@MissMachine perso la différence qui me paraît la plus flagrante entre hommes et femmes, c'est que les femmes sont bien plus conditionnées que les mecs à accepter n'importe quoi dans une relation et à s'y accrocher alors même qu'elles ne s'y épanouissent pas. Déjà parce qu'on nous inculque qu'on ne vaut rien sans un mec dans notre vie et que la vie de couple est indispensable à notre bonheur. Ensuite parce qu'il existe tout un tas de schémas et de mécanismes qui encouragent et entretiennent les déséquilibres affectifs dans les relations hétéro: comme la relation est au centre de notre vie, c'est à nous qu'il revient d'en prendre soin, alors qu'on n'attend pas le même investissement de la part d'un homme. En conséquence, on a moins d'attentes de réciprocité et on est plus disposées qu'eux à donner sans rien recevoir en retour. On a aussi plus tendance à s'oublier dans le couple et à perdre de vue nos objectifs perso, là où les mecs, éduqués à conquérir le monde, gagnent sur les deux tableaux : une gentille copine qui leur prodigue affection, soutien, bien-etre physique et psychologique, pendant qu'ils ont toute latitude pour s'accomplir professionnellement et personnellement.
En tant que femmes on est aussi moins éduquées à définir nos propres limites (physiques, psychologiques, émotionnelles...) et à répliquer dans le cas où elles seraient franchies. Combien de meufs se font insulter ou maltraiter sans même s'en rendre compte? Le viol conjugal par exemple, à combien de femmes s'est arrivé sans même qu'elles réalisent avoir été violentées? Parfois en croyant qu'il s'agissait d'un comportement «normal»? Et c'est sans compter le sentiment d' infériorité (voire la haine de nous-meme) qu'on intériorise dès l'enfance et qui nous prédispose à accepter l'inacceptable, voire à croire qu'on le mérite et à entretenir des schémas de relations sur le mode bourreau/victime.
À côté de ça les mecs réagissent bien plus promptement en cas d'atteinte à leur intégrité physique ou psychologique. Je ne dis pas que c'est systématiquement le cas et qu'il n'y a aucune victime d'abus chez les hommes (au contraire même), mais socialement les attentes sont différentes envers les hommes en cas d'agression. Ça me fait penser à King-Kong theory où Virginie Despentes avance que dans les films où l'héroïne se venge hyper violemment après un viol, les réalisateurs ne font que lui prêter la réaction qu'ils auraient s'il leur arrivait la même chose. Et que si les mecs risquaient de se faire lacerer la bite à coups de cutter à chaque agression sexuelle, le nombre de viols s'effondrerait. C'est pas dit pour culpabiliser les femmes en mode «vous avez plus qu'à...», c'est dit pour montrer à quel point tout est mis en oeuvre pour nous maintenir dans un statut de victimes, là où les mecs sont bien mieux armés pour se défendre et être acteurs de leur vie. Du coup j'ai d'autant plus l'impression qu'on se trompe de «méchante» en accusant QueenCamille d'être culpabilisante, alors que le vrai péril se loge plutôt dans ce conditionnement à rester passives face au manque de respect (je me permets de le dire parce que j'ai largement pratiqué cette attitude-là).
La liste que j'ai commencé plus haut est loin d'être exhaustive, on pourrait aussi parler de la dépendance affective, du syndrome de l'infirmière, de la maîtresse qui accepte le statut de «femme de l'ombre» toute sa vie, etc. C'est bien pour ça que je trouve important de souligner tous les écueils qui nous attendent dans les relations hétéro : ils sont nombreux et d'autant plus insidieux qu'ils sont inscrits en nous et qu'on risque de se crasher dessus tant qu'on ne les perçoit pas. C'est bien beau d'attendre que les hommes s'eduquent et évoluent, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain et en attendant, on ne joue clairement pas à jeu égal avec eux s'agissant du couple. Je ne vois pas non plus ce qu'on aurait à perdre à s'émanciper de ces vieux schémas, ne serait-ce que pour arrêter de courir après un idéal amoureux inatteignable. Après chacune sa vision du truc hein, mais pour moi le féminisme c'est pas juste dénoncer les injustices et pleurer sur ses trauma en espérant que les autres changent