Cet article me parle pas mal, car je suis partie il y a trois ans au nord du Royaume-Uni pour une année Erasmus, et n'ai pas vécu l'année "ouf" fantasmée. Ne vous y trompez pas, j'ai passé une super année, mais moins pour les rencontres que parce que la ville était extraordinaire (Durham : certaines scènes des premiers Harry Potter y ont été tournées
), tout était fait pour les étudiants, mes cours étaient intéressants... J'ai cependant déchanté pour les rencontres et surtout les contacts gardés (ou pas) en France.
En effet, je sortais de deux années de prépa, c'est-à-dire vivre les uns sur les autres pendant deux ans. J'avais un groupe d'amis extraordinaire, ces deux années avaient été (et sont encore) les meilleures de ma vie, bref je me remettais difficilement de la fin de la prépa. Ma résidence étudiante était très agréable, j'avais été placée avec deux Françaises, une Portugaise et une Italienne avec qui je me suis bien entendue (on a fait plusieurs soirées ensemble). Au début je pestais d'être avec des Françaises (pour la langue), mais finalement nous nous sommes serré les coudes pour les questions administratives, et conscientes qu'il nous fallait rencontrer des étrangers nous nous sommes mutuellement présentés des amis étrangers...
Cependant, si j'avais déjà vécu en colocation, j'ai fait l'expérience d'une "grande coloc" et des inconvénients d'appliquer à tout le monde une discipline : casseroles sales, tâches ménagères que tout le monde ne faisait pas, cheveux dans la douche... Au final cela m'a appris à relativiser sur la colocation, et surtout m'a donné très envie de vivre seule.
Rencontrer les autochtones n'est pas très facile : dans l'université où je me trouvais, il y a un système de
college, comme les maisons dans Harry Potter : tu fais partie de telle maison ou tu n'en fais pas partie.
Comme la plupart des étudiants y vivent, ils ont leurs propres groupes d'amis, vont aux clubs de sport ensemble, et sont ravis de discuter avec toi, surtout pour te faire savoir que "Ah ! Tu es Française ! C'est génial, j'adore Paris et je rêve d'habiter en Normandie !" (vécu à plusieurs reprises
), bref ils s'en fichent de toi et de ta culture, se contentant de la respecter. Les seuls autochtones qui m'aient sauté dessus pour faire des tandems et lier connaissance étaient les étudiants qui revenaient d'une année en France, et avec eux j'ai eu des liens privilégiés, visité des coins insolites, approché la réalité de la vie anglaise, etc.
La grosse claque de l'année est que mes amis en France après la prépa sont tous partis étudier à Paris, et donc que j'ai perdu beaucoup de contacts (tous m'ont promis de venir me voir, seule ma famille est venue) : loin des yeux loin du cœur, finalement les contacts gardés sont les plus importants. J'étais jalouse qu'ils fassent tous des fêtes les uns chez les autres, mais au fond cela n'en a pas empêché certains de ne pas avoir leur année (ah, les tentations de la capitale pour un provincial
!), de se disputer, d'être malheureux...
Cela m'a finalement appris que seul ne signifie pas sans ami, et qu'après tout j'aimais bien être seule. J'ai évolué grâce à cela. J'ai beaucoup lu cette année-là, beaucoup dormi aussi
, j'ai visité l'Angleterre (vive le club de randonnée de l'université !), mangé beaucoup de pâtisseries anglaises, appris beaucoup via mes amis anglais sur la dure réalité de la vie dans leur pays, mais n'ai pas du tout fait la fête comme une dingue (pas vraiment mon genre, en même temps
).
Je tiens également à préciser que je n'avais pas vu (et n'ai toujours pas vu)
L'Auberge espagnole, ce n'est pas non plus comme si on devait forcément l'avoir vu avant de partir : il faut vivre son Erasmus comme on l'entend, pas comme le dicte un film ou des fantasmes relayés par les médias/étudiants/profs, etc.
Si je peux donc me fendre d'un conseil, c'est de partir en Erasmus, mais en se préparant à ne pas voir amis/copain/parents/papi-mamie, etc. Beaucoup autour de moi ont vécu d'horribles séjours parce qu'elles n'étaient pas avec le chéri et rentraient dès que possible le retrouver, ce qui me semble dommage. Mais bon, chacun sa vie.
Conclusion (oui, j'arrête de raconter ma vie avec force smileys
) : Erasmus OUI, sans préparation et avec plein de fantasmes NON.