Les extraits que vous aimeriez nous faire partager !

A

AnonymousUser

Guest
"Les rideaux de taffetas moirés sont tirés, c'est l'automne, des rafales de vent secouent les fenêtres, les voitures chuintent sur l'asphalte mouillé, on entend le grincement de l'ascenseur, Camille est nue, son nouvel ami ne s'est pas entièrement déshabillé, il est étendu sur elle, elle a noué ses jambes autour de lui, je devine la main du garçon glissée entre les deux corps, à la soudure de leurs ventres, engagée frénétiquement à ouvrir une voie. Quel travail elle fait cette main, dans sa position forcée, si pénible aux muscles, ouvrant des agrafes, tirant sur une fermeture éclair, écartant le bord du slip, cherchant le chemin creux, glissant, trébuchant, sherpa contracté d'effort, spéléologue rampant sous la voûte suintante. Elle est à la peine cette main, elle aimerait mieux reposer au fond moelleux d'une poche, ou rythmer librement sa cadence au-dehors avec ses amies les jambes et ses amis leurs pieds, mais elle est l'esclave d'un cerveau qui la plie dans l'inconfortables torturantes positions en quête d'une vision, d'une apothéose, qui doit éclater là sur les parois du ventre. [...] "

Les amants imparfaits, Pierrette FLEUTIAUX
 
4 Décembre 2010
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Saran
Bon, je suis en plein travail de mémoire, donc vous m'excuserez pour la "spécialisation" des citations, mais c'est globalement valable pour toute relation humaine :)

Un enfant, un adolescent, un adulte pris en charge, comme on dit, "accroche" affectivement à un éducateur parce que mu par la dynamique de la pulsion, il projette sur l'autre ce qui lui manque, ou plutôt ce qu'il croit lui manquer.
En effet l'amour (et son revers la haine), malgré la charge d'illusion qu'il comporte, est habité d'un désir qu'il s'agit de reconnaître et de vivifier afin qu'il se mette au service de la personne qui en est l'auteur.
Puis une chouette définition de mon (futur) travail, je trouve. Enfin, en tout cas, de ce qu'il s'y passe...

Il ne s'agit en rien d'une opération intellectuelle abstraite, mais d'une rencontre où chacun des interlocuteurs est touché dans son propre corps. Ce point s'avère incontournable pour entendre par la suite ce qui se joue dans le transfert, au sens de ressentir en soi ce qui se transfère du corps de l'autre dans son propre corps. (...) On prête son propre corps aux résonnances et aux prjections d'autrui.

Bon c'est très psy hein :small:

Le tout dans Le Transfert dans la Relation éducative de J. Rouzel
 
5 Août 2009
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Irlande
citron-moustache.tumblr.com
La première qui me vient en tête est tiré du livre Wanted Petula de Melquiot. A lire hors contexte, je trouve ça un peu bizarre, mais j'aime bien l'idée que se fait le petit garçon de l'amour & de ce qu'il veut être.

Je sais bien que l'amour, c'est pas une ligne droite et sans bûche, je sais qu'on est libre de laisser courir son coeur sur la plage et si quelqu'un passe et le ramasse on a le droit de dire merci. Mais ses héros, il faut bien les choisir. Il faut choisir avec qui on va faire sa vie. Et si on a la chance de devenir soi-même un héros, faut pas s'en priver. Moi je ne veux pas être comme les autres. Je veux pardonner plus que les autres. Rire, chanter, courir plus que les autres. Je dis pas que je veux être meilleur que les autres, je m'en fiche. Je veux être meilleur que moi-même. Je veux être super vivant.

Sinon, je voudrais (re?)citer la tirade du baiser dans Cyrano de Bergerac, qui est tout simplement magique.

Un baiser, mais à tout prendre, qu'est ce ?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui peut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer ;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le c?ur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme !

Je reviendrais vous citer du Olivier Py, du Shakespeare, du Beigbeder et même peut être du Faïza Guene, un peu plus tard, là j'suis au taf :cretin:
 
12 Décembre 2010
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Blanc Mesnil
" Ma cousine, ma bienfaitrice, mon amie,
J'arrive des extrémités de la terre, et j'en rapporte un c?ur tout plein de vous. J'ai passé quatre fois la ligne; j'ai parcouru les deux hémisphères; j'ai vu les quatre parties du monde; j'en ai mis le diamètre entre nous; j'ai fait le tour entier du globe, et n'ai pu vous échapper un moment. On a beau fuir ce qui nous est cher, son image, plus vite que la mer et les vents, nous suit au bout de l'univers; et partout où l'on se porte, avec soi l'on porte ce qui nous fait vivre."

