Personnellement, je rejoins quelques unes d'entre vous et pour moi, le pacifisme ne suffit plus. Et pourtant, je ne pense pas que la violence physique à base de bombes et d'agressions soit la réponse non plus.
On oublie souvent la réponse psychologique. Celle de voir ton agresseur et de lui dire: tu me dois tant d'années de prison et tant de milliers d'euros d'amende. Ou les personnes de ton entourage qui n'ont pas voulu t'aider ou t'écouter ou te défendre, tu leur répètes, à chaque fois que c'est possible, qu'ils sont responsables en partie de ton mal-être. Tes potes qui font des remarques sexistes. Tu leur sers les chiffres et au bout d'un moment, tu leur dis ta gueule parce qu'ils ont des bons petits pénis blancs de classe moyenne supérieure et ça suffit le mansplaining de petits connards qui n'ont rien vécu (et mis des mains aux cul). Il y a le besoin d'être éduqué mais on ne va pas se mentir: tant de femmes, tant d'hommes autour de nous nous disent de la fermer, qu'au fond c'était notre faute, que le gars qui nous a fait ça au fond il avait des excuses. C'est mon vécu mais je suis sûre de pas être la seule. Les colleuses sont aussi violentes, leurs messages le sont. Les livres qu'on lit, ce qu'on écrit, ce qu'on dit, ce qu'on écoute peuvent être violents.
Après tout, quoi de plus puissant qu'une sainte colère? Et par là, je ne parle pas de guerre sainte, mais de colère légitime, justifiée qui nous nourrit en faisant attention à ce qu'elle ne nous détruise pas. Et mon avis, c'est qu'avec toute la colère et la frustration accumulée, j'ai personnellement la rage. Et être plus violente dans mes paroles, dans mes actes, sans être dans l'illégalité, c'est la réponse. C'est-à-dire être hystérique. Perdre mon calme. Et faire accepter à ces hommes et à ces femmes qui préfèrent rester bien cachés sous leurs couvertures qu'en fait, i.e.ls ne voudront pas nous écouter mais devront nous entendre. Pour que celleux qui ne peuvent pas, qui n'osent pas nous suivre parce qu'ils ont des responsabilités ou peur (ce que je peux comprendre) sentent qu'i.e.ls sont quand même représenté.e.s par notre colère et par notre combat.
Pour moi, la violence, c'est ne rien lâcher, jamais. C'est une violence pour moi mais aussi pour les autres. Dès qu'on aborde le sujet, BAM. Dès qu'on me fait une blague, BAM. Dès qu'on m'apporte des fleurs pour "la journée de la femme", réaction en chaîne de BAM. Ma colère, elle est là, je la montre, j'ai les chiffres, j'ai les preuves, j'ai mon expérience, partout, tout le temps et je leur balance à la face, encore et encore. Qu'i.e.ls ne puissent pas s'échapper, essayer d'oublier, se cacher, faire en sorte qu'ils ne puissent pas se mettre la tête dans un trou pour compter les petits fleurs et écouter les petits oiseaux. Et Balance ton poste (c'était gratuit mais j'assume).
Chacun sa manière de combattre. Je pense qu'il est bon que madmoiZelle parle de violence et de colère. Parce que sans colère, on ne serait pas féministes. Et notre colère de femmes existe. Elle est là. Elle est normale. Si madmoiZelle n'en parlait, même ce magazine nous retirerait ça.
Parce que la colère parfois, c'est tout ce qu'on a pour avancer.