Les extraits que vous aimeriez nous faire partager !

23 Août 2007
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Saint Nazaire Les Eymes
Chét';736839 a dit :
L'homme Assis Dans Le Couloir, Marguerite Duras:



L'ami Retrouvé, Fred Uhlman:



voilà pour l'instant ^^"
C'est pas beaucoup mais j'aime ce topic =]
Je suis entrain d'en lire un autre, si j'ai quelque chose, je vous tiens au courant!

Les deux sont vraiment très belles :smile:
 
A

AnonymousUser

Guest
J'ai arrêté de recopier des extraits depuis un moment, mais ceux-là sont les derniers que j'ai notés.

Avant je croyais avoir un destin, avant je suivais la ligne des arbres du Luxembourg, avant j?avais le désir des corps, avant je croyais.
Toute ma vie à me défaire des autres.
Toute ma vie à chercher mon deuxième visage.
(Poupée Bella, Nina Bouraoui)

Autour d'elle, au-dessous d'elle, une vie frondeuse et craintive gravitait. Elle servait de modèle, de cible, et l'ignorait. Calomnies et louanges parlaient d'elle, répétaient son nom au sein d'un tulmute sourd, presque souterrain, qui montait surtout de petits tripots amicaux, d'exigus cinémas de quartier où les amies se rendaient par groupes, - de rez-de-chaussée agencés en restaurants, obscurs, bleus de fumée. Quelque cave montmartroise aussi hébergeait ces inquiètes, traquées par leur propre solitude et qui se rassérénaient entre des murs bas, sous la rude tutelle d'une camarade-tenancière, au grésillement onctueux d'une vraie "fondue" vaudoise, au contralto rugissant d'une camarade-artiste qui leur chantait des romances d'Augusta Holmès... Le même besoin de refuge, de chaleur, d'ombre, le même effroi de l'intrus et du curieux amenaient là des amies dont les visages, sinon les noms, me devenaient vite familiers. L'absence de littérature - et de littératrices - m'était douce, comme m'était légère la gaîté vide des propos, et divertissantes certaines joutes de regards, certaines traîtrises à peine exprimées, aussitôt comprises, et l'apparition de la férocité; je me plaisais à la promptitude admirable dans le langage muet, dans l'échange de la menace, de la promesse, comme si, le lent mâle écarté, tout message de femme à femme devînt clair, foudroyant, limité à un petit nombre infaillible de signes...
(Le Pur et l'Impur, Colette)

Il m'emmena dans sa chambre saturée de tabac, tira un volume d'une pile, feuilleta, fureta :
"Cela aussi, c'est bien, très bien, dit-il, écoutez cette phrase : "On devrait être fier de souffrir : toute souffrance est un rappel de notre rang élevé." Pas mal ! quatre-vingts ans avant Nietzsche ! Mais ce n'est pas la phrase dont je vous parlais... attendez... je la tiens ! La voilà : "La plupart des hommes ne veulent pas nager avant de savoir le faire." N'est-ce pas spirituel ? Naturellement, ils ne veulent pas nager ! Ils sont nés pour la terre, pas pour l'eau ! Et, naturellement, ils ne veulent pas penser : ils sont faits pour vivre, pas pour penser ! Oui-da, et celui qui pense, celui qui en fait son principal souci peut, certes, pousser loin dans ce domaine, mais il a quand même changé la terre pour l'eau et un jour il coulera."
Il m'avait séduit et intéréssé, et je restai chez lui quelques temps. Depuis, il nous arriva souvent de causer un peu quand nous nous rencontrions dans la rue ou dans l'escalier. Au début, comme avec l'araucaria, une véritable estime : il était si conscient de son isolement, de son déracinement, d'avoir quitté la terre pour l'eau que, sans la moindre ironie, la vie d'une habitude bourgeoise, par exemple la ponctualité avec laquelle je me rendais à mon bureau, ou le mot d'un domestique ou d'un conducteur de tramway, le remplissait d'admiration. Au commencement, cela me parut ridicule et exagéré, caprice dévergondé, affectation sentimentale. Mais, de plus en plus, je dus me convaincre que du fond de sa solitude étouffante, de sa sauvagerie de loup des steppes, il aimait et admirait sincèrement notre petit monde bourgeois comme quelque chose de sûr et solide, d'inaccessible et lointain, comme la patrie et la paix vers lesquelles ne le menait aucun chemin. Il saluait notre femme de ménage, une brave fille, d'un coup de chapeau pénétré de respect, et, lorsque ma tante lui parlait un peu ou attirait son attention sur la nécessité de réparer son linge ou de recoudre un bouton à son pardessus, il l'écoutait avec tant d'attention, d'application et de déférence qu'on le sentait tenté indiciblement et désespérément de se glisser, par quelque brèche, dans ce petit monde paisible, de s'y sentir chez lui, ne fût-ce qu'une heure.
(Le Loup des Steppes, Hermann Hesse)
 
