@Color Full J'ai peut-être mal compris, mais le racisme anti-blanc n'existerait donc pas en Afrique du Sud pour tou ? Pourtant, tu y trouves tout ce qu'on dit être nécessaire à l'existence de racisme systémique ici, et dans des proportions quand même pas si "faibles", donc sur quoi te bases-tu ? J'ai du mal avec cette idée que des massacres ne sont pas suffisamment importants à tes yeux pour constituer des actes de racisme (ou alors je n'ai pas compris), surtout quand ces massacres des fermiers blancs sont doublés par un projet de loi du gouvernement en place, adopté, qui consiste à exproprier les fermiers blancs (et qui institutionnalise donc un certain racisme). À côté, il y a une politique d'embauche qui privilégie les populations noires (ce qui est présent à un niveau institutionnel également et appuyé par des lois, et concernent les blancs mais aussi les coloured), par une politique de discrimination positive qui a provoqué de gros dysfonctionnements car on a régulièrement privilégié un candidat de la bonne ethnie moins compétent pour évincer des candidats n'ayant pas "le profil", faisant quitter de nombreux jeunes diplômés du pays qui n'y ont plus aucun avenir car pas de la bonne couleur de peau. Des modifications de cette politique récentes cherchent à en diminuer l'effet mais garantissent encore la possibilité de privilégier les noirs dès que possible (d'ailleurs, c'est très simple, dans certains secteurs, si tu n'as pas atteint un quota spécifique, l'entreprise peut perdre son droit d'exploitation, et le fait de valoriser les populations noires parmi tes employés est important pour remporter des parts du marché public, auquel l'accès est réglementé par cette politique racialiste).
Bref, ne nous perdons pas en essayant de dire que le racisme anti-blanc n'existe nulle part dans le monde tout en citant l'Afrique eu Sud où on a carrément des lois qui l'institutionnalise, et où on massacre des populations blanches. Si on s'attaquait à nos minorités de la même manière en France, ce serait scandaleux (j'espère).
On a un phénomène similaire au Zimbabwe, où on confisque les terres et expulse les fermiers blancs (avec des réformes agraires imposées malgré un rejet de referendum), et des meurtres de fermiers sont également noyer en grand nombre. Robert Mugade, président à la tête de ces réformes, a tenu des propos racistes qui devraient rendre sans équivoque ses intentions : "L'homme blanc est ici comme le second citoyen : vous êtes en numéro un. Il est numéro deux ou trois. C’est ce qui doit être enseigné à nos enfants" (si ce n'est pas de la hiérarchisation des races...), ou encore ma préférée "Le seul homme blanc que vous pouvez croire est l'homme blanc mort". Je ne sais pas si tu imagines ce que ça ferait (à juste titre !) si Macron disait ça envers les racisés.
Sinon, ça me semble assez rapide de dire que l'esclavage n'a pas vraiment concerné les blancs. L'esclavage existe depuis au moins l'Antiquité et concerne tout un tas d'ethnies vers une autre ethnie. Il suffit de se tourner vers les histoires de traites orientales pour constater que les blancs pouvaient être de très bons esclaves pour les populations des civilisations islamiques (qui ont bien participé à la traite négrière également). La haine entre les gens qu'on estime d'une autre race n'est sans doute pas inventée par les blancs (même s'ils l'encadrent juridiquement par des décrets observables ensuite, et donc plus faciles à étudier), et il suffit de penser aux massacres au Rwanda pour constater qu'on peut se considérer d'une autre race même sans être blanc du tout et commettre des actes ignobles en ce nom. Pour autant, la traite translatantique a été une horreur et ne doit pas être oubliée ni négligée ou minimisée, mais elle n'a pas constituer la seule exploitation d'êtres humains d'une autre race de l'histoire.
Je simplifie beaucoup, évidemment.
Enfin, en parler ne revient aucunement à nier le racisme vécu par les autres. Et heureusement !
Surtout que en l'occurrence, c'est parti d'une fille qui disait vivre du racisme à l'échelle de son établissement scolaire.
Perso, pour avoir grandi en cité, et avoir été rejetée (agressée, poursuivie pour être violée) par des groupes de jeunes noirs car je suis métisse et donc trop blanche et souillée, bah j'ai pas trop de mal à imaginer ce qu'elle a pu ressentir (et ça ne veut pas dire que tous les noirs de mon entourage étaient racistes avec moi, mais que ça a été une raison assez importante de mon enfance pour me harceler).
Je ne dis pas que c'était systémique pour autant, mais je n'aime pas la tendance de certains de mes pairs à sous-entendre qu'aucun acte raciste n'est possible envers les blancs ou de la part d'une personne racisée et de me dire "ta gueule" si j'ose parler de mon expérience personnelle alors qu'elle n'a pas moins de valeur que lorsque je parle du racisme que j'ai pu subir pour être métisse "noire" à côté. À mon échelle perso, me faire demander mes origines m'a quand même fait moins de mal que me faire foutre la tête dans la merde pour essayer d'effacer ma blancheur de babtou ou me faire poursuivre dans le but de me violer pour vérifier de quelle race était mon vagin. Ce qui ne veut pas dire que le racisme anti-blanc est pire ou plus violent (je donne des exemples pour montrer qu'une hiérarchisation sur la base des préjudices vécus est trop simpliste, c'est la proportion qui doit importer après et qui fait qu'on parle bien plus d'un racisme systémique puisqu'il est extrêmement insidieux et préjudiciable), mais juste que je ne vois pas pourquoi on ne devrait jamais en parler si on a le temps de se demander si c'est de la curiosité mal placée de demander à quelqu'un d'où il vient (cf. Un article de madmoizelle récent que j'ai vu passer).
Est-ce que ça doit être systémique pour qu'on en parle (systémie qu'elle n'evoquait même pas dans son cas ?) ?
Est-ce que ça retire forcément de la visibilité aux luttes contre le racisme systémique contre les racisés d'en parler, aussi ?
Parce que le propos n'est absolument pas de dire que ça a les mêmes propositions (heureusement), ni qu'on va avoir le même nombre de blancs victimes de racisme que de racisés. Et enfin, en parler ne veut absolument pas dire qu'un blanc ne peut donc pas être raciste (cette bonne blague !), on peut être victime et raciste en même temps.
Je sais que c'est important de parler de racisme systémique, mais peut-être ne faudrait-il pas hurler à l'indécence dès que quelqu'un évoque un vécu en lien avec du racisme non systémique mais racisme quand même ? Ça peut être archi violent, je l'aurais très mal vécu à la place de la madmoizelle en question, quoi. Il y a des façons de rappeler que ce n'est pas le même type de racisme sans nier le vécu d'une personne et considérer qu'une hyperbole (évidemment que "tout" le monde ne devait pas être raciste avec elle, c'était une façon de parler pour evoquer un climat d'hostilité générale) est une abomination sans nom.