Mais rien que cet argument du jeunisme est assez insultant je trouve, parce que ça veut dire que le jour où tout le monde nous appellera madame on pourra en déduire qu'on est à présent considérées socialement, de l'avis général, comme des vieilles peaux défraîchies.
Alors que si dès la naissance on nous appelle madame, le problème ne se pose pas.
Et en plus on contourne ainsi un mode de pensée sexiste : puisque si seul le mariage fait d'une femme une "madame" cela veut dire qu'elle ne peut pas avoir d'indépendance statutaire : pour devenir madame, il lui faut un mari, donc un lien avec un homme. Avant ça, en tant que mademoiselle, elle n'est pas célibataire / indépendante mais considérée en gros comme la propriété de son père.(Bel exemple personnel datant d'ailleurs d'il y a 3 jours chez l'opticien, en l'occurrence une opticienne, à qui j'ai commandé mes nouvelles lunettes. Celle-ci m'a parlé très respectueusement et en m'appelant "madame" tout le temps... jusqu'au moment où elle m'a demandé comment je payais et si je le faisais maintenant ou à la livraison, et que je lui ai répondu en chèque à la livraison parce que comme je suis encore étudiante et que le prix des lunettes est assez élevé, c'est mon père qui me les paye. Comme par hasard, sitôt que j'ai mentionné mon père, elle m'a donné du "mademoiselle" !)
En somme le "mademoiselle" est une telle marque de l'emprise patriarcale exercée sur les femmes que je ne parviens vraiment pas à comprendre pourquoi on s'y accroche autant. Appeler une fille "madame" dès sa naissance, comme on appelle "monsieur" un garçon tout au long de sa vie, c'est donc déjà un comportement égalitaire mais c'est aussi arrêter de présupposer de son éventuel rattachement à un homme quel qu'il soit dont elle serait dépendante, et plus encore de sa date limite de fraîcheur (concept limite s'il en est).