21 Juillet 2008
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Basècles
Astrocrash.skyrock.com
La femme de Gilles , Madeleine Bourdouxhe



" De chaque image se détachait, petite abstraction douloureuse, une nouvelle parcelle de conclusion.[...] Mais ce n'étaient que des étapes. Elisa attendit un instant. Elle rassembla ses forces. Enfin elle y arriva: courageusemnent, elle s'assena en plein coeur :" Gilles ne m'aime plus."Elle chancela. [ ... ] Tu es seule devant la plus grande douleur de ta vie. [...]
Elle arriva a la cuisine, ferma la porte derriere elle, tomba agenouillée près du poêle éteint. Sa tête se soulevait, se penchait en arrière et retombait dans ses bras appuyés sur la fonte glacée, toutes les quelques secondes, sous la choc de chaque sanglot. "

:crying:
 
1 Mars 2006
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Montréal
Bon je n'ai d'autre choix que de diviser mon extrait en deux ; autrement, un message d'erreur s'affiche.

Antoine se retrouve étendu sur le dos,
au bord de la falaise. Le ciel commence à blanchir.

Est-ce la clarté de l'aube, ou bien un reflet de la lune ?

Il tâche de se soulever, puis retombe ; et en claquant des dents :

J'éprouve une fatigue... comme si tous mes os étaient brisés !
Pourquoi ?
Ah ! C'est le Diable ! Je me souviens ; - et même il me redisait tout ce que j'ai appris chez le vieux Didyme des opinions de Xénophane, d'Héraclite, de Mélisse, d'Anaxagore, sur l'infini, la création, l'impossibilité de rien connaître !
Et j'avais cru pouvoir m'unir à Dieu !
Riant amèrement :

Ah ! Démence ! Démence ! Est-ce ma faute ? La prière m'est intolérable ! J'ai le coeur plus sec qu'un rocher ! Autrefois il débordait d'amour ! ...
Le sable, le matin, fumait à l'horizon comme la poussière d'un encensoir ; au coucher du soleil, des fleurs de feu s'épanouissaient sur la croix ; - et au milieu de la nuit, souvent il m'a semblé que tous les êtres et toutes les choses, recueillis dans le même silence, adoraient avec moi le Seigneur. O charme des oraisons, félicités de l'extase, présents du ciel, qu'êtes-vous devenus !
Je me rappelle un voyage que j'ai fait avec Ammon, à la recherche d'une solitude pour établir des monastères. C'était le dernier soir ; et nous pressions nos pas, en murmurant des hymnes, côte à côte, sans parler. à mesure que le soleil s'abaissait, les deux ombres de nos corps s'allongeaient comme deux obélisques grandissant toujours et qui auraient marché devant nous. Avec les morceaux de nos bâtons, çà et là nous plantions des croix pour marquer la place d'une cellule. La nuit fut lente à venir ; et des ondes noires se répandaient sur la terre qu'une immense couleur rose occupait encore le ciel.
Quand j'étais un enfant, je m'amusais avec des cailloux à construire des ermitages. Ma mère, près de moi, me regardait.
Elle m'aura maudit pour mon abandon, en arrachant à pleines mains ses cheveux blancs. Et son cadavre est resté étendu au milieu de la cabane, sous le toit de roseaux, entre les murs qui tombent. Par un trou, une hyène en reniflant, avance la gueule ! ... horreur ! Horreur !

