Le sexisme ordinaire dans la cour de récré — Témoignage

[Fizzgig]

On jouait aussi à "attrape filles/attrape garçons" (en alternance) mais je ne me souviens pas vraiment d'une division sexiste entre filles et garçons lors de ma primaire.

Par contre dans les jeux dans le village avec ma bande de copains c'était autre chose: deux filles et deux garçons, ma copine Manon était systématiquement la "Princesse" parce qu'elle était jolie (= elle avait des seins.) Moi j'avais des lunettes, j'étais mal peignée, et je tenais pas en place (hého le rôle de la princesse en haut de sa tour c'est vachement chiant) donc j'étais la servante. (azy, balaye le château)

Le jour ou on a joué à Pocahontas, j'étais Meiko. (oui, le raton-laveur. Je ne dis pas que ce n'étais pas rigolo, je me suis beaucoup amusée à foutre le bordel à quatre pattes, c'est plutôt le fait qu'on ne m'ai pas laissé le choix qui me choque après coup)
Quand on a joué au Bossu de Notre Dame, j'ai eu la chance de me voir attribuer le rôle de Fleur de Lys (merci les cheveux blonds) (cette fille ne sert A RIEN)

Heureusement on jouait plus souvent à faire des cabanes ou à la Playstation donc je n'ai pas eu à me plier au groupe comme ça trop souvent (j'avais un caractère de suiveuse) mais cette hiérarchisation de la "valeur" entre ma meilleure amie et moi uniquement basée sur nos attributs féminins et notre comportement m'a, je pense, beaucoup marquée et influencée de manière plus ou moins consciente.

Moi, je n'étais pas la "jolie" (apparemment principale qualité des filles, avec les seins), j'étais l'autre.

J'ai traîné ça un moment.

 

[CroukyMout]

Ca me rappelle la primaire, la BALLE AU PRISONNIER !!! J'étais quasiment (pour ne pas dire tout le temps ) la dernière avec les 3-4 garçons les plus brutus de la classe. Pour pas se faire toucher, y'avait pas de problème, j'me la jouais Matrix qui évite la balle  par contre pour viser les adversaires, c'était autre autre chose ...


En tout cas, d'après le témoignage, c'est dingue que les filles n'essaient même pas de retourner la situation comme si de toute manière une fille ne peut pas gagner contre un garçon, comme si c'était un fait établi.

J'ai toujours été réservée mais j'aimais l'idée qu'une fille puisse rivaliser un garçon, pour moi, c'était un petit défi personnel.

 

[clemp]

Dans mon école on jouait à "les gars attrapent les filles" (et c'est vrai qu'en y repensant c'était pas dans l'autre sens), mais les filles se défendaient, et on jouait aussi à beaucoup d'autres jeux aux équipe mixtes sans problèmes.

Par contre j'ai un souvenir du collège où le prof de sport avait séparé la classe en deux pour faire du foot : les garçons d'un côté et les filles et les nuls de l'autre. Comme si une fille ne pouvait pas être douée et qu'un garçons nul en foot ne pouvait être un vrai mec...
Si même les adultes responsables donnent le mauvais exemple...

mais quand même vous avez remarqué que les dessins animés, par exemple les disney, montrent des princesses actives, qui se battent aux côtés des princes plutôt que d'attendre bêtement qu'on vienne les sauver ? Je trouve que petit à petit certaines choses changent quand même.

 

[ladydaenerys]

Wow ça me choque cette réaction...
Pourtant au primaire, ça a toujours été equitable pour moi, quand on jouait à ce jeu, on ne m'attrapait jamais ! (j'adorais ce jeu) et puis souvent les filles (dont moi) jouaient aux billes, et même au tournoi de foot organisé le plus souvent par les garçons mais on etait quand même deux equipes de filles qui savaient (à peu près) jouer ! Et puis on jouait aussi avec les garçons avec de faux sabres lazers ^^
On dirait bien que c'est selon l'école, mais après avoir lu ce témoignage je suis bien contente de ne pas l'avoir subi... 

 

[fanfanou]

Apparemment, j'ai eu de la chance, dans mon école, car nous avions surtout des jeux mixtes ou au moins sans rapport de domination : le jeu de l'épervier et la balle au prisonnier. Le but était surtout de sauver sa peau et non pas de se battre contre l'autre sexe.

Moi j'étais plutôt du genre rapide et n'avais pas peur de me défouler dans un jeu. Et je n'étais pas pour autant un "garçon manqué" (mon dieu, que je n'aime pas ce terme) mais je jouais tout autant aux billes/pogs, qu'à l'élastique, à la corde ou aux Petits Poneys (kikoo les 1990s). ...J'aimais qu'on se tresse les cheveux entre copines à parler des garçons, comme j'aimais courir après ces mêmes garçons et me mesurer à eux. Bref, j'étais...un enfant.

