter. Mais cela ne m'a pas empêché un jour de sauter par une fenêtre situé au 1er étage dans le but de me faire mal. Evidemment, c'est quand je suis partie faire mes études à plus de 150 km que tout s'est amélioré, que j'ai pu me faire de vrais amis. Encore maintenant, j'ai quelques difficultés à m'intégrer, je n'arrive pas à ne pas me protéger ce qui fais que les gens me perçoivent mal la plupart du temps, et il m'arrive encore d'avoir des pensées obscures et de me scarifier. Mais j'ai appris à ne plus faire attention aux critiques, et surtout à m'accepter ainsi.. J'ai vécu beaucoup trop de choses pour baisser les bras maintenant. Contrairement à celle qui a écrit cet article, je n'en veux pas à mes "harceleurs", pour tout vous dire je crois même que j'ai pitié d'eux. Ils ont réagis comme des moutons, et m'ont fait du mal gratuitement  dans le seul but de se faire mousser auprès de leurs camarades. Ils ont profité de ma faiblesse, et je trouve ça pitoyable. Je pense même que si un jour je les revois, je les remercierais, parce qu'ils ont fait de moi ce que je suis devenue, et surtout ils m'ont appris à être moins bête qu'eux et à réagir par moi même. D'ailleurs, il y en a avec qui j'ai reparlé de ce qui s'est passé, de leurs réactions, et la plupart se sont excusés. Il y en a même que je revois, et avec qui cela se passe bien. Et je pense que c'est une victoire. Je vais d'ailleurs passé mon CAPES en juin pour devenir prof de français

 

[cats_eyes89]

Merci pour ton témoignage très touchant.
J'ai fait parti de ceux qui ne disent rien ou qui se prenaient des moqueries de temps en temps mais pas au point de me sentir harcelé, ça a quand même contribué à accentuer ma timidité et mon manque de confiance en moi.
Maintenant je me dis que ces ''superstar'' du collège ont maintenant des vies pourris certains sont en prisons, d'autres chômeurs à long terme ou avec une tripotée de gamins mais pas de père pour les aider. Alors que ma vie est maintenant cool et épanouie, j'ai un bon job, je fais le tour du monde, j'ai de vrais amis...
Et quand je vois sur fb d'anciennes victimes, ce sont eux qui ont le mieux réussi leur vie aussi.
Alors courage ma belle et si ton passé te hante toujours autant, essais d'en parler à un professionnel ça aide beaucoup pour se reconstruire.

 

[Alaska Nokomis]

Témoignage très touchant, j'aurai aimé avoir le cran de protéger les enfants harcelés lorsque j'étais au collège, je voudrai tellement remonter le temps pour le faire..

Moi j'avais la "chance" de ne pas être trop embétée, parce que j'étais "trop" bizarre, tellement que je faisais presque peur. J'étais la fille vétue bizarrement qui lisait seule sur un banc au fond de la cour, la fille à qui on donnait des surnoms désagréables, dont on disait un peu de mal mais qu'on redoutait quand même un peu.

Je communique toute mon affection à l'auteure de l'article, il est temps de prendre ta revanche en réalisant combien tu as ta place sur cette Terre, malgrè qu'on ait voulu t'en faire douter 

 

[Padidé]

Je ne voulais pas revenir sur tout ça, simplement ce témoignage m'a fait penser à cette citation qui m'horripile au plus haut point : "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", de Nietzche. Selon moi c'est tout l'inverse dans bien des cas malheureusement.

 

[Lena.in.Wonderland]

Je ne voulais pas revenir sur tout ça, simplement ce témoignage m'a fait penser à cette citation qui m'horripile au plus haut point : "ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", de Nietzche. Selon moi c'est tout l'inverse dans bien des cas malheureusement.

Je te cite car j'aimerais revenir sur cette phrase de Nietzsche (bordel de nom à la con !) ; après avoir haï cette maxime, j'ai fini par la faire mienne. Oui, ces années ont apporté douleur, TCA, automutilation, mensonges à mes proches, dépressions et j'en passe.
Et pourtant. Et pourtant j'ai refusé de me laisser complètement aller ; oui j'ai presque touché le fond. Mais je m'en suis sortie. Seule. Sans compter sur quiconque. J'ai fini par me redonner une valeur. Et oui, ça m'a en partie détruite, mais ça ne m'a pas tuée. Finalement j'en ai fait une force. Cette adolescence m'a laissée une carapace, fragile et douloureuse, certes, mais capable de résister aux préjugés, aux médisances. Je suis maintenant armée contre la méchanceté que peuvent manifester certaines personnes.


Je ne blâme pas les personnes pour qui c'est l'inverse. Loin de là. Chacun(e) a sa manière d'affronter les événements, de se relever et se reconstruire. Mais je tenais à dire que Nietzsche (encore une attention portée à chaque lettre pour orthographier correctement ce p*ta*n de nom) n'avait pas forcément tort...