Il sanglote.

Non, Ammonaria ne l'aura pas quittée !
Où est-elle maintenant, Ammonaria ?
Peut-être qu'au fond d'une étuve elle retire ses vêtements l'un après l'autre, d'abord le manteau, puis la ceinture, la première tunique, la seconde plus légère, tous ses colliers ; et la vapeur du cinnamome enveloppe ses membres nus. Elle se couche enfin sur la tiède mosaïque. Sa chevelure à l'entour de ses hanches fait comme une toison noire, - et suffoquant un peu dans l'atmosphère trop chaude, elle respire, la taille cambrée, les deux seins en avant. Tiens ! ... voilà ma chair qui se révolte ! Au milieu du chagrin la concupiscence me torture. Deux supplices à la fois, c'est trop ! Je ne peux plus endurer ma personne !

Il se penche et regarde le précipice.

L'homme qui tomberait serait tué. Rien de plus facile, en se roulant sur le côté gauche ; c'est un mouvement à faire ! Un seul.

Alors apparaît
Une Vieille Femme.
Antoine se relève dans un sursaut d'épouvante. - Il croit voir sa mère ressuscitée.
Mais celle-ci est beaucoup plus vieille, et d'une prodigieuse maigreur.
Un linceul, noué autour de sa tête, pend avec ses cheveux blancs jusqu'au bas de ses deux jambes, minces comme des béquilles. L'éclat de ses dents, couleur d'ivoire, rend plus sombre sa peau terreuse. Les orbites de ses yeux sont pleins de ténèbres, et au fond deux flammes vacillent, comme des lampes de sépulcre.

Avance, dit-elle. Qui te retient ?

Antoine, balbutiant :

J'ai peur de commettre un péché !

Elle, reprend :

Mais le roi Saül s'est tué ! Razias, un juste, s'est tué ! Sainte Pélagie d'Antioche s'est tuée ! Dommine D'Alep et ses deux filles, trois autres saintes, se sont tuées ; - et rappelle-toi tous les confesseurs qui couraient au-devant des bourreaux, par impatience de la mort. Afin d'en jouir plus vite, les vierges de Milet s'étranglaient avec leurs cordons. Le philosophe Hégésias, à Syracuse, la prêchait si bien qu'on désertait les lupanars pour s'aller pendre dans les champs. Les patriciens de Rome se la procurent comme débauche.

Antoine.

Oui, c'est un amour qui est fort ! Beaucoup d'anachorètes y succombent.

La Vieille.

Faire une chose qui vous égale à Dieu, pense donc ! Il t'a créé, tu vas détruire son oeuvre, toi, par ton courage, librement ! La jouissance d'Erostrate n'était pas supérieure. Et puis, ton corps s'est assez moqué de ton âme pour que tu t'en venges à la fin. Tu ne souffriras pas. Ce sera vite terminé. Que crains-tu ? Un large trou noir ! Il est vide, peut-être ?
 
1 Mars 2006
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Montréal
Antoine écoute sans répondre ; - et de l'autre côté paraît :
Une Autre Femme
jeune et belle, merveilleusement. - Il la prend d'abord pour Ammonaria.
Mais elle est plus grande, blonde comme le miel, très grasse, avec du fard sur les joues et des roses sur la tête. Sa longue robe chargée de paillettes a des miroitements métalliques ; ses lèvres charnues paraissent sanguinolentes, et ses paupières un peu lourdes sont tellement noyées de langueur qu'on la dirait aveugle.
Elle murmure :
Vis donc, jouis donc ! Salomon recommande la joie ! Va comme ton coeur te mène et selon le désir de tes yeux !

