Difficile comme situation. Il faut distinguer la galanterie des uns et des autres : certain.es sont vraiment persuadé.es que payer lors d'une sortie, c'est une manière de montrer sa gentillesse, d'être attentionné.
Et, au surplus, souvent l'homme gagne davantage que la femme (pas compliqué, conformément aux stats des inégalités salariales, les fameux 10% à 20 % de moins). Et ce que peux se payer cet homme, est-ce que la femme, dans ces conditions, peut se le payer ? Sur plusieurs rendez-vous ?
À partir de là, deux options :
- se faire payer les trucs
- se ruiner pour pouvoir agir en accord avec mes convictions. C'est ce que je fais, dans la mesure du raisonnable, mais je comprends que le choix soit cornélien, voire impossible en cas de différence salariale trop marquée.
Personnellement je ne me fais jamais payer les verres et autres, parce que, pour moi, ça reviendrait à admettre que je suis là avant tout pour le plaisir de monsieur, et non parce que j'en ai envie moi-même. Ce serait comme une tache sur une soirée sympathique, et je me sentirais par ailleurs moins en position de refuser les avances qui pourraient survenir dans la suite. En bref, ça revient à rendre monnayable une relation qui devrait, selon moi, ne pas l'être, et à limiter ma liberté. En plus, je trouve qu'au moment d'aller au lit, c'est plus sympa pour l'autre si il peut être certain que je suis là parce que ça me fait plaisir, et pas parce qu'il a réglé la note.
C'est une norme qui a été intériorisée par tellement de personnes, y compris des hommes qui ne sont pas forcément des misogynes patentés, que c'est compliqué d'en parler sans risquer de braquer la personne en face. Il faudrait d'abord analyser le phénomène, pour montrer en quoi c'est sexiste sous couvert de gentillesse, puis trouver une solution qui prenne éventuellement en compte la disparité des salaires (ou non, si on n'est pas sur du long terme). Bref, pas le genre de chose qui se fait au premier rendez-vous, à moins de vouloir annoncer directement : "Salut, je suis féministe, parlons des normes de la galanterie et des problèmes que ça pose". Un peu brutal comme entrée en matière
Edit : il y a cet article de Crêpe Georgette (Valérie Rey-Robert),
"la galanterie est une forme de sexisme", très intéressant sur le sujet