La Nouvelle Héloïse, J.J.Rousseau

La magie des mots...j'adore :cupidon:
 
A

AnonymousUser

Guest
Nous nous aimons comme deux allumettes vivantes. Nous ne parlons pas, nous nous enflammons. Ne parlons plus de baisers mais d'"incendie", mon corps est devenue un tremblement de terre d'un mètre soixante-six et demi. Mon coeur s'échappe de son enveloppe-prison. Il s'envole par les artères, s'installant sous mon crâne pour devenir cerveau. Dans chaque muscle et jusqu'au bout des doigts, le coeur ! Soleil féroce, partout. Maladie rose à reflets rouge.
Je ne peux plus me passer de sa présence ; l'odeur de sa peau, le son de sa voix, ses petites façons d'être la fille la plus forte et la plus fragile du monde. Sa manie de ne pas mettre de lunettes pour voir le monde à travers l'écran de fumée de sa vue abimée ; sa façon à elle de se protéger. Voir sans voir vraiment et, surtout, sans se faire remarquer.
Je découvre l'étrange mécanique de son coeur. Elle fonctionne avec un système de coquille autoprotectrice liée à l'abyssal manque de confiance qui l'habite. Une absence d'estime en soi se bagarrant avec une détermination hors du commun. Les étincelles que produit Miss Acacia en chantant sont les éclats de ses propres fêlures. Elle est capable de les projeter sur scène, mais dès que la musique s'arrête, elle perd l'équilibre. Je n'ai pas encore trouvé l'engrenage cassé en elle.
La mécanique du coeur, Mathias Malzieu.
 
20 Septembre 2010
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Bleuenn;1659028 a dit :
We begin by worrying we aren?t good enough, smart enough, or talented enough to get what we want; then we voluntarily live in this paralyzing mental framework rather than face it. Just the possibility of failing turns into a dutiful self-fulfilling prophecy. We begin to believe that these personal restrictions are, in fact, the fixed limitations of the world. We go on to live our lives, all the while wondering what we can change and how we can change it, and we calculate and re-calculate when we will be ready to do the things we really whant to do. And we dream. If only. If only. One day. Some day.

Every once in a while, often when we least expect it, we encounter someone more courageous, someone who chose to strive that which seemed (to us) unrealistically unattainable, even elusive. And we marvel. We swoon. We gape. Often, we are in awe.

I think we look at these people as lucky, when in fact luck has nothing to do with it. It is really all about the strenght of their imagination; it?s about how they constructed the possibilities for their life. In short, unlike me, they didn?t determine what was impossible before it was even possible.

Extrait d'un essai d'Allan Chocinov dans Design Disasters.
En plein dans le mille.


J'ai big upé ce passage il y a un mois et je reviens régulièrement le lire.
Ça me parle tellement (et tellement plus que les habituels discours cliché sur la confiance en soi et la motivation) que j'ai limite les pupilles dilatées, le regard fou et la bave aux lèvres :chat:
 
9 Octobre 2005
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BREST
angeyumi.skyblog.com
Il y a un extrait du Petit livre de la subversion hors de soupçon d'Edmond Jabès que je trouve juste magnifique tellement c'est poétique, simple.

" Chaque flamme était une note de musique et, de cette gamme insoupçonnée, un compositeur, triste comme la boue de la route, avait tiré sa musique ; une valse sans issue où le rassurant savoir du monde abdiquait.
J'ai vu danser le reptile et l'insecte, le quadrupède et l'oiseau.
J'ai vu danser le poisson et la plante.
Et la mort était une fête éclairée où les rires doublaient les râles ; de sorte que je ne savais plus si elle se déroulait en moi ou devant et si la plainte n'avait pas toujours eu pour partenaire, le plaisir.
La folie, avec sa chevelure de chanvre où les rêves attardés s'accrochaient s'était installée dans la salle. Ses mains décharnées contrastaient violemment avec son corps d'adolescente éprise de matins. Elle brandissait le candélabre et se moquait de mon émotion.
J'avais peur d'être morte, comme les sept nuits qui venaient de s'écouler. "
 