Antoine.
Quelle joie trouver ? Mon coeur est las, mes yeux sont troubles !

Elle, reprend :
Gagne le faubourg de Racotis, pousse une porte peinte en bleu ; et quand tu seras dans l'atrium où murmure un jet d'eau, une femme se présentera - en péplos de soie blanche lamé d'or, les cheveux dénoués, le rire pareil au claquement des crotales. Elle est habile. Tu goûteras dans sa caresse l'orgueil d'une initiation et l'apaisement d'un besoin.
Tu ne connais pas, non plus, le trouble des adultères, les escalades, les enlèvements, la joie de voir toute nue celle qu'on respectait habillée.
As-tu serré contre ta poitrine une vierge qui t'aimait ? Te rappelles-tu les abandons de sa pudeur, et ses remords qui s'en allaient sous un flux de larmes douces !
Tu peux, n'est-ce pas, vous apercevoir marchant dans les bois sous la lumière de la lune ? à la pression de vos mains jointes un frémissement vous parcourt ; vos yeux rapprochés épanchent de l'un à l'autre comme des ondes immatérielles, et votre coeur s'emplit ; il éclate ; c'est un suave tourbillon, une ivresse débordante...

La Vieille.

On n'a pas besoin de posséder les joies pour en sentir l'amertume ! Rien qu'à les voir de loin, le dégoût vous en prend. Tu dois être fatigué par la monotonie des mêmes actions, la durée des jours, la laideur du monde, la bêtise du soleil !

Antoine.
Oh ! Oui, tout ce qu'il éclaire me déplaît !

La Jeune.
Ermite ! Ermite ! Tu trouveras des diamants entre les cailloux, des fontaines sous le sable, une délectation dans les hasards que tu méprises ; et même il y a des endroits de la terre si beaux qu'on a envie de la serrer contre son coeur.

La Vieille.
Chaque soir, en t'endormant sur elle, tu espères que bientôt elle te recouvrira !

La Jeune.
Cependant, tu crois à la résurrection de la chair, qui est le transport de la vie dans l'éternité !

La Vieille, pendant qu'elle parlait, s'est encore décharnée ; et au-dessus de son crâne, qui n'a plus de cheveux, une chauve-souris fait des cercles dans l'air.
La jeune est devenue plus grasse. Sa robe chatoie, ses narines battent, ses yeux roulent moelleusement.

La Première dit, en ouvrant les bras :
Viens, je suis la consolation, le repos, l'oubli, l'éternelle sérénité !

Et La Seconde, en offrant ses seins :
Je suis l'endormeuse, la joie, la vie, le bonheur inépuisable !

Antoine tourne les talons pour s'enfuir. Chacune lui met la main sur l'épaule.
Le linceul s'écarte, et découvre le squelette de la Mort.

La robe se fend et laisse voir le corps entier de la Luxure, qui a la taille mince avec la croupe énorme et de grands cheveux ondés s'envolant par le bout.
Antoine reste immobile entre les deux, les considérant.


La Mort, lui dit :
Tout de suite ou tout à l'heure, qu'importe ! Tu m'appartiens, comme les soleils, les peuples, les villes, les rois, la neige des monts, l'herbe des champs. Je vole plus haut que l'épervier, je cours plus vite que la gazelle, j'atteins même l'espérance, j'ai vaincu le fils de Dieu !

La Luxure.
Ne résiste pas ; je suis l'omnipotente ! Les forêts retentissent de mes soupirs, les flots sont remués par mes agitations. La vertu, le courage, la piété se dissolvent au parfum de ma bouche. J'accompagne l'homme pendant tous les pas qu'il fait, - et au seuil du tombeau il se retourne vers moi !

