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AnonymousUser
Guest
"Les rideaux de taffetas moirés sont tirés, c'est l'automne, des rafales de vent secouent les fenêtres, les voitures chuintent sur l'asphalte mouillé, on entend le grincement de l'ascenseur, Camille est nue, son nouvel ami ne s'est pas entièrement déshabillé, il est étendu sur elle, elle a noué ses jambes autour de lui, je devine la main du garçon glissée entre les deux corps, à la soudure de leurs ventres, engagée frénétiquement à ouvrir une voie. Quel travail elle fait cette main, dans sa position forcée, si pénible aux muscles, ouvrant des agrafes, tirant sur une fermeture éclair, écartant le bord du slip, cherchant le chemin creux, glissant, trébuchant, sherpa contracté d'effort, spéléologue rampant sous la voûte suintante. Elle est à la peine cette main, elle aimerait mieux reposer au fond moelleux d'une poche, ou rythmer librement sa cadence au-dehors avec ses amies les jambes et ses amis leurs pieds, mais elle est l'esclave d'un cerveau qui la plie dans l'inconfortables torturantes positions en quête d'une vision, d'une apothéose, qui doit éclater là sur les parois du ventre. [...] "
Les amants imparfaits, Pierrette FLEUTIAUX
Les amants imparfaits, Pierrette FLEUTIAUX