 

[elween]

Merci à tous pour vos commentaires. Je vous répondrais bien à tous individuellement mais je n'en ai pas le temps.

Alors juste un grand merci de m'avoir lu, d'avoir partagé votre expérience (je me rends compte qu'on est vraiment beaucoup à avoir subi du harcèlement scolaire) et à votre bienveillance.

Ca m'a fait un grand bien d'écrire ce texte.

Ce passé ne me hante plus, mais il laisse quelques traces et cicatrices.

J'avance dans ma vie à mon rythme (tant pis si ça ne plait pas à x ou y).

 

[Loutine]

Ah et d'ailleurs cela me fait penser à une de mes profs d'histoire qui après que la moitié de la classe se soit "moqué"de moi lors d'un oral, alors qu'il n' y avait rien de drôle a tout simplement dit à la classe:
"Vous avez fait preuve de solidarité lors de cet évènement, mais d'une solidarité malsaine semblable à celle qui a unit les antisémites à éliminer les juifs.
Ca les a cloués!

 

[Youfuu]

C'est là que je me dis (rétrospectivement encore) que les victimes, elles le cherchent pas un peu? On doit avoir un comportement particulier pour que ça se répète malgré les changements d'établissement non? Marqué sur notre front "ne me parle pas, isole-moi"? Je me pose la question.
(...)
C'est là que je me dis qu'il doit y avoir un comportement particulier, j'ai pourtant pas l'impression d'être timide et réservée, juste un poil de mal à aller vers les autres.

Comme je le disais dans mon commentaire, je me suis souvent demandée si effectivement les victimes n'avaient pas toutes le même profil ou le même comportement (sans aller jusqu'à dire qu'elles le cherchent, ce serait trouver une excuses au bourreaux et renforcer la honte des victimes), genre toutes timides ou intello... Enfin cette théorie n'est pas valable pour moi car d'un coup au lycée tout à changé et je suis même devenue populaire, élue au conseil de vie lycéenne... Et le fait que tu racontes que les rôles ont pu s'inverser(je ne reviendrai pas là dessus), invalide aussi cette théorie dans ton cas.
Bref, je me dis qu'ils ne faut pas (ou plus) nous blâmer pour se reconstruire.

 

[Colonia]

Personellement, j'ai eu la chance d'être entendue...

...Jour de grève, récré qui dure une bonne heure... et une fille, bien plus vieille que moi, décide de me taper.... soit disant que je l'aurais regardée de travers. Je ne sais même pas qui elle est...

Un attroupement se forme et les gens l’encouragent elle, au lieu de me protéger. Certains essayent de tirer la barrette que j'ai dans les cheveux (une belle barrette en cuir dont j'étais très fière) pour me la voler... Les surveillants viennent jeter un œil  je crois que c'est bon, elle va arrêter,... Mais non, ils repartent, l'air de rien...

Elle voulait absolument m'entrainer dans les toilettes, là où on ne pourrait pas être vues,... J'ai réussi à tenir, à rester au milieu du préau,... Je savais que c'étaient ces témoins qui d'une certaine façon me protégeaient...

Quand la cloche a enfin sonné, je me suis rendue à l'infirmerie, j'ai pleuré (je n'ai pas versé une larme devant mon bourreau) et expliqué que j'étais malade, que je devais rentrer chez moi et qu'il fallait appeler ma mère.

En me voyant, ma mère a bien compris que je n'étais pas malade et m' fait cracher le morceau... Et là, malgré mes objections, retour au collège. Ma mère a tout de suite prévenu la gestionnaire et le principal qui ont immédiatement convoqué celle qui m'en voulait pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui...

La conversation fut brève mais éprouvante et, en même temps salvatrice. Elle ne devait plus m'approcher ou m'ennuyer, sinon, c'était l'exclusion. Et elle a respecté cette obligation.

Je ne sais pas pourquoi c'est tombé sur moi. J'étais terrorisée...
Mais ma mère et les responsables du collège ont joué leur rôle avec Brio (il semble, d'après les témoignages que j'ai eu de la chance), et "justice ayant été rendue", j'ai pu me remettre assez facilement de cette histoire.
Je pense que si "les adultes" n'avaient pas remis les choses en ordre, ce jour de grève n'aurait été que le début d'un long calvaire...

 

[Cepharma]

C'est très courageux de ta part de partager ton expérience 
Personnellement, Je n'ai jamais subis de telles choses... Mais Je trouve que c'est très bien d'en parler et de dé-tabooiser ce sujet! Comme tant d'autres!
Je soutiens à 100% les victimes de toute sorte d'harcèlement 
J'aimerais bien un jour aider une de ces personnes à aller mieux et à ne pas se sentir aussi seul et déprimée... 
Jusque là, tenez bon!!! Il y aura toujours quelqu'un qui vous aimeras