La Mort.
Je te découvrirai ce que tu tâchais de saisir, à la lueur des flambeaux, sur la face des morts, - ou quand tu vagabondais au delà des pyramides, dans ces grands sables composés de débris humains. De temps à autre, un fragment de crâne roulait sous ta sandale. Tu prenais de la poussière, tu la faisais couler entre tes doigts ; et ta pensée, confondue avec elle, s'abîmait dans le néant.

La Luxure.
Mon gouffre est plus profond ! Des marbres ont inspiré d'obscènes amours. On se précipite à des rencontres qui effrayent. On rive des chaînes que l'on maudit. D'où vient l'ensorcellement des courtisanes, l'extravagance des rêves, l'immensité de ma tristesse ?

La Mort.
Mon ironie dépasse toutes les autres ! Il y a des convulsions de plaisir aux funérailles des rois, à l'extermination d'un peuple ; - et on fait la guerre avec de la musique, des panaches, des drapeaux, des harnais d'or, un déploiement de cérémonie pour me rendre plus d'hommages.

La Luxure.
Ma colère vaut la tienne. Je hurle, je mords. J'ai des sueurs d'agonisant et des aspects de cadavre.
Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine. Une oeuvre GIGANTESQUE en passant, l'oeuvre de toute [sa] vie, comme il le disait si bien, d'une beauté et d'une poésie déconcertantes. Dommage qu'il n'ait pas retenu plus d'attention que ça, que ce soit à l'époque de sa publication ou même de nos jours.
 
29 Juillet 2006
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...
paroxetine20mg.tumblr.com
" On me fit entrer dans une des plus grandes maisons de tissus de luxe de Paris. J'y étais magasinier. Entre les soieries et les cartons poussiéreux, j'appris à mesurer, couper, plier les commandes. Je regardais les anciens avec leurs visages marqués par la monotonie de leur travail. Je me jurais de ne pas m'eterniser dans ce genre de vie terne et sans surprises. Je ne voulais pas devenir comme eux. Parfois nous recevions la visite d'une actrice célèbre, qui venait choisir elle-même son tissu, accompagnée de sa couturière. C'est comme cela que j'aperçus Za-Za Gabor la magnifique. Toute la direction était à ses pieds. Cela fut ma première leçon: si tu vis dans l'ombre, tu n'approcheras jamais le soleil. Je ne risquais pas d'être remarqué, dans mon coin avec ma blouse grise! Un jour, on me demanda d'aller livrer un paquet à l'hôtel Ritz qui n'était qu'à cent mètres du magasin. Quand on me dit que c'était pour Audrey Hepburn mon coeur s'embrasa. Comme tous les mômes de mon âge, j'en étais tombé amoureux depuis que j'avais vu pour la énième fois son film Vacances romaines. On me fit monter par l'escalier de service et, à ma grande déception, je ne pus lui remettre moi-même le colis. Cela fut ma deuxième leçon: il ne faut pas prendre l'escalier de service.

Il m'arrivait de me présenter dix minutes en retard à mon travail. Le sous-directeur de la société m'attendait devant la porte, regardant sa montre, avec toujours la même réflexion dans la gueule:
- Alors! Quelle excuse avez-vous aujourd'hui? Le réveil qui n'a pas sonné ou le métro en panne?
J'avais une folle envie de lui dire "merde" et que le fait que je coupe mon tissu dix minutes en retard n'allait pas changer la face du monde. A chaque fois il me faisait venir dans son bureau et perdait une bonne demi-heure à m'expliquer les bienfaits de l'exactitude dans une entreprise. De mon côté, je lui répondais que très souvent je faisais des heures supplémentaires qui ne m'étaient que très rarement payées. J'appris donc une troisième leçon: celui qui est en bas de l'échelle est né pour se faire engueuler tout le long de son existence. Un an de ce régime et ce qui devait arriver arriva.
[...]


