Alors je la blame pas elle dans le sens où elle ne méritait pas ce viol ou toutes autres agressions. Mais
je blame son manque de prudence oui clairement, de ne pas prendre de pseudo, de laisser la géolocalisation, d'ouvrir la porte à n'importe qui. [...] Un excès de prudence ne sera jamais une perte de temps. Et ça je trouve que les gens hommes ou femmes hien ne le sont plus assez car justement toujours plus pressés
Je sais que tu t'es expliquée dans tes posts suivants mais tes propos ne m'ont pas convaincue que tu faisais vraiment une séparation entre prudence et responsabilité... Dans ton premier post tu dis clairement que tu
blâmes la victime pour ne pas avoir été prudente, et tu donnes un exemple de ce qu'
elle aurait du faire, puis tu dis qu'on doit éduquer les jeunes à la prudence. Pire, tu juges que "des hommes et des femmes
bien" ne le sont plus "parce qu'ils sont pressés"... Bref, ça fait quand même beaucoup de remise en cause de la personne lambda, contre aucune sur le comportement déviant en lui-même et ça c'est extrêmement dérangeant.
On vit dans un monde qui encourage les "excès de prudence", ne serait-ce que parce que les assurances ne veulent pas rembourser les dommages des assurés (tu mets pas ta ceinture et tu as un accident? indemnisation minorée; tu t'es fait cambrioler après avoir mis une photo de tes vacances sur Facebook? Idem). Sauf que ce n'est pas un comportement normal, ça ne solutionne rien. Pire, ça encourage les comportements délictueux puisqu'au final la victime (de viol, d'agression, de cambriolage, etc...) porte une part de responsabilité, on se préoccupe de ce qu'elle a fait autant, sinon plus, que le délinquant.
Je sais qu'on ne vit pas dans un monde de bisounours, qu'il y a un minimum d'attention à avoir pour vivre en paix et qu'il faut éduquer les gens et les jeunes à un minimum de responsabilité. Mais, entre dire "ne postez pas une photo de votre nouvelle TV dans le même tweet que votre adresse postale" et "n'ouvrez plus à personne sans avoir bien vérifié que c'est un vrai colis", il y a un monde, quand même...
Il ne faut pas devenir paranoïaque et s'empêcher/empêcher les autres de se comporter de façon libre et confiante. Il y a pas mal d'études qui ont montré que la méfiance des individus dans nos sociétés a augmenté beaucoup plus que les dangers, qui eux sont stables depuis le début du XXe siècle (je parle des dangers 'normaux' inhérent à une société, pas des trucs type arme nucléaire ou bactériologique), voir même tendent à diminuer puisqu'on a de plus en plus de moyens de les circonscrire. En gros, tu avais plus de chance de te faire kidnapper en 1930 et qu'on ne te retrouve jamais qu'aujourd'hui, car il y a les réseaux sociaux, le dispositif alerte enlèvement, etc... qui permettent d'agir et de diffuser les informations très vite. Ce qui a changé, c'est notre tolérance au risque et aux atteintes qu'on nous porte: on les tolère bien moins, on veut toujours être plus protégé, donc on adopte des comportements de défense: alarmes incendies, alarmes anti-vol, multiplications des règles qui t'obligent à adopter un comportement "prudent", qu'elles soient légales ou sociales (obligation de porter ta ceinture, jugement si tu te balades la nuit seule en minijupe, etc...).
Sauf que ça ne résoud rien, puisqu'on ne s'attaque pas aux racines du problème. On va dire, comme toi, "les gens ne sont plus biens, ils sont pressés", alors que "les gens" ont en fait juste un minimum confiance dans la société dans laquelle ils vivent et espèrent être un peu libre d'agir à leur guise sans être traités d'écervelés. On va dire ça au lieu de se dire "ok, il y a une augmentation de la criminalité, pourquoi?" et de chercher à éduquer les citoyens, à leur donner des valeurs morales, à remettre en cause les comportements qui heurtent.
C'est quand même triste d'en arriver à un point ou tu ne te sens pas suffisamment en confiance pour ouvrir ta porte à un livreur (pour reprendre ton exemple), mais où tu te dis que c'est à toi de faire attention et pas aux autres de se comporter correctement. Et le problème c'est que la majorité de la société pense comme toi...