Z

Zaïre

Guest
Est-ce que le géant nous a suivis ? Vu la taille de ses jambes, en courant il doit pouvoir atteindre la vitesse d?une voiture. La voiture ralentit et remonte le lotissement, qu?elle connaît par c?ur. Chaque maison est exactement comme d?habitude, et c?est absolument terrifiant cette normalité. Les lampadaires nous regardent avec un air genre « Contrôle d?identité, s?il vous plaît. Veuillez sortir les étoiles de vos poches, de vos cheveux, de vos yeux. Tout ce qui brille, vous le déposez dans le sac en plastique : vos sourires, vos souvenirs, vous n?en aurez plus besoin là où vous allez maintenant. »
J?ai rangé mes souvenirs et mes histoires de géant. C?est pas le moment d?en parler à Lisa et papa ; pas encore. Je sens mes os, agrandi dans les épaules, mais pas ma peau. Je suis suspendu à mon squelette.
[?]
Pour la première fois, je m?emmitoufle dans ma nouvelle ombre. Je sais qu?elle est censée m?aider, mais je ne sais pas comment l?utiliser. Enfin, c?est la mienne, le géant me l?a donnée, elle me fait un peu moins peur que toutes celles qui sillonnent la maison, qui comme des lames se plantent dans les portes. Et dans le lavabo de la salle de bain, et dans le crâne de toute la famille qui s?y lave les dents. Elles font mal comme des coups de soleil sur les yeux. Elles diffusent deux produits très toxiques pour la bande de c?urs troués qui se baladent dans cette maison : d?abord du vide visible et ensuite des souvenirs de vie de toi ici. Les deux cumulés, ça arrache la gueule.

Matthias Malzieu, "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi"
 
29 Décembre 2005
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Paris
First of all, love is a joint experience between two persons — but the fact that it is a joint experience does not mean that it is a similar experience to the two people involved. There are the lover and the beloved, but these two come from different countries. Often the beloved is only a stimulus for all the stored-up love which had lain quiet within the lover for a long time hitherto. And somehow every lover knows this. He feels in his soul that his love is a solitary thing. He comes to know a new, strange loneliness and it is this knowledge which makes him suffer. So there is only one thing for the lover to do. He must house his love within himself as best he can; he must create for himself a whole new inward world — a world intense and strange, complete in himself. Let it be added here that this lover about whom we speak need not necessarily be a young man saving for a wedding ring — this lover can be man, woman, child, or indeed any human creature on this earth.

Now, the beloved can also be of any description. The most outlandish people can be the stimulus for love. A man may be a doddering great-grandfather and still love only a strange girl he saw in the streets of Cheehaw one afternoon two decades past. The preacher may love a fallen woman. The beloved may be treacherous, greasy-headed, and given to evil habits. Yes, and the lover may see this as clearly as anyone else — but that does not affect the evolution of his love one whit. A most mediocre person can be the object of a love which is wild, extravagant, and beautiful as the poison lilies of the swamp. A good man may be the stimulus for a love both violent and debased, or a jabbering madman may bring about in the soul of someone a tender and simple idyll. Therefore, the value and quality of any love is determined solely by the lover himself.

It is for this reason that most of us would rather love than be loved. Almost everyone wants to be the lover. And the curt truth is that, in a deep secret way, the state of being beloved is intolerable to many. The beloved fears and hates the lover, and with the best of reasons. For the lover is forever trying to strip bare his beloved. The lover craves any possible relation with the beloved, even if this experience can cause him only pain.

Carson McCullers,The Heart Is A Lonely Hunter

(Ah, je n'avais pas réalisé que ce serait si long... Mais c'est tout bonnement impossible à élaguer.)
 
E

elegance-3

Guest
- Ah ! Ah! Tu penses à moi ! s'exclama-t-il en levant un bras en signe de victoire.
- Ca m'arrive.
- Et tu fais semblant de m'ignorer ! Tu joues les belles indifférentes.
- Strategy of love, my dear!
- Tu es imbattable en stratégie, n'est-ce pas ?
- Juste lucide...
- Je te plains, tu t'imposes des limites, tu te ligotes, tu te rétrecis... Tu refuses le risque. Le risque qui seul fait naître la chair de poule...
- Je me protège, c'est différent... Je ne suis pas de ceux qui pensent que la souffrance est la première marche du bonheur!

Les écureuils de Central Park sont tristes les lundi, Pancol​
 
9 Février 2011
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Lyon
mecaniquenocturne.tumblr.com
Mais alors ils s'en allaient, dansant dans les rues comme des clochedingues, et je traînais derrière eux comme je l'ai fait toute ma vie derrière les gens qui m'intéressent, parce que les seules gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêle à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait : "Aaaah!" Quel nom donnait-on à cette jeunesse-là dans l'Allemagne de Goethe?

Jack Kerouac - Sur la route
 
A

AnonymousUser

Guest
"
Le buffet

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires."

Rimbaud.


Je l'ai lu (ou relu, je ne sais plus) hier, je lisais un recueil de Ciaran Carson où il ré-écrit (en anglais et dans son style, rythmé, funky, coloré) des poèmes français, et ce poème y figurait. J'ai été impressionnée et émerveillée qu'on puisse penser écrire un poème sur un buffet. C'est incroyable, la création littéraire: un jour, un mec, ouvrant un buffet pour y prendre de la vaisselle, a pensé écrire un sonnet. Vous imaginez, ça?


C'est aussi un poème qui me rappelle le buffet chez ma mère, les vieux objets qu'il recèle, les tiroirs qui grincent... C'est un poème magnifique.
 

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