J'ai juste envie de vivre chaque petite seconde de mon quotidien. De les vivre comme si je pouvais les perdre.
J'aurais pu écrire chaque mot de ton post. Je n'ai connu qu'une seule autre personne m'ayant fait part de cette sensation, c'est ma petite soeur, c'était à l'enterrement de ma grand-mère il y a 3 ans, elle avait donc 14 ans. Un sentiment très étrange pour moi de l'entendre raconter quelque chose de connu, et que je croyais être la seule à connaître. Plus une sorte d'expérience de réincarnation : l'idée que finalement, je vois le monde depuis un corps qui m'a été attribué, mais même après la disparition de ce corps, je ne m'imagine même pas ne plus voir le monde, alors je suppose que l'on me donnera un autre corps, que j'aurai tout oublié de celui-ci, mais que je continuerai à voir le monde et y agir (pourtant, je ne suis pas croyante).jeanne-des-brumes;3893004 a dit :Hier, j'ai ressenti quelque chose qui ne m'était pas arrivé depuis un paquet d'années, et ça a eu une sorte d'effet madeleine de Proust, je me suis souvenue de toutes les problématiques qui m'habitaient quand j'avais 6/7 ans.
Étant mouflette, je me regardais dans le miroir. Et je me regardais si longtemps, qu'au bout d'un moment je ne me reconnaissais plus. Je me demandais qui j'étais, pourquoi j'étais là, qui étaient réellement mes parents pour moi, qui était réellement mon frère pour moi. Comme si j'avais voulu trouver un sens profond à la vie, une raison à notre présence ici. Je cherchais la finalité, le point vers lequel convergeaient toutes mes actions. Je me sentais comme une sorte de pantin, et j'avais envie que celui qui tire les ficelles se révèle à moi et m'explique pourquoi il me faisait agir ainsi. Sauf que là, je ne pensais même pas à Dieu ou à qui que ce soit, je n'étais même pas tant dans la spiritualité, j'étais dans autre chose, dans l'inexplicable. A ces moments justement, je me détournais de l'idée de Dieu derrière laquelle j'aimais bien me réconforter au quotidien. C'était involontaire, mais Dieu n'intervenait pas dans ce genre de questionnements, comme si finalement Dieu était encore un refuge, un pallier, mais pas "le pallier ultime". C'était extrêmement bizarre comme attitude, comme si je faisais "l'expérience" du néant. Et parfois ça me bouleversait vraiment. Après je regardais des photos de ma mère (ou alors j'allais la regarder (elle devait me trouver effrayante à ces moments hahaha)) et je la trouvais totalement étrangère à moi. Je me trouvais aussi totalement étrangère à mon reflet. Finalement, j'avais l'impression de ne pas exister, et que rien n'existait. C'était hyper déstabilisant. Non pas que ça me rendait triste, heureuse ou quoi que ce soit. J'avais juste l'impression de quitter la vie l'espace de quelques minutes et de ne plus rien comprendre.
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Et je poste ça ici parce que j'ai expliqué à des amis que j'avais vécu ça étant petite, mais je le disais sur l'ordre de l'évidence, en pensant qu'on avait tous déjà fait cette expérience. Ils ont ouvert des gros yeux et ont halluciné, alors que je pensais vraiment avoir mis le doigt sur une expérience collectivement partagée.
Je pensais fédérer le groupe avec ma petite anecdote et recevoir plein de "ahhh mais oui putain moi aussi ça me le faisait, c'était super perturbant", et en fait je les ai choqués .
apollonide;4212702 a dit :Ah je suis bien contente que ce topic existe vu que j'expérimente ce genre d'émotions/de sensations environ 500 fois par jour.
Une qui m'est revenue il n'y a pas longtemps : ça vous est déjà arrivé de ressentir une tristesse inexplicable devant un élément plutôt banal de la vie quotidienne ? Il ne s'agit pas d'un chagrin profond (en tout cas pas en ce qui me concerne), mais plutôt d'une peine légère, comme une envie de pleurer. Une sensation qui rappelle un peu les chagrins d'enfant, en fait.
Un exemple concret : l'été de ma seconde, je suis partie faire un voyage linguistique au Pays de Galles. C'était une colo mais on était tous hébergés dans des familles d'accueil locales. J'habitais chez un couple cinquantenaire dont le mari avait vraisemblablement fêté son anniversaire peu de temps auparavant, car il y avait une carte exposée sur la table du salon. Elle représentait un bonhomme souriant qui tenait un portable et au dessus de lui, il y avait écrit "For my husband" (c'était donc sa femme qui la lui avait offerte) (admirez mes capacités déductives). Et, pour une raison inconnue, à chaque fois que je regardais cette carte, et en particulier le sourire type smiley du bonhomme, mon coeur se serrait et je me sentais tristoune
Ça m'arrive de temps en temps. C'est plus un pincement au coeur que le grand désespoir en fait. Mais c'est quand même un peu chelou. C'est comme si j'avais de la peine pour quelqu'un, mais sans savoir qui
(Une des raisons pour lesquelles Apollonide devrait consulter )
eternity-;4303209 a dit :Ca me le fait souvent, et plus particulièrement en regardant des personnes âgées.
Je sais pas pourquoi mais ça me rend triste de voir des personnes si vieilles, même si elles n'ont aucun mal à marcher / faire des trucs, ni rien, ça me fait bizarre.