ailurus;4561672 a dit :
@sycomore : Euh j'avoue que là je suis vraiment sur le cul. Tu as des exemples de ce que tu avances? Parce que franchement "sexisme, queerbaiting, problème de représentation queer, racisme" je vois pas d'où tu sors ça. Pour le supposé sexisme et racisme on en a déjà parlé plus haut : il faut toujours remettre en contexte. Pareil pour SDA.
Et là " le slut-shaming envers la seule femme noire, la lesbienne qui illustre la fluidité sexuelle, mais l'homosexualité masculine qui est sans arrêt là pour faire rire, etc.
Et je préfère même pas parler de Freeman. " Franchement, je me demande si on regarde la même série
agapanthe7;4561953 a dit :
ptite requête: pourquoi utiliser autant d'anglicismes? y a pas de mots équivalents en français?
et sinon, j'attend des arguments sur le fait que Sherlock soit une série raciste, homophobe et sexiste.
jeter un tel pavé dans la mare dans argumenter, c'est un peu léger, ma foi.
merci d'avance
J'utilise beaucoup d'anglicisme parce que, non, il n'y a pas d'équivalent français direct ou clairs de queerbaiting ou slut-shaming.
Cela dit, pour répondre à vos questions...
Pas mal de personnes ont noté des problèmes avec Sherlock.
Le queerbaiting (ce terme qui n'a donc pas d'équivalent français) est le fait de jouer sur la possibilité d'un personnage queer ou d'un couple queer pour ensuite la détruire avec un "no homo" (coming out hétéro), elle est souvent couplée avec des blagues sur les homosexuelLEs, les bisexuelLEs, pansexuelLEs, personnes trans*, genderqueer, (asexuelLEs), etc.
Dans Sherlock, le queerbaiting est omni-présent. Il a commencé comme référence marrante à l'ambiguité de la relation entre Holmes et Watson et la tendance slasheuse du fandom (S1), c'était pas méchant, un peu drôle, mais ça a continué de manière de plus en plus lourde et a été couplé à une représentation parfois problématique de l'homosexualité et de la fluidité sexuelle.
Moriarty, stéréotype gay, peut-être perçu de deux manères : il a joué sur les stéréotypes et a prouvé à Sherlock comme au spectateur qu'il ne fallait pas se fier aux apparences (perso, j'adhère plutôt à cette version, donc pas de soucis avec) ; il a joué sur les stéréotypes parce qu'il adhère à l'idée qu'ils existent et voulait piéger bel et bien sur cette notion (je n'y adhère pas, mais ça a posé problème à certaines personnes queers).
Irene, homosexuelle montre l'existence possible d'une fluidité sexuelle ou d'une bisexualité chez des personnes ayant une sexualité pourtant "stricte" à la base en tombant amoureuse de Sherlock Holmes. Ok, cool, il en faut.
Problème, dans le sens Watson - Holmes, ça a été totalement nié par les multiples épisodes qui ont suivi (et précédé), ainsi que par
les propos des acteurs et des auteurs. Watson est hétérosexuel, il ne représente pas la fluidité sexuelle,
les allusions à un désir homosexuel sont toujours utilisée comme une blague, c'est du queerbaiting et un humour qui devient légèrement queerphobe (
ex : le baiser avec Molly a été montré, pas celui avec Moriarty qui a été stoppé direct pour montrer que c'était sorti de l'imagination d'une fangirl et que c'était donc drôle... ça l'aurait sûrement été plus si on avait pas une liste immense de blagues "lol no homo" dans la série).
A cause de cette fluidité sexuelle à un sens, Irene a beaucoup été critiquée par des féministes et des femmes queers comme correspondant au fantasme lesbien et/ou à ce cliché de la lesbienne qui n'a juste pas encore recontré le bon homme. Par ailleurs, le fait qu'elle n'ait pas visiblement gagné contre Sherlock, ait eu besoin de lui et ait été battue à cause de ses sentiments a fait couler beaucoup d'encre alors que le personnage se présentait comme fort, en dehors des normes.
La bisexualité est difficilement une alternative envisageable dans les épisodes de Gatiss dans la mesure où ce dernier perpétue des clichés biphobes dans ses écrits comme dans
ses interviews (
"I think a lot of people who say they are bisexual aren't.").
De son coté,
Moffat a tenu des propos limites vis à vis de la communauté asexuelle. Si on peut accepter ses préférences d'écriture, considérer qu'un personnage asexuel ne serait pas intéressant car il n'y aurait pas de tension montre une grosse méconnaissance de l'asexualité et un léger manque d'imagination quand il s'agit de représenter des minorités sexuelles.
