Du coup, j'aimerais poser des questions aux anciennes harceleuses. Quels conseils donneriez-vous aux
associations? Si vous pouviez voyager dans le temps et dissuader votre ancienne vous de harceler, que lui diriez-vous? Selon vous, les profs doivent-ils intervenir ou surtout pas? Le piège de
Pétunia joue-t-il? Avez-vous lu des
livres sur le harcèlement et si oui, lesquels conseilleriez-vous? Y a-t-il des choses à éviter à tout prix? Que conseilleriez-vous pour que le harcèlement cesse? Autre chose?
Je tiens vraiment à insister sur le fait que mon expérience n'est pas du tout représentative. Tu cites plus loin : " 60% des personnes qui ont harcelé à l'école ont un casier judiciaire à l'âge de 24 ans.". Je suis très loin d'avoir un casier judiciaire et je fais de hautes études_ j'imagine que je dois faire partie du 40% restant.
Je pense que le plus gros problème est l'effet de groupe: si la personne qui commence à harceler la victime n'a pas de soutien, tout se terminera bien vite. A part énormément de prévention, et associer le harcèlement de manière automatique à un acte honteux, je ne sais pas comment il serait possible d'agir. Le plus important est certainement pour la victime d'en parler. C'est dur de le faire, mais ça peut tout changer. Après, je suis sincèrement persuadée que c'est un comportement naturel de domination qui se perpétuera d'une manière ou d'une autre.
"Si vous pouviez voyager dans le temps et dissuader votre ancienne vous de harceler, que lui diriez-vous? "
Encore une fois, peut-être que mon cas est à part, mais comme je l'ai déjà dit, je ne regrette pas ce que j'ai fait, tout simplement car en plus d'y avoir pris du plaisir, j'ai satisfait ma curiosité en menant une véritable étude psychologique sur tout ceux qui m'entouraient. Je frappe et je regarde comment ça réagit. J'ai ainsi réussi à apprendre plus sur moi-même, et surtout comment manipuler les autres. Je sais que mes mots provoquent indignation/dégoût etc, mais pour ceux qui voulaient connaître la vérité, il fallait s'attendre à ce qu'elle blesse. Je ne pense pas être particulièrement plus profondément froide/cruelle que d'autres. Je pleure devant les films romantiques, j'adore mes chiens, j'ai beaucoup d'humour ; c'est juste que je parviens à mettre des mots sur ce que je pense/ressens/expérimente, et si ça vous choque, je vous considère comme une personne bien naïve.
De mon côté, en tant que parent, je peux te promettre que je ne laisserai pas faire les individus de ton espèce. Je vous combattrai, de toutes mes forces, je vous dénoncerai, j'irai vous affronter, affronter les profs, le système scolaire, affronter vos parents, les mettre face à leurs responsabilités et à leurs principes d'éducation, à leurs valeurs. Et j'invite tous les (futurs) parents d'enfants harcelés à faire de même. C'est le silence des adultes qui permet au harcèlement scolaire de perdurer.
Je suis désolée pour cette situation. J'espère que mes commentaires t'aideront à te rendre compte que même l'enfant, le parent ou le professeur le plus adorable/le plus innocent est potentiellement quelqu'un qui soutiendra le harcèlement. Tu auras du mal à trouver les responsables, tu auras du mal à faire entendre à des parents la vérité sur leur enfants, en partant du principe que ces même parents seraient en mesure d'accepter une critique et d'y réfléchir dessus. Et c'est surtout le silence des enfants qui permet le harcèlement, le fait que ta fille puisse se confier à toi, c'est déjà une énorme avancée.
@Sempiternellea
Cependant j'aimerais quand même revenir sur ce que tu dis dans ton message, j'ai quand même l'impression que même si tu dis ne pas vouloir te "racheter", tu as quand même agi de sorte à localiser , à aider ceux que avant tu harcelais alors est ce que vraiment tu n'as éprouvé aucune culpabilité au final, est ce que malgré ce que tu penses, ce n'était pas pour toi un moyen de soulager un peu ta conscience ? (c'est une question sincère, comme je l'ai dit, j'ai aussi dû faire face à des harceleurs et souvent, très souvent, je me suis demandé pourquoi, qu'est ce qui les poussait à faire ça puis, pour certains que j'ai recroisé plus tard, à changer totalement ensuite)
Pour mieux m'expliquer, voici deux parties de message que j'ai envoyé:
"Et puis j'ai grandi, j'ai réfléchi, j'ai réalisé que tout ce que je voulais était prendre le contrôle, car en dehors de cela ma vie était absolument chaotique. Il était trop tard pour me racheter, alors j'ai décidé d'agir autrement et de localiser les "faibles" afin de devenir leur amis, les aider à reprendre confiance en eux et à s'épanouir. "
"Encore une fois, peut-être que mon cas est à part, mais comme je l'ai déjà dit, je ne regrette pas ce que j'ai fait, tout simplement car en plus d'y avoir pris du plaisir, j'ai satisfait ma curiosité en menant une véritable étude psychologique sur tout ceux qui m'entouraient. Je frappe et je regarde comment ça réagit. J'ai ainsi réussi à apprendre plus sur moi-même, et surtout comment manipuler les autres."
Quand je vous dis que je ne suis sûrement pas un cas représentatif, j'insiste. Je ne sais pas combien d'autres enfants se sont mis en tête dès la primaire de mener une étude psychologique sur les autres. J'ai très, très vite réalisé que j'étais différente des autres, et le seul moyen de m'intégrer a été d'observer,d'analyser, et si possible d'imiter, avant d'intégrer tel ou tel comportement comme quelque chose de naturel et d'automatique. Alors je teste tout, la position du méchant et du gentil, et quand je me lasse ou je ne suis pas satisfaite je passe à autre chose jusqu'à trouver ce qui me convient.
C'est assez étrange, car j'ai été élevée de telle sorte que par automatisme, je ressens une culpabilité intellectuelle. Un peu comme quand on t'as toujours dit de finir ton assiette, alors tu ne te poses plus la question et tu finies. Et bien c'est pareil, je sais que ce que j'ai fait devrait me rendre coupable, alors j'essaye de me "racheter", quelque part, j'imagine. Dans l'absolu, mes parents m'ont laissé un très grande liberté, mais ma mère a toujours insisté sur l'importance du bien, de la bonté, etc; j'imagine que c'est resté gravé dans l'esprit: mais encore une fois, je ne me sens
pas coupable. De la primaire à aujourd'hui, je n'ai jamais regretté ce que j'ai fait, et j'y ai très peu pensé de manière "sentimentale"_ je ne sais pas si je parviens à exprimer ce que je souhaite dire .
Ce qui m'a motivé à agir de manière « positive » c'est donc d'abord par curiosité, mais aussi parce que parmi ces « faibles », j'ai rencontré des personnes que je suis réellement parvenue à apprécier et même à aimer.