J.Mesrine L'instinct de mort
 
10 Décembre 2006
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nantes
Je déterre ce superbe topic.

" [...] Raconte ta mère à leur calme manière, sifflote un peu pour croire que tout ne va pas si mal que ça, et surtout souris, n'oublie pas de sourire. Souris pour escroquer ton désespoir, souris pour continuer de vivre, souris dans ta glace et devant les gens, et même devant cette page. Souris avec ton deuil plus haletant qu'une peur. Souris pour croire que rien n'importe, souris pour te forcer à feindre de vivre, souris sous l'épée suspendue de la mort de ta mère, souris toute ta vie à en crever et jusqu'à ce que tu en crèves de ce permanent sourire."
(Le livre de mère, Albert Cohen)
 
15 Septembre 2009
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PARIS
www.soccacuisine.com
A chaque fois que je commence un nouvel Amélie Nothomb, je note toujours tout un tas de passages...

"J'ignore ce qu'est la réussite d'une histoire d'amour, mais je sais ceci: il n'y a pas d'echec amoureux. Ceci est une contradiction dans les termes. Eprouver l'amour est déjà un tel triomphe que l'on pourrait se demander pourquoi l'on veut davantage."
Le Voyage d'Hiver, Amélie Nothomb.
 
23 Janvier 2007
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J'écris : j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leur corps ; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture : leur souvenir est mort à l'écriture : l'écriture et le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.

?Je n'ai pas de souvenirs d'enfance? : je posais cette affirmation avec assurance, avec presque une sorte de défi. L'on n'avait pas à m'interroger sur cette question. Elle n'était pas inscrite à mon programme. J'en étais dispensé : une autre histoire, la Grande, l'Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps.



W ou le souvenir d'enfance,Perec



Une couche de vase couvrait encore la terre, mais, ici et là, s'épanouissaient déjà de petites fleurs bleues.

Les fleurs bleues, Queneau
 
20 Juillet 2007
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canals
" Une seconde, il gouta la pression tendre des lèvres entrouvertes, une seconde, il eut tout contre lui le corps drapé de soie resplendissante et déjà il était seul, déjà il s'éloignait, elle souriait de loin, un peu triste, elle se consolerait vite, on le voyait aux coins déjà relevés de ses yeux jaunes- il quittait la pièce, rester était impossible. "

Le Rappel, Boris VIAN
 
20 Février 2008
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5 734
J'ai envie d'être romantique aujourd'hui :
"Je vais partir, dit-il. Et je veux que tu saches que je reviendrai. Je t'aime parce que...
- Ne dis rien, interrompit Fatima. On aime parce qu'on aime. Il n'y aucune raison pour aimer."
Mais lui, pourtant, reprit :
"Je t'aime parce que j'ai fait un rêve, puis j'ai rencontré un roi, j'ai vendu des cristaux, puis j'ai traversé le désert, les clans sont entrés en guerre, et je suis venu près d'un puits pour savoir où habitait un Alchimiste. Je t'aime parce que tout l'Univers a conspiré à me faire arriver jusqu'à toi."

Il s'étreignirent. C'était la première fois que leurs corps se touchaient.
[...]
"Tu pleures ?
- Je suis une femme du désert, répondit-elle, cachant son visage. Mais, avant tout, je suis une femme."


L'Alchimiste de Paulo Coelho.
 
29 Décembre 2005
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Paris
Très chouette topic ! Je suis un peu addict aux carnets de citations (de livres, de films ou de chansons), donc forcément j'aime.

Alors un peu en vrac, coups de coeur récents :

"ça cogne dans mon sang comme des orages de désir"

"Mon amour mon nombre d'or
Beau ramoneur de ma brume
Beau maraudeur de ma nue
Noue en bordure de ma demeure
un bandeau brodé d'aurore"
- Georges Pérec, Beaux présents belles absentes

"He smiled sadly, toying in imagination with happy illusions."
- Andrey Kurkov, Death and the Penguin

"all that came before now was just a warm-up for real life"
- N. Frank Daniels, Futureproof

"Au fond, un grand amour c'est une habitude dont on raffole. Un accident régulièrement sublime."
- Alexandre Jardin, Mademoiselle Liberté
 

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