C'est fou comme elle est étrange cette vague. Cette vague d'émotions, de sentiments, presque de sensations, dans laquelle j'ai l'impression de me noyer depuis ce matin, après avoir appris que vous démissionnez.
Au départ les mots ne voulaient plus sortir, probablement étranglés par la stupeur.
Je crois qu'après c'est la colère qui a suivi. Contre le gouvernement, pour ne pas vous avoir suffisamment écouté et laissé la parole, lorsque la France et les français en avaient grand besoin ; contre vos détracteurs, de vous avoir autant salie et permis de prouver, par la même occasion, à quel point le travail pour plus de tolérance, d'égalité, de parité et de bienveillance, est loin d'être terminé dans notre pays ; contre nous autres citoyens français, d'avoir toléré et participé plus ou moins passivement à cette droitisation du territoire; contre moi même, bien sûr, dont la conscience politique me semble s'être éveillée bien trop tard et dont les actions restent encore bien maigres ; et peut être bien un peu contre vous, de ne pas avoir parlé plus fort, quitte à hausser franchement le ton, afin d'esquisser un sursaut de lucidité au sein du gouvernement.
J'ai ensuite la vague impression de m'être calmée. Enveloppée sous la couette, caressant avec douceur les poils du chien.
Prendre un peu de recul sur la situation tout en faisant taire quelques instants mes ressentiments, étaient enfin possible. Force fut de constater à quel point la bile n'est qu'une émotion secondaire, "engendrée par une douleur physique, psychique, une frustration ou un manque" (dixit wikipédia). Je crois que l'on peut y ajouter la peur.
J'ai eu peur. En réalité, ça fait un moment que j'ai peur. Mais de vous savoir encore à l’Elysée me rassurait. Un espoir me paraissait envisageable. Alors forcément, quand vous avez brutalement éteint la lumière ce matin, j'ai carrément flippé et je vous en ai voulu. Puis j'ai lu vos mots:
Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit.
ChT
Bon.
Ça se tient comme raisonnement. Hein Le chien, pas vrai que ça se tient? J’ai considéré son soupir d’aise comme un acquiescement.
Alors je me suis remise à espérer et à lire. Vos textes d’abord, et puis ceux des autres, qui parlent de vous, qui vous encensent, ou qui vous font des demandes (pas en mariage, non, pas cette fois-ci.). Comme celui Jerôme Leroy et dont, je l'espère, vous suivrez, encore, inconsciemment (ou non) le "conseil":
La droite demande que tu partes mais ça, c’est normal. Si je peux te donner un conseil, mais un conseil de gauche, c’est de démissionner. Ou de faire tout pour te faire virer (c’est peut-être ce que tu cherches au fond.) Parce que vois-tu, si la droite te déteste, ce qu’il reste de la gauche radicale, atomisée en factions plus ou moins rivales, a besoin d’une fédératrice comme toi.
Si tu pars maintenant, d’ici 2017, tu peux devenir le moteur d’une grande coalition qui irait de la gauche du PS au NPA. Certains centristes humanistes ne sont même pas à exclure. Tous ces électeurs bobos et ouvriers, des Verts au PCF en passant par le PG ou les Alternatifs. Tu sais quoi, tu pourrais même « pasokiser » le PS, comme Syriza.
Un second tour entre toi et Marine Le Pen: là, enfin, les choses seraient claires? Réfléchis, camarade ministre, réfléchis.
En attendant en tout cas, continuez vos envolées lyriques. Continuez Le combat...
Combattre le racisme, partout; l'antisémitisme, sans répit; la xénophobie, sans complaisance. Rien d'humain ne nous est étranger. ChT
...Continuez d'être humaine.
Je suis 100% hétéro pour ma part mais j'admire aussi le fait qu'on ai le mariage pour tous maintenant 
Et ça c'est génial pour vous 