Par contre, ce témoignage ne m'étonne pas : je vais en rajouter une couche mais...qui a aussi vécu, dans son école, ces merveilleux moments d'humiliation où les garçons venaient soulever les jupes des filles ?! C'était juste INSUPPORTABLE. Et souvent, les instituteurs-trices ne réagissaient pas, mettant cela sous le coup de "c'est normal, les enfants se cherchent entre eux" ou "qui aime bien, châtie bien"...

Quant aux crétins machos dès l'enfance, même si on faisait beaucoup de jeux mixtes, je tiens à préciser qu'il y en avait quand même MOULT dans mon école. Je m'en suis d'ailleurs pris plein la tronche par certains parce que j'étais "la petite rigolote de service". On me trouvait jolie, certes, mais je n'étais pas assez "passive" : trop blagueuse, trop joueuse. J'étais très appréciée des filles, j'avais plein de copines, mais certains garçons me craignaient et/ou me ridiculisaient. En plus, je faisais partie des 4-5 premier-e-s de la classe. Donc un pied dans le clan des "intellos" (qui étaient souvent raillés), un pied dans la "marginalité" (puisque je faisais tout le temps le clown), un pied chez les filles, un pied chez les mecs : pas facile d'être un gamin. Maintenant, toutes ces facettes constituent ma personnalité et j'en suis fière, mais quand t'es gamin ou ado, et que t'es censé rentrer dans le moule, c'est clairement pas évident.

Bref, même si les abrutis du "Printemps français" veulent nous faire retourner en 1950, j'espère qu'on arrivera tout de même à mieux sensibiliser nos (futurs) enfants à l'égalité hommes-femmes, à les inviter à faire preuve de tolérance, et à éradiquer petit à petit le sexisme ET le bullying dans les cours de récrés.

 

[Patriarcaca]

Putain je suis en cours et je dois me retenir de pleurer (surtout que si je dois expliquer que c'est parce que le sexisme ordinaire commence dès la cour de récré, je vais passer pour une dingue).
Cet article est juste superbement bien écrit, j'avais l'impression d'y être et ça m'a mise en colère, alors que j'ai passé depuis longtemps l'âge de jouer au loup.

 

[Monemy]

Mais moi aussi je jouais à ça dans la cour de récré!!!
C'était même un de mes jeux préférés.
Je pense qu'il y avait quelques différences quand même: les rôles des garçons et des filles alternaient en fonction des parties, et je n'ai pas le souvenir de notions de "défaite" ou de "victoire".

J'y ai repensé depuis et, avec le recul, j'avais interprété ce jeu, mais je n'y ai jamais vu de composante sexiste jusqu'à aujourd'hui.

Nous avons commencé à jouer à ce jeu quand nous étions en CM2, et je suis convaincue qu'il s'inscrivait dans notre apprentissage des corps et de la sexualité, plutôt que dans une démarche sexiste. D'ailleurs nous avons commencé en même temps que d'autres jeux "découverte" (dont je ne parlerais pas en détail, pour préserver la dignité de tous ceux concernés ). Je pense que le contact physique nécessaire, ainsi que cette distinction garçons/filles, étaient assez excitants pour de petits pré-ados!

Ceci dit, peut-être que justement cette découverte de la différence peut se teinter d'une forme de sexisme, même si moi-même je n'ai pas ressenti ça?

 

[Alnilam]

Y a pas de secrets ça commence dans la cour de récré ces choses là et puis c'est transposer dans le monde du travail, à la maison etc...

En tout cas la réaction des filles est effrayante mais triste aussi  ça me dit quelque chose ce type de comportements, je me demande si ça ne porte pas un nom en Psycho... bref ça fait peur mais ça explique pourquoi il est difficile de renverser une situation. Parce que la victime y adhère complètement et de son plein gré.

Il ne nous reste plus qu'à faire comme Sarah les filles! C'est à dire qu'il faut continuer de libérer les femmes même si à notre âge ce n'est plus dans une cour d'école et qu'on ne joue plus à trappe-trappe l'idée est la même! Continuons de taper dans les mains pour les libérer même si elles veulent pas sortir (elles finiront bien par piger)  et ce même si ça donne juste envie de pleurer et de maudire le monde quand ça marche pas

Ça m'étonnes pas ce que tu as vécu @Armo Nelga ça été ça une partie de ma scolarité  même que je commençais à trouver que c'était normal quant aux réflexions sexiste des profs de sport ça aussi ça faisait partie du décor. Le pire ça été en cinquième où le prof détestait ce qui étaient pas bon en sport et TOUTE les filles alors quand on combinait les deux comme moi c'était le must si je précise qu'en plus il était le prof principal de la classe on devine que c'était pas la joie   
Au lycée en tout cas ça c'est mieux passé parce que pour le coup il n'y avait qu'un prof de sport homme (qui s'occupait des équipes de foot féminine en plus) et mine de rien ça a eu une influence (que des équipe mixte et le même sport pour tous même s'il était connoté très "mec" ou très "nana"). Bon ça à pas suffit à me faire aimer le sport    

 

[Marcelline P.]