Bref, l'ouverture de la série aux interprétations queers est pour le moment majoritairement du côté du fandom et très peu du côté du staff et de l'écriture.
Racisme (je vais parler de la série uniquement, mais ma mention de Martin Freeman faisait référence à ses propos racistes ou sexistes, pas à son jeu d'acteur) : les débats ont commencé dès la saison 1 avec
The Blind Banker et le personnage de
Sally. Je vais donc utiliser ces deux exemples (en dehors du manque de représentation de personnes racisées qui est un gros problème dans les médias).
Sally : Sally est ridiculisée publiquement pour sa relation avec un homme marié, c'est du slut-shaming. Alors, certes, Anderson est aussi critiqué pour cette relation extra-conjugale (il l'est bien plus pour son "intelligence"), mais ce sont les actes de Sally qui sont décrits publiquement.
Vous allez me dire : au mieux, c'est du sexisme ton truc ! Sauf que... sauf qu'on ne peut pas effacer le statut de femme noire chez Sally et que les femmes noires ont été historiquement hypersexualisées, entre autres
(il y a toujours un aspect un peu colonial et historique à prendre en compte dans ces rapports de dominations entre blancs et personnes racisées, mais d'autres l'ont fait mieux que moi sur internet).
The Blind Banker : l'épisode où une série de clichés sur l'Asie sont associés pour former une intrigue, où tous les personnages asiastiques sont des criminels ou d'anciens criminels (oui, les personnes racisées peuvent jouer le rôle des méchants, faut pas déconner, mais quand il n'y a aucun contraste, un modèle unique, ça dérange), où la Chine devient une avec d'autres éléments culturels asiatiques (origami, etc.), où les personnages racisés ont un peu de mal avec l'anglais, etc.
Evidemment que ça ne saute pas tout de suite aux yeux (en tout cas, lire m'a permis de le voir, j'ai une culture cinématographique assez faible et certains de ces clichés m'étaient inconnus) pour la plupart du gens, nous sommes finalement habitués aux clichés liés à certaines cultures et nous avons tendance à les accepter, mais il y a de nombreuses critiques à ce sujet et je pense qu'elles ne sont pas vaines.
Finalement, pour le sexisme, j'ai déjà évoqué des exemples (parce qu'ils sont un peu mélangés à d'autres problèmes de représentation), je n'ai pas envie de m'étendre sur le personnage de Molly que je ne trouve pas sexiste ni sur celui de Mrs Hudson qui n'a pas été inventée par Moffat-Gatiss. Je considère que, pour le peu que j'ai vu, Mary est bien maîtrisée, mais il reste des problèmes dans l'écriture et les signaler n'empêche personne d'aimer la série (je le redis : j'ai beaucoup aimé la première saison, suffisamment pour acheter les DVD, malgré certains problèmes) et ne signifie pas que la série soit de la merde.
En revanche, je pense qu'elle est parfois sur-évaluée et que certains points pourraient être améliorés.
lady-von-duck;4561846 a dit :
sycomore;4561505 a dit :
EDIT : J'oubliais aussi la relation abusive avec Watson jamais remise en question, la tendance que Moffat a balancer des troubles mentaux à tort à travers (non, Sherlock n'est pas "sociopathe de haut niveau" et River Song est encore moins "psychopathe"), le slut-shaming envers la seule femme noire, la lesbienne qui illustre la fluidité sexuelle, mais l'homosexualité masculine qui est sans arrêt là pour faire rire, etc.
Et je préfère même pas parler de Freeman.
Wikipédia : personnalité antisociales
Il est possible que Sherlock soit effectivement sociopathe ou psychopathe (
le diagnostique de sociopathie reste problématique pour pas mal de personne (article en anglais)) si les émotions sur lesquelles joue la série sont une feinte (ce qui n'est pas très clair, ni dans la série, ni dans les propos des auteurs ou des acteurs). Cependant, il est aussi possible que ce soit plus un Pervers Narcissique (certainEs fans l'ont aussi supposé Asperger, entre autre, je doute que quiconque puisse réellement le diagnostiquer cela dit, et ça m'inclu).
Quoi qu'il en soit, Moffat abuse facilement du terme psycho/sociopathe dans ses séries, j'ai du mal à lui faire confiance sur ces diagnostiques lancés en l'air et ça reste un problème (et, pour le coup, ça nuit au sérieux de cet exemple).
De plus, il y a un problème avec son comportement et ce comportement est rarement remis en question (je ne prends pas le dernier épisode que je n'ai pas vu et ait assez peu envie de voir suite aux deux précédents) et le spectateur est souvent invité à prendre le point de vue de Sherlock et le conforter dans son comportement (même si, heureusement, ça s'est fait moins présent vers la fin de la saison 2).