Je viens apporter ma (petite) pierre à l'édifice.
Je me rappelle que lorsque j'étais en primaire, j'étais souvent la fille qui l'ouvre, qui n'a pas peur de gueuler contre ceux qui viennent la chercher. Je me souviens m'être souvent plainte ouvertement du "monopole" qu'exerçaient certains garçons de CM1-CM2 sur le terrain de la cour, pour jouer au football ; je ne me plaignais pas tant de leur jeu que de leur façon de jouer (viser ceux et celles qui passaient sur "leur" terrain, bourriner sur les ballons en cuir très dur alors que les professeurs leur avaient donné des ballons en mousse pour éviter les accidents...). Malheureusement je suis vite devenue la cible de ces "grands", parce que je ne suis pas restée à ma place, comme les autres, et surtout, parce que j'étais une fille : moqueries nominatives, petits surnoms humiliants, voire poursuites lorsque je traversais le terrain... Heureusement ça n'a pas duré longtemps, mais ça a suffi pour me faire comprendre que si tu l'ouvres quand tu es en position de faiblesse, tu as intérêt à encaisser après.

Et je me souviens aussi de commentaires déplacés alors que je portais une jupe (venant de filles, les garçons n'en avaient pas grand-chose à faire) : "Pour qui tu te prends ?" etc. Ambiance délicieuse entre filles.

Le primaire = bande de sauvages désinhibés.

 

[Remus]

Comme ça m'étonne vos témoignages !

Parce qu'en primaire, je jouais avec les autres à "Filles attrapent garçons", c'était dans ce sens la plupart du temps : les filles attrapaient les garçons, parfois c'était l'inverse, mais on alternait tout le temps. En tout cas le jeu s'appelait Filles attrapent garçons dans mon école. :-) Les garçons adoraient se faire attraper par les filles, ils couraient vite, on s'amusait beaucoup ; c'était l'occasion aussi de lancer quelques signes à ton amoureux ou ton amoureuse en lui courant systématiquement après. Certains garçons se faisaient attraper parce qu'ils couraient moins vite que les filles ; d'autres se laissaient attraper par leur amoureuse... Des filles ne se faisaient jamais attraper parce qu'elles couraient vite, etc.

J'ai aussi beaucoup joué au foot à l'école primaire avec une amie et les garçons nous ont toujours accepté et aimaient bien nous avoir dans leur équipe. On était sportive et on courait assez vite, ça a du jouer.

Du coup, j'ai pas du tout le même ressenti, ça me fait tout drôle de vous lire, certains commentaires sont assez tristes aussi. Mais c'est vrai que je n'ai pas du tout eu l'impression que la cour de récré était genrée, que s'y reproduisaient les différences supposées entre les filles et les garçons, pas du tout.

 

[BeaW]

Même si dans ma bienheureuse école les rôles alternaient et que garçons et filles étaient soudés dans une égalité qui m'impressionne aujourd'hui, je suis convaincue que nous étions une exception.
Ce témoignage me choque. Comme de constater que les filles d'un collège non mixte semblent bien plus désinhibée en classe parce qu'elles ne sont pas confrontées à "l'autre". Comme de remarquer mes propres petits mots déterminants face à mes petites élèves de 7 ans. Comme de nous entendre réfléchir de manière si différente avec mon copain selon que l'on imagine que notre enfant sera une fille ou un garçon. Malgré toute notre conscience, toute notre auto-critique, notre envie d'élever notre enfant et d'enseigner à nos élèves l'égalité et de ne jamais les limiter à des rôles prédéterminés.
Tout ça commence dés la naissance, et même avant, avec la manière dont on envisage l'arrivée d'un enfant. C'est difficile de lutter parce qu'il faut d'abord lutter contre soi, et que chacun le fasse.
Mais on continue !

 

[Armo Nelga]

Ça m'étonnes pas ce que tu as vécu @Armo Nelga ça été ça une partie de ma scolarité  même que je commençais à trouver que c'était normal quant aux réflexions sexiste des profs de sport ça aussi ça faisait partie du décor. Le pire ça été en cinquième où le prof détestait ce qui étaient pas bon en sport et TOUTE les filles alors quand on combinait les deux comme moi c'était le must si je précise qu'en plus il était le prof principal de la classe on devine que c'était pas la joie    

Ah vouais mais je me doute que j'ai pas eu un cas à part... ça...

Mais j'me rappelle que bien avant d'être au courant es notions de sexisme et de féminisme... béééééééé... venant d'une prof femme, j'avais été choquée. Bref !
J'me doute bien qu'on a TOUTES été confrontée au problème en sport. Toutes. Si.